NUMÉRO 45
Avril-Mai-Juin 2013
Vous avez remarqué, mis à part votre serviteuse et la merveilleuse illustratrice, nulle femme publiée dans ce numéro : QUE des hommes ! De quoi faire frémir le printemps féministe, un coup fatal aux normes de parité… Alors ? Je ne sais pas, cela doit être le printemps justement, la montée de la sève, l’érection des petites pousses et des bourgeons, quelque chose de l’ordre de l’élan premier, la fougue du yang, le redressement des lingams… Des hommes donc, mais ces hommes cependant écrivent de la poésie, et si ça, ce n’est pas faire preuve d’une certaine sensibilité - sensiblerie diraient les jaloux ; si ça, ce n’est pas mettre à nu une certaine féminité ! Voilà donc des hommes dévoilés, qui se répandent en mots plein de force, de chagrin parfois, de beauté, de compassion aussi, d’attention à l’autre. Ils sont magnifiques, les hommes, quand ils posent leurs joujoux de guerre, leurs pelleteuses et leurs calculettes, leur arrogance de garçonnets cravatés trop serrés, quand ils transforment des pulsions en poésie, des colères en coléoptères, des bottes de plomb en papillons de duvet. C’est beau un homme quand il tient debout tout seul, nu face au soleil, quand il respire amplement, les pieds ancrés à la terre mère. C’est beau un homme qui chante et qui pleure, qui tend la main vers d’autres hommes, vers des femmes, des enfants, un chat, une chouette, une fleur. C’est beau un homme qui ouvre ses bras, qui s’invente des ailes, pas pour aller plus vite ou plus haut non, mais pour accomplir des rêves qui donneront des fruits à offrir et partager. Oui, c’est beau un homme, et tout particulièrement quand il est une femme aussi, et un enfant encore. Pas pour faire des caprices ou ne jamais rien assumer, non, mais pour conserver intacte sa capacité à s’émerveiller et pouvoir offrir et partager ce qu’il a vu, entendu, senti, créé. C’est beau un homme, quand il vise haut et juste, avec sa conscience propre, quand il a le cœur au courage et le désir du vivant. Alors surtout, continuez, les hommes, soyez beaux, surtout du dedans !
CG
homme rivière aux étreintes
mille fois renouvelées
homme si vaste
aux bras de sable
homme profond
de sagesse infinie
Cathy Garcia
in Salines
AU SOMMAIRE
Délit de poésie :
Samuel Dudouit, Patrick Tillard (Québec), Frédéric Ohlen (Nelle Calédonie)
Jean Azarel, Nuage rouge, un hommage à la chanteuse Lhasa de Sela et un extrait De lauze et d’air, un poème fleuve qui prend sa source en Lozère.
Nicolas Kurtovitch (Nelle Calédonie), L’attente des hommes alentours
Résonances : L’éponge des mots de Saïd Mohamed
Le bulletin de complicité bloque la sortie avec des appels de sève.
Illustratrice :
Corinne Pluchart
« Toujours près du Mont, mon Lieu. La mer... j'écris, je marche, je m'arrête, je cherche. Poète surtout, avec la mer, le vent, le temps, la vie et la lumière. »
L’homme du Tao aime le froid, il aime le chaud,
il se rit de l’insuccès comme du succès, va son chemin, hilare.
Nan Shan
in Recueil de la colline du sud