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  • Délit d'orthographe !!!

    Alors donc, ce numéro 54 (merci à l'amie et abonnée qui me l'a signalé) est un peu beaucoup truffé de fautes (cela concerne trois auteurs en fait), et une citation d'Octavio Paz, où il faudra lire

    dis-moi, jarre brisée, tombée en pousière, dis-moi,

    la lumière nait-elle d’un os frotté contre un autre

    et non pas "n'est elle", faute donc à la femme orchestre - dénommée moi-même - à qui elles ont échappé, pourtant j'en avais bien attrapé quelques-unes déjà, sans parler du correcteur automatique qui lui apparemment n'en fout pas une, donc mea culpa..... MAIS s'il vous plait, les auteurs RELISEZ-VOUS aussi, plutôt trois fois qu'une, avant d'envoyer vos textes, cela soulagera la femme orchestre qui commence à prendre de l'âge, et donnera plus de cachet tout de même à vos textes...

     

    MERCI !!!

     

     

  • Résonances 54

    Bienvenue à Calais – Les raisons de la colère, textes de Marie-Françoise Colombani, dessins de Damien Roudeau

    Actes Sud, février 2016

     

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    56 pages, 4,90 €.

     

     

    Un petit format, des textes et des croquis sur le vif, 56 pages et il pèse des tonnes ce carnet, des tonnes de gâchis, des tonnes d’espoir, des tonnes d’injustice et d’absurdité, un peu de rêve, beaucoup de désillusions. Des élans aussi, nombreux, de la bonté, de la solidarité, pour porter tout ça, pour sécher la boue et les larmes, adoucir un peu la cruauté, mais pas la cacher non, bien au contraire, et c’est la raison d’être de ce livre dont les bénéfices et droits d’auteurs seront reversés à l’Association l’Auberge des migrants* : montrer sans fard, exposer « les raisons de la colère », refuser la honte, dénoncer l’intolérable, sortir des chiffres et des termes génériques : migrants, réfugiés, ou le moins connu « dublinés » - qui pousse de nombreuses personnes à brûler ou mutiler l’extrémité de leurs doigts afin d’effacer leurs empreintes - pour mettre des noms sur des visages, des personnes, des parents, des enfants, des adolescents, des jeunes étudiants, des boulangers, des avocats, des profs, des commerçants…. Et raconter quelques éclats de vie, qui trop souvent sont des morts absurdes, atroces…. Impardonnables.

     

    Bienvenue à Calais oui, ce sont d’abord des chiffres. 2015, 1 million de personnes se réfugient en Europe en passant par la mer, 3735 : le nombre de morts ou disparus.

     

    Bienvenue à Calais c’est aussi la démonstration d’un gouvernement impuissant, qui improvise, et celui-là ou un autre, ça serait du pareil au même, voire pire : désorganisation, des pansements ci et là sur des plaies non nettoyées, et surtout aucune notion de la dignité humaine, aucune. Une seule de ces histoires que pourrait vous raconter un homme, une femme ou un enfant, piégé à Calais, devrait suffire à ce que tout, absolument tout, soit fait pour, au cas par cas, trouver des solutions honorables. Impossible n’est pas français disait-on à un moment, et bien faut croire que si.

     

    6000 personnes, c’est le nombre de personnes qui étaient dans la jungle en octobre dernier, sans compter tous les autres camps dits « sauvages ». 6000 personnes, 120 latrines. La « jungle », c’est 17 hectares dont une bonne partie en zone Seveso, avec un vent quasi permanent, l’humidité. Au Centre Jules-Ferry, dans la « jungle », 60 douches, une à deux heures d’attente, 6 minutes chacune. Les conteneurs chauffés et éclairés installés en camp grillagé à l’intérieur de la « jungle », contiennent chacun douze personnes en lits superposés, 1,16 m2 par personnes, mais aucun lieu abrité pour faire la cuisine, pas de douche, 80 toilettes pour 1500 personnes.

     

    Parfois plus de 10000 kms parcourus, dans des conditions effroyables, pour rester bloqué à 30 km du but : l’Angleterre. 38 pour cent de personnes ayant de la famille là-bas, de quel droit les empêche t’on de les rejoindre ? Si les lois étaient appliquées, les mineurs devraient y être autorisés d’office, mais la loi n’est pas appliquée et les mineurs disparaissent ou meurent écrasés. Un grand nombre de personnes entassées à Calais parlent Anglais, langue qui se targue d’être une des plus parlées au monde. Chaque pays redoublant d’efforts dans la non-hospitalité, mis à part peut-être l’Italie et la Grèce aux premières loges et à qui on n’a aucune leçon à donner, où iriez-vous à leur place ? Quelque part où l’on vous comprenne non ? Est-ce si difficile à comprendre ? L’horreur que toutes ces personnes fuient et ont le droit de fuir, laissant derrière elles tout ce qu’elles avaient et beaucoup de morts aussi, d’êtres chers massacrés.

     

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    Pour des Syriens le passeur demande 3000 euros pour aller de Calais en Angleterre, pour des Érythréens c’est 700… Combien coûte un aller simple par l’Eurotunnel ? On ne compte plus le nombre de personnes écrasées par des poids-lourds, électrifiées dans le tunnel.

     

    Leurs actes désespérés ne sont pas le fruit d’un déséquilibre, d’un caprice, risquer la vie de ses enfants, de ceux que l’on aime, sa propre vie, ne se fait pas à la légère, est-ce si difficile de se mettre à leur place ?

     

    Bienvenue à Calais raconte la vie qui s’organise tant bien que mal, les bénévoles, les associations, sans qui la « jungle » serait définitivement un enfer, des gens formidables, une école, une bibliothèque, des repas, des activités, de l’accompagnement, des soins, des personnes qui prennent des risques aussi, risquent l’illégalité au bénéfice de l’hospitalité, de l’humanité, des sourires, de belles histoires donc mais tellement de violence aussi, car toutes les personnes en difficultés attirent toutes sortes de prédateurs, ainsi un nombre grandissant de mineurs isolés ont totalement disparus.

     

    Il faut lire ce livre, il faut le faire lire, même s’il est désespérant, s’il déborde de drames et de souffrances qui auraient pu être évités, qui auraient dû être évités et qui doivent cesser.

     

    Elle est afghane. Elle s’est enfuie avec son mari et ses deux enfants. Sur le bateau qui les emmenait en Grèce, on lui a ordonné de faire taire son bébé sous peine de faire repérer l’embarcation. Elle l’a serré très fort contre elle, il est mort étouffé. Elle n’a pas voulu jeter son corps à l’eau. La nuit, pendant son sommeil, le passeur l’a fait. Il s’est trompé : c’est sa petite fille qui est partie à la mer.

     

    Cathy Garcia

     

     *http://www.laubergedesmigrants.fr/ 

      

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    marie-francoise-colombani.jpgMarie-Françoise Colombani est éditorialiste à ELLE et auteur, entre autres, de Pour l'amour de Massoud (XO, 2005) avec Sédiqa Massoud et Chekeba Hachemi et de Maintenant (Hachette Littératures, 2007), un livre d'entretiens avec Ségolène Royal. Elle a également participé à Millénium, Stieg et moi (2011).

     

     

    damien-roudeau.jpgNé en 1981, Damien Roudeau, originaire de Montreuil, dessinateur au profil atypique, diplômé en arts appliqués (école Estienne) et titulaire d'une maîtrise d'arts plastiques, est un « globetrottoir », un « reporter graphique ». Pourtant pas vraiment l'âme d'un grand voyageur, il réalise qu'on peut partir pour des territoires inexplorés, en prenant simplement le temps de s'arrêter au coin de sa rue. Il choisit dès lors de vivre en immersion, pour mieux les comprendre, dans des mondes présumés clos, ou nécessitant une initiation (tribus électroniques, communautés Emmaüs, groupes de sans logis, usagers de drogues, squatters...). Portraits Cachés, une relecture de la loi contre les exclusions (prix du jury Grands Reportages 2002). Quand il ne tient plus à sa table à dessin, il réalise des reportages dessinés ou en BD pour l’édition, la presse (Le Monde, Casemate, Mag de la Seine Saint Denis), les associations (Aides, Médecins du Monde, Asud, AFR...) ou dans le cadre de résidences. Il est notamment associé au collectif Argos, rassemblement de dix rédacteurs et photographes engagés dans le journalisme documentaire.

     

     

     

     

  • Soliflore n°37 - Anne-Marguerite Michel

     

     

    DANSER

     

    Je danse pour ne plus être,

    Seulement pour devenir,

    Un songe, une volupté,

    Rien qui ne puisse se saisir.

     

    Je danse en vérité,

    Brutale et décomplexée.

    Libre et déraisonnée,

    Offerte dans toute ma nudité.

     

    Je danse pour crier mon âme,

    La faire sortir au grand jour.

    La voir étendue là sans retenue,

    Faible, sans plus aucune vertu.

     

    Je danse pour oublier ce que je fuis

    Le passé, le présent, la vie.

    Seule dans la foule

    Reine de tous les oublis.

     

    Je danse pour perdre le sens.

    Pour être enfin fluide dans le temps.

    Ne plus vivre que l’instant.

     

     

     

  • Georges Cathalo à propos du n°53 sur le site de Texture

    Nouveaux délits N° 53

    Oui : ce numéro ne contient « que des plats de résistance » comme il est annoncé au menu de la page 2 pour présenter un sommaire original, « le tout relevé d’un goûteux mélange de Délits d’incitations  ». La revue s’ouvre sur une suite de poèmes que Lou Raoul a extrait d’un ensemble inédit consacré à l’oiseau pour aller vers « des fenêtres ouvertes sur des friches personnelles ». Suivent six poèmes de Mokhtar El Amraoui, poète tunisien d’expression française. Cathy Garcia a toujours l’art raffiné de la revuiste avisée capable de mener sa barque seule en assumant ses choix. Elle se tourne souvent vers les laissés-pour-compte, les délaissés, les oubliés. Ainsi l’illustratrice Ana Minski pour qui « l’errance est son dada » et qui a « découvert la bohème par la littérature » ou le jeune Julien Boutreux qui commence à se faire un nom à travers de nombreuses revues avec des écrits à fleur de peau. On croise encore Jean-Claude Goiri et ses consistants Copeaux contre la barbarie ou les fortes suites poétiques de Denis Wetterwald. La revue s’achève avec les textes chocs de Sammy Sapin et de Tom Buron, jeunes poètes très engagés. Quant à la maîtresse des lieux, elle émaille chacune de ses livraisons de fortes citations en fond de page en concluant par une Résonance où elle fait découvrir des ouvrages originaux comme ici « Les maîtres du printemps » d’Isabelle Stibbe.

    à lire sur  http://revue-texture.fr/lecture-flash-2016.html#lucarnes