Soliflore n°7 : Andrea d'Urso
Next exit
Prochaine sortie,
il ya toujours une prochaine sortie,
je le sais.
Il y a toujours une prochaine sortie,
même sur ces routes départementales,
qui ne sont pas comme les autoroutes
où il y a toujours une prochaine sortie,
ici aussi il y a toujours une prochaine sortie,
même si ça ne se voit pas toujours.
Il y a une prochaine sortie,
dans la lumière matinale sur le visage de la fille du bar,
dans son sourire affable et provisoire,
il y a une prochaine sortie
dans les fleurs que tu n’as jamais achetées
et que tu as offert en rêve à une femme distraite en vrai.
Il y a une prochaine sortie
sur les pancartes maisons à vendre le long de la route,
maisons sur la colline, jamais habitées,
patios et vérandas qui n’attendent que d’être ouverts
dans les après-midi d’été finissants
qui n’attendent que d’être fermés.
Il y a une prochaine sortie
dans le regard vif de la vieille femme de ménage
qui vient dans nos bureaux le lundi matin,
je l’ai vue se planter avec son balai-brosse
devant une carte géographique
et aller là où personne n’est jamais allé
et revenir là d’où personne n’est jamais revenu,
elle y compris.
Elle ne m’achètera jamais de robinet,
mais je l’aime bien quand même.
Il y a une prochaine sortie,
quand à la radio de ta voiture
tu trouves la bonne chanson et tu montes le son,
il y a une prochaine sortie
quand tu écoutes Largo from Serse de Haendel,
pas besoin de monter le son
car on n’a plus besoin de rien
quand on écoute Largo from Serse de Haendel,
tout est parfait, tout est à sa place,
tout prend une connotation différente,
le ciel, la route, les voitures.
et le type qui te coupe la route avec son Cayenne
ne t’atteint pas, ne te concerne pas,
il a son rôle, sa fonction,
et même une forme de beauté,
il y a toujours une prochaine sortie
mais il faut se dépêcher
car dès que le morceau s’achève
tout redevient comme avant
et le type qui te coupe la route avec son Cayenne
redevient juste un gros con.
Il y a toujours une prochaine sortie,
le seul problème pour moi c’est de trouver l’entrée.
Andrea d'Urso, Italie
Traduction Muriel Morelli