Key Mignot - Brumes (haiku) - 11 ans
Des brumes, il y'en a,
Même l'oiseau ne voit pas
l'arbre à deux pattes de là.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Des brumes, il y'en a,
Même l'oiseau ne voit pas
l'arbre à deux pattes de là.
STELLA MARISFileuses stellaires, qui tissezcontre vents et maréesle corps moiré de la nuit,sur le rouet des imagesrythmez du temps les repliscomme vagues sur rivageO mes Moires mer-veilleuses,terribles et silencieuses,sur la toile des mystères,déroulez en horizons lointainslueurs corpusculairesoù défilent nos destins
Nu sur la terrasse
Nu sur la terrasse, il tond sa poule aux yeux d'or, s'endort et joue l'autruche face au déluge.
Il touche du doigt son sexe tendu, se frotte aux épines d'aubépine dressées dans les pots de terre: révolution espiègle.
La poule caquette et, plumes aux vents bressans, vents écarlates et douloureux, vents des monts du Jura, du Bugey, de Savoie, elle s'épouille et s'ébat sans se soucier nullement des saletés semées à ses pattes.
Il devient blême, il bêle. Il s'habille de soie, le soir, se détend dans un bain de lait tiède, amande et coquelicot. Infusion d'illusions,
La baronne conduit vers les gorges et le sourire commercial manque à l'appel. Il semble qu'elle ait effacé le mot patience de son vocabulaire, son dictionnaire ne compte donc plus les mots nécessaires, les mots sincères, tous ceux qu'une relation naturelle et honnête serait en droit d'attendre.
Parcourir les chemins, les chem-trails, les canaux du temps assassin. Recycler les poncifs d'un passé pas si lointain et pourtant momifié. Les reliques d'une autre vie, d'un temps fécond, abscons et moribond.
Subir l'excuse, la platitude et les caprices d'un enfant-roi. Sa loi. Son droit.
Devoir composer avec ses humeurs, porter des masques aux sourires à l'endroit et accepter de ne jamais se plaire plus que nécessaire dans le trou où ses envies nous auront faits choir.
Pourtant le sexe dur pénètre encore ses entrailles, son anus chaud, sa bouche moite. Les yeux moirés voient cet organe avec envie et la main douce, câline et ferme l'enferme, le serre et le compresse. Ce lent mouvement, ce va-et-vient appelle l'orgasme et l'explosion d'un jus visqueux, tiède et salé, qui coule et qui s'étale sur un lit anthracite.
Les nuits apaisent les désirs, rendent possibles les envies, annoncent les orgasmes gris, les liqueurs du délit.
(texte inédit extrait du recueil Civilisé, en cours d'écriture)
Moustique
Petit point noir vrombissant
Sur la blancheur de mes draps
Le matin te transformera
En une étoile rouge sang.
leseditionsduportdattache-overblog.com
CHIRICO
La sensation opère dans le bloc
De béton natif
Les distances s’étirent jusqu’où pique
L’anonyme qui les a vues naître
Nourri par le sable et les gravillons
Nourri par le liant de ciment
Qui lentement lui ont plombé la cervelle
Lentement lui ont fait assimilé
La parfaite solitude où il s’est collé
Ni le temps ni rien n’altèrent la texture
De l’océan mort où la ligne d’horizon
Taquine comme un venin stérile
L’étendue avide de cerveaux anonymes
Depuis qu’on a fondu ce prodige moderne
Depuis qu’on a fondu la modernité
Dans les cervelles des anonymes
Jours d’hiver
1
Un jour désagrégé
rien ne va rien ne sert
je jette les morceaux
qu’ils pourrissent au dépotoir
où vont tous les passe-temps
en train-train de misère.
*
Le vent souffle en rafales
sur les hauts peupliers
qui peignent le ciel
inutilement
Le temps vire à l’orage
et je voudrais soudain
marcher sous les éclairs
pour ne plus avoir à déchirer la nuit
de rêves ajourés.
*
Un regret passe, malhabile
et puant la sueur froide
un deuxième passe, fébrile
un troisième, incertain
et puis un quatrième
et une palanquée
une foule en délire
un désir refoulé
un fou en liberté
un autre sur ses gardes
et puis un garde-fou
et quand la scène est pleine
alors subitement
les regrets regrettent
d’occuper le terrain
et le laissent
à regret.
2
La neige tombe jusqu’au silence
couvrant les champs
et leurs barrières
laissant de but en blanc
tout un champ du possible
où les pas des enfants
feront de beaux desseins
Les corbeaux s’y découpent
comme des pointillés
On garderait le tout
y compris le silence.
*
Sous les nuées d’étoiles
insensibles au vent
mais vaincues par le jour
je prends un air léger
contourne les nuages
vole sur l’incertitude du vent
et cherche un regard
pour marcher avec lui
le long des crépuscules
Lettre d’un soldat
Sur un sol nauséabond
Je t'écris ces quelques mots
Je vais bien, ne t'en fais pas
Il me tarde, le repos.
Le soleil toujours se lève
Mais jamais je ne le vois
Le noir habite mes rêves
Mais je vais bien, ne t'en fais pas …
Les étoiles ne brillent plus
Elles ont filé au coin d'une rue,
Le vent qui était mon ami
Aujourd'hui, je le maudis.
Mais je vais bien, ne t'en fais pas …
Le sang coule sur ma joue
Une larme de nous
Il fait si froid sur ce sol
Je suis seul, je décolle.
Mais je vais bien, ne t'en fais pas …
Mes paupières se font lourdes
Le marchand de sable va passer
Et mes oreilles sont sourdes
Je tire un trait sur le passé.
Mais je vais bien, ne t'en fais pas …
Sur un sol nauséabond
J'ai écrit ces quelques mots
Je sais qu'ils te parviendront
Pour t'annoncer mon repos.
Je suis bien, ne t'en fais pas …
http://plumie.blog.mongenie.com/
La dame rose
Une grande dame un peu rose
Retirait sa veste
Droite et verte
Comme une fleur de jardin parisien
Elle a orienté la paume de sa main droite en direction du ciel
L'oeil droit fermé
L'autre
Voyait le vent
Elle semblait attendre un cri jamais venu
La dame un peu rose était un peu nue
Un chapeau
Juste
Tulle gonflé comme fines voiles échappées de sur la mer
Bleu clair
Blanc vieilli
Rose chair
Une grande véronique vêtue de peau nue
Elle avait ôté sa tige
Fleur de Paris
Sur la main de la grande dame comme un éclair d'instant
L'aterrissage de quelque essence volatile
Une disparition immédiate
L'explosion minuscule d'une apparition
L'ineffable accoutumance
D'une étincelle en soie
Voix soyeuse en elle
Polaroïd de vacances
le soleil dessine des auréoles
sur les lunettes couleur de nuit
la chair brûlée et grasse
s'expose devant les visages sans yeux
les clones se mirent dans la même glace.
La terrasse étale les bruit des couverts
dans l'avidité des ventres ouverts.
les couples satisfaits, de leurs doigts poisseux
décortiquent des carapaces
sirotent une quelconque vinasse
qu'ils imaginent nectar.
Fiers rusés renards
leur langage en de ternes économies
se glorifient de plates affaires
et de rassurantes philosophies
10 euros de rabais à " pigeon partenaire"
15 sur une brinquebalante cuisine garantie
le néant est une somme de petits prix.
les hommes décousent les jupes de passage
les femmes s'essoufflent à n'avoir plus d'âge
les hommes rêvent les femmes de leurs amis
les femmes se rêvent d'autres nuits.
Puis ils promènent leur esprit repu
sur le sable qui les maudit
une pensée fluette vite interrompue
leur fait espérer qu'ils ont côtoyés un autre éden.
Parés pour défiler de l'ennui aux ennuis
dans une année nouvelle ou blanchissent leurs membres
accepter l'enfer ne leur est plus une gêne.
Pendant ce temps l'océan attend septembre
et pleure des débris.
Bruno Toméra
*
Je te ferai la vie là où la fumée s’envole
Je te lame de fond futur sur la béance
Tu le je dans la chute de l’abandon
Où est le il, en nous des eux
Je te ferai la vie par-delà les retours,
y revenir
Je te flamme encore délivrance de la détente
Je la vie voirie du solstice moiré
Au chant d’accords sismiques, la clef du sol
Gérard Leyzieux
Plénitude
Souffler d'un nuage
tombée à la pluie
tendre douceur
aux ailes mousse
sucrée d'avoine
en étés d'ocre
embaumée libre
dépliant à bonheur
douce embellie
sans la course
jaune lumière
et vertes routes
enveloppe azurée
aux plaisirs doux
sieste d'amour
sur son lit tendre
fines embrasures
de portes ouvertes
angle vivant d'arrondi
repas moelleux
en agapes bonnes
sirop du temps
coule au long plaisir
Jacques Ceaux
photo (c)cathy garcia
se faire des idées
faire son cirque
raconter des histoires
faire du cinéma
à quoi tu joues toi ?
chercher des signes partout
de vilains petits canards
cachés ici ou là
qui lui diraient
quoi quoi quoi
tremble et tressaute
à la moindre trace
tout petit pas de travers
tout droit
raye son nom sur le calendrier
souffle coupé rature son prénom
en oublie le jour et l'heure
rêve entre aurore et crépuscule
rêve que et aussi que
alors seulement peut dormir enfin
keskessadi sadikoi
ça dit que tu t'oublies
ça parle de lumière et de beauté
ça dit de foncer tête la première dans ce qui te rend heureux
ça dit que ça peut aussi claquer fort et que si ça cogne la nuit c'est normal
tout ira bien
rassurez-vous madame
écrire redevient possible
Isabelle Grosse
http://www.m-e-l.fr/isabelle-grosse,ec,494
photo de l'auteur
JOUR DE PLUIE
dégringolé de déluge
les murs
accouchent
de ruisseaux
un pianiste joue
sur les gouttières
je vois les toits
de Londres
les minarets
d’Istanbul
un vieil or de gare
sous le lampadaire
les filets du rideau capturent
des poissons de lumière
in Toboggan de velours
ARTICULATIONS
craque les articulations
de mes doigts que
j’entende la première
musique du réveil
que je sente les extrémités
de la mort au petit déjeuner
Cathy Garcia - Mémoire, traces III NB
PENSÉE PORTUAIRE
la vie dans un élan
de carte postale écrite
face à un port
pourrait être simple
si les bateaux
ne tanguaient pas
pour la photo
Le psychiatre
Dites-moi, c'est quoi, un psychiatre ?
demanda la femme innocemment
au retour d'un délire.
Oh, non, ce n'est pas un ami
plutôt un lointain parent
un peu de ce père qu'on sauve et qu'on tue
chaque jour un peu plus
un peu de ce frère absent qui exerce ses talents.
Un professeur de replis
de replis stratégiques
Un amateur d'oublis
d'oublis systématiques.
Un élève de nos vies
qui laisse bien des maux en suspens
comme on ménage un enfant
(récalcitrant, l'enfant, surtout aux médicaments ...)
Un rôdeur d'âme, un aspic rampant
Un déverrouilleur de peines
Un tâtonneur de vérités
Un combattant dans le noir
Un dérouilleur de mécaniques
Un essayeur de clés, un horloger
Un chasseur de gazelles
Un trappeur du Grand Nord
Un pourfendeur d'hydres à six têtes
Un oiseleur en cage
Un détrousseur d'images
Un décortiqueur d'amandes
Un drôle de type
Un docteur bien énigmatique
avec un léger accent
(Très charmant, l'accent !...)
Mais oui, un psychiatre c'est cela :
Un docteur exotique ...
Michèle Rosenzsweig
AUX TAMBOURS DE L’EAU
Le flot jaillit !
Impérieuse, la crue s’étend
Des arbres bruns tombent
Que le courant emporte
Ce bruit de l’eau qui monte
Ressemble tant aux tambours qui battent
A la frontière des morts et des vivants
Joël Jacquet, 20 octobre 2012
Next exit
Prochaine sortie,
il ya toujours une prochaine sortie,
je le sais.
Il y a toujours une prochaine sortie,
même sur ces routes départementales,
qui ne sont pas comme les autoroutes
où il y a toujours une prochaine sortie,
ici aussi il y a toujours une prochaine sortie,
même si ça ne se voit pas toujours.
Il y a une prochaine sortie,
dans la lumière matinale sur le visage de la fille du bar,
dans son sourire affable et provisoire,
il y a une prochaine sortie
dans les fleurs que tu n’as jamais achetées
et que tu as offert en rêve à une femme distraite en vrai.
Il y a une prochaine sortie
sur les pancartes maisons à vendre le long de la route,
maisons sur la colline, jamais habitées,
patios et vérandas qui n’attendent que d’être ouverts
dans les après-midi d’été finissants
qui n’attendent que d’être fermés.
Il y a une prochaine sortie
dans le regard vif de la vieille femme de ménage
qui vient dans nos bureaux le lundi matin,
je l’ai vue se planter avec son balai-brosse
devant une carte géographique
et aller là où personne n’est jamais allé
et revenir là d’où personne n’est jamais revenu,
elle y compris.
Elle ne m’achètera jamais de robinet,
mais je l’aime bien quand même.
Il y a une prochaine sortie,
quand à la radio de ta voiture
tu trouves la bonne chanson et tu montes le son,
il y a une prochaine sortie
quand tu écoutes Largo from Serse de Haendel,
pas besoin de monter le son
car on n’a plus besoin de rien
quand on écoute Largo from Serse de Haendel,
tout est parfait, tout est à sa place,
tout prend une connotation différente,
le ciel, la route, les voitures.
et le type qui te coupe la route avec son Cayenne
ne t’atteint pas, ne te concerne pas,
il a son rôle, sa fonction,
et même une forme de beauté,
il y a toujours une prochaine sortie
mais il faut se dépêcher
car dès que le morceau s’achève
tout redevient comme avant
et le type qui te coupe la route avec son Cayenne
redevient juste un gros con.
Il y a toujours une prochaine sortie,
le seul problème pour moi c’est de trouver l’entrée.
Andrea d'Urso, Italie
Traduction Muriel Morelli
C'EST UN METIER D'ETRE DEBOUT
DEBOUT C'EST NOTRE VOCATION
Partout tant de monde debout
Il y a debout et debout
C'est du boulot d'être debout
Un sacré taf d'être debout
Surtout dans les butorderies
Où l'on boute de deboutant
Il y a du décès de bout
Ce n'est pas tout d'être debout
Il y a l'étalé - debout
De la chefferie failliteuse
Et puis le debout magistral
De la valetaille étarquée
A la galerie des succès
Pour le maintien des litanies
Il est du debout perturbant
De la gent qu'on pousse à bout
De celui qui joint les de(ux) bouts
Et qui ne voit jamais le bout
Il est du debout parasite
Des ayants-tout du forestage
Il y a du tapin debout
En tapinois républicain
C'est du boulot d'être debout
Un sacré taf d'être au debout
Venir à bout de son debout
Il faut bien en connaître un bout
Il y a du debout boutade
Du bout au vent à la Quichotte
Mais l'essentiel étant debout
Cest de camper à son debout
C'est ne plus jamais être dupe
Aux rendez-vous des debouteux
Il est des toqués du debout
Aux grands pics de la deboutite
C'est ne plus être débouté
De son droit de vivre debout
C'est un métier d'être debout
Pour nous c'est une vocation
Lyon. Lundi 25 octobre 2OIO
El' Mehdi CHAIBEDDERA
Le ciel a épousé l’ivresse
Et les mensonges et les refus
Mais la terre n’a pas abdiqué
Son devenir de mère:
Superbe et souveraine
dans ses haillons de reine
Aux pieds des chants perdus
Elle porte encore la VIE.
Mireille Fridman
Je suis un lecteur
Un lecteur de poèmes
Un être rarissime et raffiné
Qui n’écrit point
Qui ne racole aucun éditeur
Aucun imprimeur
Ni ne convoite aucun auteur
Je suis comme une gomme claire en plein jour
Une tache obscure dans la nuit d’encre
En somme un être d’exception
Qui brille tout en discrétion
Je ne drague aucun concours littéraire
Ne charme point les revues bi-annuelles
bimensuelles
trimestrielles
Je reste un simple lecteur
Un esprit haut perché
Sur son tabouret
Dans son infinie rareté
Je pratique
En extérieur autant qu’en intérieur
Selon l’humeur
Et j’attends mes clients
Ainsi cher édité, poète à tes heures
Te lirai-je avec passion, curiosité
Bonheur, amour et volupté
Du bout des ongles
Au bout des lèvres
Attention je n’embrasse pas
Il t’en coûtera cinquante euros la prestation
Cinquante euros la page
Protégée ou non par le copyright
Car Je suis un lecteur
Un lecteur de poèmes
Et mes tarifs en vigueur
Sont bien à la hauteur
De ma singularité
Sur le marché.
Jacques Laborde
http://www.bestiairedubasmontmartre.org/
La voyez vous derrière les joubarbes ?
Non ?!
Pourtant elle est là !
Suivez la tige du milieu qui tombe
vers les ténèbres et monte vers l’infini.
Vous ne la voyez toujours pas ?
Alors comptez trente huit pétales
en partant de la gauche
puis soustrayez la vache qui au loin
broute l’herbe grasse du printemps
avant de mugir au perdu
pour attirer l’attention
quelle frimeuse cette belle Normande
aux traits celtes aux yeux scandinaves,
aux flancs larges.
Alors vous la voyez ?
Quoi ?
L’imagination !
Ah! bon...
Didier Trumeau
Extrait de Pacemaker Quark Pastel
(c) Didier Trumeau
Didier Trumeau a créé et animé un bon zine musico-poético-artistico- anarcho pendant une dizaine d'années : L'Heure-Tard, Ed. Enitram Treab à Vierzon : http://www.enitramtreab.fr
rassurée
Sur le dos de la nuit
s’exhibent quelques chiens
panse creuse ils accourent
et toi tu les retiens
Les crocs ont faim respire
ils reviendront repus
impose prends ta lyre
ton chant est attendu
Calmés ils auront gratté
la peau de tes cauchemars
au ventre chardons broyés
tes aspérités sont douces
et tu cours tu te fais tard
Reconnaissante tu longes
des restes de fossés vides
franchis les talus en songe
dors dans le baiser avide
le drap te donne la source
Jean- Marc Gougeon
Aujourd'hui s'ouvre une annexe à la revue, ici même : Les Soliflores.
Il s'agit de textes uniques d'auteurs, qui seront publiés ici. Ceci pour répondre à l'afflux toujours plus important de propositions, qui déborde largement de ce que peuvent contenir trois numéros papier par an. Inutile cependant d'envoyer des textes uniques à cet effet, il s'agit d'abord de donner de la visibilité à d'innombrables auteurs déjà en attente, et qui ne seront peut-être pas publiés ou republiés ultérieurement dans la revue papier. Les Soliflores sont donc des clins d'oeil pour encourager la création poétique et ne pas l'émousser en la faisant attendre des mois, parfois des années, pour une publication papier.
Quant à la revue, elle continue son petit chemin, prochain numéro en octobre.
Pour ouvrir donc le bal, un poème de Stéphanie Voisin, qui fait écho à Nuage rouge de Jean Azarel, publié dans le denier numéro : un hommage à la chanteuse trop tôt disparue, Lhasa de Sela.
Lhasa tu marches et tu appelles
Celui qui froisse tes pieds sur des chemins de ronces
Tes dents sont amoureuses ta bouche est sans racine
Le désert tombe et ressuscite quand tu vacilles
Quelqu’un vient
Tu nages sur des braises
C’est sûrement lui
Et tes mains sont immenses même percées par la pluie
Ton cri s’est allongé dans une roue de velours
Comme un feutre fragile
Ta voix couleur de chair lève le pain de l’ombre
La terre grogne et remplit la magie des oiseaux
Qui redonne soif et faim
Serre les poings sur ta fièvre
La douceur et la pierre confondent leurs murmures
Il y a tant de clarté dans l’obscur de ta voix
Qu’un océan se glisse en travers de ma peau
Lhasa laisse le vent marcher sur tes chansons
Et convaincre la terre d’accueillir ta fraîcheur
Car la nuit ce matin s’est trompée de fenêtre
Sur la route ruisselle l’eau brève de ta vie
Tel un souffle qui chasse
Lhasa laisse le vent dans l’étincelle des chats
Car la nuit ce matin s’est trompée de fenêtre.
Stéphanie Cousin
et une des chansons de Lhasa que j'aime tout particulièrement