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23/04/2023

Soliflore 130 - Iren Mihaylova

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Tableau de Monet - photo de l'auteur

 

 

 

            • l’effacement

d’une écriture -



« Jamais

tu n’y parviendras »



Ton corps prostré (convoité) comme refuge

Tes mains embaumées de promesses



Tes yeux comme éclairés de

SOLITUDE



Le refus que tu portes

Comme refuge

En signature du manque

Sera la clé de l’écluse invisible

 

  

            • Au fond des mots

(Depuis) toujours

Une même énigme :

 

Sauver ce qu’il y meurt

Ou ce qu’il reste à vivre

 

 

            • Dieu se vide de lui-même

                            et l’homme :

 

                           ce trou inconsolable

      qui contient sa trace

 

 

            • Deux siècles à rayer la fin

Cerner l’espace de deux silences



Je remonte d’un abysse

Rien ne me promet l’ascension



Il suffit de grimper

à l’échelle d’un manque

 

 

 

 

14/04/2023

Soliflore 129 - Alain Nouvel

 

Sergey Meytuv  -Russie- Petites histoires tristes et rencontres inutiles.jpg

©Sergey Meytuv  

 

 

 

Mon amour quand on sera riches


Mon amour, quand on sera riches 
et qu’on sera déconfinés,
on prendra l'autoroute en fleurs
 le matin dès potron-minet
et la 206 chauffera.
Sur une aire standardisée
au self-service on se rendra
où il y a plein de desserts
industriels et très sucrés.
Des cuisiniers en toque en toc
nous y serviront quelques frites
et puis ces cuisses de poulet
dont on mange même les os.
Là-bas, nous serons des rois,
assis à la table en faux bois
sous des poutres en polystyrène
on boira notre café crème.
Comme le moteur refroidit,
à Ouistreham on poussera,
où on verra les car ferries,
on écoutera en anglais
les haut-parleurs des compagnies
dire des mots qu’on comprend pas.
On rêvera de l'Amérique
en buvant une soupe aux huîtres.
Et puis on reviendra chez nous,
par la route aux ronds-points relous
pour économiser les sous
tout en prenant des raccourcis 
loin des radars et des soucis.

Mon amour, quand on sera riches,
on dormira au Sofitel
dans les environs de Paris.
Et on prendra le RER
pour voir de plus près Disneyland. 
Comme c’est trop cher l’entrée
on tournera autour des grilles
et on entendra les flonflons
des boîtes à rêve et à musique.
On marchera sur des chemins
parmi les champs de betterave
en contemplant de loin les tours
de plastique et de carton-pâte 
les attractions multicolores. 
Ce sera l'été, il fait doux,
on fera l'amour dans un bois
en écoutant les haut-parleurs
des grand huit, autos tamponneuses,
et des petits trains de la mort.
Il y aura le brouhaha
lointain des enfants qui rient, on
aura profité de tout ça
sans rien payer tant mieux tant mieux
ça nous rendra heureux, heureux.
On terminera le séjour
dans un F1 au lit friable
et puis on se mettra à table
au Mac Do au KFC
son vieux barbu qui vous sourit
comme un Joseph de cathédrale.
On lui répondra tendrement
en buvant notre Kronenbourg.
On rotera tout en songeant.


Mon amour, quand on sera riches,
on soutiendra nos libidos
en allant dans des club SM.
On y trouvera quelques vieux
qui se fouettent en disant « Je t’aime »
puis toute une armée de soumis
qui draguent en geignant : « Maîtresse »
et ils te montreront leurs fesses,
que tu punisses à l’envi.
Ils pleurent à tes pieds : « Madame,
châtiez-moi, je suis infâme. »
Quelque éléphant du socialisme
des professeurs et transgresseurs,
eux, vont en des salons privés
pour des pratiques plus osées.
C’est réservé à une élite 
des vieilles pies aux grosses bites.
Mon amour, quand on sera riches,
on se payera ces soirées
pour après, de retour chez nous,
s’exciter de tous ces à-coups.
Et quand on se fera la fête, 
on aura ce bordel en tête, 
ce sera doux, ce sera doux !