Revue Nouveaux Délits n°55 : Luminitza C. Tigirlas
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Un poète à découvrir, vraiment ! Marc Tison, publié dans le numéro 50, parle aussi avec Christian Saint-Paul de Nouveaux Délits et du travail poétique et militant de Cathy Garcia, MERCI à eux (et aussi du recueil Rester debout sur le trottoir de Murièle Modély !) :
http://les-poetes.fr/son/son%20emision/2015/marc%20tison.wma
Marc Tison qui organise aussi :
Le cardinal Saliège disait en mars 1944 qu'il fallait "travailler comme si tout dépendait de nous, et il poursuivait : De quoi sera fait demain ? De nos actes". Plus tard, en décembre 1945 , il aura cette phrase : "Prudence, que de lâchetés on commet en ton nom !"
La poésie est un art de faire, la poésie est acte. A lire les poètes cités dans l'émission du jeudi 21 mai consacrée en majeure partie à Marc TISON, il apparaît à l'évidence que tous, dans leurs actes, s'éloignent de la lâcheté par prudence. Pourtant notre époque, s'accorde à la crainte de notre courageux cardinal qui s'interrogeait déjà en octobre 1944 :" Ôte-toi de là que je m'y mette. Est-ce que la haine ne serait que la forme, le jaillissement des appétits ?"
Vous pouvez écouter l'émission Marc TISON en cliquant sur :
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
Le compte(rendu de l'émission :
***
Cathy GARCIA poursuit don beau chemin et a fait paraître les n° 50 et 51 de sa revue "Nouveaux Délits Revue de poésie vive". (Le n° 6 €, abonnement 28 €, chèque à adresser à Association Nouveaux Délits, Létou, 46330 Saint Cirq-Lapopie.)
Des textes toujours intelligibles, ce qui ne nuit en rien à leur qualité, une relation éditoriale sympathique comme le confirme l'invité de la semaine Marc TISON. Une militante culturelle qui ne ménage pas son dynamisme militant, avec une générosité qui signe sa personnalité. A titre personnel cette artiste revuiste publie aux éditions Gros Textes : "TRANS(e)FUSEES / 80 essais de décollage du réel 1993 - 2013"
"Il y avait au fond de ma valise, un vieux brouillon, une veste d'homme, une bouteille, quelques fantômes et leurs bleus désirs de méharées. C'est de bon cœur que je m'apprêtais à les suivre, hélas, monsieur, en guise de départ, j'entendis pleurer les bombes et je vis l'automne passer sous les rails. Oui Monsieur ! J'ai donc ôté mes souliers et j'ai même ôté mes pieds avant de me glisser , sans rien de plus à dire, sous cet atôme de soupir où vous m'avez trouvée."
Commande Gros Textes, Fontfourane, 05380 Châteauroux-les-Alpes (chéques à l'ordre de Gros Textes, 9 € + 2 € de port).
*
Denis HEUDRE vient de publier :
Bleu naufrage / Elégies de Lampedusa
éditions La Sirène étoilée
48 pages 12€
à commander à :
lasirene.etoilee@orange.fr
Lecture d'extrait.
Jeudi 3 octobre 2013
-un fait divers
-pour à jamais verser du noir
-dans mon bleu
--l’île des lapins
-pays de vaste lumière
-des hommes ont choisi le paradis
-pour enfer
--un bateau de 20 mètres
-pour 500 migrants
--l’horizon effondré
-la mort y a jeté son suaire de sel
--je ne sais rien de toi
-je ne sais pas si tu es un garçon
-je ne sais pas si tu es une fille
-encore moins ton nom
--à ton cercueil blanc
-je te sais enfant
--je sais que ta couleur noire
-assombrit nos âmes de nantis
-je t’appellerai Quinze
-c’est peut-être ton âge
-c’est le numéro sur ton cercueil
--les hommes avec toi
-voyaient les femmes d’ici
-avec des baisers de coquelicot
--s'ils pensaient réussir à apprivoiser
-le cristal et l’acier de notre histoire
-ils ont cru aux mensonges des miroitements
-et au bleu de ce qu’on raconte
--la mer d’ici n’a que faire de toi déjà oublié
-moi je t’ai donné un nom
-et jamais il ne tournera le dos à ma mémoire
--il nous faudra toujours penser
-à effacer méticuleusement les frontières
*
Murièle MODELY déjà citée dans des émissions précédentes est à lire; avant qu'une émission particulière lui soit consacrée, lecture d'extraits de "Rester debout au milieu du trottoir" Contre Ciel éditeur 12 €.
Extraits d'un recueil précédent : "Je te vois" éditions du Cygne, 13 € :
mordre
le vide mordre
laisser tous
les indispensables
biens de consommation
finir
dans la gorge
dans le creux du pantalon
vomir pour se remplir encore
*
Christian Saint-Paul accueille son invité : Marc TISON.
Il se présente aux auditeurs :
1956 : Né entre les usines et les terrils, dans le nord de la France. Fondamental. A la lisière poreuse de la Belgique. Conscience politique et d’effacement des frontières.
1969 : Lit un premier poème de Ginsberg. Electrisé à l’écoute de John Coltrane et des Stooges.
1971 : Performe des textes de Jacques Prévert sur les scènes de collège. Premiers écrits.
1977 : L’engagement esthétique est politique. Punk et free. Déclare, avec d’autres, la fin du punk en 1978. Premières publications dans des revues.
1977 – 1992 Il écrira et chantera plus d’une centaine de chansons dans plusieurs groupes.
1980 : Décide de ne plus envoyer de textes aux revues, le temps d’écrire et d’écrire des cahiers de phrases sans fin. Cela jusque 1998 où Il jette tout et s’interroge sur un effondrement du « moi ». Part alors à l’aventure analytique.
2000 : Déménage dans le sud ouest. Rend sa poésie de nouveau publique.
Engagé tôt dans le monde du travail. A pratiqué multiples jobs : chauffeur poids-lourd, concepteur- rédacteur publicitaire, directeur d’équipement culturel…. Il s’est spécialisé dans la gestion de projet de l’univers des musiques d’aujourd’hui. A élargi depuis son champ d’action à la gestion et l’accompagnement de projets culturels et d’artistes.
Programme aussi des évènements liés à l’oralité, la poésie dite, et la « poésie action ».
Ses publications :
1977 - 1980 : Publié dans plusieurs revues (dont « Poètes de la lutte et du quotidien »)
2000- 2015 : Publié dans diverses revues (« traction Brabant, Verso, Nouveaux délits, Diérèse,…).
2008 : Recueil collectif « Numéro 8 », éditions « Carambolage ».
2010 : Recueil « Manutentions d’humanités », éditions « Arcane 17 ».
2012 : Recueil « Topologie d’une diaclase », éditions « Contre poésie ».
Texte « Désindustrialisation », éditions « Contre poésie ».
2014 : Recueil « L’équilibre est précaire », éditions « Contre poésie ».
Trois affiches poèmes, éditions « Contre poésie ».
2014 : Publications de quinze textes dans le livre d’artiste « Regards » du photographe Francis Martinal.
2015 : Recueil « Les paradoxes du lampadaire + à NY ». édition « contre poésie »
Depuis 2011 : Performances / installations d’action poésie (solo ou duo avec Eric Cartier).
***
L'entretien entre Saint-Paul et Marc TISON est entrecoupé de lecture de textes par l'auteur.
"L’amour, ça ne s’écrit pas / ça s’invente dans les nerfs", clame Marc Tison qui enrage dans l’observation du monde : ‘L’humiliation c’est tellement indolore / à regarder. » Il reste la colère qui « allume de petits phares épandus, mais « pourtant le ciel en feux ça ne suffit / plus. » La poésie de Tison est une poésie de dénonciation. Pour se révolter, donc agir, il faut d’abord affirmer son refus du monde tel qu’il est. C’est le rôle de la poésie que de changer le regard des contemporains sur le monde. Le poète accomplit le dessein de « L’homme révolté » de Camus :" Apparemment négative, puisqu'elle ne crée rien, la révolte est profondément positive, car elle révèle ce qui, en l’homme, est toujours à défendre. » « Il y a tant de révolutions / à faire » écrit Marc Tison dans « l’équilibre est précaire. » La première est celle de la langue. Même s’il utilise le mode de l’harangue, le langage n’est jamais un langage habitué. Les mots sont lavés de leur gangue de routine. Ils voyagent et sont comme les villes que le poète traverse pour en saisir l’éphémère quintessence. Milan, Barcelone, New York, Ostende, Hambourg, etc... la même mésaventure humaine. Et l’univers invite à vivre « notre liberté inaliénable ».
Textes de Marc TISON :
J'engage aujourd’hui 06
janvier 2009 celui qui m'a
volé mes disques le 03
décembre 1975 à me les
ramener au plus vite ou en
faire bon usage surtout le
vinyle pressage 1957 du
« Mulligan meets Monk »
acheté chez un soldeur en
Angleterre en 1974 l’année
de mes 18 ans, disque dont
le poids de matière comme
l’épaisseur de la pochette
cartonnée à la photo en noir
et blanc si heureuse
ajoutaient à la volupté de
l’écoute de sa texture
sonore
*
Extraits de "Les paradoxes du lampadaire suivi de A NY :
A NY j’ai entendu un quatuor d’afro-américains septuagénaires chanter à capella du Doo wop dans un wagon de métro le dimanche matin sur la ligne reliant Harlem
Ils avaient des baskets neuves et deux des casquettes à longue visière
Un avait un chapeau à bords ronds
Et j’ai vu tous les passagers du wagon laisser des billets de 1, 5, ou même 10 dollars dans la petite boite en fer peinte maladroitement en rose et tendue par le plus costaud qui chantait la voix basse.
A NY j’ai croisé des gens pauvres, beaucoup de gens pauvres.
A NY j’ai aperçu des gens riches, beaucoup à « upper east side » .
*
A NY à l’aube laiteuse nous cherchions les enfants somptueux des Fleshtones
Nous en avions perdu la trace dans nos pas insouciants lors de battues sonores et vaniteuses.
Et puis dans ce qui n’est pas encore le matin
A NY j’ai pris
des taxis qui roulaient sur deux rails oranges
la nuit bleue isotrope des lumières des yeux qui te regardent si loin d’où tu es
un trait scintillant jusqu’à l’émoi sonore dans la gorge dans la poitrine qui résonne du mot évadé « monamour ».
A NY j’ai vu un après midi ensoleillé une junky en trithérapie promener son chien et ramasser ses crottes avec un sac plastique fait pour ça
Elle n’a pas vingt cinq ans.
*A NY j’ai vu de mes yeux vu, le ciel si loin - il s’habille des façades - se rapprocher auprès des foules au fond noir des avenues transversales, jonchées des éclats trompeurs de rêves, poussières d’enseignes publicitaires
Clinquantes et insomniaques.
A NY j’ai vu des bibelots désuets
surpris des siècles loin de moi
à l’étal d’une brocante dans un entrepôt gris
les vitrages sécurit des vasistas percés de trous
impacts de balles comme des coups de pioches.
Confusion harmonieuse des esthétiques mémorielles, revint en transparence la vitrine de ce magasin de montres soviétiques à Kotor, et les reflets de la poussière dans le maigre souffle de soleil
Evaporation des pastels et les vendeurs qui souriaient.
*
Extrait de "Manutentions d'humanités "
Pierres
Pierres qui calent mesures d'usines imbriquent des briques de terre de pierres pierres rouges les murs des maisons ouvrières des ouvriers effacés dans le canton de Denain désintégrés statistique sociale troisième page des misères du journal rouge maisons barricades planches aux fenêtres et les murs désertés rouges de pierres s'effritent sans fin recyclées et d'autres écrasées sans fin tapis des sols d'autoroutes sacrifices des os d'anciens locataires sidérurgistes au RMI offerts à la condition de poussières
*
Extraits de "L'équilibre est précaire" :
Suivras tu dans la jungle ses pensées sombres sans fin. Croiras tu voir de l’or dans ses regards perdus.
Rentreras tu dans le corps que tes bras enserrent. Et la joie et la peine pagailles d’émois qui apeurent.
Le chant frotté des mains poignant des chairs, bat l’arythmie haletante des souffles. Moiteurs de suées aux ventres mélangées, et la bite dans le con défiant la mort de baisers.
Il y a tant de révolutions à faire.
Tu seras le désir cette sorte de peine.
*
Un inédit pour l'émission "les poètes" :
Mostar : arrivée comme un road-movie
40° à l’ombre et le ciel bleu
cache les traces de l’enfer
Pelure sèche c’est la terre
Là autour d’un pont
les prêches et les sermons
des pervers religieux ont nourris les canons
Ce jour de soleil
Les imams et curetons
Ferment enfin leurs gueules
Paraît il qu’ils n’ont toujours pas honte
Là au bas d’un pont
Ce jour de soleil
Un Dj hiphop mixe sur une plage de poussière
des jeunes femmes en bikini ondulent
quand des ados fins plongent en frimant
La rivière redevenue bleue
Combien d’assassinats snipers fallait il
Retransmis en direct sur les télés du monde
Un jeu de gloriole
Les morts comme figurants
On filme le poing haineux brandi en vociférant
Le racisme nationaliste fait people
Et dire qu’on promet des unes spectaculaires sur son retour
Alors Mostar : 40° à l’ombre et le ciel bleu
Y revenir
Dans le miroir du présent
Plus jamais ça
Plus jamais ça
Ad lib..
*
Marc TISON une voix témoin de son temps, totalement confondue et en mouvement avec l'art d'aujourd'hui, qu'il est bon de connaître et d' accompagner dans notre énigmatique époque.
Amitiés à ceux qui se reconnaîtront,
fraternité à tous,
Christian Saint-Paul
30 essais de décollage du réel
1993-2013
Il y avait au fond de ma valise, un vieux brouillon, une veste d’homme, une bouteille, quelques fantômes et leurs bleus désirs de méharées. C’est de bon cœur que je m’apprêtais à les suivre, hélas, monsieur, en guise de départ, j’entendis pleurer les bombes et je vis l’automne passer sous les rails. Oui Monsieur ! J’ai donc ôté mes souliers et j’ai même ôté mes pieds avant de me glisser, sans rien de plus à dire, sous cet atome de soupir où vous m’avez trouvée.
40 pages au format 14 x 21
orné de 12 pleines pages couleur avec des illustrations de l’auteur
imprimé sur papier bouffant munken 90 g
ISBN : 978-2-35082-273-0
9 € (+ 2 € de port – port compris à partir de l’achat de 2 exemplaires)
Commande à :
Gros Textes
Fontfourane
05380 Châteauroux-les-Alpes
(Chèques à l’ordre de Gros Textes)
Aussi j'ai le grand plaisir de me joindre à La compagnie Ligne Mouvante pour vous inviter à découvrir son spectacle "Mon sublime ordinaire" le samedi 14 mars à 19h dans la salle de spectacle de Théminettes (Les Bourg, 46120 Théminettes).
Réservation : lignemouvante@gmail.com
Interview par Jean-Pierre Riu à écouter sur Antenne d'Oc - Figeac : http://www.antenne-d-oc.fr/article.php?id=129
Cathy Garcia a le plaisir d'y faire l'auteur
avec bouquins et d'y exposer des gribouglyphes...
mais aussi la revue et les publications de Nouveaux Délits.
Rendez-vous samedi après-midi au salon ?
Renseignements :
Les Encantades, Pradeyrols, 15600 Boisset
Contacts : 06 79 61 65 06 (Luc Guérant)
06 29 91 50 57/ 04 71 45 10 75 (Arnaud Péan)
encantades@free.fr
vient de paraître aux éditions Acoria
Textes réunis par Yusuf Kadel
Préface Eileen Lohka
Introduction Robert Furlong
Existe-t-il, comme pour la mesure du progrès humain, des paramètres, des indices permettant de mesurer le développement poétique ? Probablement pas, car la poésie transcende le temps et un poème d’il y a mille ans peut paraître plus contemporain qu’un poème tout juste accouché… L’outil pouvant faciliter à la fois une vision panoramique, voire une lecture diagonale d’échantillons d’une production littéraire tant romanesque que poétique reste l’anthologie. Même si celle-ci n’est jamais totalement exempte de directivité, l’anthologie reste un acte littéraire fondateur en soi, car, à travers elle, un auteur ou un collectif d’auteurs considère que telle ou telle somme de production littéraire est représentative d’un génie particulier et/ou reflète une maturité littéraire suffisante… En quelque sorte, elle est une vitrine rassemblant de façon quasi muséale ce qui mérite d’être pérennisé en bloc et qu’il convient de considérer comme emblématique.
Y figurent donc avec bien d 'autres à découvrir, trois auteurs publiés dans la revue Nouveaux Délits : Yusuf Kadel, Alex Jacquin-Ng et Umar Timol.
Pour commander : http://www.acoria.site-fr.fr/produit/210040/
Voyage, vers telle ou telle éternité.
Perçant et expugeant l’alphabet de la fièvre, craquements, mandibules,
Ordre et désordre du chant d’amour,
Goutte à goutte que plume,
Perle à perle que dieux.
(…)
brûle, ondule, l’œil pullule !
l’à l’endroit, là l’envers, tout est rues d’univers.
Garde l’or. Garde l’œil.
Ce qui vient entre nous sur terre.
Xam ! Xam ! C’est un rêve surnuméraire.
Il fait lèvre. Il fait froid. Sur ta peau d’hortensia.
Dans la rue du vagin, chevelure et brûlure.
O mon corps, loup de joie.
Fais-moi signe dans l’ici-bas.
(…)
Nous savons témoigner des mots lovés dans
les terriers de chair. Mots désastres du corps perdu.
Mots qui n’ont plus leur place dans la bouche…
Nous sommes des brûleurs d’eau froide.
L’aube est sans laisse, et le cœur est immense.
L’âge du monde est notre voie.
(…)
Le cœur descend de tout, échassiers des chimères.
(…)
Les mots sont l’océan de nos barques de pierre.
Nous avons mis des siècles à dépouiller la nuit de nos chimères.
Car nous avons gagné le droit du large, chacun
Dans son manteau d’écailles et d’horizons.
Chacun dans le gisant des mots, l’étoile au sec.
La nuit dort sur le flanc, vieux chien de nos poitrines.
(…)
Nos mains s’agitent, cages intimes, où sont les anges fous, nos sibylles vaincues. Voyage dans la blancheur du corps, voix délicieuses, premières perce-neiges au-delà du pubis. Premières étoiles sur la peau. Les sexes fusent. Fatigues des maquis de bouches, des jardins sous l’aisselle. Fatigue des parfums en déroute. La perle du matin sur son dernier rivage.
(…)
Autant de hanches, autant de gorges sur l’horizon. Autant de tailles cernées par l’océan, l’ambre et la pulpe des mots. La mer s’est retirée, découvrant l’étendue de la nuque, les halos de l’échine, la lune attardée des yeux dans les saules. Ce quelque chose qui fait de nous des puits, des corps tourbillonaires dans le chaos des rêves. Ecrire c’était hier, renaître c’était demain. L’océan quelquefois se noie ans nos suaires.
(…)
Les passereaux emportent les destins, frères aux jabots de feu, fées aux longs yeux d’amantes, pluies sacrées. L’étreinte à l’âge des clavicordes.
Chants de nos cygnes intimes, trouvés morts dans l’aurore, quand le ciel lentement se défait de ses linges de femmes sur le seuil.
Ce goût de vieux futur dans la bouche indécise.
(…)
Nous cherchons Aphrodite, elle est dans nos poussières. Sa taille et son nombril, les sources de sa nuque. Le matin n’a plus d’âge, l’oiseau quitte nos laines. Notre étoffe de chair se froisse sur la berge.
Nous traquons l’éphémère, le ventre du ciel pur. L’oubli ne nous sied plus. Un jour, nous renaîtrons de ses restes barbares. Rien ne sera trop pur, trop loin, trop improbable.
Ce que nous avons fait, nous savons le défaire.
(…)
Ecrire est un pays qui n’a plus d’horizon.
(…)
Tout l’eau n’est que ruine et caresse. Il faut faire allégeance à ces femmes de source et d’estuaire. Il faut plonger en soi dans les vagues et la fièvre des poissons vainqueurs.
Tout cela, tu le sais, mais tu nages en eau blême, frère du chêne et du houx. Quand tu es arrivé n’aies pas peur, le rivage est une frontière de soi à soi, laissé dans l’or et l’éblouissement du corps.
Après l’amour, nous parlerons. Après l’amour obscur.
(…)
Tout revient pour germer. Tout revient pour gémir.
Le corps enchevêtré du monde est sur nos pas, brûlant ses hanches, mendiant sa nuque, tirant les oripeaux du sexe sur la route. Etreinte aux ailes de grand froid.
Peut-être saurons-nous un jour qui est l’âme du bleu ? Des mots, des rêves, d’autres mots, d’autres rêves, des écorces, des branches, l’en marche du désir, l’en marche de la pluie, les horizons errants sur chaque lèvre…
Tout l’impensé du monde est sur nos traces.
(…)
Le grain des rêves est humide. Sable et rêve génèrent la même eau, la même femme à la voix de ténèbres. Il faut sans fin lever sa peau entre les sables de la nuit, effacer cette trace de ciel dans nos poitrines.
(…)
Dans la cour, les guerriers mangent la chair des tours. Buvez, mangez. Anne est nue dans sa tour.
Anne au genou fier, aux chevilles légères. Anne du vent. Mais de la nuit, que savons-nous, bergère des ifs blancs ?
(…)
La nuit entre par tous les mots. Car la nuit trompe ses vieux amants.
(…)
S.o.s. à la mer. S.o.s. à la pluie. Au suaire du vent qui nous colle à la peau.
Nous savons tous que les mots sont fossiles.
Ecailles d’un autre âge.
Il ne reste presque plus rien des rêves. Seulement l’inachèvement des tempêtes, le bleu déchu du ciel dans nos vertèbres.
Chaque jour le judas du temps montrant ses traces.
(…)
Depuis toujours, je polis l’airain noir de ton corps
De tous mes mots, je pèse sur le fléau des villes
Tout ce qu’on peut tirer d’un arbre au crépuscule
Pierre Colin, extraits de Je ne suis jamais sorti de Babylone
* * * * *
Pierre s'en est allé, emportant avec lui sa fougue, ses élans et sa passion de l'Autre qui, j'en suis certaine, sauront éclairer sa route. Sa présence et ses mots demeurent, à jamais gravés dans le cœur de ses proches et amie(e)s et tous celles et ceux qui ont et auront la joie de lire sa poésie puissante comme le granit de cette Bretagne qu'il aimait tant et lumineuse comme l'écume à la crête des vagues. Les hommes vont, les paroles restent et à travers elles, le poète nous convie au banquet d'une immortelle liberté.
Librairie des Beaux Jours, Tarbes, Avril 2012
Et un grand et du fond du cœur MERCI !! Pierre Colin et sa compagne Maïté font partie de ceux qui n'ont jamais cessé de soutenir et encourager mon travail autant poétique qu'artistique et qui ont généreusement invitée la revue et moi-même à plusieurs reprises dans le cadre des cafés littéraires de leur association Thot'M. Ce sont des choses qui comptent et ne s'oublient pas.
Cathy Garcia, 6 mai 2014
par Hervé Merlot
avec Hélène Dassavray (France) – Éric Dejaeger (Belgique) – Henry Denander (Suède) – Cathy Garcia (France) – Frédérick Houdaer (France) – Gerald Locklin (USA) – Patrice Maltaverne (France) – Adrian Manning (Royaume Uni) – Renaud Marhic (France) – Hervé Merlot (France) – Owen Roberts (Canada) – Thierry Roquet (France) – Ross Runfola (USA) – Marlène Tissot (France).
Poème-préface inédit de Dan Fante.
Traduction des six auteurs anglo-saxons : Éric Dejaeger.
Quatorze auteurs, dont pas mal que j'ai eu le plaisir de publier dans Nouveaux Délits, fans de Bukowski proposent des textes en hommage au grand Hank, non pas « à la manière de » mais plutôt « dans la mouvance de ».
Gros Textes (2013)
160 pages
14 € (12 € pièce à partir de deux exemplaires)
ISBN : 978-35082-233-4
L’avis de parution est ici
Le blog de l’éditeur
cliquez sur l'image pour lire
Christophe Manon a été publié avec de larges extraits de Qui vive dans le numéro 38 :
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2011/01/01/numero-38.html
J'apprends indirectement à l'instant via un mail de Thierry Cazals que Juliette Schweisguth, dite "Clochelune", n'est plus.
C'est arrivé en fait en juillet et je ne l'ai pas su, je connaissais peu Juliette mais j'avais eu de bons échanges avec elle via Francoplois et je l'avais publiée dans le numéro 15 (Les moments de Liette).
Ce mois de juillet 2011 a vu partir deux de mes amie(s) poètes, Ben Kabahn et Yann Orveillon, et voilà donc que Jullette, la toute jeune Juliette, à peine un an de plus que Beb, s'est envolée aussi.
Belles pensées d'amour pour elle et toutes celles et ceux qui nous précèdent dans ce voyage, un voyage qui, j'en suis certaine, continue !
J'en profite donc pour passer le message de Thierry Cazals :
"le vœu de Juliette Schweisguth,
dite "Clochelune"
(1973-2011)
de voir ses haïkus publiés
est enfin exaucé !
MON OMBRE EPAISSE ET LENTE
paraîtra le 3 mai 2012
(jour-anniversaire de Juliette)
aux éditions Pippa.
Merci de diffuser au maximum
le bon de souscription
ci-joint autour de vous !
Je suis heureux que la poésie de Juliette puisse enfin fleurir
aux yeux du plus grand nombre…
De tout cœur
Thierry Cazals"
Bon de souscription : bon_souscription_Juliette[1].pdf
Vous en avez aimé les extraits dans le dernier numéro de la revue ? Le NOUVEAU recueil de textes de Timotéo Sergoï est sorti aux éditions Fram, à Liège.
Il s'agit d'une correspondance imaginaire entre une certaine Rose Vinaigre et un incertain Monsieur Confetti. On y parle d'amour et de voyage, de guerre, d'enfance et de poésie, en une verve souriante et désespérée. Quoi de mieux que de sourire devant les blessures ?
Rose, je mourrai de guerre (Le savais-tu ? Le savais-tu ?)
Et je mourrai idiot, ignorant tout de l’art de tuer.
Un char me passera sur le corps et ca fera un grand
« SCRNOPRTUSNILZTSCHAK »
(Quatre syllabes qui n’existent pas en français)
Rose, je mourrai de vent (Le savais-tu ? Le savais-tu ?)
Et je mourrai idiot, ignorant tout de l’art de t’aimer.
Un cerf-volant m’emmènera, puis je pourrai tomber
Et ca fera un grand « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAKRNAK »
(Deux syllabes qui n’existent en aucune langue)
Rose, ô Rose, je mourrai de silence (Le savais-tu ? Le savais-tu dans ta science?)
Et je mourrai idiot, ignorant tout de l’art de décéder.
Seul au milieu de l’Antarctique, gelé, cassé, brisé, ça fera un grand " ________________________________________"
De ces mots qui n’existent qu’en la langue des Augustes.
11 € + 2€ port
Pour commander envoyer un mail à :
aux Editions du Cygne
ISBN : 978-2-84924-263-6
13 x 20 cm
88 pages
12,00 €
Dans le foisonnement ou le manque, dans la mémoire qui file, dans l'île qui se dérobe, la langue explore, fouaille, cherche l'identité métissée…
Comment remplir les blancs, combler le noir ?
Tu t'épelles comme la première lettre
Tu bazardes en morceaux ton corps par la fenêtre
Tu recrées l'alphabet sur l'arête du ciel
[…]
Voilà mis
Bout à bout
Des pores, des pigments
Voilà dans le karaï
Tes épices fragments
Comment penser le mot, mailler le mot, tous les mots...
Murièle MODÉLY est née à Saint-Denis, île de la Réunion. Installée à Toulouse depuis une vingtaine d'années, elle écrit depuis toujours, essentiellement de la poésie. Elle présente un penchant fort pour les regards de côté, elle cherche encore et toujours la mer, elle guette sous la lettre le noir / le blanc... Elle a participé par ailleurs à des revues poétiques ou sites : Nouveaux Délits, Microbe, Traction Brabant, L'Autobus, FPDV, etc.
Des extraits de Penser maillée ont été publiés dans le numéro 40. Si vous les avez appréciés alors n'hésitez pas à vous procurer ce livre.
http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-penser-m...
Je viens de décréter une Bonne Année
J’arrive au bout de l’année avec toi
Nous l’avions commencée ensemble
Au bout d’une autre année
Cela fait si longtemps que ça dure
Que mes vœux s’emmêlent
Perdent la mémoire
Ou bien ils se répètent comme le monde se répète
J’aimerais voir un éboueur heureux
Un malade guérir
Un passant qui danse
Une femme qui m’attend au coin de la rue
J’aimerais voir un monde qui sauve la vie
L’espoir qui fabrique une étoile
Mais ce serait trop demander
Le monde est trop le monde
Une bulle de bonheur l’épuise
Il s’enivre comme il peut
Moi
Je n’aime pas voir un amour qui se ride
Un squelette d’enfant
Je n’aime pas voir
Disparaître un animal
Un drapeau qui fait le beau
Je suis un homme simple d’esprit
J’aime la paix du monde
Le bonheur du monde
Le respect du monde
Le bleu du monde
Je crois que les morts rêvent en plein jour
Je crois aux mots qui m’allument
Je crois que les feuilles font l’amour
Que les ombres ont leur vie
Et puis je crois aux noces du monde
L’année ne doit pas avoir honte de nous
Ni la vie
Ni l’étoile qui nous attend
Ni l’enfant dans le ventre du temps
Mais j’ai déjà dit ça
Peut-être devrais-je me taire
Attendre patiemment que mon rêve passe
Et chuchoter pour le fou qui est mon frère
Je viens de décréter une
BONNE ET HEUREUSE ANNEE !
Ernest Pépin
Faugas/Lamentin
Le 26 décembre 11
Après avoir publié il y a un an et demi son premier roman intitulé L'INTRUS, Joaquim Hock remet le couvert avec un recueil de 26 contes fantastiques illustrés par ses soins.
http://www.amazon.fr/Grand-Borborichon-autres-coquecigrues/dp/2915723680/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1323162219&sr=1-1
___________________________________
OVVR du 25/03/11 sur Nice Azur TV - Littérature... par niceazurtv
Suite pour une tristesse
Il y a la tristesse
Avec son vieux silence
Autour du cou
Avec sa pesanteur sur les épaules
Tout ce qui nous détache
Et nous laisse à flotter
Vidé
Le bleu a beau flamber
De tous ses étourneaux
On ne suit plus leur vol
Tout est à réapprendre
Jusqu’au léger sourire
Il y a la tristesse
Et ce n’est pas facile
on se retourne
tant de temps déjà
On se connaît si peu
On est si rare
On se protège aussi
De quoi
De qui
Pour aller où
?
on se cogne au monde
on s’égratigne
on est percé de toutes parts
on n’est plus étanche
on fuit
on résiste
on s’obstine à façonner
on ne sait ni comment ni pourquoi
on tient
On est là
Rivé à son établi
Jour après jour
A chercher
Quoi
?
Qu’importe au fond
Ce qu’on trouve
On en est le premier étonné
on s’étonne
oui
comme un coquelicot
bruits de la nuit
chiens lointains
crapauds fragiles
étrange hulotte
moteurs automobiles
cette odeur d’éternité
qu’on voudrait tant ne jamais quitter
doux mensonge
hier était différent
demain sera autre
et nul ne sait ce soir
lequel demain à l’appel
répondra
absent
on est à nouveau là
en équilibre instable
entre un désir de sauter dans le vide
et l’autre
celui de rester les pieds sur terre et le nez en l’air
on résiste au premier
on s’accroche au second
malgré ces regards écaillés par le martèlement des images
malgré le silence étouffé par la rumeur des radios
malgré le sordide et l’indifférence
malgré le confort
malgré la tentation de somnolence
je m’applique à ne rien oublier du vent dans mes cheveux d’enfant
je cherche à écrire aussi léger qu’un nuage
On est tellement seul face à son passé que lorsqu’il revient certains soirs frapper à la mémoire
on tremble
et même
on pleure à bas bruit
On voudrait alors lancer autour de soi des milliers de bulles de savon
Ou bien
Sous le bleu
tout un banc d’étourneaux
noir olive
On regarde ainsi au travers de leur transparence un paysage habituel
On le croit immuable si bien installé dans le chant des saisons
A peine si on se voit vieillir
On se croit si bien installé dans son corps
Bien sûr il n’est plus tout en course haletante
ni tout en souplesse
et pourtant
si proches
elles demeurent
cette enfance et cette adolescence
Familiers fantômes
On s’inscrit dans le présent de ce monde
A peine le voit-on tourner
Le temps écrit son histoire en ce corps
autant que dans la mémoire
ou le paysage
au printemps
comme on voudrait croire
à la légèreté des fruitiers
à leur si blanche espérance
à leurs promesses
comme on voudrait
oui c’est ça
fleurir
et secouer la mort
On est à peine
à peine un peu moins gratuit
dans la vibration
et beaucoup plus fragile
devant tant d’indifférence au devenir de nos quelques kilos de chair
d’insouciance autour de l’activité de nos neurones
comment ne pas crier
même en silence
même en papier miroir
Peu importe le nombre de soleils couchants perdus
quand un seul poème les tient tous
en quelques vers
Patrick Joquel
www.patrick-joquel.com
Le premier Illustre Illustrateur Attitré de Nouveaux Délits (et de mon recueil Jardin du Causse) qui a sévi dans un grand grand nombre de numéros vient de se marier en Pologne, longue longue rose vie, que du bonheur, à Joaquim et Kassia !!!
Réponse publiée dans L’Autobus n°4
http://autobus.centerblog.net/48-numero-4
L'univers poétique actuel, pour moi ça ne veut rien dire ou alors faut parler de multivers. Il y a donc toutes sortes de choses dans les multivers poétiques actuels, multitude de courants, de réseaux, de pelotes emmêlés, d'auteurs divers et variés, variables aussi, de styles et d'anti- styles qui font styles etc.
En tant que revuiste autant qu'en tant qu'auteur, je garde un œil distancié sur les bousculades, les polémiques, les défenseurs de la vraie poésie, les défenseurs de la poésie pour tout le monde, les défenseurs de la non-poésie, les censeurs et les sangsues, les poètes rebelles et ceux qui ont la part belle, les poètes maudits et ceux qui maudissent, les poètes d'hier et d'aujourd'hui, les poètes et les pouets.
La poésie c'est tout ça et rien de tout ça. Haaaaaaaaaaaaaaaa, la poésie !
En tant qu'auteur, la poésie, je n'en "fais" pas, elle est là, elle était là avant moi, elle y sera après, je ne pense pas qu'elle soit l'apanage des poètes, les poètes à la limite sont des révélateurs de la poésie qui elle-même est révélatrice de quelque chose que faute de mieux on appelle poésie. La poésie c'est un mot. En tant que mot, elle rejoint le dictionnaire. J'ai déjà dit que les poètes sont des bergers, les mots toutes sortes de bestiaux, qu'on regroupe, qu'on aligne pour en tirer sens, et parfois on les tisse pour en tirer de la magie, qui est au-delà du sens. La poésie a quelque chose à voir avec la beauté, mais pas pour tout le monde, donc je pense qu'il n'y a pas de règle à imposer sinon à soi-même si on en a envie ou besoin de règle. Chacun s'exprime comme il le souhaite, et pour moi finalement l'important dans la poésie, c'est le lecteur. En tant que lectrice, j'aime, je n'aime pas, ça me parle, ça ne me parle pas, ça m'exalte, ça me laisse froide, quels que soient le style, l'école, le genre, le sujet, et donc ainsi se font les rencontres, entre un auteur qui écrit et un(e) lectrice/lecteur qui aime... Alors la poésie elle est peut être là, dans cet entre-deux, dans l'espace de la rencontre. Le reste... n'est que... ce qu'on voudra.
En tant que revuiste, je peux dire qu'il m'arrive d'avoir la nausée de la poésie, sous toutes ses formes, comme un pâtissier peut-être ou un chocolatier qui ne supporterait plus le sucré... donc là je fais des pauses. Je vous avouerais cependant que je suis extrêmement difficile en poésie, et que je ne m'enthousiasme pas si souvent que ça, et je peux avouer aussi qu'il y a de la poésie que j'aime, parce qu'en fait ce n'en est pas... ce sont des histoires, des récits, des instantanés de vie, et seuls les poètes peuvent peut-être arriver à y voir de la poésie. D'où le fait que beaucoup de lectrices-lecteurs de poésie sont des poètes.
Cathy Garcia, 2011
Chaque nouveau numéro de la revue est présenté dans cette excellente émission, avec lecture de quelques extraits :
http://www.lespoetes.fr/emmission/emmission.htm