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  • Les Palsou – Un conte de Noël - André Bouchard

     

     

    texte et illustrations d'André Bouchard, Seuil Jeunesse, 6 octobre 2016.

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    40 pages, 13,50 €.

     

    C’est un vrai conte de Noël que nous propose ici l’auteur/dessinateur André Bouchard, vrai parce qu’on y parle de joie, de générosité, de partage, d’entraide et d’ouverture à l’autre. Vrai parce que le Père Noël s’il existait, pourrait bien être un vieux monsieur à barbe blanche qui vit et apprend aux enfants au cœur d’un bidonville « le bricolage, le jardinage, la politique, la mécanique, l’infirmerie, la littérature, la couture, la soudure et l’arithmétique ». Un bidonville où « pour les langues étrangères on se débrouille entre nous. Dans le quartier, on parle couramment chinois, espagnol, arabe, polonais, grec, bambara, portugais, français et verlan. »

     

    Avec de belles illustrations qui prennent leurs aises sur toute la page, mélange de gris hachurés et de couleurs pétantes, André Bouchard nous présente la famille Palsou et ses quatre enfants. Comme toutes les familles, elle fait ses courses au marché et au supermarché et les enfants prennent le goûter au parc, comme tout le monde quoi. Enfin presque...

     

     

    Mais les enfants, malgré la fricassée d’épluchures, s’amusent bien, comme tous les enfants et ils l’aiment leur quartier plein de cachettes et d’aventures, comme ils aiment leur école avec le vieux Monsieur Nicolas. Leur seul vrai problème, ce sont tous les autres adultes qui ne rigolent pas, mais alors pas du tout ! Alors, ils vont tenter de leur apprendre, en ouvrant l’école du rire, mais ça ne marche pas très bien, les élèves sont des cancres. C’est l’arrivée d’une cocotte magique qui va changer les choses. « C’est là que nous avons compris un truc archi-important ! On peut rire de n’importe quoi avec n’importe qui à condition d’avoir le ventre plein ! ». Ainsi avec « Cocotte Magique », Noël pourrait bien finalement être « une énorme rigolade ». À moins que la Guenille ne vienne jouer sa carabosse… Pour le savoir, lisez les Palsou.

     

    Un très chouette album, tendre et impertinent, dédié à Charles Dickens, Karl Marx et François Ruffin. Le ton est donné.                                                            CG

     

     

    AVT_Andre-Bouchard_873.pjpeg.jpgAndré Bouchard a été publicitaire. Il vit à Paris et travaille aujourd'hui pour la presse et l'édition en qualité d'auteur et illustrateur. Ses livres se caractérisent par des dessins malicieux et un humour caustique. Il a notamment illustré de nombreux livres de Vincent Malone. Il est également l'auteur de : Beurk ! (Seuil jeunesse), Les lions ne mangent pas de croquettes (Seuil jeunesse), Quand papa était petit y avait des dinosaures (Seuil jeunesse), La Mensongite galopante (Gallimard)... « La principale caractéristique commune à la plupart de mes ouvrages, c'est une prédilection pour "le merveilleux ou le fantastique quotidien". Je puise mon inspiration dans la réalité vécue de l'enfant : son rapport aux parents, à la nourriture, à l'égoïsme, au mensonge, etc.»

     

     

     

  • NUMÉRO 56

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    janv. fév. mars 2017

     

    Voici donc le 13ème édito de bons vœux pour la nouvelle année, ce qui devrait suffire à porter bonheur parce que pour ce qui est du stock de formules, il est depuis belle lurette épuisé…. Et aussitôt une question vient clignoter dans mon cerveau arborescent : mais c’est qui cette lurette ? Il s'agirait en fait, dixit the web, d'un mot inventé, un hybride entre belle et heurette, heurette signifiant « une petite heure », ce qui est pour le moins étrange, si on considère que toute heure est censée avoir la même durée. En temps en tout cas, mais peut-être pas en sensation de temps. On sait bien qu’une heure de plaisir passe bien plus vite qu’une heure de galère, une heure à la plage passe certainement plus vite qu’une heure sous les bombes, pour peu qu’elles tombent à côté. Il en va donc sans doute de même pour les années, aussi pourrions-nous penser que si nous avons l’impression que « ça » passe de plus en plus vite, c’est que tout ne va pas si mal pour nous finalement. Aussi pourrait-on se souhaiter tout pleins de belles lurettes, non ? Pour ma part j’aurais tellement de choses à souhaiter concernant le sort de l’humanité, que je préfère me taire et laisser la parole aux poètes.                       CG

     

     

    Il était une chose que seule la terreur pouvait obtenir, c’était que ces centaines d’hommes bouillonnant au fond de la baraque fissent silence. Seule la terreur… et la poésie. Si quelqu’un récitait un poème, tous se taisaient, un à un comme des braises s’éteignent. () Un manteau d’humanité les recouvrait. J’apprenais que la poésie est un acte, une incantation, un baiser de paix, une médecine. J’apprenais que la poésie est une des rares, très rares choses au monde qui puisse l’emporter sur le froid et sur la haine. On ne m’avait pas appris cela.

    Jacques Lusseyran in Le monde commence aujourd’hui

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    AU SOMMAIRE

     

     Délit de poésie non formatée :

     

    µ Anna de Sandre

    µ Samaël Steiner

    µ Myriam Ould-Hamouda

    µ Saïd Mohamed

    µ Quelques prenssées de Mathias Richard

    µ Le tremble au cœur autour (extraits) de Jacques Allemand

     

    Résonance :

     

    Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo, Gallimard 2016

    Les Palsou – Un conte de Noël d’André Bouchard, Seuil jeunesse 2016

     

     

    Les délits d’(in)citations réfugiés dans les coins ont des choses à dire. Quant au bulletin de complicité, il tapine toujours au fond en sortant.

     

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    Illustrateur : Patrick le Divenah

     

    De sang breton, de naissance angevine, d’habitat parisien. Bigame, car aime autant le mot que l’image. D’où les associations parfois, dans des textes ou des collages. Aspiré par le souffle, inspiré par la spirale, l’absurde, la poésie des sciences, et bien d’autres choses encore, avec passion. Publié dans une trentaine de revues littéraires et d’autres en ligne. Édité chez Passage d’encres, L’Échappée belle, Gros Textes, p.i.sage intérieur, La Tête à l’envers, La Lucarne des écrivains ; et dans des ouvrages collectifs (Henry, Lilo, L’Atelier du Gué, classiques Garnier prochainement…). Rubriques dans inks-passagedencres (cf. Les mots la langue : Par ici la bonne soupe ; cf. Critique : Chefs-d’œuvre derechef). Collagiste dessinateur (illustration de couvertures et de diverses revues). Son site : http://prosesie.free.fr

     

     

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    Les efforts de dizaines d’années étaient annulés en quelques semaines, l’État, déjà instable depuis toujours, s’était effondré en quelques semaines, la stupidité, la cupidité, l’hypocrisie régnaient tout à coup comme aux pires époques du pire régime, et les hommes au pouvoir œuvraient à nouveau sans scrupules à l’extirpation de l’esprit. Une hostilité générale à l’esprit, que j’avais observée depuis des années déjà, avait atteint un nouveau paroxysme répugnant, le peuple, ou plutôt les masses populaires étaient poussées par les gouvernants à assassiner l’esprit et excitées à se livrer à la chasse aux têtes et aux esprits. Du jour au lendemain, tout était à nouveau dictatorial, et, depuis des semaines et des mois, j’avais déjà éprouvé dans ma chair à quel point on exige la tête de celui qui pense. Le sens civique des braves bourgeois, bien décidé à se débarrasser de tout ce qui ne lui convient pas, c’est-à-dire avant tout de ce qui est tête et esprit, avait pris le dessus, et tout à coup, était à nouveau exploité par le gouvernement, et pas seulement par ce gouvernement d’Europe. Les masses, esclaves de leur ventre et des biens matériels, s’étaient mises en mouvement contre l’esprit. Il faut se méfier de celui qui pense et le persécuter, telle est la devise ancienne selon laquelle on se remettait à agir de la manière la plus atroce. Les journaux parlaient un langage répugnant, ce langage répugnant qu’ils ont toujours parlé, mais qu’au cours des dernières décennies ils n’avaient au moins plus parlé qu’à mi-voix, ce à quoi ils ne se croyaient tout à coup plus tenus : presque sans exception, ils jouaient les assassins de l’esprit, comme le peuple et pour plaire au peuple. Pendant ces semaines-là, les rêves d’un monde voué à l’esprit avaient été trahis, livrés à la populace et jetés au rebut. Les voix de l’esprit s’étaient tues. Les têtes étaient rentrées dans les épaules. La brutalité, la bassesse et la vulgarité régnaient désormais sans partage. Ce fait, s’ajoutant à la stagnation de mon travail, n’avait pu qu’entraîner une profonde dépression de tout mon être et m’affaiblir d’une manière qui, pour finir, avait provoqué la pire crise de ma maladie.

     

    Thomas Bernhard

    in Vomissons