Soliflore n° 32 : Guillaume Basquin
LE FOND DE L’AIR EST ROUGE
(extrait d’un long Work in Progress, (L)Ivre de papier)
un tweet peut-il rougir oh on doit pouvoir concevoir un programme pour ça envoyons rouge dans le computer central et voyons ce qui sort de la couleur du sang du coquelicot o mio povero giardino tutto de pietra colori pochi solo un po’ di rosso ciel de mer doublé bleu violet rougi court-circuit entre le visuel et le sonore là-bas un disque énorme tourne assez vite on lui voit tout autour du vert avec au centre une teinte rougeâtre rougir de son immoralité rouge comme la couleur de la peinture qui finit par recouvrir la totalité d’un drapeau français dans film-tract numéro 196 rouge 1968 coréalisé par jean-luc godard et gérard fromanger on a brisé la glace avec des fers rougis ici souvenir d’un plan de coquelicots de bord du périph’ dans the old place de godard-miéville aussitôt monté en correspondance-collage avec un plan d’un défilé de drapeaux rouges soviétiques puis collé à une reproduction d’un champ de pavots peinture de claude monet de la collection du moma fleur lumière écho des rouges et enfin rapiécé avec le récit d’un témoin d’une bataille du 19esiècle il tourna la tête vers l’ennemi c’étaient des lignes fort étendues d’hommes rouges et avec ce texte d’un poète français méconnu du 20emille drapeaux rouges entrant en paix par la porte céleste respiration rouge des caractères combattants histoire populaire des soldats civils d’aujourd’hui calligraphié tempête ou bien étrange et parfaite couleur ou bien le vin a le rouge des roses et aussi partout où se trouve un parterre de tulipes fut répandu jadis le sang d’un roi et encore rideau rouge déchiré du temple ou bien muleta carré rouge sur fond rouge très bien ça et surtout la desserte rouge 1908 juste à côté untitled violet black orange yellow on white and red 1949 et aussi à ma droite devant le point médian de la rangée d’arbres s’élevait semblable à un guignol géant certain théâtre rouge incompréhensible sans oublier their lips were four red roses on a stalk parlez-vous le joyce yes when i put the rose in my hair like the andalusian girls used or shall i wear a red yes le non-sens passe dans le sens encore mieux ces actrices aux yeux lascifs et relevés par le rouge ou bien elle éblouissait le regard avec la gorge chantée par le cantique des cantiques avec des jambes d’une élégance adorable et chaussées en soie rouge pas mal la rose celle qu’un sang farouche et radieux arrose plis de sa robe pourprée moi aussi je suis poète rien que bouffon all’antico de nouveau la poussière rouge le délire de la raison l’érinye dans le cœur et aussi rouge de grenade rouge de piment roussi de rouget du midi rouge d’oursin rouge carmin sanguine moi aussi je suis peintre rien que poète rothko achilles forme centrale rouge embrasée parlo come pittore je devais cependant inventer un dispositif déformant constamment actif pliant et dépliant les racines des moindres signes de rouge et cet appareil était moi c’est lui qui vient d’écrire cette phrase et aussi ce qui suit rouge incandescent vermiglie come se di foco uscite fossero comment vous ne connaissez pas l’italien bah ça ne fait rien vous pouvez considérer ceci comme un chant glossolalique ça continue he must have redden’d pictorially and scientintically speaking six whole tints and a half if not a full octave above his natural colour oh parfait pomme de reinette et pomme d’api tapis tapis rouge chanson imitée du voyageur polutropos aux mille tours song shaun song la ritournelle pour gilles deleuze c’est la ronde des passés qui se conservent ou bien la forme a priori du temps qui fabrique à chaque fois des temps différents ou encore la répétition du différent étrange étrange chercher instinctivement le secret de cette mystérieuse envie en explorant la petite maison rouge fermée par deux volets blancs inquiétante de lisse et de fragilité comme écorchée tableau caché et aussi pressantes et lentes leçons d’anatomie de brigitte montrer expliquer le vrai rouge qui viendrait le noir déjà un peu là la mère en prescrira la lecture à sa fille fils rouge feu d’anna livia a e i u o voyelles a noir e blanc i rouge pourpres sang craché rire des lèvres belles u vert o bleu la le li lu lo la noire le blanc lit rouge lu vert lo bleu c’est clair non immense murmure en échos interminables modulation arrivant à la consonne et à la syllabe mais jamais jusqu’au mot c’est ainsi qu’apparaissent les couleurs et les couleurs précipitent un nouvel épanchement oui je tiens musée du rouge par exemple celui de la sangle qui permet au pierrot de la partie carrée de watteau 1714 de porter en bandoulière une guitare les nœuds de cette sangle forment des roses écarlates c’est le punctum de ce tableau du miracle français plus grand que le grec cette inépuisable effusion de reconnaissance devant la nature faut-il le rappeler oui la peinture a disparu mais je la reprends à travers les mots bleu rose vert le bleu le rose le vert et le cramoisi j’ai vraiment su qu’il existait des couleurs quand j’ai éventré le garde champêtre mais aussi un village devenu une petite tache de sang rouge sur la carte ici l’œil de newman derrière le monocle inspectant la vaste surface rouge là rythme couleur n°1076 où le rouge-éclat domine un delaunay est bon à toute heure ailleurs pays rouge fleuve rouge océan surgissant partout à la fois on aime le rouge en france et on a raison car il anime o red october days lettres rouges sur fond de lettre volée quel colloque in short there is no end of it these unforeseen stoppages which i own i had no conception of when i first set out ici on écrit le caractère soleil dans un carré ou un cercle de neuf pouces en vermillon sur papier vert accord ton sur ton fondu au rouge sang comme dans cris et chuchotements 1972 d’un bord à l’autre du monde que la nuit est rouge maintenant on entend un immense feu qui gagne et qui crépite la lueur rouge atteint son apogée et reste ensuite elle s’éteint lentement en 1955 yves klein présente au salon des réalités nouvelles un monochrome orange réaction du jury une seule couleur unie non non non vraiment ce n’est pas assez c’est impossible ah tout tenter jusqu’à l’épuisement le passage suivant est sur fond rose texte peinture simultanés rythme sans fin 1926 ô sonia delaunay ce dire est une fontaine romaine le jet s’élève et puis retombe remplissant la vasque de marbre qui déborde dans l’espace d’une autre vasque celle-ci trop riche à son tour se répand encore en une autre et chacune à la fois prend et donne et verse et repose du mouvement dialectique des groupes naît la série et du mouvement dialectique des séries naît le système tout entier
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