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LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS - Page 14

  • "Mon sublime ordinaire" à Théminettes

                                            

    Les textes de Fanny Sheper ont été publiés pour la première fois dans le numéro 44 (janvier 2013) de la revue Nouveaux Délits et par la suite un spectacle est né de la rencontre de la poète et une danseuse.

    Aussi j'ai le grand plaisir de me joindre à La compagnie Ligne Mouvante pour vous inviter à découvrir son spectacle "Mon sublime ordinaire" le samedi 14 mars à 19h dans la salle de spectacle de Théminettes (Les Bourg, 46120 Théminettes).

    Réservation : lignemouvante@gmail.com

     

     

    Interview par Jean-Pierre Riu à écouter sur Antenne d'Oc - Figeac : http://www.antenne-d-oc.fr/article.php?id=129

     

     

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    "Mon sublime ordinaire" est une création pluridisciplinaire mêlant danse et poésie, dans une mise en scène théâtrale originale où la poésie du mouvement s'entremêle au rythme des mots. Ce spectacle donne ainsi reliefs et saveurs aux émotions de deux personnages ordinaires...et sublimes à la fois.
     
     
     Nous vous invitons à découvrir la compagnie via son site:
           www.lignemouvante.wordpress.com.
     
     
     
  • Numéro 50 lu par Didier Trumeau

    Je viens d’absorber la demie centaine de la revue de poésie vive et j’ai aimé. J’ai d’abord pensé que c’était un n° spécial poétesses et vu le niveau des dames je me frottais les mains des neurones puis j’ai continué la lecture et donc des poètes qui n’ont pas démérité  ont pris la suite et je n’ai rien regretté. La poésie comme la liberté n’a ni sexe, ni couleur, ni appartenance à un quelconque modèle, la poésie c’est une vague qui sans cesse recommence, semblable et différente à la fois. Et puis tes citations qui renvoient sans cesse à l’éternité et à l’universalité de la poésie sont l’illustration parfaite qui complète les superbes dessins de Joaquim Hock. Et toujours la conclusion éclairée de dernière de couve qui clôt ce moment de bonheur partagé. Bravo.

     

     

     

     

  • Nouveaux délits N°49 (2014) lu par Georges Cathalo

     

    Guidée par un instinct très sûr, Cathy Garcia excelle dans l’art du revuiste d’investigation pour dénicher des poètes rares et originaux. Ici, avec Thomas Sohier peu lu mais déjà maître d’une écriture assurée, Patrick Devaux, poète belge dont la poésie s’apparente à celle de Guillevic et Jean-Jacques Dorio dans une écriture « à sauts et à gambades » dans le sillage d’un Montaigne finalement très actuel. Plus surprenants encore, les écrits du jeune Paul Fréval (né en 1978) où l’on devine le penchant prononcé pour une oralité où le poème s’accomplit. Suit encore une expérience d’écriture de poèmes « pour deux voix et deux mains » entre Pascale de Trazegnies et Cathy Garcia dans une originale recherche poétique qui mériterait d’être poursuivie. Enfin, avec Cyril C. Sarot, on se trouve face à quelqu’un qui d’emblée déclare ne pas se considérer comme un écrivain. Précaution bien inutile car les neuf pages ici proposées nous prouvent le contraire. Comme toujours, Cathy Garcia parsème chacun de ses numéros de citations diverses ; cela va d’Anouilh à Werner Lambersy, et de Borgès à Noël Godin l’entarteur. Belle palette éclectique à l’image d’une revuiste de haut-vol.

     

     

     
  • La Patagonie de Perrine Le Querrec

     

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    Préface de Jean-Marc Flahaut, Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, novembre 2014.

      

    Lire Perrine Le Querrec c’est prendre un risque, prendre le risque de se faire engloutir. Les mots ici deviennent matière, tantôt gluante, paralysante, tantôt rêche, étrangleuse, tantôt lourde, étouffante, tantôt acérée, tranchante, de la matière sombre, grouillante et tremblante, puis soudain ils ont des ailes et tentent de s’échapper vers la lumière. Vers la Patagonie.

     

    Ou bien ils s’écrasent. La pâte-agonie.

     

    Il y est question d’enfance, de violence, de peur et de désespoir ravalés, d’extrême solitude. « Son enfance sent toujours le carnage ». Quelque chose qui ne se voit pas de l’extérieur, quelque chose que l’on peut trimballer en soi toute une vie, qui nous dévore de l’intérieur et personne ne s’en aperçoit. Personne ne s’en est jamais aperçu. Alors les mots tentent de donner consistance à cette grande béance, de faire apparaître l’indicible, l’invisible, tentative qui elle-même écartèle : faire à la fois apparaître et disparaître à jamais. Fuir.  « Il ne faut pas fermer la porte mais la claquer derrière soi et partir pour toujours ».

     

    Les mots deviennent des encres à colorer le silence pour y faire apparaitre les non-dits, « la parole interdite embusquée derrière la porte close/la parole refusée bâillonnée en-dedans au dehors », des acides pour dissoudre ces murs qui retiennent les secrets qui rongent l’âme, des chimies diverses et variées pour que remontent de sous la terre tous les cadavres enterrés, les vers dissimulés. Toute la saleté enfouie.

     

    On n’est pas dans l’écriture, on est dans l’alchimie, pour dégager la pierre passée au cou de celle qui se noie sans eau, pour dégager la pierre à écrabouiller le cœur. On ne lit pas Perrine Le Querrec, on avale, on mâche une réalité qu’elle nous enfourne, bouchée après bouchée, une réalité figée comme « sauce froide sur les tripes abandonnées dans l’assiette. »

     

    De la douleur brute, interdite, non autorisée, non accueillie, à laquelle les mots ont ordre de donner forme, pour avoir prise sur elle, pouvoir la saisir à pleines mains et la briser, la détruire, l’achever en pleine tête.

     

    Être fillette, puis femme, puis mère, la fillette enfermée dedans. Les nœuds gordiens de la famille. Le passé, le présent et le futur «l’effort du restant de sa vie ». Et ce sentiment de décalage permanent avec le dehors, avec l’autre. Incompréhensible. Alors il ne faut pas que ça se voit : « Tu es dehors. La tête haute. Les gens te saluent. Tu es des leurs. »

     

    C’est cette chose avec laquelle on ne peut pas tricher qui donne tant de consistance, de densité, de force et de beauté, de magnificence même, à la langue de Perrine Le Querrec et la lire fait du bien. Peut-être pas à tout le monde, peut-être faut-il ce quelque chose en soi qui fait écho et que personne ne voit, dont personne ne s’est jamais aperçu. Un bien fou pour un mal fou. 

      

    Ce petit quelque chose qui remonte à la genèse de l’être et qui fait que l’on est toujours au bord et « pas de cou autour duquel elle pourrait jeter ses bras pour s’accrocher, comme en a droit toute personne qui se noie. »

      

    Toujours « trop près du bord. » et au loin pourtant, l’espoir encore d’une libre et vaste Patagonie.

     

    Cathy Garcia

     

     

     

    perrine le querrec.jpgPerrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Ses rencontres avec de nombreux artistes et sa passion pour l’art nourrissent ses propres créations littéraires et photographiques. Elle a publié chez le même éditeur Coups de ciseaux, Bec & Ongles (adapté pour le théâtre par la Compagnie Patte Blanche) et Traverser le parc. Elle vit et travaille à Paris comme recherchiste indépendante.

     http://entre-sort.blogspot.be/

     

     

     

     

  • Soliflore n°29 : Patrick Beaucamps

     

     

     

    La clé

     

    La clé de la maison.

    La clé que j’ai reçue pour mes onze ans.

    La clé qu’il ne fallait pas perdre.

    La clé qui devait pendre au crochet.

    La clé que j’ai bien cru avoir perdue.

    La clé que les locataires m’empruntaient.

    La clé qui m’accompagnait jusque l’internat.

    La clé de leur maison.

    La clé qui ne demandait qu’à s’échapper.

    La clé salvatrice de mes nuits d’ivresse.

    La clé dont je ne voulais plus entendre parler.

    La clé qui n’entre plus dans la serrure.

    La clé que je n’ai jamais perdue.

    La clé qui ne pend plus.

    La clé sans maison.

     

     

  • NUMÉRO 50



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    J’ai trop lu de poésie. Combien de fois le mot étoile, le mot lumière, le mot liberté ? Combien de fois l’amour, l’automne et la beauté ? Le souffle, la source et la vérité. Ces mots qui tournent dans une ronde folle, passent de bouche en bouche, de feuille en feuille. Combien de fois le feu et la fumée ? Les mots sont vains. Ce qui reste de la poésie quand on se tait, voilà sans doute, une question qui mériterait d’être posée. Que serait le poète sans les mots ? Un cœur palpitant arraché d’une poitrine, un sexe turgescent, une fontaine au creux d’une ravine ? Un soleil plongeant dans l’obscur des océans ? Que serait le poète sans ses mots, le peintre sans sa peinture ? Voilà ce qui m’intéresse aujourd’hui.


    Cg, extrait de À la loupe

     

     

     

    Évoquée par Basarab Nicolescu dans Nous, la particule et le monde, l'observation faite par le mathématicien français Jacques Hadamard sur la genèse de la création scientifique n'est pas sans évoquer la genèse de la création poétique. "Les mots, dit-il, sont totalement absents de mon esprit quand je pense réellement". Il est soudainement habité par une intuition sans mots. De son côté, Einstein dit ceci : "Les mots et le langage, écrits ou parlés, ne semblent pas jouer le moindre rôle dans le mécanisme de ma pensée". (…) La poésie ne travaille pas dans un champ clos, même si le langage est en lui-même un champ clos indéfini. Que sait-on de l'origine du langage ? Rien. La poésie est d'abord vécue dans une sorte de perception sans forme, silencieuse, mais illuminative. Ce n'est pas un savoir, c'est autre chose, c'est l'intuition donatrice originaire que l'espace de la poésie est infini, sans nom et sans fond, donc bien plus "fondamental" que n'importe quel niveau de réalité. Le paradoxe de la poésie c'est de faire allusion à la transparence de l'infini dans le fini avec-et-contre les mots de la tribu. Le champ de conscience de la poésie, c'est l'infiniment ouvert à l'intérieur de la langue comme un "trou" dans la langue.

    Michel Camus

    in Transpoétique. La main cachée entre poésie et science

     

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    AU SOMMAIRE

     

     

    Délits de poésie, plein !Colette Daviles-Estinès, Murielle Compère-Demarcy, Perrin Langda, Olivier Ragasol-Barbey, Marc Tison, Joël Jacquet, Ludovic Micheau, Gauthier Nabavian.

     

    Résonance : La Patagonie de Perrine Le Querrec

     

    Délits d’(in)citations, saupoudrage.

     

    Vous trouverez un bulletin de complicité au fond en sortant, très sociable. Il se multiplie très facilement et adore les nouvelles rencontres.

     

     

    Illustrateur, l’illustre : Joaquim Hock


    Peintre, dessinateur et écrivain wallon est né le Mardi 17 Phalle 101 du calendrier pataphysique (Ste Gallinacée, cocotte) fête suprême quarte. Au-delà de ses illustrations néo-délictueuses, il expose ses œuvres en Pologne, parfois ailleurs, et souvent chez lui. Il est l'auteur du roman L'intrus et du recueil de nouvelles Le grand Borborichon et autres coquecigrues parus aux éditions Durand-Peyroles et, ô miracle, toujours disponibles partout où on les trouve. Il est recommandé de visiter son blog :

     

    http://joaquimhock.blogspot.com

     

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    Vous trouverez entre les lignes de ce numéro 2015 vœux blancs à remplir de vos souhaits, rêves, désirs, terreaux, listes de courses, demandes en mariage, en divorce, panneaux publicitaires, prières, cacahuètes, couchers de soleil, cures thermales, antidépresseurs, élans solidaires, lancers de poids, coupons gratuits, musiques et utopies en tout genre, à vous d’en faire bon usage !


     


      

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    Il y a sur cette terre des gens qui s'entretuent ; c'est pas gai, je sais.
    Il y a aussi des gens qui s'entrevivent. J'irai les rejoindre.



    Jacques Prévert

     

     

    Nouveaux Délits  - Janvier 2015  -  ISSN : 1761-6530  -  Dépôt légal : à parution  -  Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable et correctrice pour ce numéro : Cathy Garcia Illustrateur : Joaquim Hock.


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    Chacun appelle “idées claires” celles qui sont au même degré
    de confusion que les siennes propres.
    Marcel Proust


     

     

     

       

  • Je vous salue névrosés !

     

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    Parce que vous êtes sensibles dans un monde insensible, n’avez aucune certitude dans un monde pétri de certitudes

    Parce que vous ressentez les autres comme si ils étaient vous-mêmes

    Parce que vous ressentez l’anxiété du monde et son étroitesse sans fond et sa suffisance

    Parce vous refusez de vous laver les mains de toutes les saletés du monde, parce que vous craignez d’être prisonniers des limites du monde

     

    Pour votre peur de l’absurdité de l’existence

    Pour votre subtilité à ne pas dire aux autres ce que vous voyez en eux

    Pour votre difficulté à gérer les choses pratiques et pour votre pragmatisme à gérer l’inconnu, pour votre réalisme transcendantal et votre manque de réalisme au quotidien

    Pour votre sens de l’exclusivité et votre peur de perdre vos amis proches, pour votre créativité et votre capacité à vous extasier

    Pour votre inadaptation à « ce qui est » et votre capacité d’adaptation à « ce qui devrait être », pour toutes vos capacités inutilisées

    Pour la reconnaissance tardive de la vraie valeur de votre grandeur qui ne permettra jamais l’appréciation de la grandeur de ceux qui viendront après vous

    Parce que vous êtes humiliés alors que vous veillez à ne pas humilier les autres, parce que votre pouvoir immense est toujours mis à bas par une force brutale; et pour tout ce que vous êtes capable de deviner, tout ce que vous n’exprimez pas, et tout ce qui est infini en vous

    Pour la solitude et l’étrangeté de vos vies

    Soyez salués !



    Kazimierz Dabrowski(1902 - 1980)

    psychologue, psychiatre, physicien, écrivain et  poète polonais

     

     

     

     

     

     


  • Soliflore n°28 : Miguel Coelho

     

     

                        cou          arrêté

     corps de tête
     où je me sais
     où je m'écris
      
    me tâte et ne me tais
     mais sais que j'existe
     mais sentir sans taire
     

       l'enterré vif

     la peau mise
     par incise
     

       corps de texte

     écrit dans la chair
     le nœud du temps
     bandant autour
     

     

                                       jusqu'au degré zéro de la sexualité

     

     

    extrait de Part de tête 

    http://www.ram05.fr/spip.php?rubrique115

     

     

     

     

     
     
  • Numéro 49, la revue du mois par Jacmo

    Novembre, c’est… 100ème revue du mois !

    NOUVEAUX DÉLITS n° 49

    La revue de poésie vive dirigée par Cathy Garcia touche à son numéro 50. Ce qui est un événement pour toute revue. Une raison de la saluer un rien à l’avance. 52 pages, papier recyclé, une couverture kraft, une présentation sobre… voilà qui en fait un trimestriel régulier et pas cher. Et qui se donne les moyens de durer. Nouveaux délits est repérable en particulier par le fait qu’elle soit truffée de citations en bas de page, qui font comme une respiration parallèle avec les textes principaux, un peu comme quand on lit, mais qu’on a en tête une pensée par ailleurs qui se balade et se combine avec le texte lu. Dans le même ordre d’idée, Cathy Garcia n’hésite pas à emprunter aussi une page complète chez un auteur connu, ainsi Sam Shepard pour l’édito ou Fred Vargas pour la quatrième de couverture. Voire une citation de Francis Blanche pour la dernière page. C’est cette liberté et cette ouverture qui font l’intérêt de cette revue originale. Au sommaire : Thomas Sohler, qui s’occupe des éditions Contre-Ciel, écrit dans la note qui est consacrée à chaque auteur : « J’aime la poésie qui prend aux tripes, celle qui va chercher ce qu’on a de plus profond en nous afin de le mettre face à notre conscience. » Il donne une écriture serrée et fervente. La pluie est dans nos vies / L’insecte dans nos veines // J’ai chaussé la pensée de l’imbécile / Et la mémoire du vieux… Ensuite Patrick Devaux qui présente une poésie lapidaire et verticale ouvrir / à nouveau / les volets / de bois // qui / scient / la lumière Jean-Jacques Dorio qui multiplie les références et les citations : Gaston Puel, Garcia Lorca, Octavio Paz, Borges… un peu comme ce que je disais à propos de la revue, en abyme. Paul Fréval ensuite, qui enregistre et retranscrit, ce qu’il appelle « Postpoèse ». Le deuxième exemple est trop répétitif et assommant, mais le premier, autour du rêve, avec deux angles ou deux versions différentes est très réussi. Puis un « poème pour deux voix et deux mains » signé par Pascale de Trazegnies et Cathy Garcia. Il est indiqué qu’il s’agit « d’une sorte de dialogue hypothétique avec une voix imaginaire. Et que la deuxième voix s’incarne et vient se glisser dans un nouveau jeu de miroir »… Chacune garde sa graphie. Cela donne curieusement un texte vif et nerveux à deux niveaux comme stichomythie au théâtre. Enfin Cyril C. Sarot qui donne des réflexions un peu tout azimut, comme dans un journal. Celle-ci : Il y a des mots que je trouve beaux esthétiquement, pour des questions de pure sonorité. Aruspice, anachorète, coquecigrue, picrocholine, épithalame… Une belle note critique de l’animatrice pour clore, et on peut remplir le « bulletin de complicité » !

    25 € / 4 n°. Létou – 46330 St-Cirq-Lapopie.

     

    http://www.dechargelarevue.com/revue_du_mois.htm

  • Soliflore n°27 : Ana Minski

     

    obstinément
    la tête
    battements jugulaire
    tendons et nerfs
    implosion

    sur le visage de métal et de silice
    plus de cercles et de chutes
    la bouche
    échappée des marges

     

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    Le ciel renversé, huile sur toile



    humaine encore
    aveuglée, éperdue...
    assaillie
    dévorée par des ciels sans lune
    dans des paysages d'ogre
    affamé de nuits
    de tempêtes et de déluges

     

    http://anaminski.eklablog.com/

     

     

     

     

     

     

  • Résonance 49

      

    Ed. Sulliver, septembre 2013

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    110 pages, 11 €.

     

      

    Les Chroniques du Diable consolateur est un monologue du Bourven, l’auteur, qui s’adresse ici à sa compagne de malfortune : « Je nous vois cernés et haletant dans ce grand lit, Inhès ». Inhès aux adorables petites fesses. Un monologue poétique tout sauf monotone, qui prend sa source dans la chambre et le quotidien d’un couple, artiste, rsa, taf alimentaire, galère… dans Paris, or si la poésie a souvent pour fonction de transfigurer, ici c’est une transfiguration inversée, vers la face obscure. En effet, ce récit se place sous le signe des Ombres et de la lune avorteuse, des nuits insomniaques et des sommeils bavards. Les Chroniques du Diable consolateur sont le livre des terreurs nocturnes mais aussi celui de la fureur, où l’auteur enchaîne des textes-spasmes, oniriques et hallucinés qui parlent de la Réalité-nuit (saturée d’Ombres perverses), entre bad-trip et delirium tremens, pour exorciser une Réalité-jour, bien pire encore. Réalité-jour que l’on me tend et que l’on voudrait m’imposer par la force où même les campagnes sont tristes, jonchées de cadavres de chevaux, de vaches et de vieillards aux dos tout tordus. C’est donc et surtout aussi un livre-colère contre une société et une époque qui ne savent procurer qu’angoisses destructrices et impuissance désespérée et même si l’auteur s’enfonce dans la nuit-foutre-fugue-nuit, cela ne suffit pas pour apaiser la colère et la trouille. Voyage entre deux mondes, « Voyageant d’une douleur à l’autre ! D’une jouissance à l’autre !  Avec au bout du Fleuve Noir, quand la Seine devient Styx, Pluton et Proserpine fornicateurs, faisant cargaison de chair fraîche à bord de leur sombre péniche.

     

    Yann Bourven dans la lignée des écrivains-poètes que l’on disait maudits, les visionnaires torturés, les mystiques contrariés, le regard exorbité sur l’invisible sans pour autant échapper à la merditude du réel, nous évoque des Baudelaire, Burroughs « J’étais là, une barre au crâne, comme nu, et les passants ressemblaient à des limaces géantes qui défilaient en rampant et en grognant dans la boue, survolées par des hiboux klaxonnant. » ou Lautréamont, Artaud, qui auraient longuement macéré à la sauce punk. « Non, je ne suis pas un ado attardé, merde !... ».

      

    « C’est l’avenir qui nous torture ».

     

    Le lit, le couple, le radeau de survie, le couple solaire malgré tout par opposition au couple maudit infernal et dévorateur, mais comment échapper aux cauchemars de la Réalité-jour sinon en se maudissant pour y échapper par la Réalité-nuit. « Caresse-moi et je te dirai comment je vomirai cette société et cette Europe mal famée. Je t’expliquerai ma politique sanglante, tu verras ! »  La Vraie-Vie ou le désert au bout du Fleuve Noir ? Lequel des deux est le pire ? Faut-il écouter Proserpine ?

     

    - Cette Vraie-Vie est un leurre ! Si tu restes ici je te prédis une vie bête et sans saveur ! Une vie de routine et d’asservissement, d’ennui et de surconsommation ! Sois mignon, reviens ! Allez ! Au pied ! Tu feras partie de ma légende putréfiée ! »

     

    Puisque Vie et Beauté sont tant malmenées dans la Réalité-jour aux écrans de nausée sexuelle, où l’amour balancé sur les trottoirs est dévoré par des chiensqui le chient quelques heures plus tard dans les jardins d’enfants,

     

    « C’est la nuit (pilotée par la lune avorteuse) qui nous intéresse ! La nuit qui nous hurle ses poèmes épileptiques ! »

     

    Et les amants s’accrochent l’un à l’autre. « Tes caresses sont précises et elles me lisent à tombeau ouvert. La mort, c’est ma peau que tu tends comme un voile dans la nuit. »

     

    Ce sont des enfants en « folles virées dans Tragédie City. Enfants dépourvus d’innocence qui partent en vrille ».

     

    « Nos noms s’affichent sur les murs de la ville froide. Avis de recherche. Perdus à jamais. Dans des nids de frelons. Dans la Réalité-nuit. On nous oubliera vite, tu sais. On nous oubliera. »

     

    Et les amants baisent et baisent encore, le sexe comme flambeau d’amour rédempteur, « Je ne débande plus, regarde-là, elle est dure comme du bois ! Tâte ces veines diurnes qui surgissent une à une gonflées à mort ! De vraies racines qui palpitent ! ». Sexe défonce, antidote au venin de la trouille, au feu dévorant de la rage, mais pas assez puissant puisque « L’homme tourne en rond dans la pièce, marche autour du lit en se grattant le menton, en se claquant les joues et en se grondant la bite. Puis il se jette par la fenêtre. »

     

    « Ci-gît l’espoir, ils ont assassiné la poésie-vérité ! me disais-je enfiévré. Ils m’ont eu, mais qui ? Qui tire les ficelles de la résignation ».

     

    Portrait sous acide-vitriol et paradoxalement extralucide de notre époque, où « des vigiles métalliques nous expliquent qu’ils lacèreront nos enfants si jamais nous en faisons », ne passez pas à côté de ces Chroniques du Diable consolateur qui sonnent comme une alarme salutaire de poésie-vérité.

     

      

    Cathy Garcia

     

     

     

    sans-titre.pngYann Bourven est un écrivain français né le 17 octobre 1978 à Rennes. Il a déjà publié Face à la Mer (2001), Mon Héroïne (2003), La Course Éperdue du Gosse Enflammé (2004) et Les Fantômes te détestent (2006), parus aux éditions Diabase. Puis : Le Dérèglement (2009), Maclow, Ville-Fièvre (2011) et Chroniques du Diable consolateur (2013), parus aux éditions Sulliver.

     

  • Numéro 49, délit de coquilles récidivistes !

    Décidément, un des auteurs publiés dans ce numéro Paul Fréval, a un quasi homonyme : Paul Féval, auteur également, défunt celui-là, qui a semé bien malgré lui la confusion.... et pas qu'une fois, c'est la multiplication des coquilles là ! L'auteur publié dans ce numéro donc est bien Paul Fréval et non pas un hommage à l'écrivain de cape et d'épées qui semble pourtant vouloir faire parler de lui...

    Le blog de Paul Fréval est donc bien http://frevalites.blogspot.fr/

    Pour me faire pardonner, je vous invite à aller voir les vidéos de Paul FRÉVAL que vous trouverez sur viméo et youtube, comme celle-ci :

     

     

    ou celle-là

     

     

     

     

     

  • NUMÉRO 49

     

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    Oct. nov. déc. 2014

     

     

    En guise d’édito :

     

    Le missionnaire européen était assis accroupi avec les Indiens Hurons en grand cercle autour d’un feu de camp. C’était une position à laquelle il n’était pas habitué, et il avait le sentiment qu’elle ne l’aiderait pas à convaincre les Indiens de partager son point de vue. Néanmoins il leur a exposé courageusement l’idée selon laquelle il n’était pas un mais deux. En l’entendant les guerriers ont éclaté de rire et ont commencé à jeter de gros bâtons et de la poussière dans le feu. Un étrange mélange de terreur et de ressentiment a alors envahi le cœur du missionnaire. Lorsque les rires ont cessé, il a poursuivi son exposé. Avec patience, il a expliqué aux sauvages que ce corps fait de chair et de sang qu’ils voyaient assis devant eux n’était qu’une coquille extérieure, et qu’en lui un corps invisible plus petit habitait, qui un jour s’envolerait pour vivre dans les cieux. Les Hurons ont gloussé de plus belle, en se faisant des signes de tête entendus tout en vidant les cendres de leurs pipes en pierre dans le feu crépitant. Le missionnaire avait le sentiment d’être profondément incompris, et était sur le point de se lever pour regagner sa tente, vexé, lorsqu’un vieil homme près de lui l’a arrêté en lui saisissant l’épaule. Il lui a expliqué que tous les guerriers et les chamans présents dans le cercle connaissaient l’existence de ces deux corps et qu’ils avaient également de petits êtres qui vivaient en eux, au cœur de leurs poitrines, et qui s’envolaient eux aussi au moment de la mort. Cette nouvelle a réjoui le missionnaire, et l’a convaincu que les Indiens étaient désormais sur le même chemin spirituel que lui. Avec un zèle renouvelé, il a demandé au vieil homme où, selon son peuple, ces petits êtres intérieurs s’en allaient. Les Hurons ont tous recommencé à rire, et le vieil homme a désigné du doigt la cime d’un énorme cèdre millénaire dont la silhouette se dressait dans la lueur du feu. Il a dit au missionnaire que ces « petits êtres » allaient au sommet de cet arbre puis descendaient dans son tronc et ses branches, où ils vivaient pour l’éternité, et que c’était pour cela qu’il ne pouvait pas l’abattre pour construire sa petite chapelle.

    Sam Shepard in Chroniques des jours enfuis

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    AU SOMMAIRE

     

     

    Délit de poésie : Thomas Sohier, Patrick Devaux (Belgique) et Jean-Jacques Dorio

     

    Délit de poèse : Paul Fréval

     

    Délit de réponse : Pascale de Trazegnies & Cathy Garcia,

    Poème  pour  deux  voix  ou  deux  mains

     

    Délit de suite dans les idées : Cyril C. Sarot, Ces traces laissées dans le sable

     

    Résonances : Chroniques du Diable consolateur de Yann Bourven

     

     

    Les Délits d’(in)citations sont aux petits coins.

    Vous trouverez le bulletin de complicité. Bien-sûr que vous trouverez le bulletin de complicité !!

     

     

    Illustrateur : Jean-Louis Millet

     

    Les illustrations ont été réalisées par détournements d’œuvres de van Gogh, Rodin, Schiele, Drakkar, van Malderghem, anonymes préhistorique, celte, hopi, internet, cg & jlmi.

     

     

    Et si vous alliez faire un tour au Musée Improbable ?http://jlmi94.hautetfort.com/

     

     

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    Mon tragique à moi, c'est la vie quotidienne : la muflerie, la stupidité, le comportement de l'homme moyen, une sorte de méchanceté uniforme et institutionnelle.

     

    Francis Blanche

     

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  • Fred Vargas - Nous y voilà, nous y sommes (2007)

    Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes.

    Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance.

    Nous avons chanté, dansé.

    Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine.

    Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout du monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusé.

    On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.

    Franchement on s’est marré. Franchement on a bien profité.  Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes.

    Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution.  Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie. « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.

    Oui.

    On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.  C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.  De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau.

    Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).  Sauvez-moi, ou crevez avec moi.

    Évidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux.

    D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance. Peine perdue. Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.

    Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, - attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille - récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés).

    S’efforcer. Réfléchir, même.  Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.  Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde.  Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.  Pas d’échappatoire, allons-y.

    Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante.  Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible.  A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie - une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut-être.  A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.  A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

     

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°24 : Fabrice Farre

      

     Fabrique



     Tu me parles :
     c’est le bruit
     de tes talons sur
     le carrelage. A chaque
     rainure du sol que je
     fixe par le carré de l’habitude
     je dialogue avec
     la nervure du dessin
     issu d’une usine lointaine,
     respire avec le fabriquant
     haletant et reste de faïence jusqu’à
     ce que cède le carreau cuit
     quand tu claques la porte et
     que je te suis des yeux
      à travers les murs.

     

    In Le chasseur immobile,

    éditions Le Citron Gare, 2014

     

    disponible ici : http://lecitrongareeditions.blogspot.fr/2014/06/le-chasseur-immobile-de-fabrice-farre.html

     

     

     

     

  • Soliflore n°23 : Nicole Barromé

     

    Travelling arrière

     

    Parfum fortuit de papier d'Arménie

    Les ombres ressuscitent

    S'emparent du corps

     

    Éclats de voix, paradoxes, comédies

    Afin d'influencer la narration

    Rendre au perfide vécu

    Sa patine

     

    La chaumière chaulée de blanc

    Brillant sur le ru

    Les rideaux à grosses fleurs bleues

    Côté orée de la forêt de Crécy

     

    Quand les rhubarbes colonisent les fonds

    Matent les haies de chèvrefeuilles

     

    Le crépitement du feu devant le lit de camp

    Où, nues, sous les duvets réunis

    Les blessures de l'enfance se referment

    Au claquement des bouchons de cidre

     

    Le génie d'une vie à dérouler

    Scintillante de bocage

    De fulgurantes latitudes

     

    Nulle ombre si ce n'est la voisine, sorcière

    La qualité d'une femme, dit-elle en picard

    C'est la propreté des carreaux

     

    Chaque barrière franchie met le cœur

    Jusqu'à lâcher

    Ouvre un champ d'ivresses et succincts griefs

     

    L'éducation pendue au porte-manteau

    Offrandes toutes entamées

    L'entraide au moindre bout d'être

     

    Courbes emboîtées hérissant le poil

    On grelotte de postillons, de sucs

    Les gorges prises par des bonheurs rauques

     

    Pénultième empathie

     

    Déboussolés par les possibles

    Les sens se bousculent

    Pour entrer dans les flammes

     

    D'une cheminée ancienne

    Qui en a déjà assez vu

    Pour geindre aux étreintes des bûches

    À périr, à jouir

     

    Car tout est bandé,

    Les hêtres, les charmes, les pierres, les nerfs

    La croyance au Chevalier de la longue borne

    L'aventure enivrante sous la futaie

    Si apparaît un sanglier

     

    Les relents de coupe

    Champ de bataille ancien et nouveau

    Sur lequel s'empilent les fougères

     

    Son haleine d'humus et de corydrane

    Sur le visage

    Au pied du Revenant, un chêne vénérable

    Qui irrigue de ses nœuds ignobles et protecteurs

     

    Les performances où l'on ne dort plus

    De peur de laisser filer le temps

    De peur de se perdre

    Dans la pesanteur de la vie toc

     

    Au lieu du tapis d'anémones

     

     

  • Festival de Lectures et Poésie à Maurs (15)

     

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    Cathy Garcia a le plaisir d'y faire l'auteur

    avec bouquins et d'y exposer des gribouglyphes... 

    mais aussi la revue et les publications de Nouveaux Délits.

    Rendez-vous samedi après-midi au salon ?

     

     

    Renseignements :
    Les Encantades, Pradeyrols, 15600 Boisset
    Contacts : 06 79 61 65 06 (Luc Guérant)
    06 29 91 50 57/ 04 71 45 10 75 (Arnaud Péan)
    encantades@free.fr

     

     

  • L’Anthologie de la Poésie mauricienne contemporaine d’expression française

     

    vient de paraître aux éditions Acoria

     

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    Textes réunis par Yusuf Kadel
    Préface Eileen Lohka
    Introduction Robert Furlong

    Existe-t-il, comme pour la mesure du progrès humain, des paramètres, des indices permettant de mesurer le développement poétique ? Probablement pas, car la poésie transcende le temps et un poème d’il y a mille ans peut paraître plus contemporain qu’un poème tout juste accouché… L’outil pouvant faciliter à la fois une vision panoramique, voire une lecture diagonale d’échantillons d’une production littéraire tant romanesque que poétique reste l’anthologie. Même si celle-ci n’est jamais totalement exempte de directivité, l’anthologie reste un acte littéraire fondateur en soi, car, à travers elle, un auteur ou un collectif d’auteurs considère que telle ou telle somme de production littéraire est représentative d’un génie particulier et/ou reflète une maturité littéraire suffisante… En quelque sorte, elle est une vitrine rassemblant de façon quasi muséale ce qui mérite d’être pérennisé en bloc et qu’il convient de considérer comme emblématique.

     

    Y figurent donc avec bien d 'autres à découvrir, trois auteurs publiés dans la revue Nouveaux Délits : Yusuf Kadel, Alex Jacquin-Ng et Umar Timol.

     

    Pour commander : http://www.acoria.site-fr.fr/produit/210040/

     

     

     

  • A l'ami Pierre Colin, belle route vers Avalon...

     

     

    Voyage, vers telle ou telle éternité.
     
      
    Perçant et expugeant l’alphabet de la fièvre, craquements, mandibules,

     

    Ordre et désordre du chant d’amour,

    Goutte à goutte que plume,

    Perle à perle que dieux.

     

    (…)

     

    brûle, ondule, l’œil pullule !

    l’à l’endroit, là l’envers, tout est rues d’univers.

    Garde l’or. Garde l’œil.

    Ce qui vient entre nous sur terre.

    Xam ! Xam ! C’est un rêve surnuméraire.

    Il fait lèvre. Il fait froid. Sur ta peau d’hortensia.

    Dans la rue du vagin, chevelure et brûlure.

    O mon corps, loup de joie.

    Fais-moi signe dans l’ici-bas.

     

    (…)

     

    Nous savons témoigner des mots lovés dans

    les terriers de chair. Mots désastres du corps perdu.

    Mots qui n’ont plus leur place dans la bouche…

     

    Nous sommes des brûleurs d’eau froide.

    L’aube est sans laisse, et le cœur est immense.

    L’âge du monde est notre voie.

     

    (…)

     

    Le cœur descend de tout, échassiers des chimères.

     

    (…)

     

    Les mots sont l’océan de nos barques de pierre.

    Nous avons mis des siècles à dépouiller la nuit de nos chimères.

     

    Car nous avons gagné le droit du large, chacun

    Dans son manteau d’écailles et d’horizons.

    Chacun dans le gisant des mots, l’étoile au sec.

     

    La nuit dort sur le flanc, vieux chien de nos poitrines.

     

    (…)

     

    Nos mains s’agitent, cages intimes, où sont les anges fous, nos sibylles vaincues. Voyage dans la blancheur du corps, voix délicieuses, premières perce-neiges au-delà du pubis. Premières étoiles sur la peau. Les sexes fusent. Fatigues des maquis de bouches, des jardins sous l’aisselle. Fatigue des parfums en déroute. La perle du matin sur son dernier rivage.

     

    (…)

     

    Autant de hanches, autant de gorges sur l’horizon. Autant de tailles cernées par l’océan, l’ambre et la pulpe des mots. La mer s’est retirée, découvrant l’étendue de la nuque, les halos de l’échine, la lune attardée des yeux dans les saules. Ce quelque chose qui fait de nous des puits, des corps tourbillonaires dans le chaos des rêves. Ecrire c’était hier, renaître c’était demain. L’océan quelquefois se noie ans nos suaires.

     

    (…)

     

    Les passereaux emportent les destins, frères aux jabots de feu, fées aux longs yeux d’amantes, pluies sacrées. L’étreinte à l’âge des clavicordes.

     

    Chants de nos cygnes intimes, trouvés morts dans l’aurore, quand le ciel lentement se défait de ses linges de femmes sur le seuil.
     
      
      Ce goût de vieux futur dans la bouche indécise.

     

    (…)

     

    Nous cherchons Aphrodite, elle est dans nos poussières. Sa taille et son nombril, les sources de sa nuque. Le matin n’a plus d’âge, l’oiseau quitte nos laines. Notre étoffe de chair se froisse sur la berge.

     

    Nous traquons l’éphémère, le ventre du ciel pur. L’oubli ne nous sied plus. Un jour, nous renaîtrons de ses restes barbares. Rien ne sera trop pur, trop loin, trop improbable.
     
      
      Ce que nous avons fait, nous savons le défaire.



    (…)

     

    Ecrire est un pays qui n’a plus d’horizon.
     
      
       
     
    (…)

     

    Tout l’eau n’est que ruine et caresse. Il faut faire allégeance à ces femmes de source et d’estuaire. Il faut plonger en soi dans les vagues et la fièvre des poissons vainqueurs.

     

    Tout cela, tu le sais, mais tu nages en eau blême, frère du chêne et du houx. Quand tu es arrivé n’aies pas peur, le rivage est une frontière de soi à soi, laissé dans l’or et l’éblouissement du corps.

     

    Après l’amour, nous parlerons. Après l’amour obscur.

     

    (…)

     

    Tout revient pour germer. Tout revient pour gémir.

     

    Le corps enchevêtré du monde est sur nos pas, brûlant ses hanches, mendiant sa nuque, tirant les oripeaux du sexe sur la route. Etreinte aux ailes de grand froid.

     

    Peut-être saurons-nous un jour qui est l’âme du bleu ? Des mots, des rêves, d’autres mots, d’autres rêves, des écorces, des branches, l’en marche du désir, l’en marche de la pluie, les horizons errants sur chaque lèvre…

     

    Tout l’impensé du monde est sur nos traces.
     
      
     
       
    (…)

     

    Le grain des rêves est humide. Sable et rêve génèrent la même eau, la même femme à la voix de ténèbres. Il faut sans fin lever sa peau entre les sables de la nuit, effacer cette trace de ciel dans nos poitrines.

     

    (…)

     

    Dans la cour, les guerriers mangent la chair des tours. Buvez, mangez. Anne est nue dans sa tour.

     

    Anne au genou fier, aux chevilles légères. Anne du vent. Mais de la nuit, que savons-nous, bergère des ifs blancs ?



    (…)

     

    La nuit entre par tous les mots. Car la nuit trompe ses vieux amants.

     

    (…)

     

    S.o.s. à la mer. S.o.s. à la pluie. Au suaire du vent qui nous colle à la peau.

     

    Nous savons tous que les mots sont fossiles.

    Ecailles d’un autre âge.

     

    Il ne reste presque plus rien des rêves. Seulement l’inachèvement des tempêtes, le bleu déchu du ciel dans nos vertèbres.

     

    Chaque jour le judas du temps montrant ses traces.
     
      
     
      (…)

     

    Depuis toujours, je polis l’airain noir de ton corps

    De tous mes mots, je pèse sur le fléau des villes

    Tout ce qu’on peut tirer d’un arbre au crépuscule

     

     

    Pierre Colin, extraits de Je ne suis jamais sorti de Babylone

     

     

    * * * * *

     

     

    Pierre s'en est allé, emportant avec lui sa fougue, ses élans  et sa passion de l'Autre qui, j'en suis certaine, sauront éclairer sa route. Sa présence et ses mots demeurent, à jamais gravés dans le cœur de ses proches et amie(e)s et tous celles et ceux qui ont et auront la joie de lire sa poésie puissante comme le granit de cette Bretagne qu'il aimait tant et lumineuse comme l'écume à la crête des vagues. Les hommes vont, les paroles restent et à travers elles, le poète nous convie au banquet d'une immortelle liberté.

     

     

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    Librairie des Beaux Jours, Tarbes, Avril 2012

     

     

     

     

    Et un grand et du fond du cœur MERCI !! Pierre Colin et sa compagne Maïté font partie de ceux qui n'ont jamais cessé de soutenir et encourager mon travail autant poétique qu'artistique et qui ont généreusement invitée la revue et moi-même à plusieurs reprises dans le cadre des cafés littéraires de leur association Thot'M. Ce sont des choses qui comptent et ne s'oublient pas. 

     

    Cathy Garcia, 6 mai 2014

     

     

     

  • NUMÉRO 48

      

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    Avril-Mai-Juin 2014

     

      

    Éclosion presque tardive pour ce numéro de printemps,  pour cause de grand remue-ménage. C’est la vie comme on dit, avec ses accidents, ses dégringolades, mais on ne peut qu’aller de l’avant vu que la marche arrière n’existe pas… Et tant mieux, notre temps est trop court, même si « le temps des hommes est de l’éternité pliée » (Cocteau). Pas grand-chose à dire du coup, mais des mots vous en avez plein la revue déjà et l’Amour demeure, quoiqu’il arrive, tel le ciel derrière les nuages.    

     

    CG

      

     

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    Chacun contient en lui des galaxies de rêves et de fantasmes, des élans inassouvis de désirs et d'amours, des abîmes de malheur, des immensités d'indifférence glacée, des embrasements d'astre en feu, des déferlements de haine, des égarements débiles, des éclairs de lucidité, des orages déments....
    Edgar Morin  

     in Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur

     

     

     

     

     

     

    AU SOMMAIRE

     

     

     

     

    Délit de poésie : Élisa Parre, Cécile Coulon, Hamid Tibouchi, Rodrigue Lavallé

     

     

    Délit de vagabondage : Sylvère Moulanier (Québec)

     

     

     

     

    Délits d’(in)citations au renouvellement des pensées, c’est le printemps !

     

    Bulletin de complicité toujours frais et dispo au fond en sortant.

     

     

     

     

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    Illustratrice : Cathy Garcia

     

     

     

    Gribouglypheuse, elle s’adonne à l’art vénal = œuvres à vendre :

     

    http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com/

     

     

     

     

    Le génie n'est que le chant du rouge-gorge

    à l'aube d'un printemps indolent.


    Khalil Gibran 

     

     

     

     

  • Soliflore n° 21 : Walter Rulhmann

    Nu sur la terrasse

     

    Nu sur la terrasse, il tond sa poule aux yeux d'or, s'endort et joue l'autruche face au déluge.

    Il touche du doigt son sexe tendu, se frotte aux épines d'aubépine dressées dans les pots de terre: révolution espiègle.

    La poule caquette et, plumes aux vents bressans, vents écarlates et douloureux, vents des monts du Jura, du Bugey, de Savoie, elle s'épouille et s'ébat sans se soucier nullement des saletés semées à ses pattes.

    Il devient blême, il bêle. Il s'habille de soie, le soir, se détend dans un bain de lait tiède, amande et coquelicot. Infusion d'illusions,

     

    La baronne conduit vers les gorges et le sourire commercial manque à l'appel. Il semble qu'elle ait effacé le mot patience de son vocabulaire, son dictionnaire ne compte donc plus les mots nécessaires, les mots sincères, tous ceux qu'une relation naturelle et honnête serait en droit d'attendre.

     

    Parcourir les chemins, les chem-trails, les canaux du temps assassin. Recycler les poncifs d'un passé pas si lointain et pourtant momifié. Les reliques d'une autre vie, d'un temps fécond, abscons et moribond.

     

    Subir l'excuse, la platitude et les caprices d'un enfant-roi. Sa loi. Son droit.

    Devoir composer avec ses humeurs, porter des masques aux sourires à l'endroit et accepter de ne jamais se plaire plus que nécessaire dans le trou où ses envies nous auront faits choir.

     

    Pourtant le sexe dur pénètre encore ses entrailles, son anus chaud, sa bouche moite. Les yeux moirés voient cet organe avec envie et la main douce, câline et ferme  l'enferme, le serre et le compresse. Ce lent mouvement, ce va-et-vient appelle l'orgasme et l'explosion d'un jus visqueux, tiède et salé, qui coule et qui s'étale sur un lit anthracite.

     

    Les nuits apaisent les désirs, rendent possibles les envies, annoncent les orgasmes gris, les liqueurs du délit.

     

    (texte inédit extrait du recueil Civilisé, en cours d'écriture)

     

     

  • Fugitive

     

    Douce musique, si douce, mais la berceuse ricoche, crible le cœur.

     

    La folie est à quelques cellules à peine, trois fois rien.

    Le refuge du placard est vain.

     

    Traquée, détraquée. Ça me hurle.

     

    Ma lèvre tremble, le ciel est tombé en cataracte de verre. En granit fracassé à la mer.

    Tant de pêcheurs encombrent la rive et le soleil veut sa part de crème géologique.

     

    Je glisse, toboggan, vers l’abime entraperçu sous la couture des océans.

     

    (…)

     

    Patience, mon âme. Tu veux fendre muselière, je te parle sagaie, flèche, rasoir.

    Obscure arborescence dissimulée dans le filet.

     

    Je flotte dans le corps, bascule les câbles. Étrange toupie, coque scindée.

     

    Déroulée la houle, découpée la coupe, démolis les mots.

    Nous cumulons les éternités comme un enfant empile ses cubes.

     

    Mais dans le chiffon de l’univers, la mort serait-elle un trou de ver ?

     

     

     

     

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    Fugitive de Cathy Garcia, maintenant disponible chez Cardère éditeur

    Illustrations originales de l’auteur, 64 pages, 12 €

    http://www.cardere.fr