11/12/2020
Soliflore 94 - Pierre Bastide
Caramelle est une grenade inoffensive. Si on goupille bien son truc, il demeure secret, et on peut la savourer lentement. C’est une transe dans le bouche, d’où son nom Caramelle Mou. C’est succulent.
Évidemment, si on ne fait pas attention, si on veut précipiter le mouvement, elle vous pète à la gueule et vous en prenez plein les dents !
Ainsi va la poésie
à la saillie du cri
comme une voix sur l’indicible
comme un doigt sur la plaie
le couvert est mis à l’aveugle
sur le continent noir de la beauté
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29/11/2020
Soliflore 93 - Éric Bouchéty
"Ciel haut" - photo de l'auteur
À l’heure grave
À l’heure grave, à l’heure constante,
Comme aux autres heures passées,
Maintenant que l’eau ne t’abreuve plus
Que la bouche sèche a épuisé
Ses grands chemins, ses lieux communs
Goûtons-nous entre les deux espaces
Tends l’évidence de ta gorge
Maintenant qu’il n’y a plus de ciel
Tends-y l’échelle de tes jambes.
Dans l’heure juste, dans l’heure sensible,
Apprends-moi le désir sagace,
Ce qui nous tient sur le chaos.
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14/11/2020
Soliflore 92 - Clément Bollenot
©Sylvie Frénillot - Quartier de Perrache - Lyon
le tunnel avale le tram et moi aussi
les lumières clignotent
fragiles comme des lucioles
le serpent de fer rampe mollement
sur la voie ferrée
ses yeux jaunes éblouissent la nuit
je sens les murs vibrer le sol trembler
et les lettres noires qui se détachent
des murs ternes salis par la vie
ACAB
en ville pas besoin de lire le journal
ni de regarder la télé
tout est sur les murs
ACAB
les murs se souviennent
si les images sont interdites
ACAB
mon index repasse les lettres une par
une
le tram est passé
sa voix se perd près de la sortie
et l'œil de la vidéosurveillance
est braqué sur moi
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09/11/2020
Soliflore 91 - Tom Saja
photo©Daphné Castreau-Charara
Kos
Sable Grec
Mer Égée
Embruns de temps immémoriaux
Le soleil renait derrière les montagnes
De l’ancienne Halicarnasse
Visages salés
De silhouettes
Qui veulent vivre
Ardemment
L’amour ne manque pas
Mais que le monde en manque
Immanquablement
Ce monde n’est pas juste
Et nous sommes nés du bon coté de la mer
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08/11/2020
Soliflore 90 - Anne Barbusse
on entre dans l’ère des femmes révoltées : le jardin se vêt
de vignes vierges rouges comme les combats
et les femmes hurlent le machisme surplombant,
les coups, les professions perdues pour cause d’amour maternel
(dans les divorces les pères demandent la garde pour que les mères
ne puissent pas partir, ils possèdent l’enfant-objet et tu renonces à un poste universitaire)
l’homme révolté c’est fini
alors les femmes se lèvent
elles en ont assez du machisme des pères des maris des maires des chefs
elles sont #metoo par étouffement, pleurs, abnégations, face aux plantes ravagées
les femmes opposent les luttes, manifestantes insultées et vivantes
plus Marianne que le monde détruit, face au béton
et aux maires, aux conseillers municipaux inamovibles et
à la démocratie grippée, aux petits chefs ridicules et désuets
face aux campagnes désertées, aux friches et vignes arrachées
et aux lois faites par des hommes pour des hommes, (tu l’as dit à la présidente de l’université années 90, aube du second millénaire, les interruptions de thèse sont autorisées pour service militaire mais non pour congé maternité)
cela le monde au tournant du millénaire, cela les forêts tranchées, le global warming
et l’anthropocène absolu
cela les violences silencieuses et urgentes, le monde à nos pieds exténué
(étudiante tu ne coucheras pas pour obtenir un poste de secrétaire auprès d’un haut fonctionnaire parisien, poète tu ne coucheras pas pour subventionner un livre auprès d’un vieux maire crapuleux de province)
droit de cuissage primitif et privilège des hommes mûrs du XXième siècle
le capitalisme est plus masculin que nos rêves
au village les femmes sont les seules à hurler au maire leurs révoltes criblées de blessures
les femmes prostrées se lèvent
contre les pères qui frappent (soulèvent la petite fille de terre en la tenant
par ses longs cheveux frisés et dénoués) contre les maris
qui frappent (parce que nous disent hystériques)
contre les amants alcoolisés ou camés contre les coups - le fond de teint
que tu te mets sur le visage le lendemain car
c’est toi qui as honte d’être la battue de source sûre (avec le père la lèvre
éclate de sang, mais en grandissant tu as appris à courir vite
à faire vibrer la rampe d’acier de l’escalier pour t’enfermer
dans les toilettes), avec le temps tu n’as rien appris
puis tu jettes ton corps de femme à la face des mondes
et tu éclates avec les oiseaux, et tu montes en haut
des arbres pour que le ciel t’absolve, pour que tilleul et acacia
te pardonnent d’avoir été la frappée, la battue, la folle
(tu prends des coups parce que tu es folle, disent-ils, répètent-ils,
ou mauvaise, ce sont leurs termes inébranlés)
alors tu construis des ZAD et des pancartes rouges, tu bouleverses le cours
des pouvoirs et tu tiens tête à tous les chefs fonctionnarisés par excès
et dehors les plantes prennent courage
la vigne vierge rougit sans honte
tu seras la révoltée vierge telle la vigne rouge
et tes pas divorcés auront l’aplomb des arbres fiers comme des ciels
et ton cri aura la gorge tranchée de féminité et de lune, tu seras
#metoo dans le réel exalté et les hommes n’osent plus,
parmi l’effondrement de toutes les biodiversités, décapiter tes désirs
surnuméraires et tes accouchements flambants et alors
tu dresseras ta maternité comme une création intempestive tu joueras
Delacroix pour de vrai mais sans le drapeau tu
éteindras tous les bûchers dressés par la Didon malheureuse
et tu prendras les rênes, dans le cours de l’histoire effondrée
parmi vergers et landes – un soir de juin, le maire abandonne la préemption du potager et
toutes les plantes respirent, le tilleul pleure d’été – alors les femmes
sont du côté des oiseaux, tout en haut des arbres elles
se jettent dans les mots écologiques, dans l’écriture la jamais battue l’instinctive
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26/08/2020
Soliflore 89 - Chris Giot
John Terlet, University of Adelaide
Graphite laissé par la mine d'un crayon sur du papier vu au microscope
Je nous ai vu l’un mourant du pouls de l’autre de ces éclats qui font pourrir les corps plus vite, satisfait de la couleur qui murmurait au sol une histoire de nerfs et sans ponctuation, de nerfs à sectionner et sitôt fait. Pourquoi pas ma béance, calice, et langoureux le sel sur les bordures à vif, le bien être du sel, hurler d’absolu devant le monde, en flammes devers nous. Une justice d’abîme. Mais c’est mettre trop de chaux, et sur quoi encore ? Sur la terre sèche de nos fripes, qui ne connaîtront pas les braises du dehors pour être promises au calcaire.
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21/06/2020
Soliflore 88 - Nicolas Saeys
Mark Jenkins – photo : ©Gilles Bergeret
CHOC
Un coup dans la tête
ça sonne dur ça résonne creux
je n'ai pas vu le mur arriver
Je parlais du coup j'avais la tête ailleurs
un songe en image résonnant acoustiquement
je n'ai pas entendu le vent
dont l'attention soudaine aurait pu m'avertir
la tempe comme un tambour de cloche
ce coup pris en pleine ascension du vide
sur un moi tremblant entre deux rêves oubliés
http://aureoledessatyres.over-blog.com/
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10/05/2020
Soliflore 87 - Bernard Malinvaud
©cathy garcia canalès
C'est un voyageur
Sur les traces de l'aube
Il suit la migration des rails
Le cheminement des fleuves.
Il cherche la ferveur
Qui pousse sur le bord des routes
Invite ses pas de traverse
Dans un été buissonnier.
C'est un explorateur
Dans l'imminence des regards
L'espérance sur le qui-vive
Il lance des vœux aux étoiles.
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04/05/2020
Soliflore 86 - Nelson Jacomin
©Nelson Jacomin
Un drone passe
Un homme tombe
Un drone tombe
On le remplace
1.8.19
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24/11/2019
Soliflore 85 - Sarah Lecina
©Caspar David Friedrich - L'Abbaye dans une forêt de chêne
Ruines III
Lui, qui toque
aux fenêtres noires
pupilles-mouches
courant d'une étincelle à l'autre
et tes joues qui tremblent
entre les vitraux de tes finalités
jalouses du baiser du vent
sur tes chevilles.
Les arabesques sombres de sommeil
s'éveillent à l'interstice de la nuit :
je veux tomber à l'envers
de tes yeux.
Les yeux chavirés d'alcools
il fallait écrire, à présent,
sur l'amour des failles et des soubresauts violents.
Pas une ruine encore ;
seulement rime.
Seulement déplacée de tes lèvres closes.
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22/11/2019
Soliflore 84 - Jacques Allemand
©Aaron J. Groen, Dakota du Sud
ces deux là feraient briller un terrain vague
un champ de mottes et de choucas pareil
autour d'eux les autres ne sont plus les autres
vous non plus
tourner autour sans les nommer
(tant d'êtres et de choses perdent leurs forces dans la définition)
juste les regarder lancer leurs bras
par la fenêtre vers les arbres
le chahut des criquets entre dans le train
encore un instant et ces deux là
ne feront plus qu'un avec les voyageurs les malles
la ferraille qui bringuebale
ils sont l'aujourd'hui de tous les voyages
ceux du grand-père armé
de l'enfance au masque de suie
des corps volages
des enneigés
de tous ceux qui attendent leur tour
dans les sacs et dans les reins
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25/10/2019
Soliflore 83 - Serge Muscat
photo©Corinne Nativel
UN VOISIN BRUYANT
Auguste Bouton avait décidé de consacrer ce samedi à la lecture. Il avait acheté la veille plusieurs ouvrages qu'il n’avait pas eu le temps de parcourir et, en ce début d’après-midi, il s’apprêtait avec enthousiasme à tourner la première page d’un roman dont il appréciait particulièrement l’auteur.
Installé sur le canapé du salon, avec sur la table basse un verre et une bouteille de Martini, il commença, comme il en avait souvent l’habitude, par lire la quatrième de couverture du roman. Un bref extrait du récit y était rédigé, ce qui mit en appétit sa curiosité. Il était question d’un homme en prise avec le désespoir qui songeait à la manière la plus efficace de se suicider.
Alors qu’Auguste Bouton entamait la lecture de la première page de l’ouvrage, il entendit les premières notes, plus précisément les coups de batterie d’une musique populaire, filtrer du plafond. Pressé de commencer la lecture de son livre, il se concentra sur le premier paragraphe du premier chapitre en détournant l’attention de la nuisance sonore.
A peine entama-t-il le deuxième paragraphe que la musique provenant de l’étage supérieur monta en puissance de plusieurs décibels. Il redoubla alors d’attention en focalisant toute son énergie mentale sur les caractères imprimés de la feuille. Mais tandis qu’il lisait tant bien que mal le début du troisième paragraphe, les rythmes de la batterie montèrent en puissance jusqu’à donner l’impression que l’on essayait de défoncer la porte du salon à grands coups de bélier. A partir de ce moment, les phrases inscrites sur la page se vidèrent de toute signification. Il y avait bien des signes tracés à l’encre noire, mais pour Auguste Bouton ceux-ci devinrent de simples formes qui ne voulaient plus rien exprimer à sa conscience.
Dans un accès de colère, il posa brusquement le livre sur la table et se précipita vers la cuisine. Là, il saisit un balai et revint au salon. Choisissant un endroit où le plâtre était dur, il se mit à cogner au plafond avec le balai. Après avoir donné une dizaine de coups, il constata avec dépit que la musique résonnait toujours aussi fort. Essayant de se contrôler, il se laissa choir dans un fauteuil, le balai à la main. Quelques poignées de secondes suivirent puis il alla remettre l’ustensile ménager à sa place.
De nouveau au salon, il choisit un disque de jazz sur une étagère et plaça celui-ci dans la chaîne hi-fi. Presque immédiatement les premières notes de saxophone se répandirent dans l’appartement. Cela rendait une étrange musique faite d’instruments à vent et de coups de batterie provenant de chez le voisin. Auguste Bouton appuya trois fois sur la touche + du volume, ce qui eut pour effet de transformer le son du saxophone alto en une sorte de baryton. La batterie déchaînée filtrant toujours du plafond, il donna trois nouvelles impulsions sur la touche + du réglage de volume. Cette fois-ci le saxophone ressemblait à un son provenant d’une grande caverne, un peu à la façon d’un monstre criant depuis les entrailles de la terre. Les vitres des meubles du salon se mirent à vibrer, comme à l’approche d’une secousse sismique. La batterie de la musique du voisin était à présent devenue inaudible.
Dans sa cuisine, en train de faire la vaisselle, D. pensa : « mais ils sont devenus fous ! »
Les fous en question étaient bien entendu les responsables de ce vacarme indescriptible qui parvenait aux oreilles de D. Elle finit de rincer ses verres et ses assiettes, puis enleva ses gants de caoutchouc. Elle sortit ensuite de l’appartement et alla sonner à la porte d’Auguste Bouton.
Malgré l’insistance de D, la porte de son voisin de palier resta close. D’ailleurs, la musique de jazz recouvrait totalement le timide bruit de la sonnerie composé d’une succession de deux notes. Elle patienta tout de même quelques instants, avec l’espoir que son voisin avait peut-être entendu quelque chose. Mais après deux minutes qui lui parurent une heure, elle regagna son logis, désappointée.
Afin de se détendre de ses émotions, elle se servit un grand verre de lait qu’elle but d’un trait. Sentant ses forces lui revenir, elle ne trouva pas mieux, pour oublier le boucan fait par les voisins, de mettre une cassette de son compositeur favori. Afin de couvrir la musique des voisins, elle poussa le volume jusqu’à huit sur une échelle de dix. Ayant laissé les fenêtres ouvertes pour aérer l’appartement, la mélodie s’entendait jusque de l’autre côté de la rue. Satisfaite, D. s’alluma une cigarette et s’installa confortablement sur le grand canapé. Elle n’entendit même pas la sonnette d’entrée qui carillonnait. M., un homme âgé habitant l’étage en-dessous et souffrant de malaises cardiaques, sonna à quatre reprises. Constatant que cela ne donnait aucun résultat, il se mit alors à cogner à la porte ; d’abord faiblement, puis progressivement de plus en plus fort. D. écrasa sa cigarette dans le cendrier et alla se servir un autre verre de lait. Furieux, M. rentra chez lui et mit le poste de radio à fond.
Lorsque tout l’immeuble trembla sous l’effet des enceintes déchaînées qui distillaient diverses musiques, les voisins de la rue d’en face prirent la relève. D’appartement en appartement la musique se mit à gronder jusqu’à couvrir le bruit des voitures. Bientôt tout le quartier manifesta son mécontentement en poussant le volume de la sono. Puis les jeunes descendirent dans la rue avec leur appareil à musique portable. Sur les places publiques on commença à danser sous une gigantesque cacophonie musicale.
Vingt minutes s’étaient écoulées lorsque le disque qu’Auguste Bouton écoutait arriva à sa fin. Il prit alors conscience du remue-ménage qui régnait au dehors et alla à la fenêtre du salon. Il fut surpris de voir la rue grouillante de monde et d’entendre un brouhaha composé d’une mosaïque de mélodies et de chants. La curiosité éveillée, il décida d’aller observer tout cela de plus près.
Après s’être rapidement vêtu, il descendit les trois étages de l’immeuble et déboucha dans la rue. Sous le soleil de ce début d’été, des gens allaient et venaient tandis que d’autres se trémoussaient au son de la musique brésilienne qui émanait d’un gros appareil portable posé sur l’épaule d’un jeune homme marchant d’un pas lent. Auguste Bouton remonta la rue en direction de la place sur laquelle se rassemblaient souvent les jeunes gens. Tout le long du chemin jaillissait des fenêtres ouvertes des musiques disparates couvrant pratiquement tous les genres que cet art propose. Des portes d’entrée apparaissaient des flots continus de personnes, comme si les immeubles se vidaient tous au même moment. Cela faisait un peu penser au sable coulant par l’ouverture d’énormes silos. Sans interruption, les gens se pressaient dans la rue jusqu’à finalement totalement encombrer celle-ci. Bientôt obligé de jouer des coudes pour se frayer un chemin dans la foule, Auguste Bouton, par on ne sait quel hasard, se retrouva alors face à face avec son voisin du dessus. La colère étant passée, ils se dirent courtoisement bonjour tandis qu’à une fenêtre proche un enfant criait à sa mère : « Maman viens voir, il y a une fête ! »
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29/09/2019
Soliflore 82 - (annulé)
photo : cathy garcia canalès
"Vos préjugés sont vos fenêtres sur le monde.
Nettoyez-les de temps en temps, ou la lumière n’entrera pas."
Isaac Asimov
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24/09/2019
Soliflore 81 - Marc Liênet
Oscar Prudhomme - Rue de la Cathédrale - 2019
L’Être
L’être que tu penses être
Ne m’intéresse pas
Ou si peu
Je m’adresse plutôt à ce naïf
Que tu rabroues sans cesse
À cet idiot dans sa superbe
Qui continue d’alimenter
La flamme
Toi
Cela fait longtemps
Que tu es devenu rentable
Lui
L’autre toi-même
Dont tu ignores toujours le nom
Et qui croupit seul
Dans le cachot de ton cœur
Vibre encore
Sur la musique du monde
Entre tes rêves d’enfant
Et la tristesse
Toi
Le bourreau le tortionnaire
Toi l’esclave
Toi l’arrogant dans son costume
Toi la peur
Lui
L’amoureux le pendu
Lui la tendresse
Lui le poète à ses heures
A n’en pas douter
Lui mon ami
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21/09/2019
Soliflore 80 - Mélanie Carron
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03/07/2019
Soliflore 79 - Bernard B
photo de l'auteur
pause surréaliste – saison 2 (V)
sous les pavés de pierre de lune rousse c’est une plage de sable fin qui glisse entre les six doigts translucides de l’humanoïde aux mille souvenirs bien ancrés dans sa mémoire cache-cache où s’effleurent des corps célestes munis de lampes hallucinogènes où se bousculent des chimères sans queue ni tête où un quartet de soldats de plume sonne la charge en coulisse sous un ciel de cuivres sous une trompette de neige sous une averse de trombones à piston à double effet de surprise sous une grêle de croche-pieds sous un cyclone polaire de demi-tons en boîte de nuit sous un orage de notes piquées au vif du sujet de la phrase musicale que l’humanoïde claironne dans l’espoir du grand renversement des tables rondes en langue de bois non équitable dans l’espoir du grand effondrement de la tour infernale dans l’espoir d’un nouveau paradigme sans dogmes dans l’espoir de trouver sous les pavés de pierre de lune noire une plage de sable sans fin ni fond
https://bernardbblog.wordpress.com/
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26/05/2019
Soliflore 78 - Pierre Melendez
©Caroline Roméo (Pépite)
Notes
Accroupie sur le balcon
elle fume une clope
penchée sur un carnet
de notes
des fa des sols des si
et elle fait comme si
elle ouvrait grand les portes
de l’inspiration
au dessus du sol
en quelque sorte
On lui a souvent dit
qu’elle chantait trop mal
alors elle écrit
dans un mode animal
avec des cris
des grognements
hululements
elle écrit comme elle ment
des poésies de pacotille
aux rimes qui brillent
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24/05/2019
Soliflore 77 - Magali Fenoglio
photo ©L.T.
J'ai écrit
Beaucoup
Sur tout et n'importe quoi
Sur ma vie et n'importe qui
Et même sur toi, qui n'existait pas !
J'ai écrit
Parfois
Que la solitude c'était moche
Que ça ne baisait pas bien...
J'ai menti !
Je me suis menti
Tout ça pour quoi ?
Pour rentrer dans un moule beaucoup trop petit
Faire semblant de... Ne plus être soi...
Me perdre, me laisser aller
Me dégoûter de cette chose molle
Toute en douleur et sans joie
Que je suis devenue,
Par choix !
Je n'en veux à personne
Même pas à moi, surtout pas à moi !
Et puis un jour tu le fais, tu te regardes
Pour de vrai !
Et en fait t'es juste morte, t'es plus folle !
Alors
Qu'il soit bon ou mauvais
J'ai fait un choix !
Et je sais
Je sais le mal que j' te fais !
Je la connais
Cette douleur
Cette rancœur
Cette envie de s'arracher cette merde
Qui ressemble à un cœur !
Il paraît que l'amour ça n' dure pas
Ou que ça dure 3 ans...
Bien moins longtemps
Quand ce n'en est pas !
Mais j'ai choisi,
J'ai choisi de me sauver, moi !
Et putain oui, Solitude t'es la plus belle des catins !
Et putain non, tu n'es pas moche et triste.
Tu es une salope en dessous de satin
Pas en blouse blanche qui pue le médecin légiste !
Tu as une odeur que je reconnais...
Tu sens le vent un soir d'été
Tu sens la forêt et la terre brûlée
Tu as ce goût sucré-salé
Qui dans ma bouche la salive fait monter
Tu as l'odeur et la saveur de ma liberté...
Alors non chérie, tu n'es pas laide, viens approche !
Tu me libères, tu me retournes
Tu m' vides, tu m' fais les poches
J' deviens liquide...
Flot ininterrompu coulant de mes doigts
Tu m' fais grimper comme jamais
Orgasmes trop longtemps contenus, oubliés
Explosent enfin autour de moi !
J'ai retrouvé l'envie, bordel !
J'ai retrouvé sur ma langue, le goût du miel
L'envie d'en écrire, l'envie de et je respire !
J'ai écrit
Beaucoup
Mais je n'ai jamais écrit dans l' tiède !
J'écris quand ça fait mal
Ou quand j'ai la dalle !
J'écris quand j'ai les yeux qui brillent
Ou quand tout part en vrille...
J'écris sur les murs, les trottoirs
Ou quand sonne l'heure des messes noires...
J'écris quand j'en crève
Ou quand j'en rêve...
Mais il reste une certitude
J'écrirai toujours avec Solitude.
A mes côtés ou ancrée en moi
Elle sera toujours là !
Alors je la laisse faire ce qu'elle veut
Et je la regarde s'emparer de mes mains
Elle me fouille, elle me fait du bien
Explosion au bord des yeux
Elle me souffle de ne plus me taire
Alors oui, je la laisse faire...
Écris putain ! Écris !
#Marie, elle s'est retrouvée et elle aime ça...
Écoute putain ! Elle rit !
https://www.facebook.com/Marie-Mad-Moi-SAiles-Perch%C3%A9...
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22/05/2019
Soliflore 76 - Delphine Evano
photo ©Thomas Peschak
nid
sans maîtriser plus ici que demain
le degré d'inclinaison de ton corps
comme un crabe aux pinces claires qui claque au ciel ses lucidités
ses ribambelle de pétards
tu rêves debout
Extrait de Des rives humaines
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15/04/2019
Soliflore 75 - Grégory Pichot
photo de l'auteur
Magnétisme du large, lanières vives,
cristallines, émouvantes fibreuses
Danses du bord de mer
frivolités, petits airs et bon cœur
Ondes, phases lunaires
Il suffirait de vagues
pour me faire vivre — un jour de plus
D'une lumière — même plus frêle,
sur les épaules
Loge solaire, eaux primordiales
Tout est matière qui se veut songe,
lumière réémise — Oubli
Point d'ultime cendre,
mais rumeur et ressac
Vagues de l'humilité
brisées aussitôt que bâties
Toujours ce même sentiment
de majesté tragique et futile
Splendeur se dérobe,
où je me devais d’être
Présent qui ne cesse d’être
Coulée pleine, interdépendances
préciosité des sens
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13/01/2019
Soliflore 74 - Adrien Braganti
© Andrew Wieth
Chambre avec vue
Les marmots se défoulaient près des chaudières
Et se roulaient dans les poussières du dernier cercle.
Leur dos déjà voûté supportait leurs ascendants
Dont un pied s'engouffrait en enfer,
L'embonpoint aidant.
La poésie respirait dans le souffle
Des quelques épouvantails encore debout
Et l'hiver esquissait des mots étranges
Dans les couches des premières neiges.
La beauté du songe et l'amour pour l'amour
Surplombaient l'arrière boutique de nos carrières.
Extrait de son premier recueil, Le Ventre de l'hiver, Editions Prem'Edit, à paraître en 2019
D'autres textes disponibles sur la revue en ligne Le Capital des mots
http://www.le-capital-des-mots.fr/2018/05/le-capital-des-...
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17/12/2018
Soliflore 73 - Philippe Martinez
Pieter Brueghel dit l'Ancien
deuxième des lyres
j’ai égaré des émotions
que tu trouverais nécessaires
je ne sais plus à quoi ça sert
ce paquet de vaines passions
j’ai abandonné même la FIERTÉ
je dois dire que j’en ai presque honte
au dernier soupir je ferai le compte
être fier de quoi ? qui peut m’expliquer ?
se sentir content ça ne suffit pas ?
la fierté c’est la médaille inutile
l’expansion du soi - orgueil imbécile !
manquer de confiance aggrave son cas
j’ai plongé dans un lac par un hiver très rude
pour sauver ces gens qui coulaient dans leur voiture
j’ai pu les ramener gratifiante aventure
- mais pas question de célébrer mon attitude
j’ai fait ce que j’ai fait un secours immédiat
il faudrait des lauriers une couronne d’or ?
un simple sourire est le plus charmant trésor
ce serait largement assez - restons-en là !
une histoire de réussite
et la fatuité du vainqueur
arborer de nobles couleurs
jouer le paon plein de « mérite »
est-ce vraiment ce que l’on veut ?
où avez-vous mis la tendresse ?
nous aider est notre richesse
nous aimer est notre seul vœu
certains sont fiers dit-on d’être nés quelque part
mais ils n’y sont pour rien ! qui pourra le leur dire ?
d’autres de leur projet - s’ils ont pu l’accomplir
c’est que leur santé leur a offert ce pouvoir
ou peut-être la chance - on peut les applaudir
c’est leur son favori bravo pour leurs efforts
ils veulent notre accord
tout cela fait sourire
être fier de ce que tu as réalisé
c’est d’abord t’occuper des choses du passé
mais pas de celui-ci - du passé répété
qui tourne sans arrêt dans son éternité
ça a commencé quand ? il n’y a pas de date
les faits ont bossué un parcours infini
que tu ne peux que suivre au soleil dans la nuit
maintenant ou avant - la frontière est étroite
et tu vas te vanter d’une splendeur antique ?
ça semble dérisoire on n’y comprendrait rien
il faudrait accepter cet incroyable point :
être fier mille fois pour une chose unique
ce serait trop
dédain stupide
mépris sordide
qui sonnent faux
si tu joues ce jeu
avançant dans l’ombre
calculant ton nombre
de gestes glorieux
tu vas t’aveugler
sans t’en rendre compte
et même la honte
devra te laisser
il faut que tu te reconnaisses
que tu poses sur la balance
l’image de ton excellence
ET tes faiblesses - tes prouesses
les plateaux cherchent l’équilibre
aide-les - tu en es capable
jette tes cartes sur la table
il ne tient qu’à toi d’être libre
non je ne suis pas fier je suis parfois content
où donc est mon pouvoir ? il a dû disparaître
je ne le cherche pas je refuse tout maître
respirer calmement me semble suffisant
vivre profondément
toujours prêt à renaître
extrait de l'ensemble "Le son des lyres"
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20/09/2018
Soliflore 72 - Jean Marc Farge
(c)photo de l'auteur
Aimer
La femme est un Temple,
Un lieu sacré à l'image de l'univers,
Un lieu de don de vie, de lumière.
Tu m'as donné un pouvoir
Celui de dédicacer ce sanctuaire.
C'est en toute liberté que je te voue un culte,
Sans liturgie, car tout se crée dans l'instant.
Rien n'est enfermé dans un cadre imposé
L'amour ne peut être emprisonné,
Il vit et se nourrit de chaque instant.
La vie triomphera de tout si nous y croyons,
Elle est pureté comme l'aurore naissante.
Le corps devient une oreille qui écoute l'âme,
Invite-moi au banquet des futures épousailles.
L'absolu du désir ne peut être violence
Il est cette juste certitude qui régit tout.
Cette vérité que l'homme cherche tant
Se situe dans son exacte liberté de conscience.
Allons là où se situe ce secret qui nous anime
Le reconnaître, c'est soulager son cœur.
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11/09/2018
Soliflore 71 - Hubert Boisselier
(c)Alvaro Sanchez
Tu n'as pas d'empreinte
Hormis la cendre
Pas de nom
Excepté celui hurlé entre les dents dont tu es né
- L'injure de l'oubli dans ta gorge
Fore un puits de lave dans ta poitrine
Mais il faut bien s'empreindre d'un avenir -
Tu n'as de nom que celui écrit par dessus
Le tien le leur a eux qui t'appelaient
Par ce nom hurlé entre les dents
Qui devaient te déchirer
Dont tu devais mourir
Pas trace de toi avant que tu t'imprimes
Sur les murs et les pages et les écrans
Avant que tu détournes les voies toutes tracées
Par ton nom et ceux qui te nommaient alors
Vers d'autres lieux vers d'autres corps
Tu n'as d'empreintes
Que dans la cendre de qui tu fus
De qui tu fuis en lui fermant les yeux
Le laissant vivre de son aveuglement
Dans cet ailleurs qui fut toi
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Soliflore 70 - Xavier Monloubou
photo de l'auteur
la paix.
elle mue d’arbre en arbre. apparition enlacée au cuivre du soleil. d’une marche lente. jamais à l’abri. majesté venue d’ailleurs. mal de rêveur, son agenda toujours ouvert. contre la pierre entrebâillée qui traîne sous la pluie. son brouillon épuisé de ville. ce quelque chose dans le pain. elle sauvera l’autre rêveur. qu’elle impose. au rythme de l’invisible ciel qui respire l’onde blonde, la présence, le geste libre. elle, la paix. elle anime le « i » d’aimer. se déporte avec le pollen et le vent. part encensée. passage secret. pour nous trouver enfin.
08:44 Publié dans LES SOLIFLORES | Lien permanent | Commentaires (3)
09/09/2018
Soliflore 69 - Patrice Blanc
(c)Alison Scarpulla
vagabond,
le sommeil flirtait avec la mort
crises justes, aiguisées
chose des morts
dans l’enfer des buissons !
images cuites des mots,
étoiles baignées d’ivresse…
les mots sucent la poussière
la bête approche
sur le sentier du dire
elle flanne
jusqu’au repère du poème
(…)
les nerfs besognent en terre de douleur
champs malades
l’existence use le poème
ailleurs,
mêmes les rêves meurent…
un sommeil rouillé
un mort lave la nuit
les flaques cassantes
du ciel
drainent les falaises
au hasard des pierres…
14:14 Publié dans LES SOLIFLORES | Lien permanent | Commentaires (0)
05/09/2018
Soliflore 68 - Patrick Le Divenah
illustration de l'auteur
café 2
claque aux doigts
fringué de sa dégaine
coup d'œil qui délimite le territoire
claque la commande
se jette un verre
rituel
claque la langue
coude affirmé
billet désinvolte sur le comptoir
claque le fric
main qui s’impose paternaliste
droit de cuissage
claque la cuisse
le pas irrémédiable qui doit laisser un vide
claque la porte
Patrick Le Divenah a illustré le n°56 de la revue
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2016/...
09:27 Publié dans LES SOLIFLORES | Lien permanent | Commentaires (0)
Soliflore 67 - Laurence Skivée
(c)photo de l'auteur - La Roche-en-Ardenne, août 2018
Revenir à la source
Lumière pure entre les plus hautes déchirures
le vent la pluie la liberté
le chant et le silence
mon beau pays
de joie
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04/09/2018
Soliflore 66 - Antoine Durin
Dieter Appelt - self-portrait - 1978
Le miroir te renvoie
des rides nouvelles
qui s’accentuent
avec ton sourire benêt.
Que s’est-il passé
pendant ton sommeil ?
Tu avais pourtant mis
une crème de nuit
dans le gouffre
de tes angoisses…
15:07 Publié dans LES SOLIFLORES | Lien permanent | Commentaires (2)
01/09/2018
Soliflore 65 - Pierre J. Niedergang
(c)Lucile Lert
Attaqué de tous les côtés,
Je suis une pile
d’accablement
étoile d’un filant
manque d’espoir
un dévorant
dévoré.
Mais je l’ai dit à votre juge,
amoureux.
J’ai répété, j’ai crié
la secousse
l’ouverture
qui m’habitait.
J’ai tenté la suturation,
J’ai même voulu écrire,
mais je ne suis pas un graveur de roche
Je suis une fumée habile
qui vibre
de toutes parts.
Je ne suis pas un fluide, un flux,
je ne coule pas.
Je suis une fumée en vibration
en expansion.
Mais tu m’assièges,
tu m’assènes
que la porte est fermée
et les clés, perdues
dans un lointain futur;
que nous sommes
une prison en démolition.
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