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LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS - Page 12

  • Soliflore 40 - Nicolas Mangialomini

     

    RIDEAU ROUGE

                                                    

      Derrière le rideau rouge, je les entends respirer,

    Les temples d’Angkor… Ils ne les ont pas visités,

    Car ce sont les ruines de ma peau brune qu’ils sont venus piétiner.

     

      Derrière le rideau rouge, des militaires en peine et des frustrés à soulager.

    Des pères de familles schizophrènes à la perversité inavouée,

    Suant leurs sécrétions hormonales dans un rêve de carte postale.

       

    Derrière le rideau rouge, les porcs ont des passeports

    Veines violacées aux violences d’opiacées,

    Cauchemars en rose bonbon, j’entends rire les démons.

    Et de mes orifices béants de tout leurs vices,

    S’écoule le fruit de leurs appendices.

     

      Objet de délices,

    Objet de supplices,

    Déposé sur ce lit, inerte et seule,

    Je suis une princesse drapée dans un linceul.

    Et sur ce plafond au miroir fendu,

    Des larmes sans retenue,

    Roulant sur mon visage sans âge,

    Notre jeunesse formée par leurs voyages.

     

      Derrière le rideau rouge,

    La joie d’être une fille,

    Une fille sans joie,

    Une poupée exotique prête à l’emploi,

    Un jouet cassé qu’on ne peut réparer,

    Savourez le fordisme à la sauce épicée,

    Nettoyez ! Javellisez ! La chaîne de l’amour doit être relancée…

     

     

     

  • Ça va aller, tu vas voir de Christos Ikonòmou

     

    trad. grec Michel Volkovitch

    Quidam Editeur 3 mars 2016

     

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    218 pages, 20 €

     

    Ces histoires si sombres devraient susciter en nous un cafard profond. On découvre peu à peu pourtant que leur nuit est sourdement éclairée, écrit Michel Volkovitch, leur traducteur, dans sa postface. Et bien, tout dépend de la distance que le lecteur saura mettre entre ces seize histoires, peut-être une seule, et sa propre vie, car elles sont tellement réalistes, tellement sans fard, de si crues banalités, que la seule flamme finalement ne serait-elle pas la flamme littéraire, qui peut permettre à l’auteur d’éclairer son sujet sans sombrer lui-même ? Car ces histoires peuvent – devraient – plomber le lecteur, qui au fur et à mesure qu’il avance, s’alourdit du poids de ces existences qui n’ont plus d’horizon.

    Toutes ont pour point commun le Pirée et ses quartiers populaires, une île aussi en face du port, et une maison qu’un couple doit quitter, exproprié par l’inexorable avancée d’une nouvelle route. Rouleau compresseur, c’est ça dont il est question, de personnages qui tentent désespérément d’échapper au rouleau compresseur, au concasseur de vies, concasseur de sens… La crise, mot fourre-tout, mot d’excuse pour dire système corrompu, système mortifère, système ultra libéral, ultra violence.

    « Jour et nuit je vois des hommes brisés par le boulot. Des hommes fatigués, effrayés. On dirait qu’on ne peut plus travailler sans peur. On dirait qu’on n’est plus payé pour vivre mais pour avoir peur ».

    Et encore, beaucoup ne sont même plus payés. Pas d’espoir, juste la survie, tenir, tenir, et l’angoisse perpétuelle.

    Toutes ces existences sont au bord de l’abîme, dans ce pays à sac, et il n’y a guère plus que ce qu’il reste d’amour et d’amitié, de solidarité, le peu de chaleur humaine sauvée du désastre, pour donner un peu de lumière à la nuit de plus en plus noire. Ça va aller, tu vas voir. Car la force qui réside dans ce peu de lumière, est de celle qui a permis à l’humanité de se relever du pire, encore et encore. La force du fragile, la force du faible, la force des perdants. L’humain a cette capacité de s’accrocher à la moindre paille en imaginant qu’elle est une poutre d’acier. La force de l’imagination, la force du rêve. Ou des cauchemars.

    Et pourtant le couple y est fragile aussi, le manque total d’argent tue tout élan, tout désir, on s’accroche, on tient mais le désespoir à l’intérieur fait des ravages. Concasseur. Le rêve, le fantasme deviennent presque des hallucinations. Ils participent à la survie, se raconter des histoires devient une nécessité. Sinon on se fracasse, nu, à toute vitesse contre le mur du réel.

    L’entraide dans l’épreuve, ce n’est pas partout, ce n’est pas tout le temps. Ici nous sommes en Grèce, un peuple, une histoire. La solidarité n’y est pas encore juste un slogan, la solidarité sans emphase entre pauvres, bien-sûr, entre ceux qui tombent, juste on sait ce que c’est, on n’en rajoute pas. On se serre les coudes, littéralement, autour d’un feu dans la nuit glaciale, à trois heures du matin, pour être en tête de la file d’attente quand la Sécu ouvrira ses portes, « des employés ou des ouvriers à la retraite, pas rasés, usés. (…) C’étaient cinq hommes et en même temps cinq numéros ».

    Ça va aller, tu vas voir est de ces livres dont on réalise la qualité une fois qu’on en est sorti, car le lire est tout sauf un divertissement, mais Christos Ikonòmou a su distiller avec le talent qui fait les grands écrivains, l’implacable réalité, par petite touches, goutte à goutte, en donnant à ces personnages une grande dignité, une sorte de calme qui n’est pas de la résignation, mais un calme qui peut parfois être assez terrifiant. Cette sorte de calme avec lequel un père avale cinq grands clous au procès de Pétros, son fils coupable d’avoir voulu humer la richesse, de l’avoir suivie simplement jusque devant chez elle pour la voir, la sentir, demander après un coup de trop à dormir une nuit au fond d’un jardin de luxe.

    « C’est bizarre d’être pauvre, a dit Pétros, c’est comme si tu étais un de ces pingouins qu’on montre à la télé qui voient les glaces fondre autour d’eux et qui savent pas où s’accrocher ni comment échapper à cette folie et la peur qu’ils ont les jette les uns sur les autres pour se bouffer ».

    Cette sorte de calme, ou d’hébétude peut-être, avant la folie, avant que ça ne craque pour de bon. Mais une vraie dignité oui, habite toutes ces personnes qui voient leur vie partir par petits bouts, comme ce muret que chaque nuit, des inconnus viennent démanteler, pour en emporter quelques pierres taillées, alors que pourtant y’a des gens qui habitent encore ici.

    Et on entend en écho la voix de la Grèce : « Petit bout par petit bout ils me prennent tout ».

     

    Cathy Garcia

     

     

     

    christos ikonomou.jpgChrìstos Ikonòmou, né à Athènes en 1970, est journaliste. Il est l’auteur de trois recueils de nouvelles traduits en plusieurs langues : Femme derrière les barreaux (2003), Ça va aller, tu vas voir (2010, Quidam 2016), et Les bienfaits viendront de la mer (2014). Ça va aller, tu vas voir a reçu le Prix d’État pour la nouvelle et a été traduit en italien, en allemand, en espagnol et en anglais (USA). Certaines des nouvelles d’Ikonòmou ont été adaptées au théâtre et au cinéma. Les bienfaits viendront de la mer paraîtra en 2017.

     

     

     

  • Le ciel déposé là, Jean Baptiste Pedini

     

     

    Édition L’Arrière-Pays, juin 2016

     

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    54 pages, 9 €.

     

     

     

    Jean-Baptiste Pedini écrit comme un peintre, à petite touches, de bleu, de noir, d’aube et de lumière, avec des cristaux de sel et des étoiles qui traversent la nuit « à toute allure, suspendues à la tyrolienne du ciel », le ciel déposé là non sans quelques éraflures, angoisses, diffuses toujours, mais d’autant plus tenaces.

     

    « Les mots comme des entailles sur les nuages. On les dit à voix basse. On y tient. Le matin sort les griffes. »

     

    On retrouve ici la mer, dont le ressac donne le rythme, vide, plein, vide, plein. Dans l’écriture de Jean-Baptiste Pedini, il y a comme des trous sous la trame où quelque chose est tapi, quelque chose attend et cette sensation contraste avec la douceur apparente du peintre à petites touches. Le calme semble toujours sur le point d’accoucher.

     

    Il y a la musique des mots, enfilés les uns après les autres, les uns aux autres, des perles sur un collier aux reflets changeants, toutes aussi précieuses les unes que les autres et pas une de trop. C’est beau, comme des bulles qui « vont dans le ciel, reliées en un chapelet d’ombres ». Tellement beau qu’on se laisse bercer et que le sens qui demeure toujours un peu comme caché, voilé, nous importe moins que cette berceuse qui va chercher nos douleurs, nos malaises, tout ce qu’on ne sait pas trop dire alors on ne le dit pas, et la musique nous berce sans pour autant effacer totalement l’inquiétude.

     

    Il y a de la solitude dans l’écriture de Jean-Baptiste Pedini, une distance qui permet au regard de voir, de sentir, un pas de côté qui parle aussi à notre propre solitude, celle inhérente à la condition humaine, seule et reliée, comme ces perles sur le fil du collier. Le fil, l’âme qui respire sous l’eau du poème.

     

    Dans Le ciel déposé là, Jean-Baptiste prend la lumière au bout de ses pinceaux, « une lumière monocouche qui en recouvre tous les recoins » ou qui « entre goutte à goutte pour surprendre l’enfance » et l’ombre jaillit alors aussi de toute part car « la lumière est friable, l’obscurité la réconforte ».

     

    Un antidote au quotidien, cette lumière ocre que l’on prélève tel un sérum.

     

    Pour échapper à l’ennui peut-être, chaque instant est comme sacralisé, happé dans une transcendance alors que rien pourtant ne demeure figé, car il faut « vider le jour cul-sec. En sentir les dépôts tandis que la mort presse ».

     

    Cathy Garcia

     

     

    201607201223-full.jpgJean-Baptiste Pedini est né en 1984 à Rodez. Vit et travaille en région toulousaine. Publications dans de nombreuses revues dont Décharge, Voix d'encre, Arpa, N4728. Des livrets publiés chez Encres Vives, Clapàs, – 36° édition et La Porte. Bibliographie : Prendre part à la nuit (Polder, 2012), Passant l'été (Cheyne éditeur, Prix de la vocation, 2012), Pistes noires (éditions Henry, 2014), Plein phare, Éditions La Porte, 2015.

     

     

     

  • Seul le bleu reste de Samaël Steiner

     

    estampes de Judith Bordas, éditions le Citron Gare, juin 2016

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    87 pages, 10 euros.

     

    Une traversée, voici ce qu’évoque ce recueil de Samaël Steiner. Ombre et lumière tissées par une langue dense et sensuelle. Traverser et être traversé et Seul le bleu reste. Des villes, des lieux, traversés par des corps, des corps qui marchent, des corps qui glissent, « Nous allons ensemble,/la rue n’est plus bordée de portes/mais de larges entailles, par lesquelles on peut se glisser/et apparaître ailleurs et autrement », des corps qui se touchent, des corps et des êtres que seul un voile de peau sépare, des corps qui se désirent, des êtes qui s’aiment, des corps ouverts souvent comme des fruits ou des poissons, des corps qui tombent, des corps comme des morceaux de pays traversés de guerre. « les corps sont là/la tête traversée » comme celle du danseur de la place Maïdan : « Il danse, /il a un trou rouge à l’arrière de la tête. » Ces corps « dont ne reste plus que cet amas de nerfs, noués et cette peau qui sans ton être n’est même pas le début d’un tambour » car voilà, le corps ne se suffit pas, il doit être habité, comme est habité ce recueil, habité d’âme et d’un cœur qui bat pas seulement pour lui-même, mais aussi et surtout pour l’autre. « Ton bras est ouvert tout le long de la rue, les passants longent tes veines pour rejoindre le fleuve. »

     

    Et la parole elle-même est traversée, transpercée, poésie vêtue de jour et de nuit, de vie et de mort, qui puise à même les peaux et les os, en elle toutes frontières, limites, se dissolvent et le cœur de ce recueil tissé de routes et de passerelles, c’est bien ça, un chemin allant de l’unicité à l’union, l’universel « simplement un homme pour traverser la nuit » et qui dit union, dit aussi perte et séparation, le corps de l’autre et la maladie et la mort dans le corps de l’autre, et toujours l’amour, l’amour qui éblouit et bouleverse le lecteur, tout particulièrement dans les derniers poèmes du recueil. « Je t’aime avec tendresse,/je t’aime à retourner une ville »

     

    Et seul le bleu reste, magnifique, sombre et lumineux à la fois, comme le sont les estampes de Judith Bordas qui l’accompagnent.                  

     

    CG

     

    arton414-9cb40.jpgSamaël Steiner est auteur à la fois pour le théâtre, la poésie et des enregistrements radiophoniques et éclairagiste (formé à l'ENSATT de Lyon pour le théâtre également, la danse et le cirque) deux pratiques qui se nourrissent l’une l’autre. Sa rencontre avec l'auteur, acteur et metteur en scène André Benedetto à qui est dédié ce recueil, fut décisive, autant pour le théâtre que pour la poésie. Ses précédents recueils ont été publiés dans de nombreuses revues, en France et à l'étranger. Vie imaginaire de Maria Moline de Fuente Vaqueros, récit poétique, est paru aux éditions de l'Aigrette en mars dernier. Seul le bleu reste est son deuxième livre.

     

     

     

     

  • NUMÉRO 55

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     Oct. - Nov. - Décembre 2016

     

    Nous sommes chacun comme un écran tout sauf blanc, sur lequel les autres viennent projeter leurs propres films. Parfois les superpositions s’harmonisent plutôt bien, peuvent être source d’inspiration, de joies, d’illuminations, mais trop souvent, cela ne créé que confusion, malentendus, cacophonie, indigestions. Dans ce cas, il est parfois préférable et même nécessaire de baisser l’écran, éteindre les projecteurs. Se recentrer sur soi, pas de façon obtuse et égoïste, mais pour aller chercher en soi cette source où se dissout toute image préconçue. Tout simplement parce que nous sommes chacun bien plus qu’une somme de projections et que nous ne pouvons servir de support permanent à tous ceux qui ne se connaissent qu’au travers d’écrans interposés et qui peuvent de ce fait vite paniquer, se montrer intolérants, vindicatifs, quand ils ne reconnaissent pas leur propre film, leur propre scénario sur les écrans des autres. Les couleurs, la luminosité, le son, ne leur conviennent pas, ils voudraient pouvoir tout régler, contrôler. Chacun de nous le voudrait.

     

    Après les éblouissements de l’été, l’automne est la saison pour entamer ce lent repli sur soi, pour nettoyer écran et projecteurs, laisser partir ce qui doit partir, laisser sève et énergies redescendre pour mieux se concentrer, se régénérer, puiser à cette source en nous qui n’a rien à voir avec le mental, les désirs, les peurs et les aspirations égotiques. Une source qui, tout comme la poésie en amont du langage, met en résonance l’intérieur et l’extérieur.

     

    Un poème naît du frottement des mots entre eux, le poète peut faire naître l’étincelle qui fera prendre feu au langage tout entier. Éclairer, réchauffer, consumer s’il le faut. Si le sens d’un mot est perverti, la poésie peut le réduire en cendres. Sensations, émotions, sentiments, autant d’argiles à modeler et à cuire. Toutes les formes sont possibles, simplement certaines seront plus solides que d’autres et tiendront plus longtemps, mais tout est voué à se briser et retourner à son état originel. La création est recommencement perpétuel et donc destruction perpétuelle. Le cœur en bat le rythme, la respiration harmonise. Un cycle, un cercle, une spirale.

     

    Cette source en nous qui sait, saura alors nous faire jaillir en de nouveaux printemps, à chaque fois plus riches, plus fertiles d’un humus qui nourrit nos racines. D’innombrables racines entremêlées, enlacées, qui font de chacun de nous un être à la fois unique et profondément relié aux autres.

     CG

     

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    AU SOMMAIRE

     

     

    Délit de poésie :

     

    Luminitza C. Tigirlas, faiseuse de vagues

    Lionel Mazari, des extraits de l'impossible séjour

    Stéphane Casenobe

    Sandra Lillo

    Laurent Bouisset

     

    Résonance :

     

    Seul le bleu reste de Samaël Steiner, Citron gare éd. 2016

    Le ciel déposé là, Jean Baptiste Pedini. Éd. L’Arrière-Pays 2016

    Ça va aller, tu vas voir, Christos Ikonòmou, Quidam éd. 2016

     

     

    Délits d’(in)citations épinglés au coin des pages.

    Vous trouverez le bulletin de complicité dont le fantasme le moins secret est de se voir rempli, à la sortie.

     

     

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     Illustratrice : Doina Vieru

    doinadoina2000@yahoo.com

     

    Artiste roumaine-francophone perchée sur une montagne à Quito qui préfère pas/pas/passionnément l’image à la parole et tout cela malgré des crises de bartlebysme. Entre « I would prefer not to », crayons, papiers, pvc ou métal et d’autres instruments pointus, le jeu reste l’éternel préféré. Curriculum vitae sérieux et œuvres sur : www.doinavieru.com

     

     

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    Correcteur de ce numéro : Elisée Bec 

     

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    En évoquant le miel le plus secret de la poésie, nous touchons ici un domaine où il n'y a rien à comprendre rationnellement, mais tout à vivre intuitivement. Le sentiment de l'Absolu ne se définira jamais. Il est vécu ou il n'est pas vécu. Tout rationaliste ne verra là qu'illusion ou absurdité. Il n'est pire sourd, dit-on, que celui qui ne veut pas entendre. Mais la question est plus radicale : N'entend pas celui qui n'a pas le pouvoir d'entendre. Trop d'êtres humains sont hélas des huîtres scellées : jamais la lumière ne pénètre à l'intérieur.

    Michel Camus

    in Transpoétique. La main cachée entre poésie et science

     

     

  • Les délits buissonniers

     sont nés en juillet dernier,

    une collection de tirés à part inaugurée par

     

    Feu de tout bois

     

    de Murièle Modély

     

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    illustrations de Sophie Vissière

     

     

     "ils lancent leurs yeux sur moi

    comme une lame

     

    je sens leur rayon laser

    leur récit fulgurant

    jaillir

     

    sous le derme

     je sens remonter les picotements

    l'emballement lyrique qui peine

     

    à restituer d'un poème le scintillement

    des étoiles du trou noir de leur cornée"

     

     

      52 pages agrafées

    tirage limité et numéroté sur papier recyclé 

     

    10 €

     

    à commander à

    Association Nouveaux Délits

    Létou

    46330 St Cirq-Lapopie 

     

     

     

    Nouveaux Délits - Octobre 2016 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Illustratrice : Dona Vieru Correcteur : Élisée Bec  

     

     

        

     

     

     

  • Soliflore n°39 - Florent Chamard

     

    Désillusion

      

    Le bonheur est une larme suspendue
    que je gouterai demain
    qu’importe les mises à nu
    qu’on me tende la main
    désormais je m’acclimate
    aux demi-mesures
    aux cieux écarlates
    puisque rien ne dure… rien ne dure…

     

    Ainsi donc je prends mon temps
    celui qui reste et qui ne compte pas
    à quoi bon espérer le printemps
    quand on sait jouir des morsures du froid
    tout est affaire de météo
    et de dents qui claquent
    tout est affaire d’écho
    du berceau à la plaque… à la plaque…

     

    Combien peu de mésaventures réelles
    quand on y regarde de près
    ce soir est trop souvent fait de celles
    qu’on oubliera au lever
    et l’importance que je donne à mon sourire
    qu’arrive le meilleur
    qu’arrive le pire
    toujours me soulève le cœur… me soulève le cœur…

     

    Ce qu’on perd compte bien plus qu’on le croit
    lorsque j’ai mille ans
    c’est à elle que je le dois
    cette mémoire des os ou du sang
    et la lassitude vient
    comme meurt l’enfant
    et ma solitude peint
    ton regard brillant… ton regard brillant…

     

    Ma volonté n’est pas ailleurs
    que dans ces mots maladroits
    chercher son bonheur
    retrouver goût à la joie
    je ne connais rien de plus con
    l’innocence ne se joue pas
    on tue un jour ses illusions
    et ne s’en relève pas… ne s’en relève pas…

     

     

    http://autresfragments.wordpress.com

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Feu de tout bois de Murièle Modély, collection Délits buissonniers n°1, juillet 2016

    COUV 1.jpg

     

    52 pages agrafées

     

    tirage limité et numéroté

    sur papier recyclé  

    offset 90 gr

    couverture calcaire 250 gr

     

    illustrations originales en nb de Sophie Vissière

    http://www.sophievissiere.com/

     

    texte de Murièle Modély

    http://l-oeil-bande.blogspot.fr/

     

     

    Ici Murièle Modély nous fait partager une forme de stupéfaction, nous fait voir à travers son regard un peu décalé..., aiguisé, perçant, son humour un peu noir et ici avec un amour fou, ses enfants qu'elle observe aller et venir, vivre, rire, questionner et l'engloutir. Poésie intimiste, poésie du quotidien qui prend chez Murièle quelque chose de quasi fantastique, organique, un peu terrifiant et on s'en régale, ça gicle, ça remue, du vivant sans retenue qui fait, oui, feu de tout bois.

     

     

      

    "ils lancent leurs yeux sur moi

    comme une lame

     

    je sens leur rayon laser

    leur récit fulgurant

    jaillir

     

    sous le derme

     

    je sens remonter les picotements

    l'emballement lyrique qui peine

     

    à restituer d'un poème le scintillement

    des étoiles du trou noir de leur cornée"

     

     

     

    Jeu_s-vissiere.jpg

    10 €

    port offert

     

    à commander à

    Association Nouveaux délits

    Létou

    46330 St Cirq-Lapopie

     

     

     

     

  • Petit clin d'oeil de JJ Dorio à Nouveaux Délits

     

     

    JE ME SOUVIENS DE L’AVENIR

    Je me souviens de l’Avenir couché sur papier kraft

    Je me souviens du Lot gagné à Saint-Cirq Lapopie

    Je me souviens du Bas Breton et de la sandale grecque

    Je me souviens du fil rouge que nous tisserons toute une nuit de mai à l’hôtel André Latin

     

    Je me souviens du Quai Voltaire qui prit son envol 13 ans après la mort d’Arouet

    Je me souviens de ma disparition qui n’aura pas lieu d’être

    Je me souviens de notre vie commune sous les pavés de notre amoureuse plage

    Je me souviens de l’Avenir

     

    http://dorio.blog.lemonde.fr/2016/07/22/je-me-souviens-de-lavenir/

     

     

     

     

     

     

     

  • Christian Saint-Paul parle du n°54 sur Radio Occitania

     

    Cathy Garcia poursuit inexorablement son sacerdoce de revuiste et fait paraître le n° 54 de « Nouveaux Délits » revue vive de poésie et dérivés avec le même succès : illustrations remarquables, qui font un peu de la revue un petit livre d’artiste pour les bourses modestes, sommaire toujours original, en phase avec le monde.

     

    Cathy Garcia, poète, revuiste, photographe, blogueuse, plasticienne s’exprime par tous ses arts et demande à être écoutée et entendue au sens plein du terme.

     

     
    "Nouveaux Délits""Diérèse"Jacques Canut et l'invité Jean-Michel TARTAYRE qui venait de faire paraître chez N&B :
     "Vers l'été , suivi de Fractions de jour".
     
     
    Ecrire c'est éprouver et c'est changer, assure Adonis. Il dit aussi : "l'Occident ne cherche plus la culture, la lumière, l'avenir, le progrès. Il cherche l'argent."
    Va-t-il changer ?"
     
     
    Vous pouvez écouter l'émission en cliquant sur : http://les-poetes.fr/son/2016/160421.wma
     
     
     
     
  • Feu de tout bois de Murièle Modély inaugure la collection Délits buissonniers

    La revue Nouveaux Délits lance

    Délits buissonniers

    une collection de tirés à part pour des auteurs choisis

    ayant déjà été publiés dans la revue

    et c'est avec une grande joie qu'elle annonce la parution au 1er juillet de

     

    COUV 1.jpg

     

    52 pages agrafées

     

    tirage numéroté

    sur papier 100 % recyclé  

    offset 90 gr

    couverture calcaire 250 gr

     

    illustrations originales en nb de Sophie Vissière

    http://www.sophievissiere.com/

     

    texte de Murièle Modély

    http://l-oeil-bande.blogspot.fr/

     

     

     

      

    "ils lancent leurs yeux sur moi

    comme une lame

     

    je sens leur rayon laser

    leur récit fulgurant

    jaillir

     

    sous le derme

     

    je sens remonter les picotements

    l'emballement lyrique qui peine

     

    à restituer d'un poème le scintillement

    des étoiles du trou noir de leur cornée"

     

     

     

    Jeu_s-vissiere.jpg

    10 € + 2 € de port

     

     

    à commander à

    Association Nouveaux délits

    Letou

    46330 St Cirq-Lapopie

     

     

     

     

    ps : il y eut un précédent, qui ne fut tiré qu'à titre privé, en décembre 2006, un recueil de 15 pages : Trouble en moyenne parole qui portera désormais le numéro 0 de cette collection, en hommage à son auteur, Pierre Colin.

     

     

     

     

  • Délit d'orthographe !!!

    Alors donc, ce numéro 54 (merci à l'amie et abonnée qui me l'a signalé) est un peu beaucoup truffé de fautes (cela concerne trois auteurs en fait), et une citation d'Octavio Paz, où il faudra lire

    dis-moi, jarre brisée, tombée en pousière, dis-moi,

    la lumière nait-elle d’un os frotté contre un autre

    et non pas "n'est elle", faute donc à la femme orchestre - dénommée moi-même - à qui elles ont échappé, pourtant j'en avais bien attrapé quelques-unes déjà, sans parler du correcteur automatique qui lui apparemment n'en fout pas une, donc mea culpa..... MAIS s'il vous plait, les auteurs RELISEZ-VOUS aussi, plutôt trois fois qu'une, avant d'envoyer vos textes, cela soulagera la femme orchestre qui commence à prendre de l'âge, et donnera plus de cachet tout de même à vos textes...

     

    MERCI !!!

     

     

  • Résonances 54

    Bienvenue à Calais – Les raisons de la colère, textes de Marie-Françoise Colombani, dessins de Damien Roudeau

    Actes Sud, février 2016

     

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    56 pages, 4,90 €.

     

     

    Un petit format, des textes et des croquis sur le vif, 56 pages et il pèse des tonnes ce carnet, des tonnes de gâchis, des tonnes d’espoir, des tonnes d’injustice et d’absurdité, un peu de rêve, beaucoup de désillusions. Des élans aussi, nombreux, de la bonté, de la solidarité, pour porter tout ça, pour sécher la boue et les larmes, adoucir un peu la cruauté, mais pas la cacher non, bien au contraire, et c’est la raison d’être de ce livre dont les bénéfices et droits d’auteurs seront reversés à l’Association l’Auberge des migrants* : montrer sans fard, exposer « les raisons de la colère », refuser la honte, dénoncer l’intolérable, sortir des chiffres et des termes génériques : migrants, réfugiés, ou le moins connu « dublinés » - qui pousse de nombreuses personnes à brûler ou mutiler l’extrémité de leurs doigts afin d’effacer leurs empreintes - pour mettre des noms sur des visages, des personnes, des parents, des enfants, des adolescents, des jeunes étudiants, des boulangers, des avocats, des profs, des commerçants…. Et raconter quelques éclats de vie, qui trop souvent sont des morts absurdes, atroces…. Impardonnables.

     

    Bienvenue à Calais oui, ce sont d’abord des chiffres. 2015, 1 million de personnes se réfugient en Europe en passant par la mer, 3735 : le nombre de morts ou disparus.

     

    Bienvenue à Calais c’est aussi la démonstration d’un gouvernement impuissant, qui improvise, et celui-là ou un autre, ça serait du pareil au même, voire pire : désorganisation, des pansements ci et là sur des plaies non nettoyées, et surtout aucune notion de la dignité humaine, aucune. Une seule de ces histoires que pourrait vous raconter un homme, une femme ou un enfant, piégé à Calais, devrait suffire à ce que tout, absolument tout, soit fait pour, au cas par cas, trouver des solutions honorables. Impossible n’est pas français disait-on à un moment, et bien faut croire que si.

     

    6000 personnes, c’est le nombre de personnes qui étaient dans la jungle en octobre dernier, sans compter tous les autres camps dits « sauvages ». 6000 personnes, 120 latrines. La « jungle », c’est 17 hectares dont une bonne partie en zone Seveso, avec un vent quasi permanent, l’humidité. Au Centre Jules-Ferry, dans la « jungle », 60 douches, une à deux heures d’attente, 6 minutes chacune. Les conteneurs chauffés et éclairés installés en camp grillagé à l’intérieur de la « jungle », contiennent chacun douze personnes en lits superposés, 1,16 m2 par personnes, mais aucun lieu abrité pour faire la cuisine, pas de douche, 80 toilettes pour 1500 personnes.

     

    Parfois plus de 10000 kms parcourus, dans des conditions effroyables, pour rester bloqué à 30 km du but : l’Angleterre. 38 pour cent de personnes ayant de la famille là-bas, de quel droit les empêche t’on de les rejoindre ? Si les lois étaient appliquées, les mineurs devraient y être autorisés d’office, mais la loi n’est pas appliquée et les mineurs disparaissent ou meurent écrasés. Un grand nombre de personnes entassées à Calais parlent Anglais, langue qui se targue d’être une des plus parlées au monde. Chaque pays redoublant d’efforts dans la non-hospitalité, mis à part peut-être l’Italie et la Grèce aux premières loges et à qui on n’a aucune leçon à donner, où iriez-vous à leur place ? Quelque part où l’on vous comprenne non ? Est-ce si difficile à comprendre ? L’horreur que toutes ces personnes fuient et ont le droit de fuir, laissant derrière elles tout ce qu’elles avaient et beaucoup de morts aussi, d’êtres chers massacrés.

     

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    Pour des Syriens le passeur demande 3000 euros pour aller de Calais en Angleterre, pour des Érythréens c’est 700… Combien coûte un aller simple par l’Eurotunnel ? On ne compte plus le nombre de personnes écrasées par des poids-lourds, électrifiées dans le tunnel.

     

    Leurs actes désespérés ne sont pas le fruit d’un déséquilibre, d’un caprice, risquer la vie de ses enfants, de ceux que l’on aime, sa propre vie, ne se fait pas à la légère, est-ce si difficile de se mettre à leur place ?

     

    Bienvenue à Calais raconte la vie qui s’organise tant bien que mal, les bénévoles, les associations, sans qui la « jungle » serait définitivement un enfer, des gens formidables, une école, une bibliothèque, des repas, des activités, de l’accompagnement, des soins, des personnes qui prennent des risques aussi, risquent l’illégalité au bénéfice de l’hospitalité, de l’humanité, des sourires, de belles histoires donc mais tellement de violence aussi, car toutes les personnes en difficultés attirent toutes sortes de prédateurs, ainsi un nombre grandissant de mineurs isolés ont totalement disparus.

     

    Il faut lire ce livre, il faut le faire lire, même s’il est désespérant, s’il déborde de drames et de souffrances qui auraient pu être évités, qui auraient dû être évités et qui doivent cesser.

     

    Elle est afghane. Elle s’est enfuie avec son mari et ses deux enfants. Sur le bateau qui les emmenait en Grèce, on lui a ordonné de faire taire son bébé sous peine de faire repérer l’embarcation. Elle l’a serré très fort contre elle, il est mort étouffé. Elle n’a pas voulu jeter son corps à l’eau. La nuit, pendant son sommeil, le passeur l’a fait. Il s’est trompé : c’est sa petite fille qui est partie à la mer.

     

    Cathy Garcia

     

     *http://www.laubergedesmigrants.fr/ 

      

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    marie-francoise-colombani.jpgMarie-Françoise Colombani est éditorialiste à ELLE et auteur, entre autres, de Pour l'amour de Massoud (XO, 2005) avec Sédiqa Massoud et Chekeba Hachemi et de Maintenant (Hachette Littératures, 2007), un livre d'entretiens avec Ségolène Royal. Elle a également participé à Millénium, Stieg et moi (2011).

     

     

    damien-roudeau.jpgNé en 1981, Damien Roudeau, originaire de Montreuil, dessinateur au profil atypique, diplômé en arts appliqués (école Estienne) et titulaire d'une maîtrise d'arts plastiques, est un « globetrottoir », un « reporter graphique ». Pourtant pas vraiment l'âme d'un grand voyageur, il réalise qu'on peut partir pour des territoires inexplorés, en prenant simplement le temps de s'arrêter au coin de sa rue. Il choisit dès lors de vivre en immersion, pour mieux les comprendre, dans des mondes présumés clos, ou nécessitant une initiation (tribus électroniques, communautés Emmaüs, groupes de sans logis, usagers de drogues, squatters...). Portraits Cachés, une relecture de la loi contre les exclusions (prix du jury Grands Reportages 2002). Quand il ne tient plus à sa table à dessin, il réalise des reportages dessinés ou en BD pour l’édition, la presse (Le Monde, Casemate, Mag de la Seine Saint Denis), les associations (Aides, Médecins du Monde, Asud, AFR...) ou dans le cadre de résidences. Il est notamment associé au collectif Argos, rassemblement de dix rédacteurs et photographes engagés dans le journalisme documentaire.