Soliflore n°18 - Daniel Birnbaum
Jours d’hiver
1
Un jour désagrégé
rien ne va rien ne sert
je jette les morceaux
qu’ils pourrissent au dépotoir
où vont tous les passe-temps
en train-train de misère.
*
Le vent souffle en rafales
sur les hauts peupliers
qui peignent le ciel
inutilement
Le temps vire à l’orage
et je voudrais soudain
marcher sous les éclairs
pour ne plus avoir à déchirer la nuit
de rêves ajourés.
*
Un regret passe, malhabile
et puant la sueur froide
un deuxième passe, fébrile
un troisième, incertain
et puis un quatrième
et une palanquée
une foule en délire
un désir refoulé
un fou en liberté
un autre sur ses gardes
et puis un garde-fou
et quand la scène est pleine
alors subitement
les regrets regrettent
d’occuper le terrain
et le laissent
à regret.
2
La neige tombe jusqu’au silence
couvrant les champs
et leurs barrières
laissant de but en blanc
tout un champ du possible
où les pas des enfants
feront de beaux desseins
Les corbeaux s’y découpent
comme des pointillés
On garderait le tout
y compris le silence.
*
Sous les nuées d’étoiles
insensibles au vent
mais vaincues par le jour
je prends un air léger
contourne les nuages
vole sur l’incertitude du vent
et cherche un regard
pour marcher avec lui
le long des crépuscules