Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Soliflore 130 - Iren Mihaylova

    IMG_20230422_215144_208.jpg

    Tableau de Monet - photo de l'auteur

     

     

     

              • l’effacement

    d’une écriture -



    « Jamais

    tu n’y parviendras »



    Ton corps prostré (convoité) comme refuge

    Tes mains embaumées de promesses



    Tes yeux comme éclairés de

    SOLITUDE



    Le refus que tu portes

    Comme refuge

    En signature du manque

    Sera la clé de l’écluse invisible

     

      

              • Au fond des mots

    (Depuis) toujours

    Une même énigme :

     

    Sauver ce qu’il y meurt

    Ou ce qu’il reste à vivre

     

     

              • Dieu se vide de lui-même

                                et l’homme :

     

                               ce trou inconsolable

          qui contient sa trace

     

     

              • Deux siècles à rayer la fin

    Cerner l’espace de deux silences



    Je remonte d’un abysse

    Rien ne me promet l’ascension



    Il suffit de grimper

    à l’échelle d’un manque

     

     

     

     

  • Soliflore 129 - Alain Nouvel

     

    Sergey Meytuv  -Russie- Petites histoires tristes et rencontres inutiles.jpg

    ©Sergey Meytuv  

     

     

     

    Mon amour quand on sera riches


    Mon amour, quand on sera riches 
    et qu’on sera déconfinés,
    on prendra l'autoroute en fleurs
     le matin dès potron-minet
    et la 206 chauffera.
    Sur une aire standardisée
    au self-service on se rendra
    où il y a plein de desserts
    industriels et très sucrés.
    Des cuisiniers en toque en toc
    nous y serviront quelques frites
    et puis ces cuisses de poulet
    dont on mange même les os.
    Là-bas, nous serons des rois,
    assis à la table en faux bois
    sous des poutres en polystyrène
    on boira notre café crème.
    Comme le moteur refroidit,
    à Ouistreham on poussera,
    où on verra les car ferries,
    on écoutera en anglais
    les haut-parleurs des compagnies
    dire des mots qu’on comprend pas.
    On rêvera de l'Amérique
    en buvant une soupe aux huîtres.
    Et puis on reviendra chez nous,
    par la route aux ronds-points relous
    pour économiser les sous
    tout en prenant des raccourcis 
    loin des radars et des soucis.

    Mon amour, quand on sera riches,
    on dormira au Sofitel
    dans les environs de Paris.
    Et on prendra le RER
    pour voir de plus près Disneyland. 
    Comme c’est trop cher l’entrée
    on tournera autour des grilles
    et on entendra les flonflons
    des boîtes à rêve et à musique.
    On marchera sur des chemins
    parmi les champs de betterave
    en contemplant de loin les tours
    de plastique et de carton-pâte 
    les attractions multicolores. 
    Ce sera l'été, il fait doux,
    on fera l'amour dans un bois
    en écoutant les haut-parleurs
    des grand huit, autos tamponneuses,
    et des petits trains de la mort.
    Il y aura le brouhaha
    lointain des enfants qui rient, on
    aura profité de tout ça
    sans rien payer tant mieux tant mieux
    ça nous rendra heureux, heureux.
    On terminera le séjour
    dans un F1 au lit friable
    et puis on se mettra à table
    au Mac Do au KFC
    son vieux barbu qui vous sourit
    comme un Joseph de cathédrale.
    On lui répondra tendrement
    en buvant notre Kronenbourg.
    On rotera tout en songeant.


    Mon amour, quand on sera riches,
    on soutiendra nos libidos
    en allant dans des club SM.
    On y trouvera quelques vieux
    qui se fouettent en disant « Je t’aime »
    puis toute une armée de soumis
    qui draguent en geignant : « Maîtresse »
    et ils te montreront leurs fesses,
    que tu punisses à l’envi.
    Ils pleurent à tes pieds : « Madame,
    châtiez-moi, je suis infâme. »
    Quelque éléphant du socialisme
    des professeurs et transgresseurs,
    eux, vont en des salons privés
    pour des pratiques plus osées.
    C’est réservé à une élite 
    des vieilles pies aux grosses bites.
    Mon amour, quand on sera riches,
    on se payera ces soirées
    pour après, de retour chez nous,
    s’exciter de tous ces à-coups.
    Et quand on se fera la fête, 
    on aura ce bordel en tête, 
    ce sera doux, ce sera doux !