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  • Soliflore n°12 : Jacques Ceaux

    Plénitude

     

    Souffler d'un nuage

    tombée à la pluie

    tendre douceur

    aux ailes mousse

    sucrée d'avoine

    en étés d'ocre

    embaumée libre

    dépliant à bonheur

    douce embellie

    sans la course

    jaune lumière

    et vertes routes

     Echapée.JPG

    enveloppe azurée

    aux plaisirs doux

    sieste d'amour

    sur son lit tendre

    fines embrasures

    de portes ouvertes

    angle vivant d'arrondi

    repas moelleux

    en agapes bonnes

    sirop du temps

    coule au long plaisir

     

     Jacques Ceaux

     

     

     

    photo (c)cathy garcia

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°11 : Isabelle Grosse

     se faire des idées
    faire son cirque
    raconter des histoires
    faire du cinéma
        à quoi tu joues toi ?


    chercher des signes partout
    de vilains petits canards
    cachés ici ou là
    qui lui diraient
    quoi quoi quoi


    tremble et tressaute
    à la moindre trace
    tout petit pas de travers
    tout droit


    raye son nom sur le calendrier
    souffle coupé rature son prénom
    en oublie le jour et l'heure


    rêve entre aurore et crépuscule
    rêve que         et aussi que
    alors seulement peut dormir enfin


    keskessadi sadikoi
    ça dit que tu t'oublies
    ça parle de lumière et de beauté
    ça dit de foncer tête la première dans ce qui te rend heureux
    ça dit que ça peut aussi claquer fort et que si ça cogne la nuit c'est normal
    tout ira bien


    rassurez-vous madame
    écrire redevient possible

     

       

    Isabelle Grosse

     

     http://www.m-e-l.fr/isabelle-grosse,ec,494

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°10 : Thierry Radière

    ARTICULATIONS

     

     craque les articulations

    de mes doigts que

    j’entende la première

    musique du réveil

    que je sente les extrémités

    de la mort au petit déjeuner

     


    Mémoire, traces III NB.JPG

    Cathy Garcia - Mémoire, traces III NB

     

     

    PENSÉE PORTUAIRE

      

    la vie dans un élan

    de carte postale écrite

    face à un port

    pourrait être simple

    si les bateaux

    ne tanguaient pas

    pour la photo

     

     

  • Soliflore n°9 : Michèle Rosenzweig

    Le psychiatre

     

    Dites-moi, c'est quoi, un psychiatre ?

    demanda la femme innocemment

    au retour d'un délire.

    Oh, non, ce n'est pas un ami

    plutôt un lointain parent

    un peu de ce père qu'on sauve et qu'on tue

    chaque jour un peu plus

    un peu de ce frère absent qui exerce ses talents.

    Un professeur de replis

    de replis stratégiques

    Un amateur d'oublis

    d'oublis systématiques.

    Un élève de nos vies

    qui laisse bien des maux en suspens

    comme on ménage un enfant

    (récalcitrant, l'enfant, surtout aux médicaments ...)

    Un rôdeur d'âme, un aspic rampant

    Un déverrouilleur de peines

    Un tâtonneur de vérités

    Un combattant dans le noir

    Un dérouilleur de mécaniques

    Un essayeur de clés, un horloger

    Un chasseur de gazelles

    Un trappeur du Grand Nord

    Un pourfendeur d'hydres à six têtes

    Un oiseleur en cage

    Un détrousseur d'images

    Un décortiqueur d'amandes

    Un drôle de type

    Un docteur bien énigmatique

    avec un léger accent

    (Très charmant, l'accent !...)

     

    Mais oui, un psychiatre c'est cela :

    Un docteur exotique ...

     

    Michèle Rosenzsweig

     

  • Joyeux Anniversaire !

    Dingue !

    La revue

    NOUVEAUX DÉLITS

    a dix ans !!!

     

    petite flamme restau Nant.JPG

     

    Pari fou, pari tenu

     

    218 auteurs y ont été publiés à ce jour, dont certains nous ont malheureusement quittés

    16 artistes l'ont illustrée, autant dire que certains plus d'une fois !

     

    Je les remercie toutes et tous, car une revue c'est avant tout le fruit du généreux travail et de la douce folie de chacun et si elle a réussi à perdurer jusqu'à aujourd'hui, c'est bien grâce à celles et ceux qui s'y intéressent, tous les abonné(e)s mais aussi les lectrices et lecteurs occasionnel que je remercie également, 

     

    MERCI

    MERCI 

    MERCI !!! 

     

     

    Petit rappel de mon tout premier édito en

    Juillet 2003 
     
    Pourquoi Nouveaux Délits ? Et pourquoi pas ?
    Voilà le point de départ de cette revue qui se lance, à l’eau ou par la fenêtre comme on voudra, l’essentiel étant l’élan, l’impulsion, l’envie de faire. Faire réfléchir plus que plaisir, faire connaissance, faire le lien entre tous et chacun, pourvu qu’il soit avide de paroles, fraîches ou chaleureuses c’est selon, mais dans tous les cas vivantes.

    Les auteurs sont lecteurs, les lecteurs auteurs et chacun contribue ainsi à poétiser le monde.
    Poétiser : nettoyer les regards de la poussière du conformisme ambiant, goûter des saveurs nouvelles. Nouveaux Délits aime les mélanges, les différences, les mots qui dérangent, qui grattent, qui démangent, pour ne pas céder au sommeil qui dissout les consciences.
    Nouveaux Délits à inventer, à commettre ensemble. Poétiser est un acte, pas un luxe.
    Soyez à l’écoute du vent qui passe, ignorant les frontières, colporteur de bonnes et mauvaises nouvelles. Confiez-lui vos textes, vos poèmes, vos délires, il en fera peut-être de la matière à Nouveaux Délits.
     
     
    CG

    "Un poète doit laisser des traces de son passage, non
    des preuves. Seules les traces font rêver"

    René Char
     
     
     
    Et bien, nous voilà donc prêts
    à  laisser quelques traces
    pour dix années de plus ?
     
     
     

     

  • Soliflore n°7 : Andrea d'Urso

    Next exit

     

    Prochaine sortie,

    il ya toujours une prochaine sortie,

    je le sais.

    Il y a toujours une prochaine sortie,

    même sur ces routes départementales,

    qui ne sont pas comme les autoroutes

    où il y a toujours une prochaine sortie,

    ici aussi il y a toujours une prochaine sortie,

    même si ça ne se voit pas toujours.

    Il y a une prochaine sortie,

    dans la lumière matinale sur le visage de la fille du bar,

    dans son sourire affable et provisoire,

    il y a une prochaine sortie

    dans les fleurs que tu n’as jamais achetées

    et que tu as offert en rêve à une femme distraite en vrai.

    Il y a une prochaine sortie

    sur les pancartes maisons à vendre le long de la route,

    maisons sur la colline, jamais habitées,

    patios et vérandas qui n’attendent que d’être ouverts

    dans les après-midi d’été finissants

    qui n’attendent que d’être fermés.

    Il y a une prochaine sortie

    dans le regard vif de la vieille femme de ménage

    qui vient dans nos bureaux le lundi matin,

    je l’ai vue se planter avec son balai-brosse

    devant une carte géographique

    et aller là où personne n’est jamais allé

    et revenir là d’où personne n’est jamais revenu,

    elle y compris.

    Elle ne m’achètera jamais de robinet,

    mais je l’aime bien quand même.

    Il y a une prochaine sortie,

    quand à la radio de ta voiture

    tu trouves la bonne chanson et tu montes le son,

    il y a une prochaine sortie

    quand tu écoutes Largo from Serse de Haendel,

    pas besoin de monter le son

    car on n’a plus besoin de rien

    quand on écoute Largo from Serse de Haendel,

    tout est parfait, tout est à sa place,

    tout prend une connotation différente,

    le ciel, la route, les voitures.

    et le type qui te coupe la route avec son Cayenne

    ne t’atteint pas, ne te concerne pas,

    il a son rôle, sa fonction,

    et même une forme de beauté,

    il y a toujours une prochaine sortie

    mais il faut se dépêcher

    car dès que le morceau s’achève

    tout redevient comme avant

    et le type qui te coupe la route avec son Cayenne

    redevient  juste un gros con.

    Il y a toujours  une prochaine sortie,

    le seul problème pour moi c’est de trouver l’entrée.

     

     

    Andrea d'Urso, Italie

    Traduction Muriel Morelli