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Soliflore 104 - Isabelle Bois Cras

 

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photo de l'auteur par Jean-Marie Cras, photographe

 

Plastique

 

Alerte !

Lèpre de la terre,

Gangrène des berges,

Interstices humanoïdes entre limon et humus,

Qui glisse ses métastases dans les dermes de nos sols.

L’indigeste plastique dégueule sur le rivage des fleuves,

Et incruste ses couleurs criardes dans l’humble nature.

Il souille,

Il tue,

Il mine la plénitude des paysages, le mystère des sous-bois,

Tranche l’équilibre des rizières et des campagnes du monde.

Des rives de l’Ouémé traversant le Bénin aux temples du Cambodge,

Des criques méditerranéennes au vert bocage normand,

Des cimes Himalayennes aux abysses Atlantiques,

Les poches volent au vent et flottent dans les courants,

Accrochant follement aux branches et aux algues leurs anses insécables.

Membranes informes…

 

Cancer des océans,

Magma meurtrier

De particules indestructibles,

Qui flotte entre deux mers ;

Entre La Californie et Hawaï,

Dérive la nappe immonde,

Charriée par les courants.

Le septième continent engloutit tout,

Étouffe les coraux,

Emplit les ventres des baleines,

Emmêle les tentacules des poulpes.

 

Plastique,

Que ce mot est comique ; 

Place-tique, plassstik, plaztik, clastip,

Il saute en bouche et rebondit comme une petite farce,

Qu’il est doux, ce mot qui claque la langue et tape les dents,

Choque le palais et pousse les lèvres,

Il se moque !

 

Plastique,

Jamais il ne s’efface.

Quand l’homme périra,

Il disparaîtra dans un sac

Et deviendra poussière,

Le sac demeurera.

 

Alerte !

L’écosystème est en péril et l’équilibre bascule,

Alerte !

Sur les chemins du monde, ramassez, recyclez.

 

 

 

 

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