Soliflore 45 - Claire Von Corda
(photo prise par l'auteur - Marseille)
LAIDE
Et les femmes en jogging sortent des zones industrielles tôt le matin ventre à l'air pour rejoindre leurs véhicules tape à l'œil garés en double file.
Et les sportifs de supérette encombrent et gênent sur les nationales pour les énervés qui partent à la mine dans leur bunker d'aluminium.
Et on ne sait pas si c'est le brouillard ou le pare brise qui est sale.
Et je ne suis pas jolie.
Et il me dit qu'il ne me trouve pas jolie.
Et les camions de livraisons s'entassent comme leurs gros muscles serrés dans des marcels, l'hiver aussi.
Et la circulation est alternée parce que le bas côté est en travaux par les hommes en sweat et cernes noires des heures pas humaines.
Et la radio diffuse son con de silence d'engin éteint pour faire entendre les mots lourds de la discussion lourde que lourde nous répétons une fois tous les lourds mois.
Et je ne suis pas jolie.
Et il me dit qu'il ne me trouve pas jolie.
Et les mots se heurtent dans le vide débile de mon crâne débile rempli d'air, de chimères et de souvenirs à décortiquer, à surmâcher, à chier à la colle et de schémas mentaux, moyens mnémotechniques dont je ne me souviens pas.
Et le glauque de la sombre situation sort en morse, en silence par le néant débile de mon regard débile posé sur le tableau de bord débile devant moi.
Et de tout ça j'en sais rien. Et n'importe quoi ma tête pense. Et n'importe quoi ma bouche dit et il faudrait comme une sorte de lexique en bas de page.
Et je ne suis pas jolie.
Et il me dit qu'il ne me trouve pas jolie.
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