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  • Revue Nouveaux Délits numéro 64

     

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    octobre 2019

     

    Je ne sais pas si cela vient de ce mois de septembre qui crépite de tensions, de nervosité ou de mon côté hyperactif, multitâche, de mon cerveau zébré en arborescence, de mon mental de Gémeaux capable de non seulement penser à plein de choses à la fois mais de les faire aussi simultanément, tout en réfléchissant, avec gourmandise, à toutes celles que j’ai envie de faire. Créer chez moi est compulsif, faire du lien aussi, transmettre, partager, pas étonnant que je me sois fait piéger par face de bouc.

    Je ne sais cependant pas si c’est l’afflux incessant de sollicitations, de données, d’informations, de questions exigeant réponse instantanée, qui nous submergent via toutes les nouvelles technologies  — et encore je n’ai pas de portable (je ne suis pas loin de faire partie des derniers des Mohicans). Je ne sais pas si cela vient des individualités de plus en plus selfisées, de la paperasse à n’en plus finir, pire quand elle est dématérialisée, avec ce tsunami d’identifiants, de codes, de mots de passe, de captcha (attention, marque commerciale déposée) et paradoxalement d’un manque croissant de professionnalisme — wow, j’ai vraiment utilisé ce terme ? — en tous les domaines, car peu importe comment et pourquoi les choses sont faites, ce qui compte c’est le fric, le fric, le fric et les plus pauvres de ramer et suer après ou sombrer dans une hyperactivité pathologique (devrais-je consulter ?) et pour bien d’autres, les « élus », c’est le fricot, le régal, la bombance. Ceux-là aussi sont en Enfer, comme Tantale, mais ils ne le savent pas, tant il leur est doux de se gaver, mais plus ils en ont et plus ils en veulent, jamais rassasiés et la planète n’est pas assez vaste, pas assez nutritive pour leur goinfrerie. S’ils aimaient manger de la chair humaine, c’est certain, ils nous dévoreraient littéralement.

    Je ne sais pas si c’est le fait que tant de mes convictions profondes, et qui ne datent pas d’hier, soient aujourd’hui à la une des médias et alors que je devrais m’en réjouir, j’ai pourtant l’impression que cela fait surtout du bruit, de la mode, du tweet et que la meilleure des intentions est récupérée, détournée, avant même d’avoir été énoncée. Je ne sais pas si c’est la sensation de vivre de plus en plus dans un gros fake, une cauchemardesque fête foraine, bien que je fasse partie de celles et ceux — il y en a — qui sont descendu-e-s du manège depuis longtemps.

    Bref, je suis fatiguée et je voulais donc dire que je faisais pour ce numéro, une grève d’édito ! Trop tard ? C’est tout moi, incapable de ne pas faire les choses, surtout quand personne ne m’oblige à les faire. Mais j’avoue, encore une fois, ce fut un plaisir de m’adresser à vous, je suis descendue du manège mais pas du bateau, alors ramons les amis, ramons ensemble et chantons, chantons avec nos voix, nos mots, nos poumons, nos tripes. Et apprécions le silence qui suit, le vrai silence : celui qui nous permet de sentir le battement de nos cœurs à l’unisson. Tant qu’on le peut encore.


    C.G.

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    Il faut faire attention : avoir le vent en poupe, c'est l'avoir dans le cul.
    Pierre Peuchmaurd in Fatigues

     

     

     

    AU SOMMAIRE


    Délit de poésie :

    Hommage à Jean-Pierre Hanniet et ses Poélitiques
    Duo pour les gilets jaunes : Laurent Thines & Cathy Jurado
    Olivier Robert, des extraits d’Accalmie un souffle

    Délit de griot blanc : aphorismes, pensées et un conte rouge du tribun des rues, Jg Tartar(e)

    Délit d’autopromotion : Cathy Garcia Canalès, préface et extraits de Pandémonium II

    Résonance : L’anarchie ou le chaos de Philippe Godard


    Les Délits d’(in)citations arrosent les coins de pages pour lutter contre la sécheresse de la pensée tandis que le bulletin de complicité sifflote au fond en sortant. Il ne va pas tarder à tendre le chapeau.

     

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    Illustrateur : Joaquim Hock

    https://joaquimhock.blogspot.com



     

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    Il n’est personne au monde aujourd’hui qui ne sache à quoi s’en tenir. Et que nous faisons tout ce que nous ne devons pas faire, que nous acceptons tous ce que nous savons ne pas pouvoir, ne pas vouloir accepter, que nous nous laissons tous entraîner en mettant tout sur le compte de la fatalité historique, aussi bien d’un côté que de l’autre… du mur de l’argent.


    Louis Guilloux 
    in Carnets, 5 août 1969

     

     

     

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    Nouveaux Délits - Octobre 2019 – ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits - Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès -  Illustrateur : Joaquim Hock - Correcteur : Élisée Bec

     

     

     

     

     

  • Cathy Garcia Canalès - Toboggan de velours & Pandémonium II

    Comme une vaillante petite tailleuse de livres, je vous en sors deux d’un coup ! Et c’est dans la posture du grand écart que je fais moi aussi ma rentrée littéraire, avec deux livres aux antipodes l’un de l’autre : un dur et un doux, un noir et un lumineux, un grave et un léger, un engagé enragé et un tout délicieux sans danger pour le lecteur, ce qui n’empêche l’humour dans le premier avec les superbes illustrations originales de Joaquim Hock — l’Illustre Illustrateur Attitré de cette revue que l’on retrouve aussi avec une vive joie dans ce présent numéro — et de la profondeur dans la légèreté du second : toutes ces nuances humaines.

    Donc, en même temps que Pandémonium II  présenté dans ces pages, paraît aussi Toboggan de velours, qui comme son nom l’indique vous invite à vous laisser glisser les yeux bandés. Poèmes d’atmosphère, douceur, magie, mystère et quelques piquants soyeux d’impertinence. D’un format vertical cette fois de 32 pages et accompagné de collages en couleur de l’auteur.

     

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     « Glissade vers la nuit
    ses rivages de velours
    son écrin de pluie
    toute chaude d'amour
    se saisir de la chair
    y sculpter le plaisir
    descendre vers la mer
    abreuver son désir
    et rejoindre l'Éther »




    En savoir + sur ses deux parutions sur :  http://cathygarcia.hautetfort.com/

     

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    Tous mes livres auto-édités sont fabriqués et imprimés par mes soins, exclusivement sur du papier 100% recyclé haut de gamme.

    Tirages entièrement numérotés.

     

     

     

  • Soliflore 81 - Marc Liênet

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    Oscar Prudhomme - Rue de la Cathédrale - 2019

     

     

    L’Être

     

    L’être que tu penses être

    Ne m’intéresse pas

    Ou si peu

     

    Je m’adresse plutôt à ce naïf

    Que tu rabroues sans cesse

    À cet idiot dans sa superbe

    Qui continue d’alimenter

    La flamme

     

    Toi

    Cela fait longtemps

    Que tu es devenu rentable

     

    Lui

    L’autre toi-même

    Dont tu ignores toujours le nom

    Et qui croupit seul

    Dans le cachot de ton cœur

    Vibre encore

    Sur la musique du monde

    Entre tes rêves d’enfant

    Et la tristesse

     

    Toi

    Le bourreau le tortionnaire

    Toi l’esclave

    Toi l’arrogant dans son costume

    Toi la peur

     

    Lui

    L’amoureux le pendu

    Lui la tendresse

    Lui le poète à ses heures

    A n’en pas douter

    Lui mon ami