Présentation du 8e Délit buissonnier : Zéphyrage de Guénane Cade
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« Que moi, Lili, je suis essentielle et que j’ai droit à cette vie dont j’ai fait la preuve en vivant 14 mois. On peut dire que 14 mois ce n’est pas beaucoup mais pour moi c’est comme toute une vie humaine, entière et heureuse. »
Lili Elbe in Man into Woman, 1933
« (…) c'est un œil dur, qui cherche dans notre corps, nos expressions, notre démarche, nos imperceptibles mouvements, des signes de notre masculinité ou de notre féminité antérieure. »
Tal Madesta in La fin des monstres
« - Corbeau, t'es un garçon ou une fille ?
- Croa, croa
J'ai rigolé et je me suis allongée sur le dos. Le ciel était d'un bleu profond. Je m'imaginais que j'étais couchée sur des nuages de coton blanc. La terre était humide dans mon dos. Le soleil était chaud, l'air était doux. Je me sentais heureuse. La nature me serrait contre elle et semblait ne me trouver aucun défaut. »
Leslie Feinberg In Stone Butch Blues
« Brouiller les cartes.
Masculin, féminin ? Mais ça dépend des cas. Neutre est le seul genre qui me convienne toujours. S’il existait dans notre langue, on n’observerait pas le flottement de ma pensée. Je serais pour de bon l’abeille ouvrière. »
Claude Cahun in Aveux non avenus, 1930
« Au lieu de dire que le genre est ceci ou le genre est cela, reconnaissons que le mot genre a des dizaines de sens qui y sont intégrés. Il s’agit d’un amalgame de corps, d’identités et d’expériences de vie, d’impulsions inconscientes, de sensations et de comportements dont certains se développent organiquement et d’autres sont façonnés par le langage et la culture. Au lieu de dire que le genre est une seule chose, commençons par le décrire comme une expérience holistique. »
Kate Bornstein, in Gender Outlaws: The Next Generation
Arrêtez de célébrer les massacres
Arrêtez de célébrer des noms
Arrêtez de célébrer des fantômes
Arrêtez de célébrer des dates
Arrêtez de célébrer l’histoire
La jeunesse trop jeune à votre goût
Insouciante et consciente
Sait
Depuis le temps que vous battez le rappel
Des souvenirs le Soldat Inconnu le Mausolée de X
Le machin de Y le cimetière de Z
Depuis le temps que vous écrivez les jours
Du calendrier avec du sang coagulé
Délayé
Délayé par les circonstances de la Circonstance
Ce sang coagulé
Venin de la haine
Levain du racisme
Je suis né en Allemagne nazie et moi en Amérique
Noir et moi en Afrique basanée et moi je suis
Pied-noir et moi Juif et moi on m’appelait Bicot
On en a marre de vos histoires et vos Idées
Elles
Rebuteraient tous les rats écumeurs de poubelles
Elle
N’oublie jamais la jeunesse malgré
Sa grande jeunesse mais
Elle a horreur des horreurs
Et les enfants d’aujourd’hui
Et ceux qui naîtront demain
Ne vous demandent rien
Laissez-nous laissez-les vivre
En paix
Sur cet îlot de l’univers
L’univers seule patrie
Ahmed Azzegagh
in Chacun son métier, 1966
Une belle collection hors des sentiers battus
à découvrir absolument !
Feu de tout bois de Murièle Modély, illust. Sophie Vissière
Instantanés de Myriam OH, illust. Silvère Oriat
Petite histoire essentielle de la futilité de Bruno Toméra, illust. Jean-Louis Millet
Printemps captif de Lionel Mazari, illust. Morgane Plumelle
Paraît que d’Heptanes Fraxion, illust. Jimmy Fortier
La cloche a sonné d’Aline Recoura, illust. Ludo Godot
Des ombres et des anges de Josette Soulas Moyes, illust. Philippe Chevillard
Plus de détails ici :
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/delits-buissonniers/
à commander aux éditions NOUVEAUX DÉLITS
10 € + port 3 €
Règlement par chèque ou virement
Des ombres et des anges
de Josette Soulas Moyes
J’avais en moi
L’appui sans faille d’un ami
Le temps
Il m’a tenu la porte ouverte
Appris à voir à dire
À deviner et à comprendre
Il m’a tenu la tête droite
Lorsque j’ai traversé les corridors du vent
M’a appris à tisser le sombre avec le clair
Tisser le doux avec l’amer
Il m’apporte aujourd’hui
Son chemin de lumière
Les ombres et les anges
Enfin réconciliés.
Josette Soulas Moyes est née le 25 décembre 1942. Vous avez pu la lire pour sa toute première publication dans le n° 76 en octobre dernier et c’est une immense émotion et une immense joie, pour moi comme pour elle, d’avoir pu donner naissance à ce recueil magnifique.
Illustrations originales de Philippe Chevillard
28 pages agrafées, tirage numéroté sur papier 100 % recyclé
10 € + 3 € de port à commander à l’Association Nouveau Délits
Si je dois mourir
tu dois vivre
pour raconter mon histoire
pour vendre mes effets
et acheter une étoffe
et quelques ficelles
(une étoffe blanche avec une longue traîne)
pour qu'un enfant quelque part à Gaza
en regardant le paradis dans les yeux
guettant son père parti dans un brasier
sans dire adieu à personne
pas même à sa chair
pas même à lui-même
voie le cerf-volant, mon cerf-volant tout là-haut
que tu auras fabriqué, volant tout là-haut
et pense un instant qu'un ange est là
ramenant l'amour
Si je dois mourir
fais que cela apporte de l'espoir
que ce soit un conte
Refaat Al Areer, poète palestinien, professeur de littérature anglaise, mort à Gaza sous les bombes dans la nuit du 7 au 8 décembre.
NON À LA GUERRE, À TOUTES LES GUERRES ! STOP !
à tire d’aile, septembre 2023
Chaque tome fait 52 pages agrafées comme le premier
imprimé sur papier recyclé 80 g et 250 g calcaire pour la couverture
chaque exemplaire est numéroté et signé
avec dans le tome 2, deux illustrations originales de François Pouch
12 € chaque nouveau tome
+ port pour un tome : 2,50 €
pour deux : 4 €
Offre spéciale pour les trois tomes : 40 € port compris
Pour commander voir en fin de revue
Parution le 1er février 2023
2014-2022
"Parfois, j’ai des orgasmes de nature qui m’ouvrent le cœur en deux comme une graine mûre. Je suis l’arbre, la mésange, la grenouille, le nuage, la pluie, l’orage, je pourrais dévaster un bureau de pôle emploi, en faire une jungle pleine de feuilles, de cris et de fouillis odorant. Où est la case poète ? S’il n’y a plus de place pour les arbres, les plantes, les oiseaux, les animaux, il n’y en a pas non plus pour les enfants, les mystiques et les poètes, tout ça c’est la même chose, tout ça est connecté directement à la source, la source vitale, la source de toute chose. Pur ressenti, pure perception en résonance avec le monde des formes mais en totale inadéquation avec celui des normes et des apparences. Il n’y a pas de mystère, tout est mystère et la normalité est une affreuse invention, réduction, supercherie."
à tire d'ailes toujours, 52 pages bien remplies, agrafées,
papier recyclé à 100 %
mon illustration en couverture : "Dans la chair", 2023
12 € + 3 € de port, à commander directement : mc.gc@orange.fr
Si nous restons prisonniers de nos vieux critères, il n’y aura aucune issue. Remettre en cause la croissance illimitée, la prédation décomplexée, la xénophobie revendiquée, l’indifférence assumée, l’arrogance affichée, demande bien plus qu’une évolution : il s’agit de changer de paradigme. C’est toute notre image du monde qui est ici en jeu. Il ne saurait être suffisant, ni même signifiant, d’inventer de nouvelles manières de satisfaire nos vieux démons : il est vital de réenchanter un tout autre « habiter l’espace ». Qui ne renie ni les savoirs ancestraux ni les découvertes scientifiques. Mais qui s’autorise - à titre expérimental - toutes les ruptures, toutes les fractures. La langue n’est pas neutre : renommer la croissance du PIB en « taux de divergence suicidaire » aurait sans doute quelques conséquences sur nos ressentis, nommer « autoterrorisme intérieur » notre décision implicite de n’offrir aucun avenir vivable à nos enfants pourrait éveiller quelques consciences. Les mots comptent. Le poète ne se laisse pas intimider par la dictature malveillante d’une pensée oppressive qui tue chaque possible alternative avant même son éclosion. Comprendre et clamer que le réel pourrait être autre, esquisser l’inchoatif des ramifications avortées, exhiber les modes des mondes manqués constitue le cœur dur de la poésie en acte. Le poète refuse l’unicité du prisme. Même s’il est révolutionnaire, même s’il est solidaire, même s’il est salutaire. User d’une seule grille de lecture relève nécessairement d’une atrophie radicale. Le subtil démissionne dès que le pullulement est réfuté. Le monde est « plus d’un » de dedans et la pensée échoue tout autant quand elle gomme la multiplicité que quand elle omet la déconstructibilité. Les résistances poétiques doivent maintenant se disséminer, se déterritorialiser, se chaotiser, se diffracter et s’infecter mutuellement. Il est question d’écriture mais aussi de pensée, de regard, de ressenti, de geste, d’engagement, de désir, de plaisir. Le vivre poétique est tout sauf triste, étriqué et nostalgique. Il est transgressif, précis et aventureux, par essence. Il peut aussi devenir enchanteur, libérateur et salvateur. Par choix. »
Aurélien Barrau - extrait de son intervention à Résistances poétiques, débat qui a réuni Edgar Morin, Isabelle Autissier et Erri de Luca, le 6 novembre 2019, lors du Forum Libération « Finance solidaire : des idées et des actions pour changer la société » à Paris.
Délit buissonnier n° 6 sorti le 1er juillet 2022 !
*
elle dit non à l’institution
on lui reproche son manque de travail d'équipe
ça dégénère dans sa tête
elle comprend qu’on lui demande de pallier
toutes les incompétences et défaillances
elle est coincée
on lui parle de professionnalisme
de laisser ses émotions de côté
quand pendant deux ans tout le monde semblait
ravi que la maîtresse sorte des cadres affectifs
donne à la petite fille ce qu'elle ne trouvait nulle part d'autre
tout le monde semblait content d'avoir la paix
de cette petite fille comprise au moins par une personne
la maîtresse
c'est pour ça qu'elle décide de changer de métier
*
illustrations originales de Ludo Godot
tirage numéroté
56 pages agrafées
imprimé sur papier Keaykoulor calcaire
100 g & 250 g 100 % recyclé
10 € +3 € de port, à commander à
l’Association Nouveaux Délits
sens pratique
il n’y a que la pratique
et une infinité de voies
s’étirer comme
racines et chat
*
énergie
penser
c’est vibrer
*
folie
nous ne sommes pas folles
nous sommes peut-être
folles de douleur
mais pas plus
44 pages, agrafées
tirage limité, numéroté et signé
Édité et imprimé par l’auteur
sur papier luxe 100 % recyclé
Dépôt légal : décembre 2021
8 € + 2,30 € de port
dispo sur commande auprès de l'auteur
contact : mc point cg arobase point orange
illustration de Jimmy Fortier
paraît que t'es naïf en amour
paraît que t'as besoin de sentiments pour niquer
paraît que t'es qu'un connard mesquin
paraît que t'as besoin d'être reconnu dans ta vérité
paraît que chez toi ça sent pas vraiment le poète obscur
paraît que t'as une voix à vendre de l'huile d'olive
paraît qu'il faut que tu sois un peu plus humble
paraît que tu chausses comme Michel Platini
paraît que t'es l'heureux papa d'une IVG et d'une grossesse extra-utérine
tirage numéroté, 32 pages agrafées, papier 100 % recyclé
10 € +2 € de port
à commander à l’Association Nouveaux Délits
Délits buissonniers est une collection de tirés à part de la revue Nouveaux Délits
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/delits-buissonniers/
*
« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.
Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.
Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité, et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie.
Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des informations et des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.
On mettra la sexualité au premier plan des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté, de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »
Sagesse et révolte, Serge Carfantan – 2007
www.philosophie-spiritualite.com
En septembre dernier, est sorti un nouveau recueil chez Nouveaux Délits
PREUVES INCERTAINES
de Jean-Louis Millet
avec 15 illustrations originales de l’auteur
"Titubant dans l'escalier liquide
des rails luisants du tram T3,
un bel ivrogne nommé Désir
voyage aux portes de la nuit.
Oiseau nocturne à bec de bois
il brûle de la grande soif amère
et mord la pluie,
une pluie lasse de pleuvoir.
Sa solitude hirsute transpire
en mille éclats de visages fatigués
dans le miroir de l’incognito."
Édité et imprimé par l’Association Nouveaux Délits
sur papier calcaire 100 g, couverture 250 g, 100 % recyclé
12 € + 2,50 € de port
à commander à l'Association Nouveaux Délits
Letou - 46330 St CIRQ-LAPOPIE
Poèmes de Lionel Mazari
écrits sous confinement entre le 17 mars et le 19 avril 2020
« alors...
plutôt que d'écouter couiner les ambitieux,
que la crise épidéconomique,
— hélas vécue comme une épreuve
par nous, véritables mortels —
stimule et extasie,
j'ai ce jour d'huis préféré
profiter de l'arrêt cardiaque du monde
et de la suspension de son souffle,
pour lire, bercé anesthésié
par cette nouvelle musique de danse macabre,
quelques poèmes de Nuno Judice ;
puis tout en sirotant un citron chaud
édulcoré au miel de sapin,
ce jour d'huis préféré,
tandis que tournoyaient dans le ciel gris doux
dépourvu d'effets dramatiques
quelques corbeaux émoustillés,
voir merles et pies, brindilles au bec,
préparer leur nid,
sans se soucier de notre mort,
parmi des explosions de pâquerettes
et l'éclosion de trois tulipes. »
tirage numéroté, 40 pages agrafées
papier calcaire 100 g. couverture 250 g. 100 % recyclé
Illustrations en couverture : Morgane Plumelle
10 € +2 € de port, à commander à
l’Association Nouveaux Délits – Letou – 46330 St Cirq-Lapopie
"Nos soignants, ces Héros ? Je suis un poil agacée d'entendre partout que nous sommes des héros. C'est encore une manière de chercher à l'extérieur de soi une solution, un réconfort. C'est faire porter aux soignants une responsabilité qui n'est pas la leur, c'est donner son pouvoir à quelqu'un au lieu de trouver le sien à l'intérieur. Nous ne sommes pas des sauveurs. Les soignants font leur travail (dans de très mauvaises conditions, je vous l'accorde) et je pense que pas un n'essaie de le fuir mais le fait parce que c'est la place qu'il a choisie, sans se sentir héroïque, mais responsable. Au lieu de chercher des héros à l'extérieur de soi, il est urgent de le retrouver en chacun de nous. Ce qui me semble tout aussi héroïque, c'est de continuer à sourire en faisant ses courses, c'est de maintenir une atmosphère sereine dans nos foyers, c'est de faire confiance, trouver sa place et trouver un sens. Les éboueurs continuent de ramasser nos ordures, les femmes de ménage nettoient nos hôpitaux, les agriculteurs font pousser nos légumes, les parents élèvent leurs enfants, les artistes créent, la liste est longue.... Trouvons chacun notre place, profitons-en pour en changer si celle que nous avons ne fait plus sens. C'est bien de remercier, c'est même salutaire, c'est bien d'être encouragé mais je vous conseille aussi de vous remercier et vous encourager vous-même. Si chacun prend la responsabilité de son bien-être intérieur, si chacun prend soin de soi, cela aidera les soignants et tous ceux qui prennent soin de vous à la place qu'ils occupent. Quand nous applaudissons le soir à nos fenêtres, applaudissons l'entière communauté, applaudissons chacun d'entre nous pour que nous devenions plus responsables, solidaires, aimants. Devenons tous des héros pour nous-mêmes."
Magali Roussilhe, médecin généraliste
© Jean-Paul Gavard Perret
Quarante-huit ans passés, plus envie de faire semblant. C’est quoi une femme à quarante-huit ans passés ? C’est quoi une femme seule à quarante-huit ans passés ? Plus d’un an que je n’ai pas été touchée dedans, pire encore : ça fait longtemps qu’un homme ne m’a pas donné envie d’écrire.
J’ai eu l’art de m’être laissée mal choisir. On appelle ça des expériences, mais c’est juste parce que j’ai mis trop longtemps à me rencontrer pour de vrai. Est-ce que quarante-huit ans passés, c’est enfin la maturité ?
C’est un âge où certain-e-s ressentent le besoin de mentir, mentir sur leurs rêves, mentir sur leur corps, sur les traces que la vie y a laissé, sur la graisse qu’on a tassé pour se protéger, d’autres justement, n’ont plus envie de mentir. Un besoin de vérité, de nudité, de douceur, d’un authentique jus de vie : être aimé vraiment, aimer vraiment. Avec outrance, avec sagesse, avec puissance, avec lenteur, avec autant de subtilité que d’intensité, avec du rire et de la poésie, avec de l’audace et du tournis, parce qu’Éros versus Thanatos, là ça ne rigole plus.
C’est un âge où on se dit que si à vingt ans on avait su tout ce qu’on savait maintenant… Et on préfère ne rien s’en dire.
C’est un âge où soudain on n’a plus envie d’attendre, plus envie d’être fidèle à son malheur. Un âge de volcan qui n’a pas dit son dernier mot.
Cathy Garcia Canalès, octobre 2018
Comme une vaillante petite tailleuse de livres, je vous en sors deux d’un coup ! Et c’est dans la posture du grand écart que je fais moi aussi ma rentrée littéraire, avec deux livres aux antipodes l’un de l’autre : un dur et un doux, un noir et un lumineux, un grave et un léger, un engagé enragé et un tout délicieux sans danger pour le lecteur, ce qui n’empêche l’humour dans le premier avec les superbes illustrations originales de Joaquim Hock — l’Illustre Illustrateur Attitré de cette revue que l’on retrouve aussi avec une vive joie dans ce présent numéro — et de la profondeur dans la légèreté du second : toutes ces nuances humaines.
Donc, en même temps que Pandémonium II présenté dans ces pages, paraît aussi Toboggan de velours, qui comme son nom l’indique vous invite à vous laisser glisser les yeux bandés. Poèmes d’atmosphère, douceur, magie, mystère et quelques piquants soyeux d’impertinence. D’un format vertical cette fois de 32 pages et accompagné de collages en couleur de l’auteur.
« Glissade vers la nuit
ses rivages de velours
son écrin de pluie
toute chaude d'amour
se saisir de la chair
y sculpter le plaisir
descendre vers la mer
abreuver son désir
et rejoindre l'Éther »
En savoir + sur ses deux parutions sur : http://cathygarcia.hautetfort.com/
Tous mes livres auto-édités sont fabriqués et imprimés par mes soins, exclusivement sur du papier 100% recyclé haut de gamme.
Tirages entièrement numérotés.
illustration : Pierre Rosin
Qui a fait le monde ?
Qui a fait le cygne et l’ours noir ?
Qui a fait la sauterelle ?
Je veux dire cette sauterelle-ci — celle qui a bondi hors de l’herbe,
celle qui mange du sucre au creux de ma main, qui bouge ses mandibules de gauche à droite, plutôt que de haut en bas — qui regarde autour d’elle avec ses énormes yeux compliqués.
La voilà qui lève ses pâles avant-bras et se nettoie soigneusement la tête.
La voilà qui déploie ses ailes, et s’envole au loin.
Je ne sais pas exactement ce qu’est une prière.
Mais je sais comment prêter attention, comment tomber dans l’herbe, comment m’agenouiller dans l’herbe, comment flâner et être comblée, comment errer à travers champs,
ce que j’ai fait tout au long de la journée.
Dis-moi, qu’aurais-je dû faire d’autre ?
Tout ne finit-il pas par mourir, trop rapidement ?
Dis-moi, qu’entends-tu faire de ton unique, sauvage et précieuse vie ?
Mary Oliver (1935 - 2019)
in La journée d’été
Ce premier livre édité par BUzo, l’association qui porte la Nuit de la Poésie de Crest, est un ouvrage collectif, un livre de solidarité vendu au profit du collectif allexois de solidarité avec les réfugié.e.s.
Parution 8 janvier 2019
56 pages
15 € (+ 2,10 de port)
Préface d’Emily Loizeau
Textes de : Cathy Garcia, Grégoire Damon, Colette Daviles-Estinès, Abdellatif Laâbi, Julie Rossello-Rochet, Alissa Thor, Chloé Landriot, David Myriam, Claire Rengade, Marlène Tissot, Stéphanie Quérité, Samuel Gallet, Claire Audhuy, Julio Serrano Echeverría, Rafael Cuevas Molina, Rodrigo Arenas Carter, Alberto Blanco, Laurence Loutre-Barbier, Serge Pey, Snayder Pierre Louis, Baptiste Cogitore, Laura Tirandaz.
Traductions : Laurent Bouisset / Illustrations : Julien Sibert, Simon Fuste et Noémie Ségala / Graphisme : Noémie Ségala / Ouvrage collectif rassemblé par Samaël Steiner
À commander à BUzo 9 rue Gustave André, 26400 CREST
https://www.nuitdelapoesie-crest.fr/edition/
Petite histoire essentielle de la futilité
textes de Bruno Toméra
illustrations originales de Jean-Louis Millet
« Au retour dans la bagnole, intercalé dans la file des pressurés
l'humanité klaxonnait, gueulait, les bras au ciel, pressés
de se jeter corps et âmes dans d'autres emmerdements.
Le connard de derrière habillé en voiture dernier cri
gesticulait dans le rétro, le poing brandi.
Garde toujours le piaf des urgences dans ton cœur
Garde toujours le piaf des urgences dans ton cœur.
Que je me suis dit. »
40 pages agrafées
tirage numéroté sur papier calcaire 100 % recyclé
90 g et couverture 250 g
10 € + 2 € de port
à commander à l'Association Nouveaux délits
http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/delits-buissonniers/
La simplicité joyeuse et volontaire, comme je la vis et l’ai vécue avant même de l’avoir nommée, c’est de savoir apprécier ce qu’on a, quels que soient nos moyens, et ceci sur tous les plans. Pas dans l’idée d’une discipline qu’on s’impose, d’une vertu à cultiver, non, pas d’efforts qui finiront par nous dégoûter, nous révolter et nous faire retomber plus bas qu’au départ, c’est vraiment autre chose. C’est une sorte d’initiation à l’essence du plaisir. C’est d’abord apprendre à regarder les choses à la loupe et à amplifier nos sensations. Lorsqu’on passe près d’une plante à toutes petites fleurs, souvent elle est tellement insignifiante qu’on ne la remarque pas ou à peine, mais si on prend le temps de se pencher et de la regarder de près, alors se révèlent des trésors de nuances, de finesse, de beauté. C’est pourquoi j’aime faire de la macro en photo. En macro une punaise devient un joyau, mais la macro, c’est aussi une façon de voir que l’on peut appliquer à tous les domaines de notre vie. Pas seulement pour aller remuer ce qui ne va pas, ce qui manque, ce qui fait mal, ça en général on sait tous le faire et il faut parfois le faire, mais il faudrait aussi le faire pour aller arroser les minuscules graines de joie inconditionnelle qui n’attendent que notre attention pour s’épanouir. Alors, ça ne veut pas dire se forcer à être d’un optimiste béat ou se voiler la face, bien au contraire, plus on sait apprécier le minuscule, plus on voit aussi la moindre petite ombre triste de ne pas être prise en compte elle aussi, car la vie est faite d’ombres et de lumière et nous avons à apprendre des deux. Les deux sont nécessaires pour prendre conscience, terme emprunté au latin classique « conscientia », la « connaissance en commun », donc quelque chose qui va au-delà de l’individu, quelque chose que nous partageons et que nous devons chacun alimenter autant que possible, afin que l’humanité dans son ensemble puisse évoluer. Ainsi la simplicité joyeuse et volontaire pourrait s’apparenter à une sorte de travail d’alchimiste : en plongeant dans l’infiniment petit, on dégage les éléments les plus élémentaires du réel et il nous est alors possible de transformer le plomb en or. (…)
La simplicité ce n'est pas seulement faire des choses mais c'est aussi et surtout ÊTRE. Faire autant que possible des choix qui nous permettent d’être plutôt que de paraître et/ou d'avoir (deux redoutables diktats), donc que ce soit sur le plan pratique et matériel ou moral, toujours se poser la question de l'utilité, du sens de ce qu'on l'on fait, de ce que l'on achète, de ce que l'on possède, de ce que l'on pense, de ce que l'on dit. L'utilité d'une façon très vaste et le sens et l'impact des choix que nous faisons, comment nous utilisons notre temps et quelle place nous laissons dans notre vie pour l'essentiel. Ce qui veut dire déterminer déjà qu'est-ce qui est réellement essentiel pour nous et là nous trouverons ce qui est essentiel communément à la plupart des êtres humains et puis ce qui nous est essentiel à nous tout personnellement et particulièrement, et pour déterminer cela il faut se connaître, au-delà de ce que nous avons appris, au-delà de ce que nous pensons devoir être ou faire, au-delà de ce que nous pensons devoir prouver et au-delà des attentes que nous pensons être les nôtres ou celles des autres qui nous entourent et de la société elle-même.
Cathy Garcia Canalès
Vous pouvez lire l’intégralité du texte ici http://conscienceauquotidienaccompagnementpersonnalisepourconsommeraut.hautetfort.com/
Paru en octobre dernier
SURSIS
Treize micro-fictions poétiques, bizarres, décalées, dérangées… Dérangeantes ?
« Je l'observe avec étonnement et soudain, je vois ses lèvres venir s'écraser contre le rempart de verre et son regard virer au gris. Je la vois se retourner sur elle-même, cette crispation soudaine qui ne trompe pas. Je me demande, l’espace d’un instant, si elle pourra obtenir rapidement son sursis, puis je m'éloigne, je voudrais profiter du mien. »
10 € + 1,50 de port
neuf collages originaux (impression nb)
28 pages agrafées
papier 90 g calcaire,
couverture 250 g calcaire
100 % recyclé
autoédité à tire d’ailes
De cet ouvrage, a été réalisé un tirage de tête (épuisé) limité à 13 exemplaires, numérotés et signés avec illustrations en couleurs. Ces collages de format A4 sont maintenant en vente. Visibles sur http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com/
Nouveaux Délits - Janvier 2018 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Illustrateur : Arnaud Martin Correcteur : Élisée Bec http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com
Instantanés
de Myriam OH (Ould-Hamouda)
avec des illustrations de Silvère Oriat
Extrait :
« je me fous du temps qu'il fait
de ce que raconte la une des journaux
de ta manie de parler et y perdre celui que tu es
je me fous de ces combats
qui te font veiller tard ou bien lever tôt
le monde appartient à ceux
qui s'octroient le droit de le quitter un peu
je me fous de la pluie
je me fous du beau temps
de la morale qui frappe à ma porte
je me fous de tes paupières qui tombent
je me fous de l'ombre qui les souligne
pourvu que ton regard brille
assez pour que je m'y envoie en l'air »
Des textes qui bousculent, qui réveillent, qui claquent au vent comme le pavillon pirate de la vérité toute crue, une vérité pleine d'amour pourtant, car on ne peut aimer véritablement que ce que l'on accepte pleinement, sans décorum, sans artifice : la vie, les gens, ces autres nous-mêmes, tels qu'ils sont, tels que nous sommes. CG
44 pages agrafées
tirage limité et numéroté
sur papier recyclé offset 90 gr - couverture calcaire 250 gr
10 € - port offert
À commander à l’Association Nouveaux Délits
Létou 46330 St Cirq-Lapopie
poèmes écrits entre 1990 et 2013 illustrations originales (encres) de l'auteur
petites fictions qui parlent de mort,
drame, tristesse, solitude
édité, imprimé et agrafé par l’auteur
Tirage limité et numéroté
sur papier 90gr calcaire couverture 250 gr calcaire 100 % recyclé
à commander directement à l‘auteur 10 € (+ 2 € pour le port)
&
Bonzaïs hallucinogènes ou nano-histoires sans les nains
suivi de Conne plainte du poète
aux éditions Gros Textes
Illustrations originales (collages) de l'auteur
affreurismes loufoques et plus si affinités
« LE CŒUR Il faut le faire battre tant qu’il est chaud »
54 pages au format 15 x 10 cm
6 € (+ 1 € de port – port compris à partir de l’achat de 2 exemplaires)
Temps modernes
Cette année je ne sortirai pas de sa boîte la petite maison de bois
Sa mousse ses décors son étoile
Ma joie d’enfant de la dresser
Les Rois Mages ont été retenus à la frontière
Pour trafics divers
Et renvoyés dans leur pays on ne savait pas trop lesquels
Alors on a choisi à pile ou face la Syrie ou le Yémen
L’Âne est parti à l’abattoir pour faire des hamburgers
Le Bœuf tire des chariots de cuir au Bangladesh
À Joseph on a dit
Qu’on n’était plus pour le rapprochement familial
Et Marie a fait une fausse couche dans la jungle de Calais
Le Berger s’est pendu à cause de ses dettes c’était
Un berger grec
Il restait le Ravi mais il gênait la bonne société
Il ne gênera plus ils l’ont interné bien attaché
Il rit maintenant dans du capitonné
Cette année
Je ne sortirai pas de sa boîte la crèche
Je la laisse avec l’illusion du printemps qui renaît
Avec l’hospitalité avec la tendresse,
Rangée dans le grenier, pour les dents des rats.
sont nés en juillet dernier,
une collection de tirés à part inaugurée par
Feu de tout bois
de Murièle Modély
illustrations de Sophie Vissière
"ils lancent leurs yeux sur moi
comme une lame
je sens leur rayon laser
leur récit fulgurant
jaillir
sous le derme
je sens remonter les picotements
l'emballement lyrique qui peine
à restituer d'un poème le scintillement
des étoiles du trou noir de leur cornée"
52 pages agrafées
tirage limité et numéroté sur papier recyclé
10 €
à commander à
Association Nouveaux Délits
Létou
46330 St Cirq-Lapopie
Nouveaux Délits - Octobre 2016 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Illustratrice : Dona Vieru Correcteur : Élisée Bec
pour Aimé Césaire
J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs souliers
dans leurs smoking
dans leur plastron
dans leur faux-col
dans leur monocle
dans leur melon
J’ai l’impression d’être ridicule
avec mes orteils qui ne sont pas faits
pour transpirer du matin jusqu’au soir qui déshabille
avec l’emmaillotage qui m’affaiblit les membres
et enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe
J’ai l’impression d’être ridicule
avec mon cou en cheminée d’usine
avec ces maux de tête qui cessent
chaque fois que je salue quelqu’un
J’ai l’impression d’être ridicule
dans leurs salons
dans leurs manières
dans leurs courbettes
dans leur multiple besoin de singeries
J’ai l’impression d’être ridicule
avec tout ce qu’ils racontent
jusqu’à ce qu’ils vous servent l’après-midi
un peu d’eau chaude
et des gâteaux enrhumés
J’ai l’impression d’être ridicule
avec les théories qu’ils assaisonnent
au goût de leurs besoins
de leurs passions
de leurs instincts ouverts la nuit
en forme de paillasson
J’ai l’impression d’être ridicule
parmi eux complice
parmi eux souteneur
parmi eux égorgeur
les mains effroyablement rouges
du sang de leur ci-vi-li-sa-tion
Léon-Gontran Damas, poète guyanais, 1937
Ce poème est extrait de
Comme on pourrait dire d’une façon assez réductrice que le sculpteur est l’artiste de la forme, le peintre celui des couleurs, le musicien celui des rythmes, le poète est l’artiste du langage. Mais de même que la couleur n’est pas enfermée dans un tableau, la poésie n’est pas enfermée dans un livre.
Il y a deux voies dans l’art, deux voies qui peuvent converger et souvent pour le meilleur: une voie artisane, technicienne, qui vise une certaine perfection dans la répétition du geste, une amélioration de la technique et une voie plus intuitive, plus chamanique, quand l’artiste devient une sorte de capteur. Lui-même ne sait pas trop ce qu’il capte, mais il tente de le retranscrire en formes, couleurs, sons ou langage, ou tout à la fois. L’artiste est un médium – un moyen – d’entrer en résonnance avec l’Universel. Tous les peuples, toutes les cultures sont entrées en résonance avec l’Univers à travers leur créativité, bien avant même que n’intervienne le concept d’art ou d’artiste. Tous ont confectionné de leurs mains de beaux et parfois étranges objets, pas pour les exposer mais pour les utiliser. Cette beauté et cette étrangeté, c’est ce qu’on pourrait appeler l’âme des objets. De même, tous les peuples n’ont pas eu de littérature, mais tous ont une poésie, comme l’avait très justement dit Victor Hugo.
La poésie est un art holistique, elle est toute à la fois musique, peinture, sculpture, son matériau ce sont les mots, dont elle utilise avant tout l’impact vibratoire, le sens en est parfois pulvérisé pour devenir essence. La poésie est vibration et exaltation de tout ce qui ne peut être expliqué par les mots, mais seulement perçu et parfois percé par eux.
cg, 18 août 2015
(c) Jacques Cauda
GEORGE
Nous grattons tous des étiquettes, ma petite fille… Et quand on a gratté la peau, quand on a percé le cuir, toute la graisse, fouillé à travers les muscles et farfouillé à travers les organes (à NICK)… quand ils existent encore… (à HONEY) et quand on arrive enfin jusqu’à l’os… vous savez ce qu’on fait ?
HONEY (très intéressée)
Non.
GEORGE
Quand on arrive à l’os, il y a encore tout un travail à faire. (Il pointe un doigt, un léger temps, sadique.) Hé !... c’est qu’à l’intérieur de l’os il y a quelque chose qui s’appelle… la moelle… et c’est la moelle qui est bonne, délicieuse ! ... C’est ça qu’il faut extraire.
Edward Albee
in Qui a peur de Virginia Woolf ? (1962)