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LA REVUE EN LIGNE : LES SOLIFLORES - Page 5

  • Soliflore n° 21 : Walter Rulhmann

    Nu sur la terrasse

     

    Nu sur la terrasse, il tond sa poule aux yeux d'or, s'endort et joue l'autruche face au déluge.

    Il touche du doigt son sexe tendu, se frotte aux épines d'aubépine dressées dans les pots de terre: révolution espiègle.

    La poule caquette et, plumes aux vents bressans, vents écarlates et douloureux, vents des monts du Jura, du Bugey, de Savoie, elle s'épouille et s'ébat sans se soucier nullement des saletés semées à ses pattes.

    Il devient blême, il bêle. Il s'habille de soie, le soir, se détend dans un bain de lait tiède, amande et coquelicot. Infusion d'illusions,

     

    La baronne conduit vers les gorges et le sourire commercial manque à l'appel. Il semble qu'elle ait effacé le mot patience de son vocabulaire, son dictionnaire ne compte donc plus les mots nécessaires, les mots sincères, tous ceux qu'une relation naturelle et honnête serait en droit d'attendre.

     

    Parcourir les chemins, les chem-trails, les canaux du temps assassin. Recycler les poncifs d'un passé pas si lointain et pourtant momifié. Les reliques d'une autre vie, d'un temps fécond, abscons et moribond.

     

    Subir l'excuse, la platitude et les caprices d'un enfant-roi. Sa loi. Son droit.

    Devoir composer avec ses humeurs, porter des masques aux sourires à l'endroit et accepter de ne jamais se plaire plus que nécessaire dans le trou où ses envies nous auront faits choir.

     

    Pourtant le sexe dur pénètre encore ses entrailles, son anus chaud, sa bouche moite. Les yeux moirés voient cet organe avec envie et la main douce, câline et ferme  l'enferme, le serre et le compresse. Ce lent mouvement, ce va-et-vient appelle l'orgasme et l'explosion d'un jus visqueux, tiède et salé, qui coule et qui s'étale sur un lit anthracite.

     

    Les nuits apaisent les désirs, rendent possibles les envies, annoncent les orgasmes gris, les liqueurs du délit.

     

    (texte inédit extrait du recueil Civilisé, en cours d'écriture)

     

     

  • Soliflore n°19 - Florian Tomasini

    CHIRICO

     

     La sensation opère dans le bloc

    De béton natif

    Les distances s’étirent jusqu’où pique

    L’anonyme qui les a vues naître

     

    Nourri par le sable et les gravillons

    Nourri par le liant de ciment

    Qui lentement lui ont plombé la cervelle

    Lentement lui ont fait assimilé

    La parfaite solitude où il s’est collé

     

    Ni le temps ni rien n’altèrent la texture

    De l’océan mort où la ligne d’horizon

    Taquine comme un venin stérile

    L’étendue avide de cerveaux anonymes

     

    Depuis qu’on a fondu ce prodige moderne

    Depuis qu’on a fondu la modernité

    Dans les cervelles des anonymes




     

  • Soliflore n°18 - Daniel Birnbaum

    Jours d’hiver

     

     1

     

    Un jour désagrégé

    rien ne va rien ne sert

    je jette les morceaux

    qu’ils pourrissent au dépotoir

    où vont tous les passe-temps

    en train-train de misère.

    *

    Le vent souffle en rafales

    sur les hauts peupliers

    qui peignent le ciel

    inutilement

    Le temps vire à l’orage

    et je voudrais soudain

    marcher sous les éclairs

    pour ne plus avoir à déchirer la nuit

    de rêves ajourés.

    *

    Un regret passe, malhabile

    et puant la sueur froide

    un deuxième passe, fébrile

    un troisième, incertain

    et puis un quatrième

    et une palanquée

    une foule en délire

    un désir refoulé

    un fou en liberté

    un autre sur ses gardes

    et puis un garde-fou

    et quand la scène est pleine

    alors subitement

    les regrets regrettent

    d’occuper le terrain

    et le laissent

    à regret.

     

     

    2

     

    La neige tombe jusqu’au silence

    couvrant les champs

    et leurs barrières

    laissant de but en blanc

    tout un champ du possible

    où les pas des enfants

    feront de beaux desseins

    Les corbeaux s’y découpent

    comme des pointillés

    On garderait le tout

    y compris le silence.

     

    *

                                                  

    Sous les nuées d’étoiles

    insensibles au vent

    mais vaincues par le jour

    je prends un air léger

    contourne les nuages

    vole sur l’incertitude du vent

    et cherche un regard

    pour marcher avec lui

    le long des crépuscules





  • Soliflore n°17 : Fanny Sheper

    Le vent des seuls

     

    J’ai marché dans les blés des petits matins

    J’ai marché dans des nuits de goudron bleu

    En espérant le trouver assis là, sur un banc près d’un saule

    Ou marchant tranquille dans une rue de sable

    On se serait de suite reconnu

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

    Que le vent des seuls qui me suit

     

    J’ai cherché partout

     Trainé sous les boules à facettes

    Avec mes colliers de plumes

    Et mes boucles brillantes

    J’ai mis du rouge à lèvre exprès

    Et j’ai même dansé

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

    Que le vent des seuls qui me suit

     

    J’ai erré un peu désaffectée

    Sur les trottoirs des rencontres

    Je me suis tortillée et j’ai souri bêtement

    J’ai fait comme tout le monde

    J’ai pris l’air bête

    Je pris l’air qu’on a quand on n’ose pas

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

    Le vent des seuls qui me suit

     

    J’ai soulevé des charognes éteintes

    J’ai  côtoyé les vermines grouillantes

    Je l’ai cherché partout

    Dans les jardins silencieux, dans les rue folles

    et les plages oubliées

    Jusqu’au fond de chacun de tous les verres que j’ai bu, je l’ai cherché

    Une fois, j’ai même bien cru l’avoir trouvé

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

    Que le vent des seuls qui me suit

     

    J’ai pourtant bien rêvé d’un matin

    Où  je n’aurais pas eu besoin de rêver

    Pour le voir séjourner à coté

    Un matin où il aurait été assis là,  près d’un saule sur un banc

    Ou dans un café au soleil avec son air tranquille

    On se serait de suite reconnu

     

    Mais sur le seuil de ma maison

    Je ne vois que le vent

     Le vent des seuls qui me suit

     

     

  • Soliflore n°16 : Sandrine Davin

     

    Lettre d’un soldat

     

     Sur un sol nauséabond
    Je t'écris ces quelques mots
    Je vais bien, ne t'en fais pas
    Il me tarde, le repos.
    Le soleil toujours se lève
    Mais jamais je ne le vois
    Le noir habite mes rêves
    Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

    Les étoiles ne brillent plus
    Elles ont filé au coin d'une rue,
    Le vent qui était mon ami
    Aujourd'hui, je le maudis.

    Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

    Le sang coule sur ma joue
    Une larme de nous
    Il fait si froid sur ce sol
    Je suis seul, je décolle.

    Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

    Mes paupières se font lourdes
    Le marchand de sable va passer
    Et mes oreilles sont sourdes
    Je tire un trait sur le passé.

    Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

    Sur un sol nauséabond
    J'ai écrit ces quelques mots
    Je sais qu'ils te parviendront
    Pour t'annoncer mon repos.

    Je suis bien, ne t'en fais pas …

     

     

     

    http://plumie.blog.mongenie.com/

     

     

  • Soliflore n°15 - Estelle Cantala

    La dame rose

     

    Une grande dame un peu rose

    Retirait sa veste

    Droite et verte

    Comme une fleur de jardin parisien

    Elle a orienté la paume de sa main droite en direction du ciel

    L'oeil droit fermé

    L'autre

    Voyait le vent

    Elle semblait attendre un cri jamais venu

    La dame un peu rose était un peu nue

    Un chapeau

    Juste

    Tulle gonflé comme fines voiles échappées de sur la mer

    Bleu clair

    Blanc vieilli

    Rose chair

    Une grande véronique vêtue de peau nue

    Elle avait ôté sa tige

    Fleur de Paris

    Sur la main de la grande dame comme un éclair d'instant

    L'aterrissage de quelque essence volatile

    Une disparition immédiate

    L'explosion minuscule d'une apparition

    L'ineffable accoutumance

    D'une étincelle en soie

    Voix soyeuse en elle

     

     

    www.estelle-cantala.com

     

     

     

  • Soliflore 14 : Bruno Toméra

    Polaroïd de vacances

    le soleil dessine des auréoles
    sur les lunettes couleur de nuit
    la chair brûlée et grasse
    s'expose devant les visages sans yeux
    les clones se mirent dans la même glace.
    La terrasse étale les bruit des couverts
    dans l'avidité des ventres ouverts.
    les couples satisfaits, de leurs doigts poisseux
    décortiquent des carapaces
    sirotent une quelconque vinasse
    qu'ils imaginent nectar.
    Fiers rusés renards
    leur langage en de ternes économies
    se glorifient de plates affaires
    et de rassurantes philosophies
    10 euros de rabais à " pigeon partenaire"
    15 sur une brinquebalante cuisine garantie
    le néant est une somme de petits prix.
    les hommes décousent les jupes de passage
    les femmes s'essoufflent à n'avoir plus d'âge
    les hommes rêvent les femmes de leurs amis
    les femmes se rêvent d'autres nuits.
    Puis ils promènent leur esprit repu
    sur le sable qui les maudit
    une pensée fluette vite interrompue
    leur fait espérer qu'ils ont côtoyés un autre éden.
    Parés pour défiler de l'ennui aux ennuis
    dans une année nouvelle ou blanchissent leurs membres
    accepter l'enfer ne leur est plus une gêne.
    Pendant ce temps l'océan attend septembre
    et pleure des débris.

     

    Bruno Toméra

  • Soliflore n°13 - Gérard Leyzieux

     

    *

     Je te ferai la vie là où la fumée s’envole

    Je te lame de fond futur sur la béance

    Tu le je dans la chute de l’abandon

    Où est le il, en nous des eux

    Je te ferai la vie par-delà les retours,

    y revenir

    Je te flamme encore délivrance de la détente

    Je la vie voirie du solstice moiré

    Au chant d’accords sismiques, la clef du sol

      

    Gérard Leyzieux

     

     

     

  • Soliflore n°12 : Jacques Ceaux

    Plénitude

     

    Souffler d'un nuage

    tombée à la pluie

    tendre douceur

    aux ailes mousse

    sucrée d'avoine

    en étés d'ocre

    embaumée libre

    dépliant à bonheur

    douce embellie

    sans la course

    jaune lumière

    et vertes routes

     Echapée.JPG

    enveloppe azurée

    aux plaisirs doux

    sieste d'amour

    sur son lit tendre

    fines embrasures

    de portes ouvertes

    angle vivant d'arrondi

    repas moelleux

    en agapes bonnes

    sirop du temps

    coule au long plaisir

     

     Jacques Ceaux

     

     

     

    photo (c)cathy garcia

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°11 : Isabelle Grosse

     se faire des idées
    faire son cirque
    raconter des histoires
    faire du cinéma
        à quoi tu joues toi ?


    chercher des signes partout
    de vilains petits canards
    cachés ici ou là
    qui lui diraient
    quoi quoi quoi


    tremble et tressaute
    à la moindre trace
    tout petit pas de travers
    tout droit


    raye son nom sur le calendrier
    souffle coupé rature son prénom
    en oublie le jour et l'heure


    rêve entre aurore et crépuscule
    rêve que         et aussi que
    alors seulement peut dormir enfin


    keskessadi sadikoi
    ça dit que tu t'oublies
    ça parle de lumière et de beauté
    ça dit de foncer tête la première dans ce qui te rend heureux
    ça dit que ça peut aussi claquer fort et que si ça cogne la nuit c'est normal
    tout ira bien


    rassurez-vous madame
    écrire redevient possible

     

       

    Isabelle Grosse

     

     http://www.m-e-l.fr/isabelle-grosse,ec,494

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°10 : Thierry Radière

    ARTICULATIONS

     

     craque les articulations

    de mes doigts que

    j’entende la première

    musique du réveil

    que je sente les extrémités

    de la mort au petit déjeuner

     


    Mémoire, traces III NB.JPG

    Cathy Garcia - Mémoire, traces III NB

     

     

    PENSÉE PORTUAIRE

      

    la vie dans un élan

    de carte postale écrite

    face à un port

    pourrait être simple

    si les bateaux

    ne tanguaient pas

    pour la photo

     

     

  • Soliflore n°9 : Michèle Rosenzweig

    Le psychiatre

     

    Dites-moi, c'est quoi, un psychiatre ?

    demanda la femme innocemment

    au retour d'un délire.

    Oh, non, ce n'est pas un ami

    plutôt un lointain parent

    un peu de ce père qu'on sauve et qu'on tue

    chaque jour un peu plus

    un peu de ce frère absent qui exerce ses talents.

    Un professeur de replis

    de replis stratégiques

    Un amateur d'oublis

    d'oublis systématiques.

    Un élève de nos vies

    qui laisse bien des maux en suspens

    comme on ménage un enfant

    (récalcitrant, l'enfant, surtout aux médicaments ...)

    Un rôdeur d'âme, un aspic rampant

    Un déverrouilleur de peines

    Un tâtonneur de vérités

    Un combattant dans le noir

    Un dérouilleur de mécaniques

    Un essayeur de clés, un horloger

    Un chasseur de gazelles

    Un trappeur du Grand Nord

    Un pourfendeur d'hydres à six têtes

    Un oiseleur en cage

    Un détrousseur d'images

    Un décortiqueur d'amandes

    Un drôle de type

    Un docteur bien énigmatique

    avec un léger accent

    (Très charmant, l'accent !...)

     

    Mais oui, un psychiatre c'est cela :

    Un docteur exotique ...

     

    Michèle Rosenzsweig

     

  • Soliflore n°7 : Andrea d'Urso

    Next exit

     

    Prochaine sortie,

    il ya toujours une prochaine sortie,

    je le sais.

    Il y a toujours une prochaine sortie,

    même sur ces routes départementales,

    qui ne sont pas comme les autoroutes

    où il y a toujours une prochaine sortie,

    ici aussi il y a toujours une prochaine sortie,

    même si ça ne se voit pas toujours.

    Il y a une prochaine sortie,

    dans la lumière matinale sur le visage de la fille du bar,

    dans son sourire affable et provisoire,

    il y a une prochaine sortie

    dans les fleurs que tu n’as jamais achetées

    et que tu as offert en rêve à une femme distraite en vrai.

    Il y a une prochaine sortie

    sur les pancartes maisons à vendre le long de la route,

    maisons sur la colline, jamais habitées,

    patios et vérandas qui n’attendent que d’être ouverts

    dans les après-midi d’été finissants

    qui n’attendent que d’être fermés.

    Il y a une prochaine sortie

    dans le regard vif de la vieille femme de ménage

    qui vient dans nos bureaux le lundi matin,

    je l’ai vue se planter avec son balai-brosse

    devant une carte géographique

    et aller là où personne n’est jamais allé

    et revenir là d’où personne n’est jamais revenu,

    elle y compris.

    Elle ne m’achètera jamais de robinet,

    mais je l’aime bien quand même.

    Il y a une prochaine sortie,

    quand à la radio de ta voiture

    tu trouves la bonne chanson et tu montes le son,

    il y a une prochaine sortie

    quand tu écoutes Largo from Serse de Haendel,

    pas besoin de monter le son

    car on n’a plus besoin de rien

    quand on écoute Largo from Serse de Haendel,

    tout est parfait, tout est à sa place,

    tout prend une connotation différente,

    le ciel, la route, les voitures.

    et le type qui te coupe la route avec son Cayenne

    ne t’atteint pas, ne te concerne pas,

    il a son rôle, sa fonction,

    et même une forme de beauté,

    il y a toujours une prochaine sortie

    mais il faut se dépêcher

    car dès que le morceau s’achève

    tout redevient comme avant

    et le type qui te coupe la route avec son Cayenne

    redevient  juste un gros con.

    Il y a toujours  une prochaine sortie,

    le seul problème pour moi c’est de trouver l’entrée.

     

     

    Andrea d'Urso, Italie

    Traduction Muriel Morelli

  • Soliflore n°6 : El' Mehdi Chaïbeddera

    C'EST UN METIER D'ETRE DEBOUT

                                      DEBOUT C'EST NOTRE VOCATION

     

    Partout tant de monde debout

    Il y a debout et debout

     

    C'est du boulot d'être debout

    Un sacré taf d'être debout

     

    Surtout dans les butorderies

    Où l'on boute de deboutant

     

    Il y a du décès de bout

    Ce n'est pas tout d'être debout

     

    Il y a l'étalé - debout

    De la chefferie failliteuse

     

    Et puis le debout magistral

    De la valetaille étarquée

     

    A la galerie des succès

    Pour le maintien des litanies

     

    Il est du debout perturbant

    De la gent qu'on pousse à bout

     

    De celui qui joint les de(ux) bouts

    Et qui ne voit jamais le bout

     

    Il est du debout parasite

    Des ayants-tout du forestage

     

    Il y a du tapin debout

    En tapinois républicain

     

    C'est du boulot d'être debout

    Un sacré taf d'être au debout

     

    Venir à bout de son debout

    Il faut bien en connaître un bout

     

    Il y a du debout boutade

    Du bout au vent à la Quichotte

     

    Mais l'essentiel étant debout

    Cest de camper à son debout

     

    C'est ne plus jamais être dupe

    Aux rendez-vous des debouteux

     

    Il est des toqués du debout

    Aux grands pics de la deboutite

     

    C'est ne plus être débouté

    De son droit de vivre debout

     

    C'est un métier d'être debout

    Pour nous c'est une vocation

     

    Lyon. Lundi 25 octobre 2OIO

    El' Mehdi CHAIBEDDERA

     

  • Soliflore n° 4 : Jacques Laborde

     Je suis un lecteur
    Un lecteur de poèmes
    Un être rarissime et raffiné
    Qui n’écrit point
    Qui ne racole aucun éditeur
    Aucun imprimeur
    Ni ne convoite aucun auteur
     
    Je suis comme une gomme claire en plein jour
    Une tache obscure dans la nuit d’encre
    En somme un être d’exception
    Qui brille tout en discrétion
     
    Je ne drague aucun concours littéraire
    Ne charme point les revues bi-annuelles
    bimensuelles
    trimestrielles
     
    Je reste un simple lecteur
    Un esprit haut perché
    Sur son tabouret
    Dans son infinie rareté
     
    Je pratique
    En extérieur autant qu’en intérieur
    Selon l’humeur
    Et j’attends mes clients
     
    Ainsi cher édité, poète à tes heures
    Te lirai-je avec passion, curiosité
    Bonheur, amour et volupté
    Du bout des ongles
    Au bout des lèvres
    Attention je n’embrasse pas
    Il t’en coûtera cinquante euros la prestation
    Cinquante euros la page
    Protégée ou non par le copyright
     
    Car Je suis un lecteur
    Un lecteur de poèmes
    Et mes tarifs en vigueur
    Sont bien à la hauteur
    De ma singularité
    Sur le marché.


    Jacques Laborde

     

     

     

    http://www.bestiairedubasmontmartre.org/

     

  • Soliflore n°3 : Didier Trumeau

     

    La voyez vous derrière les joubarbes ?

    Non ?!

    Pourtant elle est là !

    Suivez la tige du milieu qui tombe

    vers les ténèbres et monte vers l’infini.

    Vous ne la voyez toujours pas ?

    Alors comptez trente huit pétales

    en partant de la gauche

    puis soustrayez la vache qui au loin

    broute l’herbe grasse du printemps

    avant de mugir au perdu

    pour attirer l’attention

    quelle frimeuse cette  belle Normande

    aux traits celtes aux yeux scandinaves,

    aux flancs larges.

    Alors vous la voyez ?

    Quoi ?

    L’imagination !

     Ah! bon...

     

     

    Didier Trumeau

    Extrait de Pacemaker Quark Pastel  

     

     

    DSCF0810.JPG

    (c) Didier Trumeau

     

    Didier Trumeau a créé et animé un bon zine musico-poético-artistico- anarcho pendant une dizaine d'années : L'Heure-Tard, Ed. Enitram Treab à Vierzon : http://www.enitramtreab.fr

     

     

  • Soliflore n°2 : Jean-Marc Gougeon

    rassurée

     

    Sur le dos de la nuit

    s’exhibent quelques chiens

    panse creuse ils accourent

    et toi tu les retiens

     

    Les crocs ont faim respire

    ils reviendront repus

    impose prends ta lyre

    ton chant est attendu

     

    Calmés ils auront gratté

    la peau de tes cauchemars

    au ventre chardons broyés

    tes aspérités sont douces

    et tu cours tu te fais tard

     

    Reconnaissante tu longes

    des restes de fossés vides

    franchis les talus en songe

    dors dans le baiser avide

    le drap te donne la source

     

     

    Jean- Marc Gougeon

     

     

     

     

  • Ouverture des Soliflores avec Stéphanie Cousin

    Aujourd'hui s'ouvre une annexe à la revue, ici même : Les Soliflores.

    Il s'agit de textes uniques d'auteurs, qui seront publiés ici. Ceci pour répondre à l'afflux toujours plus important de propositions, qui déborde largement de ce que peuvent contenir trois numéros papier par an. Inutile cependant d'envoyer des textes uniques à cet effet, il s'agit d'abord de donner de la visibilité à d'innombrables auteurs déjà en attente, et qui ne seront peut-être pas publiés ou republiés ultérieurement dans la revue papier. Les Soliflores sont donc des clins d'oeil pour encourager la création poétique et ne pas l'émousser en la faisant attendre des mois, parfois des années, pour une publication papier.

     

    Quant à la revue, elle continue son petit chemin, prochain numéro en octobre.

     

     

    Pour ouvrir donc le bal, un poème de Stéphanie Voisin, qui fait écho à Nuage rouge de Jean Azarel, publié dans le denier numéro : un hommage à la chanteuse trop tôt disparue, Lhasa de Sela.

     

     

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    Lhasa tu marches et tu appelles

    Celui qui froisse tes pieds sur des chemins de ronces

    Tes dents sont amoureuses ta bouche est sans racine

    Le désert tombe et ressuscite quand tu vacilles

    Quelqu’un vient

    Tu nages sur des braises

    C’est sûrement lui

    Et tes mains sont immenses même percées par la pluie

     

    Ton cri s’est allongé dans une roue de velours

    Comme un  feutre fragile

    Ta voix couleur de chair lève le pain de l’ombre

    La terre grogne et remplit la magie des oiseaux

    Qui redonne soif et faim

    Serre les poings sur ta fièvre

    La douceur et la pierre confondent leurs murmures

    Il y a tant de clarté dans l’obscur de ta voix

    Qu’un océan se glisse en travers de ma peau

     

    Lhasa laisse le vent marcher sur tes chansons

    Et convaincre la terre d’accueillir ta fraîcheur

    Car la nuit ce matin s’est trompée de fenêtre

     

    Sur la route ruisselle l’eau brève de ta vie

    Tel un souffle qui chasse             

    Lhasa laisse le vent dans l’étincelle des chats

    Car la nuit ce matin s’est trompée de fenêtre.

     

     

    Stéphanie Cousin 

     

     

     

     

     

    et une des chansons de Lhasa que j'aime tout particulièrement