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LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS - Page 15

  • Résonance 47

                                            

    Le plancher de Perrine le Querrec

    Éditions Les doigts dans la prose, avril 2013.

     

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    134 pages, 15 €.

     

     

     

    Le plancher est un livre d’une densité singulière, qui au fur et à mesure confine à l’étouffement, et pour cause, l’histoire peinte ici raconte le basculement dans la folie de toute une famille. Peinte, car la langue dont use l’auteur est un matériau quasi organique qui est à elle toute seule, une œuvre d’art. La poésie n’y est pas un décorum, mais véritablement la seule langue possible pour formuler l’indicible, pénétrer l’intolérable et infuser la folie dans les tripes même du lecteur. Car si dans la première partie nous sommes encore dans la narration, dans la seconde nous culbutons du côté où la langue elle-même s’affole. Une langue pleine de terre, taillée au couteau, absolument magnifique cependant, flamboyante comme un crépuscule d’automne. Dans la troisième partie, elle nous immerge pour de bon dans un bourbier de démence.

     

    La première partie est intitulée La souche. La souche, ce qui reste d’un arbre que l’on a coupé, les racines toujours plongées dans la terre, nourricière ou collet, c’est selon. Ici cette terre, cette terre de paysans, passera de nourricière à cocon toxique, jusqu’à ce que piège, elle se referme définitivement. Nulle métamorphose heureuse n’en sortira.

     

    La famille, ils sont six. Le père, la mère et les enfants : Paule, Simone, Jeannot et Mortné.

     

    L’histoire commence en 1930 quand Joséphine et Alexandre, le père et la mère, achètent une ferme dans le Sud, fuyant des problèmes avec les autres, là-haut dans le Nord. Joséphine, avec ses deux frères à l’asile, porte déjà en elle les germes d’une impossibilité de s’entendre avec qui que ce soit. Ils achètent donc une grande et belle ferme et en tant qu’estrangers, s’attirent immédiatement la haine et la jalousie des Deux-cents, les villageois d’à côté.

     

    Dans cet univers déjà clos, trois enfants de plus viendront au monde. Paule était déjà née dans le Nord. Le dernier est mort né en plein champ.

     

    Jean, qui ne sera jamais que Jeannot, est né en 1939, pour éviter au père la conscription, ce qui ne fait qu’alimenter sales murmures et jalousie du côté des Deux-cents. Quand aux six, « ils ont tous un air de famille, un air de désastre ».

     

    La guerre passe et « Les années passent et avec elles les coups de hache, les éraflures, les entailles, les éviscérations. Les années avancent et elles essaient, les filles, de courir insouciantes, d’étudier bienveillantes, de grandir insouciantes. Les années passent et Jeannot tente de comprendre, d’aimer et de parler. Les années passent et les parents poursuivent l’œuvre de destruction, souterrainement aidés par les Deux-cents qui n’en finissent pas de maudire, de cracher, d’envier. 

     

    (…)

     

    Ce n’est pas un père, juste une forme de violence

    Ce n’est pas une mère, juste une forme d’indifférence

    Ce n’est pas une famille, juste une forme de récit

    (…)

    Une longue cohabitation avec l’inhabitable. »

     

    (…)

     

    Les parents ne sont jamais d’accord. Sur rien. Sauf pour persécuter les enfants. »

     

     

    Et puis il y a ce jour funeste où Jeannot pénètre dans la grange et qu’il voit…

     

    « - Tu n’as rien vu !

     

    Je n’ai rien vu. Verrai rien. Jamais. Ni dans la grange, ni dans la chambre, ni dans le champ. La bête je la vois pas. La bête aux yeux dilatés de peur. »

     

    Alors Alexandre, le père, le colosse, l’abuseur, deviendra l’ENNEMI. L’ENNEMI qui commande au cerveau de Jeannot. Ne rien voir.

     

    « Alexandre bine et bêche et sillonne, brutalise. Passe et repasse sa charrue. Paule a de la terre plein la bouche, plein les yeux, jupe relevée sur son ventre neuf. »

     

    Jeannot a dix-huit ans, il est amoureux. Amoureux de Destinée. Fille du village des Deux-cents qui ne voient pas cela d’un bon œil. Jeannot a dix-huit ans, son cœur sera pulvérisé. Il va partir, il part, ira verser plus de saloperie encore sur ses plaies. Il part pour l’Algérie.

     

    Jeannot parti tuer, Simone partie avec un mari pour ne plus jamais revenir, Paule restée avec la graine de douleur que l’ennemi a semé en elle, l’EnfantX et les voix des Deux-cents qui vipèrent plus que jamais, jusqu’à l’agression physique. Paule, la labourée, commence à basculer. Le père rattrapé par le bouche à oreille, l’irracontable qui s’ébruite à tout va, le père : pendu dans la grange. Jeannot doit rentrer.

     

    « Jeannot sera toujours le mutilé, suspendu au crochet, sur les murs épais de la ferme, blessé aux épines de silence cloués aux portes des granges pour éloigner le mal qui est le bien, mais qui le dit ? »

     

    Nous entrons alors dans la deuxième partie, Les branches, où « s’ouvre le gouffre des douze longues années de solitude »

     

    « Tout ce qui était au père, tout ce qui était le père, Jeannot le laisse pourrir. » Ce qui reste de la « famille » se referme sur elle-même, « mi-humains, mi-bêtes, ils n’existent plus, deviennent innommables, désintégrés, sauf à visser plus fort leur masque de fou. »

     

    Tout ira alors crescendo dans le non-sens de la désintégration, de la dissolution, de la décomposition, jusqu’à la troisième partie, où la mère déjà enterrée sous le plancher, où Paule erre dans ce qui reste de la ferme envahie par la végétation et la putréfaction. Jeannot lui, ne décolle plus du plancher, à plat ventre, il grave dans les planches, au couteau, à s’en faire saigner les mains, il grave tout. Parce qu’il n’a pas trouvé un seul bout de papier dans toute cette désolation et qu’il doit conjurer trente-deux ans de silence. Il grave, saigne à blanc le plancher.

     

    « Si Jeannot le veut, bois devient papier. »

     

    « Ceci est malangue !

     

    Allongé dans ma litière de copeaux je touche les lettres, je sais ce que je dis. Je dis que j’ai vu. Je dis que ma rétine, ma vue, mon œil et les images. Je dis les abus. Je dis noir sur noir. Je dis et ne vacille pas. Je dis ce qu’ils ne m’ont pas raconté. Leurs interdits. Je dis à leur place, je dis à leur faute, je dis à leur face, je dis à leur tête. Je dis ma puissance. C’est à vous de me regarder maintenant. »

     

    Cinq mois de travaux forcés à plat ventre sur le plancher, à plat ventre sur le corps pourrissant de la mère. Jusqu’à la mort.

     

    Restera Paule, SURVIVANTE, la première et la dernière.

     

    Le plancher de Jeannot a été présenté lors de l’exposition Écriture en délire à la collection de l’Art Brut, à Lausanne, du 11 février au 26 septembre 2004. Ce plancher existe et il est placardé sur les murs de l’hôpital Sainte Anne, dans le 14è arrondissement de Paris, où il est toujours visible et rend justice à tous les Jeannot, toutes les Paule, tous les enfantsX et les Mortnés… On en trouvera des photos à la fin de ce livre.

     

    Un livre d’une beauté saisissante, portrait choc d’une certaine réalité du monde rural d’antan, entre autre, un livre hybride dans sa construction, qui dissout les frontières entre prose et poésie et met comme le souhaite ses éditeur, les doigts dans la prose. Nous en ressortons absolument électrifiés, ébahis et profondément fouillés de l’intérieur.

     

    Cathy Garcia

     

     

     

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    Le plancher photographié par Martin d'Orgeval

     

     

     

     

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    Perrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Elle hante les bibliothèques et les archives pour assouvir son appétit de mots et révéler les secrets oubliés. De cette quête elle a fait son métier : recherchiste. Les heures d’attente dans le silence des bibliothèques sont propices à l’écriture, une écriture qui, lorsqu’elle se déchaîne, l’entraîne vers des continents lointains à la recherche de nouveaux horizons. Perrine Le Querrec est une auteure vivante. Elle écrit dans les phares, sur les planchers, dans les maisons closes, les hôpitaux psychiatriques. Et dans les bibliothèques où elle recherche archives, images, mémoires et instants perdus. Dès que possible, elle croise ses mots avec des artistes, photographes, plasticiens, comédiens.

    Bibliographie :

     

    « Jeanne L’Étang »,  Bruit Blanc, avril 2013

    « De la guerre », Derrière la salle de bains, 2013
    « No control », Derrière la salle de bains, 2012
    « Bec & Ongles », Les Carnets du Dessert de Lune, 2011
    « Coups de ciseaux », Les Carnets du Dessert de Lune, 2007


    Site :
    http://www.perrine-lequerrec.com/
    Blog: http://entre-sort.blogspot.com/

     

     

     

  • L'émission Les Poètes de Christian Saint-Paul

    Le scénario de l'émission que vous pouvez partiellement écouter en cliquant sur : http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html 

     

    L’émission diffusée le jeudi 9 janvier 2014 avait été enregistrée, ce qui est exceptionnel, les émissions étant réalisées normalement en direct. Toutefois, avant le passage du document sonore, et alors en direct, Christian Saint-Paul a fait quelques annonces à l’antenne. Ces annonces n’ont pas été enregistrées et n’ont pu être écoutées que par les auditeurs présents ce jeudi à 20 h. Pour mémoire et bien entendu pour incitation à la lecture, voici ces annonces :

     

    Lecture de l’éditorial de Cathy GARCIA : 

    Lecture de « Signes de mon vieillissement » d’Eric DEJAEGER.

      

    Et parce que Cathy GARCIA dans son éditorial évoque l’année 1972, Saint-Paul revient sur ces années soixante dix et en particulier sur ces années en Espagne et sur une jeunesse déboussolée qui entrera avec un désespoir aveugle dans le terrorisme. Epoque douloureuse. Pour Saint-Paul la lutte antifranquiste de l’extérieur et de façon active se devait de cesser dès 1970. La transition démocratique, voulue par l’Espagne qui désirait entrer dans l’Europe ne laissait aucune place à une action clandestine dirigée depuis les pays étrangers, comme l’URSSS par exemple. Toulouse, plaque tournante de ces actions clandestines et qui s’était si bien illustrée, devait céder le terrain de la lutte politique aux forces de l’intérieur. Toute obstination compromettait la rapidité et le succès du changement vers un état démocratique. Pourtant, des groupes se sont constitués après 1970 refusant le capitalisme et prônant la lutte armée. Et l’amiral CARRERO BLANCO pouvait assurer une continuité édulcorée du régime en place. L’action réussie de l’ETA a rendu drôlement service aux partis démocratiques de transition, toujours officiellement clandestins mais déjà représentatifs et dans l’action politicienne classique qui sied en Europe. Cette année 2014, il y aura 40 ans que les velléités utopiques de jeunes anarchistes fourvoyés dans une action de guérilla, furent stoppées dans le sang. Toulouse fut une des villes les plus impliquées dans l’inutile protestation internationale qui s’en suivit. Le consulat d’Espagne de la ville rose fut plastiquée, avec, c’est vrai, de bien maigres dégâts. Mais la voix toulousaine se faisait entendre. Elle avait intégré dans sa mémoire politique humaniste le nom de Salvador PUIG ANTICH, militant du Mouvement Ibérique de Libération (MIL) impliqué lors de son arrestation à Barcelone, d’échange de coups de feu qui coûtèrent la vie à un inspecteur de police. Six mois après cette arrestation, PUIG ANTICH né en 1948 fut garrotté à la prison Modelo de Barcelone. Son supplice dura vingt minutes. Le même jour, à la prison de Tarragone, Heinz CHEZ  un activiste polonais qui avait tué un garde civil fut lui aussi garrotté, mais dans l’indifférence de l’opinion internationale. L’année suivante, en septembre 1975, cinq autres militants de la lutte armée furent fusillés car l’Espagne ne possédait pas assez de garrots pour les exécuter en même temps. L’Espagne est entrée dans l’Europe en 1986. La peine de mort y est abolie. Mais le nom de Salvador PUIG ANTICH symbole d’une répression brutale qui fut celle, terrifiante, de la dictature franquiste doit demeurer dans nos mémoires, non comme un exemple, mais comme « una putada » une saloperie qui déshonore, s’il en était besoin, les hommes de pouvoir de ces années.

     

    Les prisonniers qui étaient dans la galerie d’où partit Salvador PUIG ANTICH pour le supplice, dont il ne découvrit la nature qu’au dernier moment, composèrent sur cette mise à mort des chansons. Lecture de l’une d’elles :

     

      

    Ferme la porte

    Tire le verrou 

    Maton !

      

    Attache ferme cet homme-là

    Avec des chaînes, avec des cordes 

    Ces chaînes aux anneaux

    Ensanglantés qui forment 

    Des nœuds de sang

     

    Attache ferme et serré 

    Cet homme là, maton

    Tu n’attacheras jamais son âme

    Nombreuses sont les serrures

    Nombreuses sont les clefs, maton 

    Mais tu n’as pas celles de son âme

      

    Un homme attend

    Dans son confinement

    L’oreille à l’écoute 

    C’est le prisonnier Salvador

    Le peuple criera peut-être 

    Ce peuple, le nôtre, qui réclame la liberté

    Et alors voleront les serrures 

    Voleront les prisons


    Attache ferme et serré 

    Cet homme-là, maton 

    Tu n’enchaîneras jamais son âme

    Putain de vie, le garrot l’a emporté !





     

  • Soliflore n°19 - Florian Tomasini

    CHIRICO

     

     La sensation opère dans le bloc

    De béton natif

    Les distances s’étirent jusqu’où pique

    L’anonyme qui les a vues naître

     

    Nourri par le sable et les gravillons

    Nourri par le liant de ciment

    Qui lentement lui ont plombé la cervelle

    Lentement lui ont fait assimilé

    La parfaite solitude où il s’est collé

     

    Ni le temps ni rien n’altèrent la texture

    De l’océan mort où la ligne d’horizon

    Taquine comme un venin stérile

    L’étendue avide de cerveaux anonymes

     

    Depuis qu’on a fondu ce prodige moderne

    Depuis qu’on a fondu la modernité

    Dans les cervelles des anonymes




     

  • NUMÉRO 47

     

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     Janv. Fév. Mars 2014

     

     

     

    « Dernier noël capitaliste » lançait le journal Hara Kiri en décembre 1972… Visionnaire, non ? Mais ils n’avaient pas prévu entre autre le retour des tablettes (depuis le bon vieux temps de l’argile) et des téléphones plus intelligents que leurs utilisateurs… Flonflons, cotillons, soyons mignons, la même rengaine encore et toujours, joyeux naufrage et bonne bourre 2014 !?

     

    Oh bien-sûr, ça n’empêche pas les vrais sentiments, les vœux vraiment les plus sincères, ça n‘empêchera pas non plus les gens de mourir de froid dans la rue, noyés en Méditerranée, bombardés par ci, découpés par là, balayés par les statistiques, ça n’empêchera pas les trafics en tout genre, d’influences ou d’organes, mais on se plie bon gré, malgré, à la tradition, à l’habitude, au désir aussi, toujours un peu suspect, de capter un peu de joie précieuse entre deux factures.

     

    Et puis on peut aussi lire ce numéro. Il est sans flonflons, sans trompettes, il est même un peu triste, un peu noir, un peu trash… Et pourquoi pas ? S’exprimer c’est aussi ne pas laisser dans l’ombre ce qui pourrait déranger, c’est affronter le malaise, ouvertement, ça peut même en devenir libérateur. Être libre de flonflons et de trompettes, prêt à accueillir chaque instant qui passe, avant ou après minuit, sans vouloir changer hier, sans craindre de ne pouvoir changer demain, mais simplement être ici et maintenant, heureux ou malheureux, amer ou amoureux, en pleine forme ou sur les genoux, pessimiste ou optimiste, lâche ou courageux, gagnant ou perdant, qu’importe ! Juste être là, laisser les sourires se poser sur nos lèvres s’ils le veulent et repartir quand ils auront envie d’aller fleurir d’autres bouches, laisser nos mains s’ouvrir et se fermer comme des battements d’ailes, en attendant le printemps qui revient toujours, même si tout se détraque, même si les coutures craquent et patatrac !

     

     

     

    Se dire que plus on prend de claques, plus le sang circule…  et la vie va !

     

    C.G.

     

     

     Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes,

     c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres.

    Nelson Mandela

     (18 juillet 1918- 5 décembre 2013)
     

     

     


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      AU SOMMAIRE

     

     Délit de poésie : Carl Sonnenfeld, Stéphane Bernard, Murièle Modély, Jérôme Pergolesi, Thierry Roquet.

     

    Délit-foutoir : quelques streets imaginaires, un poète, un prisonnier et des signes de vieillesse, le tout passé au shaker d’Éric Dejaeger.

     

    Suivi d’un Déli(t)re  au clavier de Léon Maunoury

     

    Résonance : Le plancher  de Perrine le Querrec aux Ed. Les doigts dans la prose, 2013.

      

     

    Délits d’(in)citations quelques touches supplémentaires de féminin dans ce numéro qui se moque un peu de la parité. On n’en pense pas moins.

     

      

    Vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant et vous l’offrirez à vos meilleur(e)s ami(e)s comme à vos pires ennemi(e)s, le commerce ne prend jamais parti, seulement la monnaie.

     

     

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     Illustrateur : Jean-Louis Millet

     

     "jlmi ? Grand spécialiste en rien mais curieux de tout : dessin, peinture, photo, écriture, édition virtuelle, chasse aux alternatives… le tout mis en actions concrètes dans l'animation virtuelle de blogs et de sites :

     

     

    "Au hasard de connivences" un potlatch poético-artistique http://jlmi22.hautetfort.com/

     

    "le Musée Improbable", chaque jour deux œuvres, deux artistes http://jlmi94.hautetfort.com/

     

    "Évazine", une petit île d'asile poétique http://evazine.com/

     

    "Zen-évasion", site grenier aux malles ego-mystérieuses http://www.zen-evasion.com/

     

    Hors de la voie de la pensée unique, la croisée des "Voix dissonantes" http://jlmi.hautetfort.com/

     

    ébauchée ici http://jlmi.eklablog.com/?logout

      

     

    Allez y faire un tour …  ou plusieurs, c'est gratuit et sous copyleft

     

     

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  • À paraître chez Cardère éditeur en mars 2014

     

     

     

    FUGITIVE

     

    de Cathy Garcia

     

     http://www.cardere.fr

     

     

    Fugitive est un ouvrage en vers libres qui nécessite une lecture chronologique. Comme dans les deux premiers recueils de Cathy Garcia que nous avons publiés (Le poulpe et la pulpe en 2011, Les mots allumettes en 2012), on est dans un récit abstrait, avec un axe fort, de l’action, et ici une exhortation quasi externe : je marche, je dois marcher ! En miroir, le lecteur pourrait/devrait entendre : reconstruit ton propre récit, avance ! Ce texte court tire sa force de sa cohérence essentiellement. Le vocabulaire est riche, « brut », plutôt terrestre (pollen, étoiles, silex, transhumances, tourbe, loups, humus, rosée, glaise, vendanges, jachères, sources, rapace, moisson, rocaille, granit…) Les expressions sont souvent violentes, de l’ordre du tragique ou de la tragédie (Les bêtes désarticulées ; Visions éclatées de l’oracle ; Un corps de femme à lapider ; sinistres bouillies de chimères) ; on respire toutefois avec de rares mots tendres (la douce chair des roses ; la nacre d’un ange). On est parfois au bord de la provocation, de l’outrance sulfureuse (La meute aime le rut ; Je suis la sorcière parfumée d’épices. Voyez les déluges rougissant entre mes seins d’ambre ; Allongée. Au bord de la jouissance ; ouvrir mes cuisses libère mes odeurs de femme). On y trouve quelques constructions originales mais parlantes (liturgies volcaniques ; je panthère avec la mort). La situation de fuite, de traque, donne à ce recueil-récit une grande énergie où transpirent la colère, la frustration, la hargne, la révolte, mais aussi la soif de (sur)vie, l’animalité, une sorte d’optimisme quasi atteint. Nous avons avec l’écriture de Cathy Garcia, le côté féminin de celle de Serge Bec, en particulier dans Psaume dans le vent.

     


    illustrations originales de l’auteur
    64 pages, prix public 12 €
    ISBN 978-2-914053-74-7

     

     

     

     

  • Soliflore n°18 - Daniel Birnbaum

    Jours d’hiver

     

     1

     

    Un jour désagrégé

    rien ne va rien ne sert

    je jette les morceaux

    qu’ils pourrissent au dépotoir

    où vont tous les passe-temps

    en train-train de misère.

    *

    Le vent souffle en rafales

    sur les hauts peupliers

    qui peignent le ciel

    inutilement

    Le temps vire à l’orage

    et je voudrais soudain

    marcher sous les éclairs

    pour ne plus avoir à déchirer la nuit

    de rêves ajourés.

    *

    Un regret passe, malhabile

    et puant la sueur froide

    un deuxième passe, fébrile

    un troisième, incertain

    et puis un quatrième

    et une palanquée

    une foule en délire

    un désir refoulé

    un fou en liberté

    un autre sur ses gardes

    et puis un garde-fou

    et quand la scène est pleine

    alors subitement

    les regrets regrettent

    d’occuper le terrain

    et le laissent

    à regret.

     

     

    2

     

    La neige tombe jusqu’au silence

    couvrant les champs

    et leurs barrières

    laissant de but en blanc

    tout un champ du possible

    où les pas des enfants

    feront de beaux desseins

    Les corbeaux s’y découpent

    comme des pointillés

    On garderait le tout

    y compris le silence.

     

    *

                                                  

    Sous les nuées d’étoiles

    insensibles au vent

    mais vaincues par le jour

    je prends un air léger

    contourne les nuages

    vole sur l’incertitude du vent

    et cherche un regard

    pour marcher avec lui

    le long des crépuscules





  • Soliflore n°17 : Fanny Sheper

    Le vent des seuls

     

    J’ai marché dans les blés des petits matins

    J’ai marché dans des nuits de goudron bleu

    En espérant le trouver assis là, sur un banc près d’un saule

    Ou marchant tranquille dans une rue de sable

    On se serait de suite reconnu

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

    Que le vent des seuls qui me suit

     

    J’ai cherché partout

     Trainé sous les boules à facettes

    Avec mes colliers de plumes

    Et mes boucles brillantes

    J’ai mis du rouge à lèvre exprès

    Et j’ai même dansé

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

    Que le vent des seuls qui me suit

     

    J’ai erré un peu désaffectée

    Sur les trottoirs des rencontres

    Je me suis tortillée et j’ai souri bêtement

    J’ai fait comme tout le monde

    J’ai pris l’air bête

    Je pris l’air qu’on a quand on n’ose pas

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

    Le vent des seuls qui me suit

     

    J’ai soulevé des charognes éteintes

    J’ai  côtoyé les vermines grouillantes

    Je l’ai cherché partout

    Dans les jardins silencieux, dans les rue folles

    et les plages oubliées

    Jusqu’au fond de chacun de tous les verres que j’ai bu, je l’ai cherché

    Une fois, j’ai même bien cru l’avoir trouvé

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

    Que le vent des seuls qui me suit

     

    J’ai pourtant bien rêvé d’un matin

    Où  je n’aurais pas eu besoin de rêver

    Pour le voir séjourner à coté

    Un matin où il aurait été assis là,  près d’un saule sur un banc

    Ou dans un café au soleil avec son air tranquille

    On se serait de suite reconnu

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

     Le vent des seuls qui me suit

     

     

  • Résonance 46

     

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    Albin Michel octobre 2012.

     

     

     

    Si on a eu la chance de suivre Corine Sombrun depuis le début de ses incroyables, mais bien réelles aventures, nous ne pourrons qu’apprécier au plus haut point ce nouveau livre, qui raconte la vie d’Enkhetuya. Cette femme chamane tsaatane a initié pendant de longues années Corine Sombrun, après que celle-ci soit inopportunément, et bien malgré elle, se soit retrouvée en transe dans la peau d’un loup, alors qu’elle participait à une séance chamanique chez un autre chamane, afin d’en faire des enregistrements sonores pour la BBC. C’est ce que Corine Sombrun raconte dans son livre Mon initiation chez les Chamanes (Une Parisienne en Mongolie) paru chez Albin Michel en 2004. Cela dit son séjour d’alors en Mongolie n’était pas totalement dû au hasard. Si on lit son tout premier livre, Journal d’une apprentie chamane, paru en 2002, on apprendra que lors d’un séjour chez un ayahuascuero en Amazonie, où elle était partie suite à la perte d’un être très cher, elle s’était mise à chanter, lors d’une cérémonie sous ayahuasca, des chants diphoniques qu’elle ne connaissait pas du tout, mais qui lui avait indiqué sans qu’elle comprenne pourquoi, la voie vers la Mongolie où est pratiquée cette technique de chant traditionnelle. Ce qui est bien avec Corine, c’est que toute son histoire, depuis le départ et dans chacun de ses livres, elle nous la raconte avec simplicité, beaucoup d’humour, malgré la grande douleur qui en est à l’origine, et aussi une grande humilité. C’est une femme intelligente, sensible, douée, la tête bien sur les épaules et ses livres sont bien loin des ouvrages new-ageux un peu foireux et racoleurs. Ses aventures sont authentiquement extraordinaires, de l’Amazonie à la Mongolie, où elle reviendra tous les ans pour continuer sa formation de chamane, en passant par son face à face avec elle-même à Paris, qu’elle raconte dans Les tribulations d’un chamane à Paris (Albin Michel, 2007), avec toutes les peurs et les doutes que ne pouvait manquer de provoquer ce grand écart entre une culture moderne et une culture puisant ses savoirs au fin fond des âges les plus reculés de l’humanité, mais cependant des savoirs aux conséquences et aux répercussion bien réelles, jusqu’à la rencontre, qui elle non plus n’est pas hasardeuse, avec Harlyn Geronimo, l'arrière petit-fils du célèbre apache qui a lutté pour la liberté des natifs américains à la fin du 19ème siècle et qu’elle raconte dans Sur les pas de Geronimo (Albin Michel 2008). Corine Sombrun fait ainsi office de passerelle entre la Mongolie et les cultures amérindiennes, qui ont sans aucun doute de lointaines origines communes. Aussi, pour en revenir à L’esprit des steppes, après avoir raconté sa propre histoire et les rencontres qui ont suivi, il est naturel que Corine Sombrun ait eu envie de raconter Enkhetuya, de raconter qui est cette incroyable femme chamane qui l’a initiée tout au long de ces années, plusieurs mois par an, au milieu de la steppe et des rennes.

     

     

    Après avoir posé le contexte historique depuis 1915, Corine Sombrun nous entraine donc en 1964, en pleine taïga et en plein communisme, où la petite Enkhetuya âgée de 7 ans, vit avec sa famille, des Tsaatans nomades et éleveurs de rennes. A travers la rude vie de la fillette, puis de la femme au caractère exceptionnel, Corine Sombrun nous raconte aussi le sort de ce peuple nomade, qui en quelques décennies, a basculé d’un mode de vie autarcique identique depuis des millénaires à une société de consommation et de tourisme, subissant les ravages de la télévision et de l’alcoolisme, après avoir traversé non sans mal les persécutions et l’oppression du régime communiste, qui punissait les pratiques chamaniques de la peine de mort. Cependant la mère d’Enkhetuya, elle-même chamane ayant continué de pratiquer dans le secret, voyant que sa fille ne pourrait pas faire autrement que de répondre à l’appel des esprits, sans quoi elle tomberait gravement malade, la fera initier par un vieux chamane. Lorsque Corine bien plus tard, sera amenée chez elle par le chamane Balgir, l’ayant reconnu comme une des leurs, le chamanisme en plus de l’élevage de rennes, sera au contraire devenu un moyen de subsistance pour les Tsaatans, grâce au tourisme, mais les pratiques culturelles encore très présentes  disparaissent cependant à grande vitesse  et c’est aussi le but de ce livre, témoigner d’une culture qui après avoir survécu à 70 ans de communisme, risque de disparaître à jamais, avalée par une mondialisation galopante. Quand Corine Sombrun rencontre Enkhetuya, en 2001, elle « vivait sur la rive ouest du lac Khovsgol, à cent quatre-vingt quinze kilomètres au sud-ouest du lac Baïkal. (…) Les Tsaatans ne comptaient plus alors qu’une trentaine de familles, réparties de part et d’autre de la rivière Shisged. Une population et une culture en voie de disparition, m’avait-on dit. Mais j’étais loin d’imaginer qu’en seulement dix ans, j’allais être le témoin d’un effacement bien plus rapide que celui annoncé par les prévisions les plus pessimistes ». L’écriture de Corine Sombrun a le pouvoir de nous captiver, Les esprits de la steppe se lit et se savoure comme un roman, on pense d’ailleurs à l’écrivain mongol Galsan Tschinag, mais il faut aussi en comprendre l’importance, car justement si la réalité dépasse bien souvent la fiction, il faut que cela puisse aussi faire prendre conscience de l’état du réel et de la nécessité urgente de préserver la richesse des diverses cultures et savoirs de l’humanité. Il faut de même lire les autres livres de Corine Sombrun, si on veut saisir l’envergure de cette aventure à la fois extérieure et intérieure, une aventure qui est loin d’être terminée. Après avoir frappé à pas mal de portes de chercheurs et scientifiques qui lui ont donné des adresses de psychiatres, Corine qui entre temps est passée par l’Alaska où elle a rencontré le chef d’une communauté d’Indiens Athabaskans, a enfin trouvé un chercheur digne de ce nom : Pierre Etevenon, ancien directeur de recherche de l’Inserm, et qui a déjà fait de nombreuses recherches sur l’état du cerveau des méditants et de ce qu’on appelle les « états modifiés de conscience ».

     

     

     

    Il l’a mise en contact avec d’autres chercheurs, et Corine a dû apprendre à reproduire la transe induite par le tambour chamanique, celui grâce ou à cause duquel elle devient loup, bond et hurlements à l’appui, mais sans tambour, afin de pouvoir être étudiée en laboratoire, ce qu’elle a réussi à faire. La voilà donc maintenant cobaye, car les fait sont là, sous l’effet de la transe Corine a des capacités qu’elle n’a pas dans la vie de tous les jours, et les résultats des premières expériences ayant eu lieu en 2007, qu’elle nous livre à la fin du livre, ne sont que le début du nouvelle histoire à venir, une plongée dans l’esprit humain, dans ces capacités ignorées, le lien entre savoirs immémoriaux et ce que nous sommes aujourd’hui. C’est plus que passionnant, c’est énorme ! Oui Corine Sombrun a un destin hors du commun, son loup fait le pont entre les cultures chamaniques qui nous relient à la source originelle de l’humanité et le monde d’aujourd’hui auquel elle appartient entièrement. Merci à elle d’aider ainsi au ré-enchantement du monde. Nous attendons la suite avec une très vive impatience !

     

    Cathy Garcia

     

     

     

     

    corine-sombrun.jpgCorine Sombrun passe son enfance en Afrique à Ouagadougou (Burkina Faso). De retour en France elle se consacre à des études de Musicologie, piano et composition. Lauréate de concours nationaux et internationaux, elle obtient une bourse de l’Office Franco Québécois pour la Jeunesse et part à Montréal, étudier auprès de performers multimédia et de compositeurs. En 1999 elle s’installe à Londres, où elle travaille comme pianiste et compositrice : Sacred Voice Festival of London (Création d’une pièce pour piano préparé et percussions iraniennes avec Bijan Chemirani), Drome London Bridge Theater («The Warp», pièce-performance de 24h mise en scène par Ken Campbell), BBC World Service, Turner Price, October Gallery, 291 Gallery, Price Water House Cooper Atrium Gallery… Puis fait des reportages pour BBC World Service, dans le cadre d’un programme sur les religions. En 2001, au cours d’un reportage en Mongolie, le chamane Balgir lui annonce qu’elle est chamane. Dans cette région du monde, les chamanes accèdent en effet à la transe grâce au son d’un tambour spécifique. Un son auquel, lors de cette première expérience, elle réagit violemment, jusqu’à perdre le contrôle de ses mouvements. Pour Balgir, elle a bien les capacités chamaniques et « sa voie » dit-il, sera de suivre leur enseignement pour les développer. Elle va ainsi passer plusieurs mois par an à la frontière de la Sibérie, auprès de Enkhetuya, chamane de l’ethnie des Tsaatans, chargée de lui transmettre cette connaissance. Après huit années d’apprentissage – au cours desquelles elle sera un sujet d’étude pour les anthropologues Lætitia Merli (EHESS, Paris) puis Judith Hangartner (Université de Berne) – elle devient la première occidentale à accéder au statut d’Udgan, terme mongol désignant les femmes ayant reçu le « don » puis la formation aux traditions chamaniques. En 2002 elle publie chez Albin Michel le premier récit de ses aventures, Journal d’une apprentie chamane (Albin Michel 2002, Pocket 2004), traduit en plusieurs langues.  Suivront, Une parisienne en Mongolie (Albin Michel 2004, Pocket 2006), Dix centimètres loi Carrez (Belfond 2004), Les tribulations d’une chamane à Paris (Albin Michel 2007, Pocket 2009), Sur les pas de Geronimo (Albin Michel 2008, Pocket 2013) bientôt traduit en américain,  et Les esprits de la steppe (Albin Michel 2012). En 2005 elle part au Nouveau Mexique rencontrer Harlyn Geronimo, medicin-man et arrière petit-fils du célèbre guerrier Apache. Selon une légende Apache en effet, ce peuple serait originaire de Mongolie. Ensemble, ils vont échanger leurs connaissances respectives sur les traditions Apaches et Mongoles et faire un voyage-pèlerinage jusqu’aux sources de la Gila, le lieu de naissance de Geronimo. De ces mois de complicité va naître l’idée du livre  Sur les pas de Geronimo, l’histoire de cette rencontre et l’unique récit de la vie de Geronimo, racontée par l’un de ses descendants directs. Parallèlement à ses voyages d’étude, Corine Sombrun est compositrice pour différentes sociétés de production, donne des conférences et poursuit son travail sur les États Modifiés de Conscience. Son expérience dans la pratique de la transe chamanique et sa capacité à l’induire par la seule volonté  intéresse désormais les scientifiques. Elle collabore depuis 2006 avec le Dr Etevenon, Directeur de recherche INSERM honoraire. Il l’a mise en relation avec différents chercheurs dont le but est de découvrir les mécanismes physiologiques liés à cet état de Transe (État de conscience volontairement modifié) et son influence sur le fonctionnement des hémisphères cérébraux. Les premiers résultats (obtenus en 2007 par analyses d’EEG sous la direction du Pr. Flor-Henry / Alberta Hospital – Canada) ont montré que cette transe chamanique, dont les mécanismes d’action sur le cerveau restent inconnus, modifiait effectivement les circuits du fonctionnement cérébral. En repoussant les limites des connaissances actuelles, ces résultats ont ouvert de nouvelles perspectives et sont à l’origine du premier protocole de recherche sur la transe chamanique mongole étudiée par les neurosciences ; Une tentative d’exploration des phénomènes liés aux capacités du cerveau humain et des fondements neuronaux de la Conscience.  (Source : site de l’éditeur)

     

     

     

    Site de l’auteur : http://www.corinesombrun.com/

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°16 : Sandrine Davin

     

    Lettre d’un soldat

     

     Sur un sol nauséabond
    Je t'écris ces quelques mots
    Je vais bien, ne t'en fais pas
    Il me tarde, le repos.
    Le soleil toujours se lève
    Mais jamais je ne le vois
    Le noir habite mes rêves
    Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

    Les étoiles ne brillent plus
    Elles ont filé au coin d'une rue,
    Le vent qui était mon ami
    Aujourd'hui, je le maudis.

    Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

    Le sang coule sur ma joue
    Une larme de nous
    Il fait si froid sur ce sol
    Je suis seul, je décolle.

    Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

    Mes paupières se font lourdes
    Le marchand de sable va passer
    Et mes oreilles sont sourdes
    Je tire un trait sur le passé.

    Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

    Sur un sol nauséabond
    J'ai écrit ces quelques mots
    Je sais qu'ils te parviendront
    Pour t'annoncer mon repos.

    Je suis bien, ne t'en fais pas …

     

     

     

    http://plumie.blog.mongenie.com/

     

     

  • Vient de paraître : Buk you ! Un hommage à Bukowski chez Gros Textes

     

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    par Hervé Merlot

     

     

    avec Hélène Dassavray (France) – Éric Dejaeger (Belgique) – Henry Denander (Suède) – Cathy Garcia (France) – Frédérick Houdaer (France) – Gerald Locklin (USA) – Patrice Maltaverne (France) – Adrian Manning (Royaume Uni) – Renaud Marhic (France) – Hervé Merlot (France) – Owen Roberts (Canada) – Thierry Roquet (France) – Ross Runfola (USA) – Marlène Tissot (France).
    Poème-préface inédit de Dan Fante.


    Traduction des six auteurs anglo-saxons : Éric Dejaeger.

     

    Quatorze auteurs, dont pas mal que j'ai eu le plaisir de publier dans Nouveaux Délits, fans de Bukowski proposent des textes en hommage au grand Hank, non pas « à la manière de » mais plutôt « dans la mouvance de ».

     

    Gros Textes (2013)
    160 pages
    14 € (12 € pièce à partir de deux exemplaires)
    ISBN : 978-35082-233-4
    L’avis de parution est ici
    Le blog de l’éditeur

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°15 - Estelle Cantala

    La dame rose

     

    Une grande dame un peu rose

    Retirait sa veste

    Droite et verte

    Comme une fleur de jardin parisien

    Elle a orienté la paume de sa main droite en direction du ciel

    L'oeil droit fermé

    L'autre

    Voyait le vent

    Elle semblait attendre un cri jamais venu

    La dame un peu rose était un peu nue

    Un chapeau

    Juste

    Tulle gonflé comme fines voiles échappées de sur la mer

    Bleu clair

    Blanc vieilli

    Rose chair

    Une grande véronique vêtue de peau nue

    Elle avait ôté sa tige

    Fleur de Paris

    Sur la main de la grande dame comme un éclair d'instant

    L'aterrissage de quelque essence volatile

    Une disparition immédiate

    L'explosion minuscule d'une apparition

    L'ineffable accoutumance

    D'une étincelle en soie

    Voix soyeuse en elle

     

     

    www.estelle-cantala.com

     

     

     

  • NUMÉRO 46

                   

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    Oct. Nov. Déc. 2013


     
      

    MERCI !!!

       
    En juillet dernier, la revue Nouveaux Délits a fêté ses 10 ans !
     
    Pari fou, pari tenu. 223 auteurs y ont été publiés à ce jour et certains d’entre eux nous ont malheureusement quittés depuis. 17 artistes l'ont illustrée, autant dire que certains plus d'une fois ! Je les remercie toutes et tous, car une revue c'est avant tout le fruit du généreux travail et de la douce folie de chacun. Si elle a réussi à perdurer jusqu'à aujourd'hui, c'est bien grâce à celles et ceux qui s'y intéressent, tous les abonné(e)s bien-sûr, mais aussi les lectrices et lecteurs occasionnel que je remercie également. Pour repartir de plus belle, en juillet, Les Soliflores ont vu le jour sur le blog de la revue. Il s'agit d’une publication en ligne de textes uniques d'auteurs, pour répondre à l'afflux toujours plus important de propositions, qui déborde largement ce que peuvent contenir trois numéros papier par an. Les Soliflores sont donc des clins d'œil pour encourager l’art poétique car oui, le poète est un artiste ! Le poète est un musicien, peintre, sculpteur de langue. Comme dans tout art, on y retrouvera toutes sortes de styles et du hors-style, du singulier, du brut et de vrais morceaux de vie posés ou crachés sur le papier (ou sur l’écran, modernité oblige).  Aussi, il n’est pas besoin de batailler pour savoir ce qu’est la vraie poésie. Il y en a simplement pour tous les goûts, y compris pour celles et ceux qui en manquent, et c’est tant mieux. Comme tout art, elle exprime la multiplicité, la diversité et la complexité humaine. Comme tout art, elle demande ouverture, curiosité, audace autant qu’humilité. Elle est en profonde relation avec la musique, puisqu’elle travaille comme elle avec un matériau intangible, vibratoire : le son. Elle construit, déconstruit et fait naître des étincelles aux points de friction de ces assemblages sonores et  elle use ou au contraire détourne le sens qui leur est généralement donné pour en inventer d’autres. J’ai donc une fois de plus le plaisir de vous présenter, dans ce 47ème  numéro (avec le numéro 0), quelques pièces choisies de cet art vivant, en espérant que vous les trouverez à votre goût.

     CG
        

     

    Quelques peuples seulement ont une littérature,

    tous ont une poésie.

    Victor Hugo in Océan prose

     

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    AU SOMMAIRE

     
    Délit de poésie  :  Céline Rochette-Castel et Isabelle Delpérié

    Délit sensuel  :

    Afrique de mes baisers de Bénédicte Fichten

    Poèmes de Gisaeng, courtisanes coréennes, traduits du coréen par Henri-Charles Alleaume


    Délit de faciès :  Sénamé, Ce que j’ai vu (extraits)


    Délit malgache : Vérité sur parole et Mettons que je n’ai rien dit, deux nouvelles de Ben Arès

     

    Résonance :  Les esprits de la steppe de Corinne Sombrun

     
    Délits d’(in)citations  volent au bas des pages, détachées de leur texte-arbre, c’est de saison. Vous trouverez encore, mais oui, le bulletin de complicité au fond en sortant.

     

    Illustrateur : Hamid Tibouchi
          

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    Né en 1951 en Algérie. Peintre et poète, il vit et travaille en région parisienne depuis 1981. Sa production, abondante, est protéiforme : poèmes, peintures, dessins, gravures, photos, livres d’artiste, livres-objets, décors de théâtre, vitraux, illustrations de livres et revues… Auteur d’une vingtaine de plaquettes et recueils de poèmes parmi lesquels on peut citer: Mer ouverte, Soleil d’herbe, Parésie, Nervures. Textes, dessins et peintures dans diverses anthologies ainsi que dans de nombreux périodiques (Esprit, Europe, Alif, Traces, Le Fou parle, Signes, Solaire, Fanal, Poésie 1, Le Journal des Poètes, Alimentation Générale, Impressions du Sud, 25 Mensuel, Athanor, Écriture, La Sape, Bacchanales, Poésie/Première, Horizons Maghrébins, L’Art Aujourd’hui, Artension, Liaisons, Area, Friches, Comme en Poésie, La Traductière, Le Frisson Esthétique, L’Étrangère, Phœnix, Les Archers, Il Particolare, Les Cahiers du Sens, Décharge, Incertain Regard, L’Établi …)
     

     

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    Certains voient les choses comme elles sont
    et se demandent "Pourquoi?"
    Moi je rêve les choses telles qu'elles n'ont jamais été,
    et je me demande "Pourquoi pas?"

    George Bernard Shaw 

     

     

     

  • Sur le point de paraître aux Ed. Nouveaux Délits

     

     

    POÈMES FOLLETS & CHANSONS FOLLETTES

    POUR GRANDS PETITS & PETITS GRANDS

     

    de Cathy Garcia

     

     

     

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    Illustrations originales en couleur  de 

     Joaquim Hock

    http://joaquimhock.blogspot.com

     

     

     

     

    Un recueil qui s’adresse avant tout aux enfants

     de 9 mois avant la naissance  à 99 ans et demi après

     

     

     

     

    « Dès fois on est content

    Dès fois on ne l’est pas

    Dès fois on est gentil

    Dès fois on ne l’est pas

     

    C’est la vie

    Et c’est comme ça

    C’est comme ça la vie

     

    (…)

    La vie c’est bien

    Et parfois ce n’est pas bien

    Mais c’est toujours beau la vie

    Mais parfois on l’oublie. »

     

    alcove-1.JPG

     

     

     

    Tirage sur papier recyclé limité et numéroté  

    56 pages,  15 €

     

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    À commander à l’Association Nouveaux Délits

     

     Létou 46330 St CIRQ-LAPOPIE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore 14 : Bruno Toméra

    Polaroïd de vacances

    le soleil dessine des auréoles
    sur les lunettes couleur de nuit
    la chair brûlée et grasse
    s'expose devant les visages sans yeux
    les clones se mirent dans la même glace.
    La terrasse étale les bruit des couverts
    dans l'avidité des ventres ouverts.
    les couples satisfaits, de leurs doigts poisseux
    décortiquent des carapaces
    sirotent une quelconque vinasse
    qu'ils imaginent nectar.
    Fiers rusés renards
    leur langage en de ternes économies
    se glorifient de plates affaires
    et de rassurantes philosophies
    10 euros de rabais à " pigeon partenaire"
    15 sur une brinquebalante cuisine garantie
    le néant est une somme de petits prix.
    les hommes décousent les jupes de passage
    les femmes s'essoufflent à n'avoir plus d'âge
    les hommes rêvent les femmes de leurs amis
    les femmes se rêvent d'autres nuits.
    Puis ils promènent leur esprit repu
    sur le sable qui les maudit
    une pensée fluette vite interrompue
    leur fait espérer qu'ils ont côtoyés un autre éden.
    Parés pour défiler de l'ennui aux ennuis
    dans une année nouvelle ou blanchissent leurs membres
    accepter l'enfer ne leur est plus une gêne.
    Pendant ce temps l'océan attend septembre
    et pleure des débris.

     

    Bruno Toméra

  • Soliflore n°13 - Gérard Leyzieux

     

    *

     Je te ferai la vie là où la fumée s’envole

    Je te lame de fond futur sur la béance

    Tu le je dans la chute de l’abandon

    Où est le il, en nous des eux

    Je te ferai la vie par-delà les retours,

    y revenir

    Je te flamme encore délivrance de la détente

    Je la vie voirie du solstice moiré

    Au chant d’accords sismiques, la clef du sol

      

    Gérard Leyzieux

     

     

     

  • Soliflore n°12 : Jacques Ceaux

    Plénitude

     

    Souffler d'un nuage

    tombée à la pluie

    tendre douceur

    aux ailes mousse

    sucrée d'avoine

    en étés d'ocre

    embaumée libre

    dépliant à bonheur

    douce embellie

    sans la course

    jaune lumière

    et vertes routes

     Echapée.JPG

    enveloppe azurée

    aux plaisirs doux

    sieste d'amour

    sur son lit tendre

    fines embrasures

    de portes ouvertes

    angle vivant d'arrondi

    repas moelleux

    en agapes bonnes

    sirop du temps

    coule au long plaisir

     

     Jacques Ceaux

     

     

     

    photo (c)cathy garcia

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°11 : Isabelle Grosse

     se faire des idées
    faire son cirque
    raconter des histoires
    faire du cinéma
        à quoi tu joues toi ?


    chercher des signes partout
    de vilains petits canards
    cachés ici ou là
    qui lui diraient
    quoi quoi quoi


    tremble et tressaute
    à la moindre trace
    tout petit pas de travers
    tout droit


    raye son nom sur le calendrier
    souffle coupé rature son prénom
    en oublie le jour et l'heure


    rêve entre aurore et crépuscule
    rêve que         et aussi que
    alors seulement peut dormir enfin


    keskessadi sadikoi
    ça dit que tu t'oublies
    ça parle de lumière et de beauté
    ça dit de foncer tête la première dans ce qui te rend heureux
    ça dit que ça peut aussi claquer fort et que si ça cogne la nuit c'est normal
    tout ira bien


    rassurez-vous madame
    écrire redevient possible

     

       

    Isabelle Grosse

     

     http://www.m-e-l.fr/isabelle-grosse,ec,494

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°10 : Thierry Radière

    ARTICULATIONS

     

     craque les articulations

    de mes doigts que

    j’entende la première

    musique du réveil

    que je sente les extrémités

    de la mort au petit déjeuner

     


    Mémoire, traces III NB.JPG

    Cathy Garcia - Mémoire, traces III NB

     

     

    PENSÉE PORTUAIRE

      

    la vie dans un élan

    de carte postale écrite

    face à un port

    pourrait être simple

    si les bateaux

    ne tanguaient pas

    pour la photo

     

     

  • Soliflore n°9 : Michèle Rosenzweig

    Le psychiatre

     

    Dites-moi, c'est quoi, un psychiatre ?

    demanda la femme innocemment

    au retour d'un délire.

    Oh, non, ce n'est pas un ami

    plutôt un lointain parent

    un peu de ce père qu'on sauve et qu'on tue

    chaque jour un peu plus

    un peu de ce frère absent qui exerce ses talents.

    Un professeur de replis

    de replis stratégiques

    Un amateur d'oublis

    d'oublis systématiques.

    Un élève de nos vies

    qui laisse bien des maux en suspens

    comme on ménage un enfant

    (récalcitrant, l'enfant, surtout aux médicaments ...)

    Un rôdeur d'âme, un aspic rampant

    Un déverrouilleur de peines

    Un tâtonneur de vérités

    Un combattant dans le noir

    Un dérouilleur de mécaniques

    Un essayeur de clés, un horloger

    Un chasseur de gazelles

    Un trappeur du Grand Nord

    Un pourfendeur d'hydres à six têtes

    Un oiseleur en cage

    Un détrousseur d'images

    Un décortiqueur d'amandes

    Un drôle de type

    Un docteur bien énigmatique

    avec un léger accent

    (Très charmant, l'accent !...)

     

    Mais oui, un psychiatre c'est cela :

    Un docteur exotique ...

     

    Michèle Rosenzsweig

     

  • Joyeux Anniversaire !

    Dingue !

    La revue

    NOUVEAUX DÉLITS

    a dix ans !!!

     

    petite flamme restau Nant.JPG

     

    Pari fou, pari tenu

     

    218 auteurs y ont été publiés à ce jour, dont certains nous ont malheureusement quittés

    16 artistes l'ont illustrée, autant dire que certains plus d'une fois !

     

    Je les remercie toutes et tous, car une revue c'est avant tout le fruit du généreux travail et de la douce folie de chacun et si elle a réussi à perdurer jusqu'à aujourd'hui, c'est bien grâce à celles et ceux qui s'y intéressent, tous les abonné(e)s mais aussi les lectrices et lecteurs occasionnel que je remercie également, 

     

    MERCI

    MERCI 

    MERCI !!! 

     

     

    Petit rappel de mon tout premier édito en

    Juillet 2003 
     
    Pourquoi Nouveaux Délits ? Et pourquoi pas ?
    Voilà le point de départ de cette revue qui se lance, à l’eau ou par la fenêtre comme on voudra, l’essentiel étant l’élan, l’impulsion, l’envie de faire. Faire réfléchir plus que plaisir, faire connaissance, faire le lien entre tous et chacun, pourvu qu’il soit avide de paroles, fraîches ou chaleureuses c’est selon, mais dans tous les cas vivantes.

    Les auteurs sont lecteurs, les lecteurs auteurs et chacun contribue ainsi à poétiser le monde.
    Poétiser : nettoyer les regards de la poussière du conformisme ambiant, goûter des saveurs nouvelles. Nouveaux Délits aime les mélanges, les différences, les mots qui dérangent, qui grattent, qui démangent, pour ne pas céder au sommeil qui dissout les consciences.
    Nouveaux Délits à inventer, à commettre ensemble. Poétiser est un acte, pas un luxe.
    Soyez à l’écoute du vent qui passe, ignorant les frontières, colporteur de bonnes et mauvaises nouvelles. Confiez-lui vos textes, vos poèmes, vos délires, il en fera peut-être de la matière à Nouveaux Délits.
     
     
    CG

    "Un poète doit laisser des traces de son passage, non
    des preuves. Seules les traces font rêver"

    René Char
     
     
     
    Et bien, nous voilà donc prêts
    à  laisser quelques traces
    pour dix années de plus ?
     
     
     

     

  • Soliflore n°7 : Andrea d'Urso

    Next exit

     

    Prochaine sortie,

    il ya toujours une prochaine sortie,

    je le sais.

    Il y a toujours une prochaine sortie,

    même sur ces routes départementales,

    qui ne sont pas comme les autoroutes

    où il y a toujours une prochaine sortie,

    ici aussi il y a toujours une prochaine sortie,

    même si ça ne se voit pas toujours.

    Il y a une prochaine sortie,

    dans la lumière matinale sur le visage de la fille du bar,

    dans son sourire affable et provisoire,

    il y a une prochaine sortie

    dans les fleurs que tu n’as jamais achetées

    et que tu as offert en rêve à une femme distraite en vrai.

    Il y a une prochaine sortie

    sur les pancartes maisons à vendre le long de la route,

    maisons sur la colline, jamais habitées,

    patios et vérandas qui n’attendent que d’être ouverts

    dans les après-midi d’été finissants

    qui n’attendent que d’être fermés.

    Il y a une prochaine sortie

    dans le regard vif de la vieille femme de ménage

    qui vient dans nos bureaux le lundi matin,

    je l’ai vue se planter avec son balai-brosse

    devant une carte géographique

    et aller là où personne n’est jamais allé

    et revenir là d’où personne n’est jamais revenu,

    elle y compris.

    Elle ne m’achètera jamais de robinet,

    mais je l’aime bien quand même.

    Il y a une prochaine sortie,

    quand à la radio de ta voiture

    tu trouves la bonne chanson et tu montes le son,

    il y a une prochaine sortie

    quand tu écoutes Largo from Serse de Haendel,

    pas besoin de monter le son

    car on n’a plus besoin de rien

    quand on écoute Largo from Serse de Haendel,

    tout est parfait, tout est à sa place,

    tout prend une connotation différente,

    le ciel, la route, les voitures.

    et le type qui te coupe la route avec son Cayenne

    ne t’atteint pas, ne te concerne pas,

    il a son rôle, sa fonction,

    et même une forme de beauté,

    il y a toujours une prochaine sortie

    mais il faut se dépêcher

    car dès que le morceau s’achève

    tout redevient comme avant

    et le type qui te coupe la route avec son Cayenne

    redevient  juste un gros con.

    Il y a toujours  une prochaine sortie,

    le seul problème pour moi c’est de trouver l’entrée.

     

     

    Andrea d'Urso, Italie

    Traduction Muriel Morelli

  • Soliflore n°6 : El' Mehdi Chaïbeddera

    C'EST UN METIER D'ETRE DEBOUT

                                      DEBOUT C'EST NOTRE VOCATION

     

    Partout tant de monde debout

    Il y a debout et debout

     

    C'est du boulot d'être debout

    Un sacré taf d'être debout

     

    Surtout dans les butorderies

    Où l'on boute de deboutant

     

    Il y a du décès de bout

    Ce n'est pas tout d'être debout

     

    Il y a l'étalé - debout

    De la chefferie failliteuse

     

    Et puis le debout magistral

    De la valetaille étarquée

     

    A la galerie des succès

    Pour le maintien des litanies

     

    Il est du debout perturbant

    De la gent qu'on pousse à bout

     

    De celui qui joint les de(ux) bouts

    Et qui ne voit jamais le bout

     

    Il est du debout parasite

    Des ayants-tout du forestage

     

    Il y a du tapin debout

    En tapinois républicain

     

    C'est du boulot d'être debout

    Un sacré taf d'être au debout

     

    Venir à bout de son debout

    Il faut bien en connaître un bout

     

    Il y a du debout boutade

    Du bout au vent à la Quichotte

     

    Mais l'essentiel étant debout

    Cest de camper à son debout

     

    C'est ne plus jamais être dupe

    Aux rendez-vous des debouteux

     

    Il est des toqués du debout

    Aux grands pics de la deboutite

     

    C'est ne plus être débouté

    De son droit de vivre debout

     

    C'est un métier d'être debout

    Pour nous c'est une vocation

     

    Lyon. Lundi 25 octobre 2OIO

    El' Mehdi CHAIBEDDERA

     

  • Soliflore n° 4 : Jacques Laborde

     Je suis un lecteur
    Un lecteur de poèmes
    Un être rarissime et raffiné
    Qui n’écrit point
    Qui ne racole aucun éditeur
    Aucun imprimeur
    Ni ne convoite aucun auteur
     
    Je suis comme une gomme claire en plein jour
    Une tache obscure dans la nuit d’encre
    En somme un être d’exception
    Qui brille tout en discrétion
     
    Je ne drague aucun concours littéraire
    Ne charme point les revues bi-annuelles
    bimensuelles
    trimestrielles
     
    Je reste un simple lecteur
    Un esprit haut perché
    Sur son tabouret
    Dans son infinie rareté
     
    Je pratique
    En extérieur autant qu’en intérieur
    Selon l’humeur
    Et j’attends mes clients
     
    Ainsi cher édité, poète à tes heures
    Te lirai-je avec passion, curiosité
    Bonheur, amour et volupté
    Du bout des ongles
    Au bout des lèvres
    Attention je n’embrasse pas
    Il t’en coûtera cinquante euros la prestation
    Cinquante euros la page
    Protégée ou non par le copyright
     
    Car Je suis un lecteur
    Un lecteur de poèmes
    Et mes tarifs en vigueur
    Sont bien à la hauteur
    De ma singularité
    Sur le marché.


    Jacques Laborde

     

     

     

    http://www.bestiairedubasmontmartre.org/

     

  • Soliflore n°3 : Didier Trumeau

     

    La voyez vous derrière les joubarbes ?

    Non ?!

    Pourtant elle est là !

    Suivez la tige du milieu qui tombe

    vers les ténèbres et monte vers l’infini.

    Vous ne la voyez toujours pas ?

    Alors comptez trente huit pétales

    en partant de la gauche

    puis soustrayez la vache qui au loin

    broute l’herbe grasse du printemps

    avant de mugir au perdu

    pour attirer l’attention

    quelle frimeuse cette  belle Normande

    aux traits celtes aux yeux scandinaves,

    aux flancs larges.

    Alors vous la voyez ?

    Quoi ?

    L’imagination !

     Ah! bon...

     

     

    Didier Trumeau

    Extrait de Pacemaker Quark Pastel  

     

     

    DSCF0810.JPG

    (c) Didier Trumeau

     

    Didier Trumeau a créé et animé un bon zine musico-poético-artistico- anarcho pendant une dizaine d'années : L'Heure-Tard, Ed. Enitram Treab à Vierzon : http://www.enitramtreab.fr

     

     

  • Soliflore n°2 : Jean-Marc Gougeon

    rassurée

     

    Sur le dos de la nuit

    s’exhibent quelques chiens

    panse creuse ils accourent

    et toi tu les retiens

     

    Les crocs ont faim respire

    ils reviendront repus

    impose prends ta lyre

    ton chant est attendu

     

    Calmés ils auront gratté

    la peau de tes cauchemars

    au ventre chardons broyés

    tes aspérités sont douces

    et tu cours tu te fais tard

     

    Reconnaissante tu longes

    des restes de fossés vides

    franchis les talus en songe

    dors dans le baiser avide

    le drap te donne la source

     

     

    Jean- Marc Gougeon