Soliflore 97 - Julie Cayeux
© Camille Moukli-Pérez
Un amour de jeunesse
Mon premier amour s’appelait Croûte.
Il n’était pas méchant, seulement il me grattait.
Il me grattait la vie, il me grattait l’amour, il me grattait jusqu’à la nuit.
Arriva ce qui devait arriver.
A force de me gratter, Croûte est devenu une plaie.
Une plaie purulente, dont je n’arrivais pas à me débarrasser.
Je ne le souhaite à personne.
Il me chantait des sérénades.
Veux-tu fermer ta gueule ? je lui répondais sèchement.
Je ne sais pas ce qu’il est devenu, ce brave Croûte.
Tout ce que je puis vous dire, c’est que depuis nos différends,
dès qu’un amour me gratte, je disparais.
La fuite reste encore le moyen le plus efficace de se prémunir des plaies.