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  • Georges Cathalo à propos du numéro 66

    Georges Cathalo parle du n°66 sur le site de la revue Décharge, merci à lui !

     

    "À lire chaque nouvelle livraison de Nouveaux Délits, on se demande toujours comment Cathy Garcia s’y prend pour trouver des auteurs originaux et peu lus qui changent du ronron de bien des revues. Fidèle au découpage habituel de sa publication, elle fait se succéder des univers poétiques très différents au fil d’une dizaine de pages afin que le lecteur se fasse une idée précise de chaque auteur. Placé sous un édito de choc intitulé « Le miroir du virus », ces pages d’une brûlante actualité se gravent dans la mémoire. Sinon, que des découvertes, à commencer par Christophe Salus, poète autodidacte marginal dont le parcours rappelle fortement celui du sublime Thierry Metz. On rencontre ensuite Philippe Labaune avec de longs poèmes élégiaques. Les proses poétiques de Jean-Louis Millet permettent de belles rencontres comme celles de Nicolas Kutovitch dans une déambulation édifiante. L’invitation à cette entreprise de décontamination mentale se place sous le sceau de l’humour puisque le bulletin d’abonnement en fin d’ouvrage se livre « masqué et ganté comme il se doit »…"

     

    https://www.dechargelarevue.com/No6-Reves-cairns-et-noirs-delits.html

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore 87 - Bernard Malinvaud

     

     

    Sans titre2.JPG

    ©cathy garcia canalès

     

     

    C'est un voyageur

    Sur les traces de l'aube

    Il suit la migration des rails

    Le cheminement des fleuves.

     

    Il cherche la ferveur

    Qui pousse sur le bord des routes

    Invite ses pas de traverse

    Dans un été buissonnier.

     

    C'est un explorateur

    Dans l'imminence des regards

    L'espérance sur le qui-vive

    Il lance des vœux aux étoiles.

     

     

     

  • Tout est provisoire même le titre de Mix ô ma prose

    Cactus Inébranlable, coll. Les p’tits cactus #49, 2019

    CVT_Tout-est-provisoire-meme-ce-titre_3525.jpg

    80 pages, 9 €.

     

    « Être fier d’aller de l’avant,

    Debout sur un tapis roulant »

     

    En voilà un drôle de zèbre (clin d’œil à ceux qui se reconnaîtront) ce Mix ô ma prose ! Son Tout est provisoire même le titre est un vrai festin, un concentré de nourriture aussi délicieuse que corrosive, le lecteur n’en fera cependant pas indigestion car le plat est drôlement bien équilibré. Avec intelligence, justesse, une lucidité à vif et une ironie salvatrice, l’auteur qui n’aime pas signer de son nom, pose des pensées qui claquent, des mots kits de survie dans un monde carré à sens unique où l’impératif d’avoir, de réussir, mentir, gonfler, tricher, paraître mieux pour gagner du creux, assomment toute tentative de réelle humanité.

     

    « Je voulais être,

    Je me suis fait avoir. »

     

    Et savoir exprimer l’essentiel en deux phrases, c’est un art.

     

    « Entre moi et le bleu du ciel,

    Le langage institutionnel. »

     

    Tout est provisoire même le titre est une sorte de pense pas bête libert’air qui sans se prendre au sérieux, ni donner de leçons à personne, creuse des issues de secours vers des cieux plus sauvages, plus authentiques, vers la liberté d’être soi envers et avec tout en échappant aux injonctions de l’artifice.

     

    « Connaissant la musique,

    Je reste hors de portée. »

     

    « De nos jours,

    Réfléchir,

    C’est refléter

    Ce qui est proposé. »

     

    « La nature enfin dominée,

    Belle et triste comme un herbier. »

     

    « Tout est cher,

    Même la réalité a augmenté. »

     

    « C’est vous qui composez votre menu,

    Et c’est comme cela qu’ils nous ont eus. »

     

    « Avoir un cœur de pierre

    Pour faire carrière. »

     

    Mais l’auteur, s’il pense que son nom n’a pas d’importance, ne se cache pas tant que ça : maniant l’humour sans céder à la facilité, il s’expose au contraire, se dénude, dans sa fragilité, son handicap à la normalité et ses « rêves savonnettes ».

     

    « Si je devais résumer ma vie :

    Tant pis ! »

     

    « J’ai pris de la mort avec sursis. »

     

    « Avec la société d’aujourd’hui,

    J’ai des rapports non consentis. »

     

    « Ma vie parmi les hommes :

    Syndrome de Stockholm. »

     

    « Pas évident,

    quand nos centres d’intérêt

    Sont à la marge. »

     

    « Mes utopies

    Sur un bûcher

    Sont accusées

    De sorcellerie. »

     

    « Depuis le temps que la lutte est finale... »

     

    « Je me suis coupé de la société

    Et la plaie ne s’est jamais refermée. »

     

    Si vains les efforts pour « en être ».

     

    « L’ego gonflé à bloc

    Pour aller en soirée

    Tenter de s’éclater. »

     

    « Toujours à fond,

    Mais en surface. »

     

    « Merde, le fond de ma pensée est percé ! »

     

    « Miroir, miroir, mon beau miroir,

    Suis-je le plus rebelle ? »

     

    « Suis-je négatif parce que j’ai refusé

    d’être un cliché ? »

     

    « Je reste à l’écart

    Et il se creuse. »

     

    Comme il le dit lui-même, Mix ô ma prose fait

    « de la poésie

    Par souci d’intégrité

    Car c’est bien connu,

    Elle ne se vend pas. »

     

    « Pour être précis,

    La formule exacte est :

    Poète autotorturé »

     

    Mais le poète a pris l’option linguistique pour mettre à jour nos tics de langage.

     

    « Ah des tics !

    J’ai eu peur, j’avais compris

    "d’éthique" ! »

     

    « J’ai beau lécher les vitrines,

    Aucune trace de cyprine. »

     

    « Et pour une fois

    Qu’il y a quelque chose de gratuit

    c’est la méchanceté »

     

    « Ainsi les publicités pourraient être

    mensongères ? »

     

    « Au lieu de la campagne

    C’est la ville qu’on devrait battre. »

     

    Il gratte le vernis qui recouvre nos mots pour nous faire entendre ce qui est vraiment dit :

     

    « Même pour la lecture,

    Ils nous ont foutu des grilles. »

     

    « Même le respect

    Il faut le forcer. »

     

    « Avec tous ces profils,

    On ne se regarde plus en face. »

     

    « Quand on aime, on ne compte pas

    Mais on se calcule. »

     

    « Les décisions sont si lourdes

    Qu’il nous faut un porte-parole. »

     

    « Je ne connais pas le prix de la vie,

    Mais il m’a tout l’air soldé ces temps-ci. »

     

    « On a plus de compassion pour les batteries ;

    Quand elles sont faibles, on les recharge. »

     

    « Sinon pour la prise de conscience,

    C’était le bon voltage ? »

     

    « Ne dites pas que l’on va droit dans le mur ;

    Faites comme tout le monde, dites futur. »

     

     

    Il dévoile l’absurde dont nos cécités quotidiennes camouflent l’évidence.

     

    « À part l’épargne,

    Y’a quoi comme plan ? »

     

    « Rien ne marche,

    Tout fonctionne. »

     

     

    « Même nos codes se barrent. »

     

    « Le plus inquiétant

    C’est que tout soit normal. »

     

    « Tellement intégré

    Que j’ai disparu. »

     

     

    « Il y a un scénario à la base

    Ou c’est improvisé ? »

     

     

    « Putain les gens,

    Merde, quoi !

    Ça se voit !!! »

     

     

    Tout est provisoire même le titre est un petit shoot qui devrait être remboursé par la Sécu :

     

    « Bien sûr que l’on a progressé ;

    Au départ, il y avait un point

    Et on a une ligne à l’arrivée. »

     

    « Franchement, Dieu n’est pas si con

    Aucune enquête de satisfaction. »

     

     

    Petite mais efficace piqûre de rappel pour temps sombre : tant qu’il y a de l’humour, il y a encore une chance pour qu’il y ait de la vie, de la vraie, vivante, impertinente qui se glisse en douce sous des plumes de poètes, là où elle sait qu’elle sera respectée, protégée.

     

     

    Cathy Garcia

     

     

     

    mix-o-ma-prose-par-morgan-prudhomme.jpgDerrière Mix ô ma prose se cache donc Olivier Boyron, un Viennois d’origine qui a eu le privilège de grandir dans la « vallée de la mort ». Malgré un cadre apaisant et propice au recueillement, il peine à s’adapter au monde qui l’encercle. Pour lui, le chaos n’est déjà plus une théorie mais une réalité dont il dépassera la friction au travers de nombreuses expériences : écriture, dessins, peintures, théâtre de rue… Mix ô ma prose, lui, naît en 2002 d’une rencontre avec le slam dont il devient un des pionniers en Rhône-Alpes avec La Section lyonnaise des Amasseurs de Mots et Les Polysémiques, association qu’il fonde à la même période. En 2006 il co-fonde La Tribut du Verbe, une compagnie de slam poésie qui propose toujours spectacles et performances. En 2016, Les Polysémiques rajoutent une branche éditions à leurs activités, il en devient le responsable d’éditions. Malgré tout, toujours mal à l’aise avec les conventions, il stoppera net sa déjà courte bio.