Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LA REVUE EN LIGNE : LES SOLIFLORES - Page 4

  • Soliflore 50 - Estelle Decamps

     

    thumbnail_Intra muros.jpg

    illustration de Clarisse Robin

    https://www.facebook.com/clarisse.robin.illustratrice/

     

     

    Intramuros

    D'égouts en dégoûts cela piaille d'hypocrisie, on déverse du venin en faux scénario de vie. Des refrains de cloches qui ne cessent de détonner, de grâce sont mes matins hors des remparts et pavés. Les faubourgs à scandales mettent à jour leurs cruautés, les langues s'y étalent et t'assaillent par croche pied. Des camions poubelles qui te dévient de côté, sans faire dans la dentelle et qui laissent à désirer. Des regards assassins qui en silence te condamnent, un sourire taquin est d'avance la plus belle arme. Ils tombent comme des mouches dans un flot d'immondices, la coupe est alors pleine, de haine ils s'enlisent. Des femmes aigries qui profanent ta jeunesse, elles t'envient, leurs hommes fantasment sur tes caresses. Je n'avais qu'un désir, que l'on m'arrache de ses entrailles, où résonnent mes soupirs comme le vent de la grisaille. On m'évalue sous A et je suis jugée sous B, ils renient le jeu double de leurs faces dépravées. Ils se dévoilent sages mais planteront un couteau, les cartes sont sur tables, leurs places rampent derrière mon dos. La bave des crapauds ne peut atteindre les étoiles, c'est au bout du rouleau qu'ils se noient dans leurs spirales. Ils avalent de travers ce que renvoie ton aura, ils arpentent en vipères sur le fil de tes émois. La vidange qu'est la place y répand tout son crottin et, quand vient un revers, ils s'entassent dans leurs dédains. Ils projettent la lumière sur la moindre de tes failles alors, ils brassent de l'air et leurs cervelles déraillent. Ils prédisent tes pertes et sous estiment tes rêves, ce que dévoilent leurs becs n'est que reflet de leurs trêves. Pauvre est celui qui taille par complexe mal soigné, en silence mes batailles se cultivent sous leurs nez...

     

     

     

  • Soliflore 49 - Gabriel Zimmermann

    Géricault.jpg

    tableau de Théodore Géricault

     

     HARAS

     

    Les chevaux avaient profil de serpe

    Dans le halo hérissé de l’hiver

    Et l’agonie devenait familière

    Pour les lads qui avaient balayé la neige.

    C’était le froid de février, quand la sève endormie

    Mène au plus près du repos d’ossuaire.

     

    Glaciale et silencieuse,

    L’écurie. Quelquefois, des sabots qui claquent,

    Morne signal de la vie enfermée ;

    Un début de hennissement qui cesse

    Comme un envol se brise. Et le vent ? Pas même à s’engouffrer.

     

    On entend mâcher. Dans les boxes,

    Le jour n’a qu’un sursaut face à la nuit

    Et pendant que l’air gifle et gerce les hommes,

    Ils ont, dans leur cloison en bois, le regard immense

    Et effaré des mourants.

     

    http://gzimmermann.blogspot.fr/

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore 48 - Yoann Lévêque

    Lisa carney.jpg

    Lisa Carney

     

     

    dans le tumulte opaque

     

    le calme boit au broc d’un vert

    ceint d’un blanc maculé d’ondées

     

    dans la gorge d’indécision

    je rince une bouche cousue

    à la limpidité du verre

    empli d’une nuit sans étoiles

     

    rondes d’étincelles les lames

    cassent se déprennent du monde

    me rappellent aux murs du vide

    vide du mur où traverser

     

    enfin

     

    http://continuerlecho.blogspot.fr/

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore 47 - Armand Ségura

     

    John William Waterhouse, Hylas and the Nymphs détail .jpg

    John William Waterhouse - Hylas and the Nymphs (détail)

     

    L’ART DE LA DRÔLERIE

      

    Idolâtre et fougueux, quand ton corps

     s’extasie sous ma main vagabonde

    et si peu belliqueuse, tes yeux vont discerner

     la pluie pernicieuse qui épingle un éclair

     tranchant de fantaisie. Ah! splendide ondine!

    or sur ta peau rosie descendent les rayons

     d’une lumière heureuse, et j’abandonne alors

     la diablerie fangeuse,

    le mal réapparu, la survie artistique!

    Quel souvenir as-tu de ce mur de fougères,

     suave autour de nous,

    d’où fleure de nos mères ce bouquet de naissance

     où s’incruste la vie? L’immense ciel grisâtre

     agite ses nuages en rudes saccades

    et renonce aux lubies…

    Mes baisers prennent l’eau comme des coquillages!

     

     

  • Soliflore 46 - Pierre Andreani

     

    illustration-nouveaux-délits.jpg

    (dessin de l'auteur)

     

     

    Trajet (d'un genou sur la bouche)

     

     Je n'avance plus, le balançoir tendu,

    en extase,

    ayant avalé plusieurs petits cachets,

    je suis abattu.

    Les bronches dilatés,

    distention des pupilles,

    diminution temporaire des capacités cérébrales,

    polarisé, je vois

    des poètes sur le trottoir qui se gavent d'excréments,

    noyés dans le lac des infamies fantasmées, jamais connues

    mais fantasmées.

    Plongeant dans les poubelles

    à la recherche d'une médaille

    de dérèglement de tous les sens,

    le cul piqué de fourches.

    Tête en terre et traitement dur de la chair.

     

    Qui va mal ? Tous, sauf moi.

    On patauge dans la mare

    sur de belles écrevisses

    qui préfèrent l'eau de pluie

    aux chaussons pleins de boue.

     

    J'ai soixante-dix ans de nacre aux coins des os ;

    c'est étrangement sourd quand je crie,

    quand je m'explique sur mes songes.

     

    Les bardes, les aèdes, gorgés de désir impalpable,

    se relèvent et ils miaulent ;

    avec ma grande hache, je les expédie dans l'au-delà.

     

     

    http://p-andrean.blogspot.com

     

     

     

  • Soliflore 45 - Claire Von Corda

    PA240034.JPG

    (photo prise par l'auteur - Marseille)

     

     LAIDE

     

    Et les femmes en jogging sortent des zones industrielles tôt le matin ventre à l'air pour rejoindre leurs véhicules tape à l'œil garés en double file.

    Et les sportifs de supérette encombrent et gênent sur les nationales pour les énervés qui partent à la mine dans leur bunker d'aluminium.

    Et on ne sait pas si c'est le brouillard ou le pare brise qui est sale.

    Et je ne suis pas jolie.

    Et il me dit qu'il ne me trouve pas jolie.

     

    Et les camions de livraisons s'entassent comme leurs gros muscles serrés dans des marcels, l'hiver aussi.

    Et la circulation est alternée parce que le bas côté est en travaux par les hommes en sweat et cernes noires des heures pas humaines.

    Et la radio diffuse son con de silence d'engin éteint pour faire entendre les mots lourds de la discussion lourde que lourde nous répétons une fois tous les lourds mois.

    Et je ne suis pas jolie.

    Et il me dit qu'il ne me trouve pas jolie.

     

    Et les mots se heurtent dans le vide débile de mon crâne débile rempli d'air, de chimères et de souvenirs à décortiquer, à surmâcher, à chier à la colle et de schémas mentaux, moyens mnémotechniques dont je ne me souviens pas.

    Et le glauque de la sombre situation sort en morse, en silence par le néant débile de mon regard débile posé sur le tableau de bord débile devant moi.

     

    Et de tout ça j'en sais rien. Et n'importe quoi ma tête pense. Et n'importe quoi ma bouche dit et il faudrait comme une sorte de lexique en bas de page.

    Et je ne suis pas jolie.

    Et il me dit qu'il ne me trouve pas jolie.

     

    https://www.facebook.com/claire.vonf

     

     

     

     

  • Soliflore 43 - Damien Paisant


    edvard-munch-separation.jpg

    Edvard Munch, "Séparation", 1896

     

     

    Prochaine fois

     

    Nuit-éclair

    Je n’ai vu de toi…

    Qu’une suite de dioramas

    Déjà oubliée;

    Tu es arrivée

    Comme un train

    A grande vitesse

    Que j’ai attendu

    Et qui ne s’est jamais arrêté;

    Ce matin je ne retiens

    Que ton absence

    Mais je n’oublie pas

    Que tu existes;

    Nous nous sommes ratés,

    Ce sont des choses qui arrivent;

    Demain nous ferons mieux

    Que de rattraper le temps perdu,

    Nous en inventerons un nouveau.

     

     

     

     

  • Soliflore 41 - Olivier Robert

     

    2496149222.jpg

     Stallman - paper art

     

     

    Abrités sous une pluie qui ne nous mouillera plus

    Ou bien que nous ne sentirons plus battre, ni dans le heurt de nos peaux

    Ni dans le remous de nos tympans

    C’est sans crainte alors que nous jetterons nos pensées en direction du soleil

    En cela seulement guidés par sa jaune et chaude attache

    Depuis longtemps par cœur apprise au rebours de nos dessins d’enfants

    Où sa rondeur complice peu à peu entraîna nos mains à se défaire de leurs trop brusques empoignes

    Pour du plus pauvre des mouvements savoir en cueillir le plus fragile des rayons

    Soit, celui perçant au centre de la nuée, au bout de tout déluge

    Jailli d’entre les cieux, un sourire promis à son heure prochaine

    Quand d’instinct nos yeux s’ébahiront, et comme deux temples grecs

    Conduiront nos prières jusqu’au rêve de ce dieu qui toujours s’y cache.

     

    auxpoemesperdus.wordpress.com

     

     

     

  • Soliflore 40 - Nicolas Mangialomini

     

    RIDEAU ROUGE

                                                    

      Derrière le rideau rouge, je les entends respirer,

    Les temples d’Angkor… Ils ne les ont pas visités,

    Car ce sont les ruines de ma peau brune qu’ils sont venus piétiner.

     

      Derrière le rideau rouge, des militaires en peine et des frustrés à soulager.

    Des pères de familles schizophrènes à la perversité inavouée,

    Suant leurs sécrétions hormonales dans un rêve de carte postale.

       

    Derrière le rideau rouge, les porcs ont des passeports

    Veines violacées aux violences d’opiacées,

    Cauchemars en rose bonbon, j’entends rire les démons.

    Et de mes orifices béants de tout leurs vices,

    S’écoule le fruit de leurs appendices.

     

      Objet de délices,

    Objet de supplices,

    Déposé sur ce lit, inerte et seule,

    Je suis une princesse drapée dans un linceul.

    Et sur ce plafond au miroir fendu,

    Des larmes sans retenue,

    Roulant sur mon visage sans âge,

    Notre jeunesse formée par leurs voyages.

     

      Derrière le rideau rouge,

    La joie d’être une fille,

    Une fille sans joie,

    Une poupée exotique prête à l’emploi,

    Un jouet cassé qu’on ne peut réparer,

    Savourez le fordisme à la sauce épicée,

    Nettoyez ! Javellisez ! La chaîne de l’amour doit être relancée…

     

     

     

  • Soliflore n°39 - Florent Chamard

     

    Désillusion

      

    Le bonheur est une larme suspendue
    que je gouterai demain
    qu’importe les mises à nu
    qu’on me tende la main
    désormais je m’acclimate
    aux demi-mesures
    aux cieux écarlates
    puisque rien ne dure… rien ne dure…

     

    Ainsi donc je prends mon temps
    celui qui reste et qui ne compte pas
    à quoi bon espérer le printemps
    quand on sait jouir des morsures du froid
    tout est affaire de météo
    et de dents qui claquent
    tout est affaire d’écho
    du berceau à la plaque… à la plaque…

     

    Combien peu de mésaventures réelles
    quand on y regarde de près
    ce soir est trop souvent fait de celles
    qu’on oubliera au lever
    et l’importance que je donne à mon sourire
    qu’arrive le meilleur
    qu’arrive le pire
    toujours me soulève le cœur… me soulève le cœur…

     

    Ce qu’on perd compte bien plus qu’on le croit
    lorsque j’ai mille ans
    c’est à elle que je le dois
    cette mémoire des os ou du sang
    et la lassitude vient
    comme meurt l’enfant
    et ma solitude peint
    ton regard brillant… ton regard brillant…

     

    Ma volonté n’est pas ailleurs
    que dans ces mots maladroits
    chercher son bonheur
    retrouver goût à la joie
    je ne connais rien de plus con
    l’innocence ne se joue pas
    on tue un jour ses illusions
    et ne s’en relève pas… ne s’en relève pas…

     

     

    http://autresfragments.wordpress.com

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°37 - Anne-Marguerite Michel

     

     

    DANSER

     

    Je danse pour ne plus être,

    Seulement pour devenir,

    Un songe, une volupté,

    Rien qui ne puisse se saisir.

     

    Je danse en vérité,

    Brutale et décomplexée.

    Libre et déraisonnée,

    Offerte dans toute ma nudité.

     

    Je danse pour crier mon âme,

    La faire sortir au grand jour.

    La voir étendue là sans retenue,

    Faible, sans plus aucune vertu.

     

    Je danse pour oublier ce que je fuis

    Le passé, le présent, la vie.

    Seule dans la foule

    Reine de tous les oublis.

     

    Je danse pour perdre le sens.

    Pour être enfin fluide dans le temps.

    Ne plus vivre que l’instant.

     

     

     

  • Soliflore n°36 - Emmanuel Loyau

     

    Je suis partout et nulle part
    au delà de toutes les formes
    j´échappe à toutes les définitions
    je revêts tous les aspects
    sans me laisser
    enfermer dans aucun
    Je suis l´âme unique
    aux cent mille corps
    la multiplicité de chacun
    me ressemble
    mais je ne me retrouve
    en personne
    Transgressant l´ordre
    et la norme je m´envisage
    je suis la figure de l´Autre
    le sauvage et le civilisé
    l´insaisissable et déroutant
    dépassement de soi
    Je circule entre la vie et la mort
    sur les chemins du monde
    je suis l´errance apatride
    je suis partout et nulle part
    ici et ailleurs, jamais lá
    où je suis et pourtant
    les catégories, les oppositions
    s´estompent et fusionnent
    l´absence, la présence
    le lointain, le proche
    l´au delà, l´ici bas
    en moi et par moi

     

     

     

  • Soliflore n°35 - Laurent Dumortier

     

    Le reflet

     

     Demain n’est pas encore arrivé

    Qu’il est hypothétiquement passé,

    Tu vois…

     

    Mes yeux ne voient plus d’hier

    Qu’un monde sans couleur

    Même la lumière

    A perdu sa splendeur…

     

    Tu me demandes de rester,

    De ne pas basculer

    Mais je crois que le monde s’en fout

    S’il ne reste qu’un reflet après tout…

     

    Je suis si près du bord

    Le vent souffle si fort

    Je suis si bien…

     

    Encore un pas de plus

    Et je ne sentirai plus

    Que le froid du bitume

    Accueillant mon amertume…

     

    Tu me demandes de rester,

    De ne pas basculer

    Mais je crois que le monde s’en fout

    S’il ne reste qu’un reflet après tout…

     

    S’il ne reste qu’un reflet après tout…

     

    S’il ne reste qu’un reflet, après tout

    C’est peu et c’est déjà beaucoup…

     

    Tu me demandes de rester,

    De ne pas basculer

    Mais je crois que le monde s’en fout

    S’il ne reste qu’un reflet après tout…

     

    http://gsl.skynetblogs.be/

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°34 - Didier Du Blé

     

     

    Laisse-moi le printemps fleurir 
    Comme une tiédeur sur la plage 
    Sûrement et principalement nu  
    Avec fragilité les fleurs dans la lumière   

    Alors les bourgeons craquent 
    Dans l’affleurement de l’espace  
    Floraisons dans le jardin qui renaît
    Immense tendresse pour le regard   

    Je vois alors l’étrange vie qui anime  
    Des flashs back oubliés en son théâtre   
    Réveiller des couleurs, des sons et des mots   
    Instants intenses à la périphérie du cœur

     

    www.didierdublé.fr

     

     

     

     

  • Soliflore n° 32 : Guillaume Basquin

     

    LE FOND DE L’AIR EST ROUGE

    (extrait d’un long Work in Progress, (L)Ivre de papier)

     

     

     

    un tweet peut-il rougir oh on doit pouvoir concevoir un pro­gramme pour ça en­voyons rouge dans le computer central et voyons ce qui sort de la couleur du sang du coquelicot o mio povero giardino tutto de pietra colori pochi solo un po’ di rosso ciel de mer doublé bleu violet rougi court-circuit entre le visuel et le sonore là-bas un disque énorme tourne assez vite on lui voit tout autour du vert avec au centre une teinte rougeâtre rougir de son immoralité rouge comme la couleur de la peinture qui finit par recou­vrir la totalité d’un drapeau français dans film-tract numéro 196 rouge 1968 coréalisé par jean-luc godard et gérard froman­ger on a brisé la glace avec des fers rougis ici souvenir d’un plan de coqueli­cots de bord du périph’ dans the old place de godard-miéville aussitôt monté en correspondance-collage avec un plan d’un défilé de drapeaux rouges soviétiques puis collé à une repro­duction d’un champ de pavots peinture de claude monet de la collection du moma fleur lumière écho des rouges et enfin ra­piécé avec le récit d’un témoin d’une bataille du 19esiècle il tourna la tête vers l’ennemi c’étaient des lignes fort éten­dues d’hommes rouges et avec ce texte d’un poète français mécon­nu du 20emille drapeaux rouges entrant en paix par la porte cé­leste respiration rouge des caractères com­battants his­toire populaire des soldats civils d’aujour­d’hui cal­ligraphié tempête ou bien étrange et parfaite cou­leur ou bien le vin a le rouge des roses et aussi partout où se trouve un par­terre de tulipes fut répandu jadis le sang d’un roi et encore ri­deau rouge déchiré du temple ou bien muleta carré rouge sur fond rouge très bien ça et surtout la des­serte rouge 1908 juste à côté untitled violet black orange yellow on white and red 1949 et aussi à ma droite de­vant le point mé­dian de la rangée d’arbres s’élevait semblable à un gui­gnol géant certain théâtre rouge incompréhen­sible sans oublier their lips were four red roses on a stalk parlez-vous le joyce yes when i put the rose in my hair like the andalusian girls used or shall i wear a red yes le non-sens passe dans le sens en­core mieux ces actrices aux yeux lascifs et relevés par le rouge ou bien elle éblouissait le re­gard avec la gorge chantée par le cantique des cantiques avec des jambes d’une élégance adorable et chaus­sées en soie rouge pas mal la rose celle qu’un sang farouche et ra­dieux arrose plis de sa robe pourprée moi aussi je suis poète rien que bouffon all’antico de nouveau la poussière rouge le délire de la raison l’érinye dans le cœur et aussi rouge de grenade rouge de piment roussi de rouget du midi rouge d’oursin rouge carmin san­guine moi aussi je suis peintre rien que poète rothko achilles forme centrale rouge embrasée parlo come pittore je devais cependant inventer un dispositif déformant constam­ment actif pliant et dépliant les racines des moindres signes de rouge et cet appareil était moi c’est lui qui vient d’écrire cette phrase et aussi ce qui suit rouge incan­descent vermi­glie come se di foco uscite fossero com­ment vous ne connaissez pas l’italien bah ça ne fait rien vous pouvez considérer ceci comme un chant glossolalique ça continue he must have redden’d pictorially and scientintically speaking six whole tints and a half if not a full octave above his natural colour oh par­fait pomme de reinette et pomme d’api tapis tapis rouge chanson imitée du voyageur polutropos aux mille tours song shaun song la ri­tournelle pour gilles deleuze c’est la ronde des passés qui se conservent ou bien la forme a priori du temps qui fabrique à chaque fois des temps différents ou encore la répétition du dif­férent étrange étrange chercher instinctive­ment le secret de cette mystérieuse envie en explorant la petite maison rouge fermée par deux volets blancs inquiétante de lisse et de fragilité comme écorchée tableau caché et aussi pressantes et lentes leçons d’anatomie de brigitte montrer expliquer le vrai rouge qui viendrait le noir déjà un peu là la mère en prescrira la lecture à sa fille fils rouge feu d’anna livia a e i u o voyelles a noir e blanc i rouge pourpres sang craché rire des lèvres belles u vert o bleu la le li lu lo la noire le blanc lit rouge lu vert lo bleu c’est clair non immense murmure en échos interminables modulation arrivant à la consonne et à la syllabe mais jamais jusqu’au mot c’est ainsi qu’apparaissent les couleurs et les couleurs précipitent un nouvel épanchement oui je tiens musée du rouge par exemple celui de la sangle qui permet au pierrot de la partie carrée de watteau 1714 de porter en bandou­lière une guitare les nœuds de cette sangle forment des roses écarlates c’est le punctum de ce tableau du miracle français plus grand que le grec cette inépuisable effusion de reconnaissance devant la nature faut-il le rappeler oui la peinture a disparu mais je la reprends à travers les mots bleu rose vert le bleu le rose le vert et le cramoisi j’ai vraiment su qu’il existait des couleurs quand j’ai éventré le garde champêtre mais aussi un village devenu une petite tache de sang rouge sur la carte ici l’œil de newman derrière le monocle inspectant la vaste surface rouge là rythme couleur n°1076 où le rouge-éclat domine un delaunay est bon à toute heure ailleurs pays rouge fleuve rouge océan surgissant partout à la fois on aime le rouge en france et on a raison car il anime o red october days lettres rouges sur fond de lettre volée quel colloque in short there is no end of it these unforeseen stoppages which i own i had no conception of when i first set out ici on écrit le caractère soleil dans un carré ou un cercle de neuf pouces en vermillon sur papier vert accord ton sur ton fondu au rouge sang comme dans cris et chuchotements 1972 d’un bord à l’autre du monde que la nuit est rouge maintenant on entend un immense feu qui gagne et qui crépite la lueur rouge atteint son apogée et reste ensuite elle s’éteint lentement en 1955 yves klein présente au salon des réalités nouvelles un monochrome orange réaction du jury une seule couleur unie non non non vraiment ce n’est pas assez c’est impossible ah tout tenter jusqu’à l’épuisement le passage suivant est sur fond rose texte peinture simultanés rythme sans fin 1926 ô sonia delaunay ce dire est une fontaine romaine le jet s’élève et puis retombe remplissant la vasque de marbre qui déborde dans l’espace d’une autre vasque celle-ci trop riche à son tour se répand encore en une autre et chacune à la fois prend et donne et verse et repose du mouvement dialectique des groupes naît la série et du mouvement dialectique des séries naît le système tout entier

     

    http://guillaumebasquin.wix.com/guillaumebasquin

     

     

     

     

  • Soliflore n°31 : Khalid EL Morabethi, Maroc

     

    Hier

    Le ciel a été vert,

    Il est jaune, aujourd’hui,

    Hier, la pluie n’a pas voulu tomber,

    Même si les nuages l'ont priée,

    Même si la terre vendue, l’a suppliée

    Et Le soleil bleu, le roi ne parle plus

    Depuis  longtemps déjà,

    Les étoiles qui apparaissaient pendant le jour,

    Savaient pourquoi,

    Ils savaient.

    Hier

    La lune rouge, vêtue d’une longue robe blanche,

    Déambula dans la ville sombre et silencieuse,

    Chercha tout ce qui pouvait lui permettre de continuer d’être lumineuse,

    Tout ce qui pouvait lui permettre d’être merveilleuse.

    Hier soir,

    L’oublié ivre avec un sourire charmeur,

    A regardé la lune et le peu de magie et sa douceur,

    Il a pu lui dire qu’elle brille encore,

    Il a eu le courage de lui dire qu’elle pouvait briller plus fort,

    Il a mis sa main sur son cœur, sans perdre l’équilibre,

    Et il est parti.

    Hier,

    Plus loin des explosions et des cimetières,

    Plus loin des soldats zombie et leurs cris qui polluent l’air,

    Loin des pressions qui s’accentuent,

    Loin des maisons ou les frères s’entretuent,

    Trop loin,

    Derrière,

    Le vend était taiseux,

    Les arbres à feuille caduques se regardaient,

    L’espoir essayait d’ouvrir ses yeux,

    Derrière les montagnes,

    Gavroche,

    A enfin vu, la Pureté,

    Elle a perdu la mémoire, jusqu'à oublier sa perfection,

    Jusqu'à oublier, que son cœur violet, avait des sentiments,

    Mais la présence d’une âme naïve,

    Lui a donné la force de prendre son oud,

    Et pour  la première fois, le rythme se joue,

    Et pour la première fois,

    L’homme entend à part la colère de la terre, un chant doux.

     

     

     

     

  • Soliflore n°29 : Patrick Beaucamps

     

     

     

    La clé

     

    La clé de la maison.

    La clé que j’ai reçue pour mes onze ans.

    La clé qu’il ne fallait pas perdre.

    La clé qui devait pendre au crochet.

    La clé que j’ai bien cru avoir perdue.

    La clé que les locataires m’empruntaient.

    La clé qui m’accompagnait jusque l’internat.

    La clé de leur maison.

    La clé qui ne demandait qu’à s’échapper.

    La clé salvatrice de mes nuits d’ivresse.

    La clé dont je ne voulais plus entendre parler.

    La clé qui n’entre plus dans la serrure.

    La clé que je n’ai jamais perdue.

    La clé qui ne pend plus.

    La clé sans maison.

     

     

  • Soliflore n°28 : Miguel Coelho

     

     

                        cou          arrêté

     corps de tête
     où je me sais
     où je m'écris
      
    me tâte et ne me tais
     mais sais que j'existe
     mais sentir sans taire
     

       l'enterré vif

     la peau mise
     par incise
     

       corps de texte

     écrit dans la chair
     le nœud du temps
     bandant autour
     

     

                                       jusqu'au degré zéro de la sexualité

     

     

    extrait de Part de tête 

    http://www.ram05.fr/spip.php?rubrique115

     

     

     

     

     
     
  • Soliflore n°27 : Ana Minski

     

    obstinément
    la tête
    battements jugulaire
    tendons et nerfs
    implosion

    sur le visage de métal et de silice
    plus de cercles et de chutes
    la bouche
    échappée des marges

     

    Ana Minsky Le ciel renversé, huile sur toile.jpg

    Le ciel renversé, huile sur toile



    humaine encore
    aveuglée, éperdue...
    assaillie
    dévorée par des ciels sans lune
    dans des paysages d'ogre
    affamé de nuits
    de tempêtes et de déluges

     

    http://anaminski.eklablog.com/

     

     

     

     

     

     

  • Soliflore n°24 : Fabrice Farre

      

     Fabrique



     Tu me parles :
     c’est le bruit
     de tes talons sur
     le carrelage. A chaque
     rainure du sol que je
     fixe par le carré de l’habitude
     je dialogue avec
     la nervure du dessin
     issu d’une usine lointaine,
     respire avec le fabriquant
     haletant et reste de faïence jusqu’à
     ce que cède le carreau cuit
     quand tu claques la porte et
     que je te suis des yeux
      à travers les murs.

     

    In Le chasseur immobile,

    éditions Le Citron Gare, 2014

     

    disponible ici : http://lecitrongareeditions.blogspot.fr/2014/06/le-chasseur-immobile-de-fabrice-farre.html

     

     

     

     

  • Soliflore n°23 : Nicole Barromé

     

    Travelling arrière

     

    Parfum fortuit de papier d'Arménie

    Les ombres ressuscitent

    S'emparent du corps

     

    Éclats de voix, paradoxes, comédies

    Afin d'influencer la narration

    Rendre au perfide vécu

    Sa patine

     

    La chaumière chaulée de blanc

    Brillant sur le ru

    Les rideaux à grosses fleurs bleues

    Côté orée de la forêt de Crécy

     

    Quand les rhubarbes colonisent les fonds

    Matent les haies de chèvrefeuilles

     

    Le crépitement du feu devant le lit de camp

    Où, nues, sous les duvets réunis

    Les blessures de l'enfance se referment

    Au claquement des bouchons de cidre

     

    Le génie d'une vie à dérouler

    Scintillante de bocage

    De fulgurantes latitudes

     

    Nulle ombre si ce n'est la voisine, sorcière

    La qualité d'une femme, dit-elle en picard

    C'est la propreté des carreaux

     

    Chaque barrière franchie met le cœur

    Jusqu'à lâcher

    Ouvre un champ d'ivresses et succincts griefs

     

    L'éducation pendue au porte-manteau

    Offrandes toutes entamées

    L'entraide au moindre bout d'être

     

    Courbes emboîtées hérissant le poil

    On grelotte de postillons, de sucs

    Les gorges prises par des bonheurs rauques

     

    Pénultième empathie

     

    Déboussolés par les possibles

    Les sens se bousculent

    Pour entrer dans les flammes

     

    D'une cheminée ancienne

    Qui en a déjà assez vu

    Pour geindre aux étreintes des bûches

    À périr, à jouir

     

    Car tout est bandé,

    Les hêtres, les charmes, les pierres, les nerfs

    La croyance au Chevalier de la longue borne

    L'aventure enivrante sous la futaie

    Si apparaît un sanglier

     

    Les relents de coupe

    Champ de bataille ancien et nouveau

    Sur lequel s'empilent les fougères

     

    Son haleine d'humus et de corydrane

    Sur le visage

    Au pied du Revenant, un chêne vénérable

    Qui irrigue de ses nœuds ignobles et protecteurs

     

    Les performances où l'on ne dort plus

    De peur de laisser filer le temps

    De peur de se perdre

    Dans la pesanteur de la vie toc

     

    Au lieu du tapis d'anémones