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  • L'émission Les Poètes de Christian Saint-Paul

    Le scénario de l'émission que vous pouvez partiellement écouter en cliquant sur : http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html 

     

    L’émission diffusée le jeudi 9 janvier 2014 avait été enregistrée, ce qui est exceptionnel, les émissions étant réalisées normalement en direct. Toutefois, avant le passage du document sonore, et alors en direct, Christian Saint-Paul a fait quelques annonces à l’antenne. Ces annonces n’ont pas été enregistrées et n’ont pu être écoutées que par les auditeurs présents ce jeudi à 20 h. Pour mémoire et bien entendu pour incitation à la lecture, voici ces annonces :

     

    Lecture de l’éditorial de Cathy GARCIA : 

    Lecture de « Signes de mon vieillissement » d’Eric DEJAEGER.

      

    Et parce que Cathy GARCIA dans son éditorial évoque l’année 1972, Saint-Paul revient sur ces années soixante dix et en particulier sur ces années en Espagne et sur une jeunesse déboussolée qui entrera avec un désespoir aveugle dans le terrorisme. Epoque douloureuse. Pour Saint-Paul la lutte antifranquiste de l’extérieur et de façon active se devait de cesser dès 1970. La transition démocratique, voulue par l’Espagne qui désirait entrer dans l’Europe ne laissait aucune place à une action clandestine dirigée depuis les pays étrangers, comme l’URSSS par exemple. Toulouse, plaque tournante de ces actions clandestines et qui s’était si bien illustrée, devait céder le terrain de la lutte politique aux forces de l’intérieur. Toute obstination compromettait la rapidité et le succès du changement vers un état démocratique. Pourtant, des groupes se sont constitués après 1970 refusant le capitalisme et prônant la lutte armée. Et l’amiral CARRERO BLANCO pouvait assurer une continuité édulcorée du régime en place. L’action réussie de l’ETA a rendu drôlement service aux partis démocratiques de transition, toujours officiellement clandestins mais déjà représentatifs et dans l’action politicienne classique qui sied en Europe. Cette année 2014, il y aura 40 ans que les velléités utopiques de jeunes anarchistes fourvoyés dans une action de guérilla, furent stoppées dans le sang. Toulouse fut une des villes les plus impliquées dans l’inutile protestation internationale qui s’en suivit. Le consulat d’Espagne de la ville rose fut plastiquée, avec, c’est vrai, de bien maigres dégâts. Mais la voix toulousaine se faisait entendre. Elle avait intégré dans sa mémoire politique humaniste le nom de Salvador PUIG ANTICH, militant du Mouvement Ibérique de Libération (MIL) impliqué lors de son arrestation à Barcelone, d’échange de coups de feu qui coûtèrent la vie à un inspecteur de police. Six mois après cette arrestation, PUIG ANTICH né en 1948 fut garrotté à la prison Modelo de Barcelone. Son supplice dura vingt minutes. Le même jour, à la prison de Tarragone, Heinz CHEZ  un activiste polonais qui avait tué un garde civil fut lui aussi garrotté, mais dans l’indifférence de l’opinion internationale. L’année suivante, en septembre 1975, cinq autres militants de la lutte armée furent fusillés car l’Espagne ne possédait pas assez de garrots pour les exécuter en même temps. L’Espagne est entrée dans l’Europe en 1986. La peine de mort y est abolie. Mais le nom de Salvador PUIG ANTICH symbole d’une répression brutale qui fut celle, terrifiante, de la dictature franquiste doit demeurer dans nos mémoires, non comme un exemple, mais comme « una putada » une saloperie qui déshonore, s’il en était besoin, les hommes de pouvoir de ces années.

     

    Les prisonniers qui étaient dans la galerie d’où partit Salvador PUIG ANTICH pour le supplice, dont il ne découvrit la nature qu’au dernier moment, composèrent sur cette mise à mort des chansons. Lecture de l’une d’elles :

     

      

    Ferme la porte

    Tire le verrou 

    Maton !

      

    Attache ferme cet homme-là

    Avec des chaînes, avec des cordes 

    Ces chaînes aux anneaux

    Ensanglantés qui forment 

    Des nœuds de sang

     

    Attache ferme et serré 

    Cet homme là, maton

    Tu n’attacheras jamais son âme

    Nombreuses sont les serrures

    Nombreuses sont les clefs, maton 

    Mais tu n’as pas celles de son âme

      

    Un homme attend

    Dans son confinement

    L’oreille à l’écoute 

    C’est le prisonnier Salvador

    Le peuple criera peut-être 

    Ce peuple, le nôtre, qui réclame la liberté

    Et alors voleront les serrures 

    Voleront les prisons


    Attache ferme et serré 

    Cet homme-là, maton 

    Tu n’enchaîneras jamais son âme

    Putain de vie, le garrot l’a emporté !





     

  • Soliflore n°19 - Florian Tomasini

    CHIRICO

     

     La sensation opère dans le bloc

    De béton natif

    Les distances s’étirent jusqu’où pique

    L’anonyme qui les a vues naître

     

    Nourri par le sable et les gravillons

    Nourri par le liant de ciment

    Qui lentement lui ont plombé la cervelle

    Lentement lui ont fait assimilé

    La parfaite solitude où il s’est collé

     

    Ni le temps ni rien n’altèrent la texture

    De l’océan mort où la ligne d’horizon

    Taquine comme un venin stérile

    L’étendue avide de cerveaux anonymes

     

    Depuis qu’on a fondu ce prodige moderne

    Depuis qu’on a fondu la modernité

    Dans les cervelles des anonymes