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Soliflore n°23 : Nicole Barromé

 

Travelling arrière

 

Parfum fortuit de papier d'Arménie

Les ombres ressuscitent

S'emparent du corps

 

Éclats de voix, paradoxes, comédies

Afin d'influencer la narration

Rendre au perfide vécu

Sa patine

 

La chaumière chaulée de blanc

Brillant sur le ru

Les rideaux à grosses fleurs bleues

Côté orée de la forêt de Crécy

 

Quand les rhubarbes colonisent les fonds

Matent les haies de chèvrefeuilles

 

Le crépitement du feu devant le lit de camp

Où, nues, sous les duvets réunis

Les blessures de l'enfance se referment

Au claquement des bouchons de cidre

 

Le génie d'une vie à dérouler

Scintillante de bocage

De fulgurantes latitudes

 

Nulle ombre si ce n'est la voisine, sorcière

La qualité d'une femme, dit-elle en picard

C'est la propreté des carreaux

 

Chaque barrière franchie met le cœur

Jusqu'à lâcher

Ouvre un champ d'ivresses et succincts griefs

 

L'éducation pendue au porte-manteau

Offrandes toutes entamées

L'entraide au moindre bout d'être

 

Courbes emboîtées hérissant le poil

On grelotte de postillons, de sucs

Les gorges prises par des bonheurs rauques

 

Pénultième empathie

 

Déboussolés par les possibles

Les sens se bousculent

Pour entrer dans les flammes

 

D'une cheminée ancienne

Qui en a déjà assez vu

Pour geindre aux étreintes des bûches

À périr, à jouir

 

Car tout est bandé,

Les hêtres, les charmes, les pierres, les nerfs

La croyance au Chevalier de la longue borne

L'aventure enivrante sous la futaie

Si apparaît un sanglier

 

Les relents de coupe

Champ de bataille ancien et nouveau

Sur lequel s'empilent les fougères

 

Son haleine d'humus et de corydrane

Sur le visage

Au pied du Revenant, un chêne vénérable

Qui irrigue de ses nœuds ignobles et protecteurs

 

Les performances où l'on ne dort plus

De peur de laisser filer le temps

De peur de se perdre

Dans la pesanteur de la vie toc

 

Au lieu du tapis d'anémones

 

 

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