Printemps captif de Lionel Mazari
J'attends que la nuit soit parfaite
et que les étoiles aient filé
et que la pleine lune arrête
de faire sa tête brûlée.
Assis sur un banc dans le noir,
je regarde la vie qui n'est
pas faite pour les grands espoirs
pas plus que pour les destinées
sublimes mais qui se confine
en ombres calmes aux fenêtres,
anciens fantômes des vitrines
d'un bistrot où nul ne pénètre.
Le couvre-feu dès l'heure-du-thé,
m'ayant traversé tel un square,
je me lève enfin et je fais
semblant d'être statue qui part,
immobile en la nuit parfaite,
loin du défilé des étoiles ;
quand la lune ne fait plus la tête,
je mets sur mon masque ses voiles.
in Printemps captif, quatrième délit buissonnier paru en 2020 :