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LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS

  • Soliflore 137 - Antoine Bouillanne

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    Johann Oberhauser, " Boussole de mine", 1777- photo©Jean-Claude Bérizzi

     

     

     

    Héritage

     

    Parfois je me lève la nuit
    Compte les deniers, compte les soucis
    Rafistole la carte, et
    Partage mon royaume en parts égales

    Ma boussole, comme d'habitude
    Pointe à l'Est
    Je révise mes verbes d'état
    Vire à l'Ouest

    Ils ne connaissent pas mes airs
    Comment me reconnaîtront-ils ?
    Heureusement, j'ai encore mes drôles de manières
    Deux pots de yaourt, et un fil

    Je laisserai en héritage de quoi porter chance
    Quelques réflexions intéressantes
    Deux grands-mères souffrantes
    Et, bien sûr, mes gris-gris d'un autre âge

                   

     

     

     

  • Nouveaux Délits n°78

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    Cet édito ne m’est pas aisé car j’ai perdu les mots. Cela arrive et ce n’est pas grave même si la cause en est un excès de maux qui dépasse la capacité — même pour une poète bien noire comme je peux l’être — d’assimilation et de transmutation, et ce n’est pas la démence épuisante des décideurs du monde qui va me faire retrouver l’art des mots pirouettes.

     

    J’ai perdu les mots mais les silences font des trous dans le temps,  plongent au plus profond de sources insoupçonnées et ramènent dans leurs filets tendus à vif, une poignée de sable : l’essence de soi et des vibrations qui tournent autour des anciens mots, forment un tourbillon et les décapent jusqu’à l’os. Le reste est à brûler, brûler pour renaître, libre des mots radotés, des mots enkystés, des mots qui nous entravent, nous enferment dans les cachots de nos histoires.

     

    Et après le labeur des silences, viendront les mots nouveaux, les mots graines.

     

    CGC

     

     

     

    Toute parole est là pour séduire la mort.

    Anne Jullien

     

     

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    AU SOMMAIRE

     

    Délits de poésie :

     

    Jean-Jacques Camy

    A. Celnetz, poèmes du temps de la Quarantaine

    Alain Lasverne, Rue Révolution

    Yve Bressande

    Ahmed Elalfy

    Marine Giangregorio

    Estelle Cantala, Bain de nuit – 4 au champ (extrait)

     

    Délits d’(in)citations,  l’écho au fond du puits au-dessus duquel tout poème se penche. Et vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant toujours émerveillé de trouver encore et encore lui aussi un écho parmi vous.

     

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    Illustratrice : Alissa Thor

     

    « Je peins pour que vous vous arrêtiez, pour aller vers vous, pour faire face. Je peins pour que les mots viennent, et la douceur, et la violence, et les corps tout ensemble. Je peins pour que quelque chose se passe. Quelque chose entre nous, d’intime et de sauvage. » 

    Son site : https://alissathor.wixsite.com/alissathor

     

     

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    fleurs de prunier blanches
    et cette nuit qui devient
    la lueur de l'aube

    Buson

     

     

     

     

    Nouveaux Délits 78 - Avril 2024 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits - Femme orchestre : Cathy Garcia Canalès Illustratrice :  Alissa Thor Correcteur : Élisée Bechttp://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

     

     

     

     

     

  • COLLECTION CARTES-POÈMES "ORACLES" - mise à jour régulière

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    Une collection de poésie hors norme, des pièces uniques, fabriquées avec de l'inspiration spontanée, du papier, de la colle & des ciseaux : à l'époque du tout virtuel, décalage revendiqué !

     

    Un poème unique de Cathy Garcia Canalès, fruit d'une contrainte que l'auteur  s'impose à elle-même.

    Les cartes double sont disponibles à la pièce ou sous forme d'abonnement : une carte par mois pendant 6 mois ou un an et donc là c'est la surprise à chaque fois !

    Ce sont des cartes doubles (qui s'ouvrent donc) au format 10,5 x 15 cm, chacune est signée et numérotée.

     

     10 € à la pièce port compris

    Abonnement soutien 6 mois : 50 €

    Abonnement soutien 12 mois : 80 €

     

    Elles sont vendues en soutien à l'association Nouveaux Délits.

     

    Vous pouvez voir et choisir ci-dessous parmi les cartes disponibles de la collection  :

     

     

     

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    à suivre...............

     

     

     

  • Avis de parution : Des ombres et des anges de Josette Soulas Moyes, délit buissonnier n°7

     

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     *

     

    L’auteur :

     

    Josette Soulas Moyes est née le 25 décembre 1942, dans une banlieue proche de Paris, Issy-les-Moulineaux, mais le changement de vie de sa mère l’amena en Normandie, à l’âge de quatre ans. Elle n’a jamais été publiée, mais a toujours gardé un contact avec l’écriture, « petits papiers », porteurs de poèmes et d’histoires courtes, perdus, déchirés, retrouvés… Elle a suivi plusieurs ateliers d’écriture et depuis sa retraite, elle a consacré plus de temps et de travail à l’écriture. Elle a formulé, d’une façon qui l’a surprise elle-même, l’enjeu que représente ce chemin :  «  se réconcilier avec sa vie ». Sa vie, elle la partage entre l’Alsace (Strasbourg) et la Provence (Vaucluse-Ventoux).

     

      

    L’illustrateur, Philippe Chevillard

    « Auteur de BD amateur et illustrateur amateur, je consacre une partie de mon temps à la création de courtes bandes dessinées et l'illustration de textes d'auteurs pour des revues, recueils de poésie, ou affiches. Mes dessins ont été publiés aux éditions Jacques Flament, éditions des embruns, éditions Lamiroy, dans les distributeurs BDs de Short édition, ainsi que dans divers fanzines, recueils, et revues littéraires tels que : Traction Brabant, Le Soc, Le coquelicot, Poétisthme, Soleil Hirsute, La piscine, L’imagineur, L’utopie, Présences d’esprits, Lichen, Hélas, Opuscule, L’Ampoule, Caractère …  »

    https://philippechevillard.fr/

     

    *

     

    28 pages agrafées

    tirage numéroté 

    imprimé sur papier 90 g & 250 g calcaire

    100 % recyclé

     

     

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    Délits buissonniers

    est une collection de tirés à part

    de la revue Nouveaux Délits

     

    Vous pouvez lire Josette Soulas Moyes

    dans le numéro 46 (octobre 2023)

     

     

     

     

  • Soliflore 135 - Isabelle Grosse

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    mon père est mort

    samedi

    pas hier ni ce matin

    samedi dernier

     

    mon père est mort

    contre sa volonté

     

    mon père est mort

    fin des disputaisons

     

    mon père est mort

    Basta

     

    mon père est mort

    exit   la peur

          la trouille

          l'esquive

     

    mon père est mort

    fini terminé

    stop pas de replay s'il me plait

    out dehors circulez

     

    mon père est mort

    il y a un longtemps un temps infini

    pas hier ni samedi

     

    mon père est mort

    pour l'éternité

     

    mon père est mort

    mort mort mort mort

    en boucle

     

    mon père est mort

    et pas enterré

    je n'irai pas vérifier

     

    mon père est mort

    pas saint

    ni de corps ni d'esprit

     

    mon père était déjà mort

    pour toujours

     

    mon père est mort

    avec ses dossiers ses combines

    ses coups montés ses magouilles ses complots

    ses menteries ses manigances ses coups bas ses fantômes

    sa réalité

     

    mon père est mort

    faussaire         à temps plein

     

    mon père est mort

    à l'hôpital comme les autres

    pas de favoritisme

     

    mon père est mort

    avec ses sacs de noeuds

     

    mon père est mort

    mon géniteur est décédé

    mon paternel a passé l'arme à gauche

    son petit papounet est parti au ciel

     

    mon père est mort

    pas de quartier

     

    mon père est mort

    paix à mon âme

     

     

     

  • Soliflore 134 - Louise Brun

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    photo de l'auteur

     

     

    Je dis « je », mais cette douleur n’est pas que la mienne. / Je dis « je » et le fil de la douleur circule dans nos corps et dans nos âmes. /Lien électrique, positif ou négatif qui relie ou délie ou délie/relie les êtres humains, les êtres tout court, ou qui nous sommes. Nous (dés)humains. Nous qui cherchons à le rester/humain.es./
    Je dis « je » mais je est celle ou celui qui le dit.//Transmission des douleurs, guerres et traumas, de ce qui ne semble s’arrêter jamais./Et guerres encore.//Transmission de la cruauté du monde, des mots dits et non-dits (et je voudrais parfois effacer tous les mots, pour les recréer autrement, le langage qui se tord, mais ça ne marche pas, alors encore dire)//Le sensations qui épuisent et vident le corps lorsque la violence ailleurs s’accroit, encore et encore//
    Je dis « je » à qui un tant soit peu se reconnaîtra/ ou qui voudra ou qui pourra//se saisir de quelque chose de notre histoire, de nos histoires, quelque chose capable pourtant de circuler et d’éclairer magmas et chaos, dans l’ombre des inhumaines douleurs, non dites, brutales et agressives, et mortifères ou meurtrières//Je dis « je » pour que quelque chose résonne encore, toucher nos corps, nos cœurs. Je dis « je » comme un je qui s’éloigne, sans disparaître pourtant. Pour dire non, à ce qui encore nous détruit, nous (humain.e.s) 


    2024

     

     

  • Nouveaux Délits n°77

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    Aucune vie ne ressemble à une autre et la douleur n’est pas toujours visible, quantifiable, sauf quand elle est si collective qu’on ne peut plus l’ignorer. Aucune vie ne ressemble à une autre, certaines sont tellement pleines de ces épreuves qui jettent à terre, rouent de tant de coups que cela semble n’avoir plus aucun sens. Les épreuves cependant qui nous tordent, nous forgent de l’intérieur jusqu’à parfois toucher la grâce. Toujours au bord pourtant de basculer, grâce ou folie, la frontière est si fine. En ce début d’année où il est de coutume de souhaiter et s’entre souhaiter, mes pensées vont vers toutes celles et ceux qui souffrent dans leurs corps, dans leurs têtes, dans leur vies, dans le corps des êtres qui leur sont chers. Mes pensées se ruent vers celles et ceux qui vivent dans la peur, la terreur, l’horreur, celles et ceux qui sont accablé-e-s par les injustices, celles et ceux qui éprouvent une solitude inhumaine, celles et ceux qui ont le cœur en miettes, l’âme mutilée, celles et ceux qui sont oubli-é-e-s, piétiné-e-s, humili-é-e-s, écrasé-e-s, broyé-e-s, perdu-e-s, poussières… Et je me souhaite — car qui suis-je pour dire à d’autres ce qui leur est nécessaire ? — je me souhaite, donc, le courage de garder dignité quoiqu’il arrive et le sens du respect, la volonté d’être juste, d’accepter ce qui en moi est fragile et blessé, ce qui chemine dans les ténèbres et la force d’endurer ce qui me tord, me forge, me polit et qui, peut-être à la longue, finira par me sublimer. Aucune vie ne ressemble à une autre mais la vie est une seule et même énergie qui nous traverse, nous anime, qui que nous soyons, où que nous soyons : humains, animaux, végétaux et même, à leur façon, les pierres de cette Terre qui n’en peut plus de nous. C’est ce que je ressens au plus profond de moi. Tout est vibration, tout porte un message alors je voudrais veiller toujours mieux à celui que moi-même je porte et transmets à travers mes pensées, mes choix, mes actions, mes mots, mes cellules… Veiller sur les causes car il est toujours trop tard quand il s’agit de réparer de néfastes conséquences… J’essaie de ne pas me décourager trop vite ou trop longtemps. Aucune vie ne ressemble à une autre, que chacune soit belle et sereine comme un lever de soleil, un chant d’oiseau à la nuit tombée, un vin d’amour à partager.

    CGC

     

       

    Étant donné que nous avons des cellules qui sont les filles des premières cellules de la vie, nous avons en nous de façon singulière toute l'histoire de la vie... nous avons l'univers en nous.

    Edgar Morin

     

     

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    AU SOMMAIRE

     

     

    Délits de poésie :

     

    ᕱ Michel Abécassis

    ᕱ Alain Flayac

    ᕱ Judith

    ᕱ Alexandre Poncin

    ᕱ Erwan Gourmelen

    ᕱ Marianne Duriez

    ᕱ Oriane Barbey

     

    Résonance (profonde) : Kogis, le chemin des pierres qui parlent, Éric Julien (Actes sud, coll. Voix de la Terre, 2022).

     

     

    Délits d’(in)citations au coin des pages en réflexion. Vous trouverez le bulletin de complicité toujours au fond en sortant avec des étoiles plein les poches !

    Grâce à vous, abonné-es et lectrices, lecteurs d’un numéro ou deux, il résiste aux tempêtes inflationnistes et vous en remercie chaleureusement !

     

     

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    Illustratrice : Corinne Pluchart

     cheminant toujours en poésie, en bleu, en indicible. Pas de langue autre qu'en poésie. Et la peinture pour la chair, la vibration et la légèreté. Et toujours en terre bretonne.

     

     

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    Bon à savoir : la revue Nouveaux Délits utilise l’écriture inclusive (qui ne portait pas encore de nom mais existait déjà) depuis au moins le n°42, c’est-à-dire avril 2012… 

     

     

    Même dans les périodes les plus sombres, nous sommes en droit d’attendre une certaine lumière. Et il est très probable qu’elle ne viendra pas tant de théories ou de concepts, mais de la lumière incertaine, vacillante, souvent faible, que certains hommes et femmes, au cours de leur vie et de leur travail, auront allumée dans toutes sortes de circonstances, la répandant sur le temps qu’il leur a été donné de passer sur terre.

     Hannah Arendt

     

     

     

     

    Nouveaux Délits 77 - Janvier 2024 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès  Illustrateur : Corinne Pluchart Correcteur : Élisée Bec

     

     

  • Refaat Al Areer, dernier poème

     

    Si je dois mourir
    tu dois vivre
    pour raconter mon histoire
    pour vendre mes effets
    et acheter une étoffe
    et quelques ficelles
    (une étoffe blanche avec une longue traîne)
    pour qu'un enfant quelque part à Gaza
    en regardant le paradis dans les yeux
    guettant son père parti dans un brasier
    sans dire adieu à personne
    pas même à sa chair
    pas même à lui-même
    voie le cerf-volant, mon cerf-volant tout là-haut
    que tu auras fabriqué, volant tout là-haut
    et pense un instant qu'un ange est là
    ramenant l'amour
    Si je dois mourir
    fais que cela apporte de l'espoir
    que ce soit un conte


     

    Refaat Al Areer, poète palestinien, professeur de littérature anglaise, mort à Gaza sous les bombes dans la nuit du 7 au 8 décembre.

     

     

    NON À LA GUERRE, À TOUTES LES GUERRES ! STOP !

     

     

      

  • Soliflore 132 - Éric Aubel

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    Photo de l'auteur

     

     

    Cessez – je ne vous entends plus
    vos mots n’atteignent plus mes oreilles
    cessez – je ne vous vois plus
    vos images ne brûlent plus mes yeux

    Sur les grèves du jour le chant du merle
    fait l’inventaire de ce qui déjà n’est plus

    Cessez – que le vent emporte votre vide
    l’homme qui vous parle est d’un autre pays
    l’impure a coulé dans ses veines
    il se soigne au silence de l’exil

    Jusque sous mes fenêtres à mes pieds
    un ressac dépose le monde perdu

    Cessez – il n’est plus temps de vos jérémiades
    plus temps de vos courtisanes courbettes
    le monstre au dos rond que vous entretenez
    nous cherche des poux sur la tête jusqu’au sang

    J’aménage une maison sur l’écume de l’aube
    et à l’éveil de ma peau le monde de demain

    Cessez – je n’ai plus d’oreille pour vous
    bien trop souvent mes yeux m’ont menti
    à tâtons pas à pas par les sens j’éprouve
    et des êtres et des choses la vulnérabilité

    Le futur est le temps de tous les rendez-vous
    alors cessez je vous y attendrai au tournant

     

     

     

     

  • Numéro 76

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    Nous venons de passer le mois dit de la rentrée : bonne rentrée ! souhaite-t-on… Et la sortie, bonne sortie ? Nous usons au sens littéral de formules, elles finissent par être très polies mais que signifient-elles vraiment ? Formule, c’est joli ce mot si on n’y colle pas de chiffre après, genre formule 1 ou l’air renfermé d’un formulaire…

    Et si nous profitions de la rentrée donc pour rentrer oui, véritablement, en nous-mêmes ? C’est ce que nous enseignent les cycles des végétaux qui en cette saison — de notre côté du monde en tout cas —, après avoir tout donné pour se perpétuer, laissent tomber leurs derniers fruits, dernières graines sur le sol où chacun sait ce qu’il à faire puis ralentissent le rythme, laissent redescendre la sève aux racines… Les animaux se préparent aussi pour la saison froide donc ce serait bien le moment de rentrer en soi, voir la rentrée comme un ralentissement, un approfondissement plus qu’une agitation, une accélération…

     

    On l’oublie trop souvent : la majeure partie de ce qui se passe dans le monde, se passe d’abord en chacun de nous et on revient à la formule — abracadabra, que le feu de Dieu tombe sur toi ! — et quelle autre déité ici-bas que nous-même, qui décidons et créons, éludons ou provoquons, prévenons ou aggravons ? Sommes-nous déité de la discorde ou des récoltes ? De l’argent ou du soin ? De l’avidité ou du partage ? Ladite nature est imprévisible, oui, mais nous sommes une espèce dite intelligente et nous pouvons concevoir l’imprévisible et protéger l’essentiel. Encore faut-il se mettre d’accord sur ce qui est essentiel... Nous parlons de cultiver notre jardin intérieur : est-il jardin ou terrain vague plein d’ordures ? Jardin ou terre exsangue et saturée de pollution ? Jardin ou zone commerciale ? Jardin ou bunker ?

     

    Que formulons-nous dans nos intériorités ? Quelles pensées, quelles intentions laissons-nous se densifier en nous jusqu’à ce qu’elles se matérialisent et agissent à l’extérieur ? Abracadabra ! La magie est un art du quotidien ordinaire, c’est faire bien attention à ce à quoi nous donnons formula, c’est-à-dire « forme », en latin.

     

    La poésie est une façon de formuler le monde, qui nous imprègne, nous traverse, nous façonne et nous ensemence de l’intérieur. Un art du quotidien ordinaire.   

    CGC

     

     

     

    (…) le chaos du monde n’est que la projection du chaos régnant dans chaque individu.

    Jiddu Krishnamurti in L’origine de la pensée

     

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    AU SOMMAIRE

     

     

    Délits de poésie :

     

    Sandrine Davin

    Jean-Louis Clarac : Poussières aimantes

    Amandine Gouttefarde-Rousseau : Nagas (extraits)

    Alain Nouvel : Presque riens

    Josette Soulas Moyes : Des ombres et des anges (extraits)

    Bruno Giffard : Écume au plus sec des tiroirs (extraits)

     

     Où la revuiste se lâche et parle de ses trois derniers livres avec des extraits de Je l’aime nature, sorti en juillet 2023.

     

    Comme dans chaque numéro, les Délits d’(in)citations scintillent au coin des pages et vous trouverez à la fin le bulletin de complicité avec ses beaux délits buissonniers mais pas de nouveau en cette année qui exige de se concentrer sur ce qui est déjà là.

     

     

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    Illustrateur : Philippe Chevillard

    Auteur de BD amateur et illustrateur amateur, je consacre une partie de mon temps à la création de courtes bandes dessinées et l'illustration de textes d'auteurs pour des revues, recueils de poésie, ou affiches. Mes dessins ont été publiés aux éditions Jacques Flament, éditions des embruns, éditions Lamiroy, dans les distributeurs BDs de Short édition, ainsi que dans divers fanzines, recueils, et revues littéraires tels que : Traction Brabant, Le Soc, Le coquelicot, Poétisthme, Soleil Hirsute, La piscine, L’imagineur, L’utopie, Présences d’esprits, Lichen, Hélas, Opuscule, L’Ampoule, Caractère …  https://philippechevillard.fr/

     

     

     

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    D'où vient la haine ?

    D'où vient la haine

    cette haine-ci

    qui fuit la conscience

    comme la peste

    qui proscrit de la langue

    la raison

    qui réduit le cerveau

    à un pois chiche

    qui efface des yeux

    la lumière

    qui déracine du cœur

    ce qui pourrait s'apparenter

    à un sentiment

    D'où vient la haine ?

    qui a fermé à double tour

    la porte

    derrière laquelle se tiennent terrorisés

    le doute

    le regret

    la compassion

    le pardon

    qui frappent et frappent

    à cette porte

    jusqu'à ne plus comprendre pourquoi

    et s'arrêtent

    convertis au désespoir

     

    Abdellatif Laâbi

    in La Terre est une orange amère

     

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    Nouveaux Délits 76 - octobre 2023 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès  Illustrateur : Philippe Chevillard Correcteur : Élisée Bec   

     

     

     

  • Cathy Garcia Canalès - Calepins voyageurs et après ? tomes 2 & 3

     

     

     

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    à tire d’aile, septembre 2023

     

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    Chaque tome fait 52 pages agrafées comme le premier

    imprimé sur papier recyclé 80 g et 250 g calcaire pour la couverture

    chaque exemplaire est numéroté et signé

    avec dans le tome 2, deux illustrations originales de François Pouch

     

    12 € chaque nouveau tome

    + port pour un tome : 2,50 €

    pour deux : 4 €  

    Offre spéciale pour les trois tomes : 40 € port compris

    Pour commander voir en fin de revue

     

     

     

  • La revue a 20 ans !!

     

    Je n'aurais jamais pu le prévoir, mais voilà  :

    la revue Nouveaux Délits a eu 20 ans le 1er juillet ! Dingue !

    Merci à toutes celles et ceux qui la soutiennent et y ont contribué d'une façon ou d'une autre !

     

     

    *

    NOUVEAUX DÉLITS

    Revue de poésie vive et dérivés

    – Numéro zéro -

    juillet 2023

     

      

    Pourquoi Nouveaux Délits ? Et pourquoi pas ?

    Voilà le point de départ de cette revue qui se lance, à l’eau ou par la fenêtre comme on voudra, l’essentiel étant l’élan, l’impulsion, l’envie de faire. Faire réfléchir plus que plaisir, faire connaissance, faire le lien entre tous et chacun, pourvu qu’il soit avide de paroles, fraîches ou chaleureuses c’est selon, mais dans tous les cas vivantes.

    Les auteurs sont lecteurs, les lecteurs auteurs et chacun contribue ainsi à poétiser le monde.

    Poétiser : nettoyer les regards de la poussière du conformisme ambiant, goûter des saveurs nouvelles. Nouveaux Délits aime les mélanges, les différences, les mots qui dérangent, qui grattent, qui démangent, pour ne pas céder au sommeil qui dissout les consciences.

    Nouveaux Délits à inventer, à commettre ensemble. Poétiser est un acte, pas un luxe.

    Soyez à l’écoute du vent qui passe, ignorant les frontières, colporteur de bonnes et mauvaises nouvelles. Confiez-lui vos textes, vos poèmes, vos délires, il en fera peut-être de la matière à Nouveaux Délits.

     

     

     

    "Un poète doit laisser des traces de son passage, non
    des preuves. Seules les traces font rêver"

    René Char

     

    *

     

     

     

  • J'irai Cracher Sur Vos Ondes - Émission du mercredi 31 mai 2023

     
    Où il est question entre autre de la REVUE Nouveaux Délits et avec une très belle lecture d'un ensemble de Danielle Quérol publié dans le dernier numéro, par Rafaëlle Gandini Miletto, elle-même publiée dans le n°74, c'est beau ces résonances !!
     
    à écouter ici :
     
  • Revue Nouveaux Délits - Numéro 75 (extraits)

     

    Un audio un peu plus en forme radiophonique, j'innove pour ce n°75.

    Voici donc quelques-uns des poèmes & textes de Marie-Florence Ehret, Alain Simon, Marie-Françoise Ghesquier, Pierre Gondran dit Remoux, Marie Tavera, Daniel Quérol Bonhomme et Cathy Garcia Canalès, publiés dans ce n°75 sorti en avril 2023 et présentation de ce numéro. Extraits choisis et lus par Cathy Garcia Canalès. Illustrations de ce numéro : Anouk Rugueu.

     

     

  • Soliflore 131 - Andrée Buchet

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    Photo d'un tableau d'Andrée peinte par son mari

     

     

    Je voudrais t’entourer de mon âme,
    Tenir loin de toi tout le mal,
    T’abriter comme au creux d’une lame
    En mon cœur dont l’amour n’a d’égal.
    Tu es mien au-delà de mon être,
    Mon enfant, mon aimé, ma douceur :
    C’est par toi que l’espoir peut renaître
    À mes yeux désertés de lumière.
    Tu es l’ange, la source, l’origine
    De mon si douloureux parcours :
    Je t’appartiens, c’est toi qui me dessines
    La voie vers la beauté des jours.
    C’est par toi que j’existe et perdure
    Traversant les méandres du temps :
    Tu es ma joie, ma folie, mon délire,
    Tu me rends l’infini des instants

     


    photo_andréebuchet.jpegAndrée Buchet née BIVORT, le 24 décembre 1922 à Luxembourg, est une poétesse luxembourgeoise. Elle écrit chez elle toute sa vie, dans l'intimité du foyer qu'elle partage avec son mari, Boris Buchet, peintre de l'école de Paris.


    "J'arrivais pour étudier les lettres et la philosophie à La Sorbonne. C'était en 1946. C’était très dur après la guerre, mais malgré toute cette misère physique qui a encore duré des années, les gens étaient exaltés, on avait des ailes. Je l’ai rencontré dans le train pour venir à Paris, un garçon de la rue où j'avais grandi. J’étais forcée d’écrire. Je n’aurai jamais choisi d’écrire. Quelqu’un m’aimait très fort, ce qui a déclenché en moi une urgence. Ce poème m'a été dicté. Un soir, j’étais dans mes papiers à étudier et j’ai dû l'écrire. L’amour m’a toujours fait écrire. Par la suite, d’autres amours ont alimenté cette écriture, différemment. Lui, était resté. Même après sans être allé, il était resté d’un amour qui a duré toute la vie, toujours aussi profond. Je crois que chacun d'entre nous contient les deux sexes, Platon le disait et, on cherche constamment à retrouver cette part de nous. Cela donne un grand bonheur de retrouver cette moitié, de se sentir complet et vaste comme cet amour. On ne peut pas vivre sans amour."

     

     

  • Gîtes de Julio Cortázar, trad. de l’espagnol (Argentine) par Laure Bataillon, Gallimard, 2012

     

    1341195.jpgCe qu’il y a de fascinant dans les nouvelles de Cortázar, très représentatives du réalisme fantastique de la littérature latino-américaine, c’est qu’elles partent quasi toujours du quotidien, de situations des plus banales et puis, comme si la réalité commune n’était protégée que par un voile extrêmement ténu, soudain par une brèche, une faille, une déchirure, elle est envahie ou insidieusement pénétrée par d’autres réalités bien plus sombres et menaçantes où évoluent des créatures dangereuses, effrayantes ou pire encore. Elles montrent à quel point notre normalité, finalement, tient à peu de chose et qu’un rien peut nous faire basculer dans la folie, attiser nos pulsions les plus obscures, les plus animales, comme la statuette qui rend fou et sanguinaire dans L’idole des Cyclades et Les ménades où un chef d’orchestre paye cher et probablement en chair, son moment de gloire, quand le concert classique se transforme en orgie carnassière, sous la conduite d’une femme vêtue de rouge. Le talent de Cortázar n’est plus à démontrer et bien que les nouvelles de Gîtes, dont certaines figurent également dans d’autres recueils, commencent à dater — première parution chez Gallimard en 1968 — elles n’ont pas pris une ride. Elles se lisent avec toujours autant d’intérêt, de frissons et de plaisir. Une des plus notables, c’est sans doute N’accusez personne. Un homme enfile un pull, situation que nous avons tous connu, ça serre un peu, on se débat, on cherche la sortie, lui n’en ressortira pas vivant. Cette nouvelle, très simple en apparence, est d’une efficacité redoutable. Dans le registre légèrement surréaliste, il y a encore Céphalée où un couple d’éleveurs subit les symptômes de tous les terrains homéopathiques, sur fond d’élevage de bêtes étranges, fragiles et apparemment répugnantes : les mancuspies. Il y a cet homme aussi dans Lettre à une amie en voyage qui vomit des petits lapins. Dans Maison occupée, un frère et une sœur vivent seuls dans une vaste demeure familiale, mais peu à peu sont obligés de se retrancher dans un espace de plus en plus restreint, jusqu’à devoir quitter la maison. Le talent de Cortázar est l’art de rendre palpables les tensions, sans besoin d’expliquer quoi que ce soit, souvent les situations virent à l’absurde mais un absurde si noir qu’il est difficile d’en rire. Parfois, les nouvelles ressemblent à des souvenirs d’enfance, elles ont cette ambiance un peu douce et délavée des anciens albums photos où transparaît sans qu’on s’y attende, la cruauté. Pas mal de nouvelles se construisent aussi autour des rêves, des prémonitions, comme Récit sur un fond d’eau, Dîner d’amis ; de la perméabilité des frontières entre la vie et la mort, comme cet enfant qui pleure derrière La porte condamnée d’une chambre d’hôtel, scène qui pourrait tout à fait figurer dans un film d’horreur japonais et puis dans Le fleuve, une nouvelle particulièrement cynique autour du couple, ainsi que dans Autobus, où deux réalités s’ interpénètrent le temps d’un parcours en autobus, au plus grand effroi de deux des passagers qui n’ont pas de bouquet de fleurs et ne descendent pas au cimetière.

    Cette nouvelle d’ailleurs fait penser à une autre excellente nouvelle qui se déroule dans un tramway : Les vautours, de l’auteur bolivien Oscar Cerruto dans Cercle de pénombre. Pour les aficionados comme moi de ce genre de littérature, on ne saurait trop conseiller l’anthologie Histoires étranges et fantastiques d’Amérique latine parue chez Métailié en 1997, où l’on peut retrouver deux nouvelles de Cortázar : N’accusez personne et Apocalypse du Solentiname. Un auteur à découvrir également, uruguayen, si ce n’est déjà fait : Horacio Quiroga, avec notamment ses Contes d'Amour, de folie et de mort.

     

    Cathy Garcia Canalès

     

     

    Cortazar.jpgJulio Florencio Cortázar Descotte est né le 26 août 1914 à Ixelles, banlieue de Bruxelles où travaille son père puis la famille retourne à Buenos Aires, dès la fin de la Première Guerre mondiale. Le père abandonne la famille. L'enfant, fréquemment malade, lit des livres choisis par sa mère, dont les romans de Jules Verne. Après des études de lettres et philosophie, restées inachevées, à l'université de Buenos Aires, il enseigne dans différents établissements secondaires de province. En 1932, grâce à la lecture d'Opium de Jean Cocteau, il découvre le surréalisme. En 1938, il publie un recueil de poésies, renié plus tard, sous le pseudonyme de Julio Denis. En 1944, il devient professeur de littérature française à l'Université nationale de Cuyo, dans la province de Mendoza. En 1951, opposé au gouvernement de Perón, il émigre en France. Il travaille alors pour l'UNESCO en tant que traducteur. Alfred Jarry et Lautréamont sont d'autres influences décisives. Il s'intéresse ensuite aux droits de l'homme et à la gauche politique en Amérique latine, déclarant son soutien à la Révolution cubaine (tempéré par la suite : tout en maintenant son appui, il soutient le poète Heberto Padilla) et aux sandinistes du Nicaragua. Il participe aussi au tribunal Russell. La nature souvent contrainte de ses romans, comme Livre de Manuel, modelo para armar ou Marelle, conduit l'Oulipo à lui proposer de devenir membre du groupe. Écrivain engagé, il refuse, l'Oulipo étant un groupe sans démarche politique affirmée. Naturalisé français par François Mitterrand en 1981 en même temps que Milan Kundera, il meurt le 12 février 1984 à Paris. Sa tombe au cimetière du Montparnasse est un lieu de culte pour des jeunes lecteurs, qui y déposent des dessins représentant un jeu de marelle, parfois un verre de vin. L'œuvre de Julio Cortázar se caractérise entre autres par l'expérimentation formelle, la grande proportion de nouvelles et la récurrence du fantastique et du surréalisme. Si son œuvre a souvent été comparée à celle de son compatriote Jorge Luis Borges, elle s'en distingue toutefois par une approche plus ludique et moins érudite de la littérature. Avec Rayuela (1963), Cortázar a par ailleurs écrit l'un des romans les plus commentés de la langue espagnole. Une grande partie de son œuvre a été traduite en français par Laure Guille-Bataillon, souvent en collaboration étroite avec l'auteur.

     

     

     

  • Soliflore 130 - Iren Mihaylova

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    Tableau de Monet - photo de l'auteur

     

     

     

              • l’effacement

    d’une écriture -



    « Jamais

    tu n’y parviendras »



    Ton corps prostré (convoité) comme refuge

    Tes mains embaumées de promesses



    Tes yeux comme éclairés de

    SOLITUDE



    Le refus que tu portes

    Comme refuge

    En signature du manque

    Sera la clé de l’écluse invisible

     

      

              • Au fond des mots

    (Depuis) toujours

    Une même énigme :

     

    Sauver ce qu’il y meurt

    Ou ce qu’il reste à vivre

     

     

              • Dieu se vide de lui-même

                                et l’homme :

     

                               ce trou inconsolable

          qui contient sa trace

     

     

              • Deux siècles à rayer la fin

    Cerner l’espace de deux silences



    Je remonte d’un abysse

    Rien ne me promet l’ascension



    Il suffit de grimper

    à l’échelle d’un manque

     

     

     

     

  • Soliflore 129 - Alain Nouvel

     

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    ©Sergey Meytuv  

     

     

     

    Mon amour quand on sera riches


    Mon amour, quand on sera riches 
    et qu’on sera déconfinés,
    on prendra l'autoroute en fleurs
     le matin dès potron-minet
    et la 206 chauffera.
    Sur une aire standardisée
    au self-service on se rendra
    où il y a plein de desserts
    industriels et très sucrés.
    Des cuisiniers en toque en toc
    nous y serviront quelques frites
    et puis ces cuisses de poulet
    dont on mange même les os.
    Là-bas, nous serons des rois,
    assis à la table en faux bois
    sous des poutres en polystyrène
    on boira notre café crème.
    Comme le moteur refroidit,
    à Ouistreham on poussera,
    où on verra les car ferries,
    on écoutera en anglais
    les haut-parleurs des compagnies
    dire des mots qu’on comprend pas.
    On rêvera de l'Amérique
    en buvant une soupe aux huîtres.
    Et puis on reviendra chez nous,
    par la route aux ronds-points relous
    pour économiser les sous
    tout en prenant des raccourcis 
    loin des radars et des soucis.

    Mon amour, quand on sera riches,
    on dormira au Sofitel
    dans les environs de Paris.
    Et on prendra le RER
    pour voir de plus près Disneyland. 
    Comme c’est trop cher l’entrée
    on tournera autour des grilles
    et on entendra les flonflons
    des boîtes à rêve et à musique.
    On marchera sur des chemins
    parmi les champs de betterave
    en contemplant de loin les tours
    de plastique et de carton-pâte 
    les attractions multicolores. 
    Ce sera l'été, il fait doux,
    on fera l'amour dans un bois
    en écoutant les haut-parleurs
    des grand huit, autos tamponneuses,
    et des petits trains de la mort.
    Il y aura le brouhaha
    lointain des enfants qui rient, on
    aura profité de tout ça
    sans rien payer tant mieux tant mieux
    ça nous rendra heureux, heureux.
    On terminera le séjour
    dans un F1 au lit friable
    et puis on se mettra à table
    au Mac Do au KFC
    son vieux barbu qui vous sourit
    comme un Joseph de cathédrale.
    On lui répondra tendrement
    en buvant notre Kronenbourg.
    On rotera tout en songeant.


    Mon amour, quand on sera riches,
    on soutiendra nos libidos
    en allant dans des club SM.
    On y trouvera quelques vieux
    qui se fouettent en disant « Je t’aime »
    puis toute une armée de soumis
    qui draguent en geignant : « Maîtresse »
    et ils te montreront leurs fesses,
    que tu punisses à l’envi.
    Ils pleurent à tes pieds : « Madame,
    châtiez-moi, je suis infâme. »
    Quelque éléphant du socialisme
    des professeurs et transgresseurs,
    eux, vont en des salons privés
    pour des pratiques plus osées.
    C’est réservé à une élite 
    des vieilles pies aux grosses bites.
    Mon amour, quand on sera riches,
    on se payera ces soirées
    pour après, de retour chez nous,
    s’exciter de tous ces à-coups.
    Et quand on se fera la fête, 
    on aura ce bordel en tête, 
    ce sera doux, ce sera doux !

     

     

  • Numéro 75

     

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    Quelle époque épuisante, collectivement et puis pour beaucoup individuellement ! Tellement qu’écrire un édito pour ce numéro semble au-dessus de mes forces et puis il y aurait tant à dire que ce n’est pas une petite page qui y suffirait. Quelques mots résonnent : colère, absurdité, injustice, paix, changement, radical, urgence, catastrophe, confusion, bêtise, mépris, inhumanité, aveuglement… Mais j’ai trop usé ma langue sur les bords amers et tranchants de ce monde modelé par quelques fous qui prennent toute l’humanité et son futur en otages. Je préfère laisser ma langue non pas aux chats mais à toutes celles et ceux qui œuvrent à alimenter le feu des consciences, à élever l’imaginaire, à semer des graines de sens là où rien ne pousse, à parler la langue du vrai, aussi noire que nécessaire mais qui ne triche pas, qui n’enrobe pas de vernis, de sucre de séduction ; à celles et ceux qui savent la langue de soin qui tend vers l’autre des mots de secours, langue bonne et belle des naïfs qui refusent de jouer dans la cour des cruels et des prétentieux, langue du sage silence aussi quand la cacophonie rend tout contact explosif. Tant de langues, tant de possibles. Car « Nous sommes arrivés à un moment de l’histoire où nous devons d’urgence redéfinir le sens de la civilisation », a dit très justement Hayao Miyazaki et clairement cette langue qu’on nous assène depuis les hauteurs des palais et des étincelants buildings n’a plus rien à voir avec une quelconque idée de civilisation.                          cgc

     

     

    Je sais pourquoi

    autant se taire

     

    Ne pas crier dans le désert

    quand c’est chaque grain de sable qui souffre

    ne pas parler aux vieux murs qui radotent

     

    Passer en silence

    avec la petite escorte d’insouciance

    qu’on aura un temps séduite

     

    Lionel Mazari

     

     

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    AU SOMMAIRE

     

     

    Délits de poésie :

     

    Marie-Florence Ehret, Au jardin (extrait)

    Antoine Simon

    Marie-Françoise Ghesquier, Le pont suspendu (extraits)

    Pierre Gondran dit Remoux, ainsi s’endort le ballast suivi de on hoche on hoche on hoche (extraits)

    Marie Tavera

    Danielle Querol Bonhomme, Fondrières de la parole

     

    Délit de l’autre : Éric Cuissard, L'autre qui était peut-être lui (extraits)

     

    Résonance : Gîtes de Julio Cortázar, trad. de l’espagnol (Argentine) par Laure Bataillon, Gallimard, 2012.

     

    Délits d’(in)citations ainsi font font font les petites pâquerettes. Vous trouverez le bulletin de complicité fort désolé : la disparition du tarif éco, entre autres, force à l’augmentation du prix de l’abonnement (par voie postale) donc à prendre en compte pour tout renouvellement à partir du 1er avril 2023.

     

     

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    Illustratrice :  Anouk Rugueu

     

    « Ancienne libraire, j’ai toujours aimé lire, écrire et dessiner. Ayant eu la chance de travailler de nombreuses années à la librairie d’un musée, j’ai pu fusionner mes centres d’intérêt dans le plaisir quotidien de feuilleter des livres d’art, de discuter de création et de livres avec les clients et visiteurs. Je dessine aujourd’hui surtout sur des pages de livres anciens et des matériaux de récup. »                                              

    Son site : https://rugueu.com/

     

     

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    Pour qui sait se ménager du loisir, une journée s’étend sur mille ans.

    Pour qui a le cœur vaste, une cabane est aussi spacieuse que l’univers.

     Zicheng Hong

     

     

     

     

  • Le livre de sensations


    Parution le 1er février 2023

     

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    2014-2022

     

    "Parfois, j’ai des orgasmes de nature qui m’ouvrent le cœur en deux comme une graine mûre. Je suis l’arbre, la mésange, la grenouille, le nuage, la pluie, l’orage, je pourrais dévaster un bureau de pôle emploi, en faire une jungle pleine de feuilles, de cris et de fouillis odorant. Où est la case poète ? S’il n’y a plus de place pour les arbres, les plantes, les oiseaux, les animaux, il n’y en a pas non plus pour les enfants, les mystiques et les poètes, tout ça c’est la même chose, tout ça est connecté directement à la source, la source vitale, la source de toute chose. Pur ressenti, pure perception en résonance avec le monde des formes mais en totale inadéquation avec celui des normes et des apparences. Il n’y a pas de mystère, tout est mystère et la normalité est une affreuse invention, réduction, supercherie."


    à tire d'ailes toujours, 52 pages bien remplies, agrafées, 
    papier recyclé à 100 % 
    mon illustration en couverture : "Dans la chair", 2023

     

    12 € + 3 € de port,  à commander directement : mc.gc@orange.fr

     

     

     

  • BULLETIN DE COMPLICITÉ

      

    BULLETIN DE COMPLICITÉ

     

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    Le spécial Nouveaux délits et les 40 éditos, 2011

     

    dans la collection Délits buissonniers :

     

    Feu de tout bois de Murièle Modély, illust. Sophie Vissière 

    Instantanés de Myriam OH, illust. Silvère Oriat 

    Petite histoire essentielle de la futilité de Bruno Toméra, illust. Jean-Louis Millet 

    Printemps captif de Lionel Mazari, illust. De Morgane Plumelle

    Paraît que d’Heptanes Fraxion, illust. Jimmy Fortier

    La cloche a sonné d’Aline Recoura, illust. Ludo Godot

    Des ombres et des anges de Josette Soulas Moyes, illust. Philippe Chevillard

     

    10 € + port : 3 €

     

     Adhésion à l’association Nouveaux Délits (facultative) : 10 €

    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

     

     

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  • Revue Nouveaux Délits - n°74 (extraits)

     

    Quelques poèmes parmi ceux publiés dans ce numéro paru en janvier 2023 des auteurs suivants : Vincent Gispert ; Alexandra Norelli ; Joséphine Maaci ; Rafaëlle Gandini Miletto ; Virginie Seba ; Pierre Maubé ; Ara Alexandre Shishmanian & Cathy Garcia Canalès.
    Lecture par Cathy Garcia Canalès.

     

     

     

  • Revue Nouveaux Délits - n°73, octobre 2022 (extraits)

     

     

    Quelques textes et poèmes parmi ceux publiés dans ce numéro paru en octobre 2022 des auteurs suivants : Yvan Robberechts ; Kiko Christian Moroy ; Alain Guillaume ; Isabelle Garreau ; Thierry Desbonnets ; Georges Cathalo et une présentation de "Calepins voyageurs et après ? – Tome 1" de Cathy Garcia Canalès, paru en juillet 2022 et rappel de la sortie de "La cloche a sonné" d'Aline Recoura, délit buissonnier n°6, juillet 2022 également. Illustrations de ce numéro : Corinne Pluchart. Lecture par Cathy Garcia Canalès.

     

     

  • Soliflore 128 - Anna Kermen

     

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    Arthur Hughes - Ophélie

     

     

    où est mon frère
    au fond
    de la rivière
    il n'y est pas
    car j'y suis et
    je ne le vois pas

    comme j'en ai
    le cœur plein et
    les yeux remplis
    je me méfie
    des ombres
    des reflets
    que j'y vois

    il n'y est pas
     
    là-haut
    hors d'atteinte
    loin
    de mon étreinte
    un soleil en morceaux
    voilé à travers l'ombre
    me rappelle que la vie existe

    son or m'indiffère
    me lacère
    il ne m'enverra pas
    sa chaleur

    car il ne brille pas
    pour les cœurs
    plombés
    tombés
    tout au fond
    de la rivière

    aucune silhouette
    sur la berge
    prête à me hisser
    à me sauver

    où est mon frère

    bien au fond
    de la rivière
    je suis seule

    je suis celle
    qui tombe
    qui tombe
    qui tombe

    comme une pierre

    pas celle
    que tu relèves
    pas celle
    dont tu rêves

    comme j'ai
    le cœur
    gros
    à aimer
    à avaler
    une rivière
    ne suffit pas
    ne sera pas de trop

    comme j'ai
    le cœur
    qui déborde
    de mots
    je me tais
    je m'endors
    au fil de l'eau

    où je n'entends
    que ton silence

    où est mon frère
    que fait mon frère

     

    insta : @anna_s_kermen

     

     

     

  • Soliflore 127 - Alexandre Poncin

    Chat Ombre.jpg

    photo de l'auteur

     

     

    La lumière aujourd’hui

    n’a pas daigné

    saluer mon salon

     

    je n’en garde aucune

    rancœur

    — sinon pour moi

     

    qu’ai-je fait pour

    être si sérieux

    si vérace

    — impénétrable

     

    je pensai à mon enfance

    moi qui fut rivière

    allant sans rien savoir

    des transports minéraux

     

    le soleil y barbotait

    goulûment

    ses rayons clapotaient

    tout y était chair de poule

    autant dire clair et humble

    nous riions sans crispation

     

    Je n’ai pas été fidèle

    à moutonner mes colères

    mes contradictions froissées

    mes petites pétrifications

    mes calculs et mes autres

    lâchetés faites au monde

     

    Ce jour

    je ramasse humblement

    ma poussière

    demain me dira bien

    ce que je suis

    ce que je ne suis pas

     

    https://alexandrepoemes.fr/

     

     

     

     

  • Soliflore 126 - François Audouy

     

    audouy.jpg

    auteur inconnu

     

     

    Surnuméraires


    Semi-provinciaux, grands banlieusards,
    nous logions dans de vastes hangars
    anonymes que nous n’habitions pas.
    Nés confinés dans nos campagnes
    avec une avance dérisoire,
    nous errions en sous-préfectures
    où aucun tram n’aboutirait,
    perdant nos centres de gravité
    à mesure que s’amenuise l’espoir.
    Le dimanche, on va en forêt,
    bon bol d’air entre deux autoroutes ;
    comme chien en laisse on pisse un coup,
    rentre s’abrutir aux ondes hertziennes.
    Quand on s’évade, il est trop tard,
    cet exode est ancré en nous
    et on apprend à composer
    jusque dans nos moelles épinières.
    Nous sommes des hordes de surnuméraires,
    zonards, zombis, flous et hagards,
    effacés des images d’archives,
    rayés des registres, des radars.
    On nous éduque à la patience,
    à sagement faire nos devoirs ;
    polis et muets comme des pierres,
    nous ne nous berçons pas d’histoires.
    Nous nous souviendrons d’Anaïs
    qui au plaisir nous initia,
    des émissions du samedi soir,
    du mélange de pomme et de vodka,
    des Noëls tristes et des œufs de Pâques,
    des parents faisant semblant d’y croire,
    des vacances au bord de la mer,
    aux mêmes dates, aux mêmes endroits.
    Il ne fallait pas le monter le volume,
    il fallait effacer nos traces ;
    il fallait bander dans les clous,
    ne surtout pas manger l’espace.
    Comme l’unique cinéma
    clignote de ses blockbusters
    face au bowling - zone commerciale-,
    les témoignages de nos vies sur terre
    doucement s’estompent dans l’air du soir