Soliflore 40 - Nicolas Mangialomini
RIDEAU ROUGE
Derrière le rideau rouge, je les entends respirer,
Les temples d’Angkor… Ils ne les ont pas visités,
Car ce sont les ruines de ma peau brune qu’ils sont venus piétiner.
Derrière le rideau rouge, des militaires en peine et des frustrés à soulager.
Des pères de familles schizophrènes à la perversité inavouée,
Suant leurs sécrétions hormonales dans un rêve de carte postale.
Derrière le rideau rouge, les porcs ont des passeports
Veines violacées aux violences d’opiacées,
Cauchemars en rose bonbon, j’entends rire les démons.
Et de mes orifices béants de tout leurs vices,
S’écoule le fruit de leurs appendices.
Objet de délices,
Objet de supplices,
Déposé sur ce lit, inerte et seule,
Je suis une princesse drapée dans un linceul.
Et sur ce plafond au miroir fendu,
Des larmes sans retenue,
Roulant sur mon visage sans âge,
Notre jeunesse formée par leurs voyages.
Derrière le rideau rouge,
La joie d’être une fille,
Une fille sans joie,
Une poupée exotique prête à l’emploi,
Un jouet cassé qu’on ne peut réparer,
Savourez le fordisme à la sauce épicée,
Nettoyez ! Javellisez ! La chaîne de l’amour doit être relancée…
Commentaires
Un grand bravo pour ce joli poème
Ce poème est très émouvant vous avez beaucoup de talent.
C'est bien , courageux et engagé par les temps qui courent très appréciable
Bravo vivement la suite !