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  • Feux de Perrine Le Querrec

     

    éditions Bruno Doucey, mars 2021

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    75 pages, 14 €.

     

     

    Et le poète de sa voix de feu

    D’une aile d’oiseau attise les mots

     

    On peut dire que dans ce recueil dont le titre dit clairement de quoi elle parle, Perrine Le Querrec fait ici feu de tout feu. Traversant quelques milliers d’années d’Histoire et explorant toutes les facettes de cet élément, les bénéfiques comme les dramatiques, elle déploie une sorte de fresque mouvante, un théâtre d’ombres de personnages que le feu met ou a mis, et parfois très cruellement, en lumière et peut-être plus particulièrement des femmes. Depuis celle qui dans la caverne a inventé le feu « Seins hanches ventre rond / Disparue à jamais » aux ouvrières sacrifiées, aux femmes indociles et veuves indésirables, aux militantes immolées en passant par les sorcières aux bûchers : femmes trop vives, feu aux femmes !

     

    La ville silencieuse cadenasse ses oreilles

    Qu’on démonte les cloches, qu’on fonde leur acier

    Dans le feu des sorcières et des illuminés.

     

    Des feux politiques donc, des feux de religion, des feux symboliques, des feux géologiques mais aussi des feux artistiques et littéraires. Des figures renaissent des cendres, comme Marguerite de Porète, béguine itinérante et première femme à avoir péri sur un bûcher de la place de Grève à Paris pour avoir eu trop d’esprit, une âme trop libre et un cœur trop flamboyant. C’était en 1310. Le feu a fait d’elle, et de tant d’autres, une immortelle.

     

    Des feux de joie, des feux de guerre, « des feux autoritaires, des feux de dictatures / mais aussi / Des feux de résistance, des feux brûlants de vie. » L’ordre du recueil est chronologique, une traversée de l’Histoire dans le miroir des flammes, la grande Histoire collective et les histoires individuelles. L’humanité, écrit Perrine Le Querrec, se dessine à travers ses feux

     

    Des feux qui ramènent une mémoire enfouie.

     

    Feux salvateurs, feux destructeurs, feux de mémoire, feux de langues, c’est à un grand incendie que nous convie Perrine le Querrec en agitant ainsi les tisons de son écriture. Elle y convoque des poètes, écrivains, artistes disparus, très connus comme Gogol, Van Gogh, Nerval, Artaud ou moins connus comme Angus McPhee, un artiste brut écossais ou la poétesse Ingeborg Bachmann.

     

    Depuis quand le soleil se couche

    J’ai toujours l’impression

    Que quelqu’un brûle.

     

    Elle évoque Piotr Pavlenski, artiste dissident russe fiévreux et incontrôlable toujours actif, elle rend hommage aux victimes de guerres et de catastrophes plus ou moins naturelles. Elle évoque des corps et des lieux marqués au feu, dévorés par le feu mais, écrit-elle, depuis des millénaires la vie renaît de ses cendres / Il y a des racines que jamais le feu n’atteint.

     

    Un questionnement plus discret souffle entre ces pages aussi, celui que soulèvent les flammes du désir, du sentiment amoureux.

     

    Il y a un côté compilation dans ce recueil, une énumération qui parfois en étouffe même le souffle poétique, peut-être parce qu’il s’agit surtout de faire œuvre de mémoire. Pour qui connaît l’écriture de Perrine le Querrec, on sent qu’il y a là presque comme un chantier en cours encore, une récolte de braises plus ou moins vives dont chacune pourrait donner naissance à un développement. On sent ce qui chez elle a été attisé et qui est un peu trop énorme, trop violent aussi, pour pouvoir être contenu en 75 pages, mais c’est déjà un beau départ de feu car les livres aussi brûlent.

     

    Savez vous

    Les livres brûlent les doigts brûlent l’esprit brûlent les à priori

    brûlent les ignorances brûlent les yeux brûlent les dictatures

    saviez-vous

    les livres brûlent

     

    Le monde parfois semble n’être plus qu’un grand brasier.

      

    Cathy Garcia Canalès

     

     

    Fondazione0258-edited.jpgPerrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Elle hante les bibliothèques et les archives pour assouvir son appétit de mots et révéler les secrets oubliés. De cette quête elle a fait son métier : recherchiste. Les heures d’attente dans le silence des bibliothèques sont propices à l’écriture, une écriture qui, lorsqu’elle se déchaîne, l’entraîne vers des continents lointains à la recherche de nouveaux horizons.
    Perrine Le Querrec
    écrit de la poésie et de la prose. Sa langue est une architecture de mots, de silences, d’archives de trous et de pliures. Lorsqu’elle sort de la page, elle travaille en duo avec le contrebassiste Ronan Courty et forme l’autre moitié de PLY, duo avec le photographe Mathieu Farcy. Ses dernières parutions en 2020 : Vers Valparaiso, Éditions Les Carnets du dessert de lune, Rouge pute, Éditions La contre allée.

    http://www.perrine-lequerrec.fr/

     

     

     

     

  • Soliflore 118 - Alexandra Norelli

     

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    ©Erik Johansson - Impact

     

     

     

    Garde-robe

     

    Il s’était fait un beau costume
    Brodé de nuit
    "Ça devrait faire fuir le bonheur"
    Qu’il a dit


    Elle avait cousu des miroirs
    sur son corps nu
    "Il se verra comme je le vois"
    Qu'elle a cru


    Et ne sachant pas comment le
    Déshabiller
    Elle fit tomber toute son armure
    En premier.

    (et comme il y avait du verre partout

    elle a fini par se blesser

    et c’est une bien triste fin)

     

     

     

     

  • FRANCOPOLIS a lu le n°71

    Revue Nouveaux délits, n° 71, janvier 2022

    Cette revue artisanale, conçue, confectionnée à la main, et éditée par Cathy Garcia Canalès, sous les auspices de l’association éponyme, est une pépite : en peu de pages des textes poétiques de grande qualité – ici, Jean-Charles Paillet, Stéphan Riegel, Martin Zeugma, Stéphane Amiot, Bernard Pikeroen, Clo Hamein, Cartographie Mzssyl. Note de lecture de l’éditrice au recueil Feu de Perrine Le Querrec.

    http://www.francopolis.net/annonces_2022.html

     

     

  • Georges Cathalo a lu le n°70

    et en parle dans un bref panorama de 18 revues sur le site de Terre à ciel :

    "Pour chaque nouvelle livraison, Cathy Garcia parvient à trouver le courage de poursuivre sa route solitaire sans aide d’aucune sorte. Chapeau l’artiste-factotum, avec ici des écrits d’auteurs et d’autrices peu lus tels que Liliane Birsinger, Chiara Pastorini, Julien Englebert, Christine Bouchut ou Gorguine Valougeorgis."

    Voir ici : https://www.terreaciel.net/Bref-panorama-de-18-revues-de-poesie-par-Georges-Cathalo