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  • "Morterranée", exposition d'Anabel Serna Montoya

    Dans le cadre de la 2ème Nuit de la Poésie à Crest, le vendredi 2 février 2018, l'artiste mexicaine Anabel Serna Montoya qui avait illustré le numéro 59, spécial Guatemala, a présenté pour la première fois son installation "Morterranée" sur la thématique des réfugiés et migrants morts en Méditerranée. (Cyanotypes, aquarelles et encres de chines ont côtoyé un poème de Raúl Zurita cousu, ainsi qu'une installation au sol.)

     

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore 57 - Ivan Pozzoni

     

    La ballade.jpeg

    La ballata del Fantozzi -  Paolo Villaggio

     

     

    BALLATA DEGLI INESISTENTI

     

    Potrei tentare di narrarvi

    al suono della mia tastiera

    come Baasima morì di lebbra

    senza mai raggiunger la frontiera,

    o come l’armeno Méroujan

    sotto uno sventolio di mezzelune

    sentì svanire l’aria dai suoi occhi

    buttati via in una fossa comune;

    Charlee, che travasata a Brisbane

    in cerca di un mondo migliore,

    concluse il viaggio

    dentro le fauci di un alligatore,

    o Aurélio, chiamato Bruna

    che dopo otto mesi d’ospedale

    morì di aidiesse contratto

    a battere su una tangenziale.

     

    Nessuno si ricorderà di Yehoudith,

    delle sue labbra rosse carminio,

    finite a bere veleni tossici

    in un campo di sterminio,

    o di Eerikki, dalla barba rossa, che,

    sconfitto dalla smania di navigare,

    dorme, raschiato dalle orche,

    sui fondi d’un qualche mare;

    la testa di Sandrine, duchessa

    di Borgogna, udì rumor di festa

    cadendo dalla lama d’una ghigliottina

    in una cesta,

    e Daisuke, moderno samurai,

    del motore d’un aereo contava i giri

    trasumanando un gesto da kamikaze

    in harakiri.

     

    Potrei starvi a raccontare

    nell’afa d’una notte d’estate

    come Iris ed Anthia, bimbe spartane

    dacché deformi furono abbandonate,

    o come Deendayal schiattò di stenti

    imputabile dell’unico reato

    di vivere una vita da intoccabile

    senza mai essersi ribellato;

    Ituha, ragazza indiana,

    che, minacciata da un coltello,

    finì a danzare con Manitou

    nelle anticamere di un bordello,

    e Luther, nato nel Lancashire,

    che, liberato dal mestiere d’accattone,

     fu messo a morire da sua maestà britannica

    nelle miniere di carbone.

     

    Chi si ricorderà di Itzayana,

    e della sua famiglia massacrata

    in un villaggio ai margini del Messico

    dall’esercito di Carranza in ritirata,

    e chi di Idris, africano ribelle,

    tramortito dallo shock e dalle ustioni

    mentre, indomito al dominio coloniale,

    cercava di rubare un camion di munizioni;

    Shahdi, volò alta nel cielo

    sulle aste della verde rivoluzione,

    atterrando a Teheran, le ali dilaniate

    da un colpo di cannone,

    e Tikhomir, muratore ceceno,

    che rovinò tra i volti indifferenti

    a terra dal tetto del Mausoleo

    di Lenin, senza commenti.

     

    Questi miei oggetti di racconto 

    fratti a frammenti di inesistenza

    trasmettano suoni distanti

    di resistenza.

     

    [Scarti di magazzino, 2013]

     

     *

     

    BALLADE DES INEXISTANTS

     

    Je pourrais tenter de vous conter

    au son de mon clavier

    comment Baasima mourut de la lèpre

    sans jamais atteindre la frontière,

    ou comment l’arménien Méroujan

    sous un flottement de demi-lunes

    sentit s’évanouir l’air de ses yeux

    jetés dans une fosse commune;

    Charlee, qui transvasée à Brisbane

    en quête d’un monde meilleur,

    conclut le voyage

    dans la gueule d’un alligator,

    ou Aurélio, nommée Bruna

    qui après huit mois d’hôpital

    mourut de sidaïe contractée

    après s’être battu sur un périphérique.

     

    Personne ne se rappellera Yehoudith,

    ses lèvres rouges carmin,

    effacées à boire des poisons toxiques

    dans un camp d’extermination,

    ou Eerikki, à la barbe rouge, 

    vaincu par l’agitation des flots,

    qui dort, récuré par les orques,

    sur les fonds de quelque mer;

    la tête de Sandrine, duchesse

    de Bourgogne entendit la rumeur de la fête

    en tombant de la lame d’une guillotine

    dans un panier

    et Daisuke, samurai moderne,

    comptait les tours du moteur d’un avion 

    transcendant un geste de kamikaze en harakiri.

     

    Je pourrais rester à raconter

    dans la chaleur étouffante d’une nuit d’été

    comment Iris et Anthia, enfants spartiates

    difformes furent abandonnées,

    ou comment Deendayal creva de privations

    imputables au crime unique

    de vivre une vie de paria

    sans jamais s’être rebellé;

    Ituha, fille indienne,

    menacée d’un couteau,

    qui finit par danser avec un Manitou

    dans l’antichambre d’un bordel

    et Luther, né dans le Lancashire

    libéré du métier de mendiant,

    et forcé de mourir par sa majesté britannique

    dans les mines de charbon.

     

    Qui se souviendra d’Itzayana,

    et de sa famille massacrée

    dans un village aux marges du Mexique

    par l’armée de Carranza en retraite,

    et quoi d’Idris, africain rebelle,

    assommé de chocs et de brûlures

    alors qu’indompté par la domination coloniale,

    il tâchait de voler un camion de munitions;

    Shahdi vola haut dans le ciel

    au-dessus des hampes de la révolution verte,

    atterrissant à Téhéran, les ailes déchiquetées

    par un coup de canon,

    et Tikhomir, maçon tchétchène,

    s’abîma devant les visages indifférents

    sur la terre du toit du Mausolée

    de Lénine, sans commentaires.

     

    Des objets de récit

    fractures aux fragments d’inexistence

    qui transmettent des sons lointains

    de résistance.

     

       [Déchets de magasin, 2013]

     

    traduction de Pierre Lamarque

     

     

    https://independent.academia.edu/IvanPozzoni