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27/09/2022

La cloche a sonné d'Aline Recoura, délit buissonnier n°6

 

 

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Délit buissonnier n° 6 sorti le 1er juillet 2022 !



*


elle dit non à l’institution
on lui reproche son manque de travail d'équipe
ça dégénère dans sa tête
elle comprend qu’on lui demande de pallier
toutes les incompétences et défaillances
elle est coincée
on lui parle de professionnalisme
de laisser ses émotions de côté
quand pendant deux ans tout le monde semblait
ravi que la maîtresse sorte des cadres affectifs
donne à la petite fille ce qu'elle ne trouvait nulle part d'autre
tout le monde semblait content d'avoir la paix
de cette petite fille comprise au moins par une personne
la maîtresse
c'est pour ça qu'elle décide de changer de métier


 *


illustrations originales de Ludo Godot
tirage numéroté
56 pages agrafées
imprimé sur papier Keaykoulor calcaire

100 g & 250 g 100 % recyclé

 
10 € +3 € de port, à commander à
 l’Association Nouveaux Délits

 

 

 

14/07/2022

Revue Nouveaux Délits - Numéro 72 (extraits)

 
 
Quelques textes et poèmes parmi ceux publiés dans ce numéro paru en avril 2022 des auteurs suivants : Anne-Marie Bernad, Jérémy Semet, Vincent Calvet, Odile Steffan-Guillaume, Stéphane Mongellaz, Perle Vallens et Michel Woelffle. Morceaux choisis et lus par Cathy Garcia Canalès.
 
 
 
 

13/06/2022

Avis de parution : La cloche a sonné d'Aline Recoura, délit buissonnier n° 6

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 Sortie le 1er juillet 2022 !

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clique sur l'image pour voir de près

 

*

 

Cette petite fille n’avait de mot 

que le prénom de sa maîtresse

qu’elle a eu en maternelle

pendant deux ans

en CP la nommant encore et toujours

quand on lui demande qui est ta maîtresse

l’institution décide de la faire retourner en maternelle

quelques heures par jour

la maîtresse est toujours là

la maîtresse vit très mal

tombe malade

elle adore cette petite fille

elle pleure son abandon 

elle pleure chaque jour quand à la sortie de l’école

la petite fille lui saute dans les bras et la serre tellement fort

elle dit non à l’institution

on lui reproche son manque de travail d'équipe

ça dégénère dans sa tête

elle comprend qu’on lui demande de pallier

toutes les incompétences et défaillances

elle est coincée

on lui parle de professionnalisme

de laisser ses émotions de côté

quand pendant deux ans tout le monde semblait

ravi que la maîtresse sorte des cadres affectifs

donne à la petite fille ce qu'elle ne trouvait nulle part d'autre

tout le monde semblait content d'avoir la paix

de cette petite fille comprise au moins par une personne

la maîtresse

c'est pour ça qu'elle décide de changer de métier

 

 

 

*

L'auteur :


 

Lire et écrire ses passe-temps favoris (en dehors des heures de son métier de professeur des écoles). Depuis janvier 2022, directrice de rédaction de la revue Cabaret. Elle a publié en 2020, Banlieue Ville à La Lucarne des écrivains et en 2021, Scènes d'école au Lys Bleu et Cardio Poèmes aux éditions du Petit Rameur. À paraître : Pichenette dans les mots aux éditions Gros textes et Nuages dans le sang aux éditions de La Lucarne des écrivains en 2022. Elle contribue à de nombreuses revues papier de poésie (Comme en poésie, Cabaret, HS 7, Traction Brabant, Les amis de Thalie, Les Impromptus, Décharge, Traversées, Nouveaux Délits, Météor, Verso, FPM, L’Intranquille, Maux à mots, Wam, L'Air de rien…) et numériques (Cosaque des Frontières, Lichen, Behigori, Capital des mots & Hors-série n°6 de la revue Cabaret : 40 jours 40 vies, 2020) et des anthologies (On dit Cap, Ad Vitam Aeternam, Voix des îles). Elle dit régulièrement ses poèmes sur scène et est membre du collectif Contre Silence.

 

*

 

 

illustrations de Ludo Godot

tirage numéroté

56 pages agrafées

imprimé sur papier

Keaykoulor calcaire 100 g & 250 g

100 % recyclé

 

*

 

10 € +3 € de port,  à commander à

 l’Association Nouveaux Délits – Letou – 46330 St Cirq-Lapopie

 

 

Délits buissonniers

est une collection de tirés à part

de la revue Nouveaux Délits

 

Vous pouvez lire Aline Recoura

dans le numéro 67 (octobre 2020)

 

 

 

 

 

03/06/2022

Revue Nouveaux Délits - Numéro 71 (extraits)

 
Extraits de ce numéro 71 paru en janvier 2022 dans lequel on peut retrouver des poèmes de Jean-Charles Paillet, Stéphan Riegel, Martin Zeugma, Stéphane Amiot, Bernard Pikeroen, Clo Hamelin et Cartographie Messyl.
 
Morceaux choisis et lus par Cathy Garcia Canalès.
 
 
 
 

02/06/2022

Revue Nouveaux Délits - Numéro 70 (extraits)

 

Quelques extraits de ce numéro 70 sorti en octobre 2021, avec des poèmes de Liliane Birsinger, Chiara Pastorini, Christine Bouchut, Narki Nal et Cathy Garcia Canalès, des extraits tirés des extraits publiés du recueil "Cheese !!!" de Gorguine Valougeorgis, sorti depuis chez Plaine Page (déc. 2021) et un extrait de la nouvelle de Julien Englebert, "La bague noire". L'ensemble lu par Cathy Garcia Canalès.

 

 

06/05/2022

Et pourquoi moi je dois parler comme toi ? écrits bruts (et non bruts) réunis par Anouk Grinberg

Le Passeur éd. 15 octobre 2020

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256 pages, 20,90 €.

 

 

C’est en puisant, entre autres, dans la Collection de l’Art brut de Lausanne  que la comédienne et artiste peintre Anouk Grinberg a pu rassembler tous ces écrits, dits bruts car écrits par des personnes internées et considérées comme démentes ou délirantes. Des écrits souvent dessinés aussi car un bon nombre d’entre eux font l’objet d’un graphisme très particulier et c’est pourquoi on trouvera aussi dans cet ouvrage des photos de ce qui forme une œuvre brute complète.

 

Anouk Grinberg a une histoire avec la folie, avec celle de sa mère dont elle a eu peur et même honte : « Je ne l’ai pas aimée, je n’ai pas réussi. J’étais de la famille humaine qui se détourne. ». Ce livre est sa façon de réparer : « Par un grand détour, ce sont ces hommes et ces femmes qui m’ont conduite vers cette mère, cette femme, et si j’ai négligé de son vivant toutes ses lettres affamées, je suis heureuse aujourd’hui d’être passeuse de textes jamais lus ». De cette mère, elle dit : « Ma mère était comme ça. Une petite femme fine, intelligente, mal adaptée à la vie bourgeoise. Elle aurait voulu peindre, et elle a été mère, épouse. (…) Elle n’a pas su dire non à la famille qui faisait une croix sur ses désirs, elle n’a pas su dire oui à la petite voix qui devait lui parler tout bas, et elle est descendue marche après marche dans le malheur, comme dans un refuge où on n’irait plus la chercher. On l’a mise dans des endroits pour fous, le désespoir a prospéré avec sa litanie de délires, alors qu’elle était une lumière sur la terre ». Alors, Anouk Grinberg dédie ce livre « à tous ces lumineux que le monde ne doit pas oublier. » Il ne s’agit pas de faire une anthologie d’écrits de fous mais de montrer plutôt la valeur littéraire de ces écrits, qui « ont inspiré les surréalistes et d’autres auteurs reconnus qui se sont fouillé les méninges pour atteindre leur liberté. »

 

On ne sera pas surpris donc, de trouver aussi dans ce livre des écrits dit non-bruts, des écrits de poètes, car qui d’autre qu’eux s’approche le plus de cette forme d’indécente liberté ? D’ailleurs deux d’entre eux — et on note par ailleurs ici la curieuse absence d’Artaud — comme Paul Éluard ou Tristan Tzara, ont trouvé refuge durant la guerre, l’un en 1943, l'autre en 1945, à l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban-sur-Limagnole en Lozère où furent internés deux auteurs bruts figurant dans ce livre.

 

La préface a été rédigée par Jean-Pierre Siméon dans laquelle il nous dit : « Les fous, donc, prétendument les plus dénués d’entre nous (ou faudrait-il dire les plus dénudés ?), ont ce talent inouï, et que l’on ne dira qu’avec prudence involontaire, de s’affranchir absolument des lois de la langue et de nous révéler en conséquence dans la langue même cet absolument impossible de la langue dont rêvent les poètes, mais que leur raison sociale empêche généralement d’assumer jusqu’au bout. »

 

Et pourquoi moi je dois parler comme toi est donc « un livre sur la vie et la création, non sur la folie. » Si les fautes d’orthographe et la ponctuation n’ont pas été retouchées, certains passages ont cependant été volontairement coupés car trop incompréhensibles. Les auteurs de ces écrits bruts sont nés entre 1827 et 2005, mais plus spécifiquement au XIXe et XXe siècle. On trouvera une photo et une courte biographie pour chacun d’eux, mais une partie sont des textes anonymes, les auteurs n’ayant laissé aucune autre trace de leur passage sur terre.

« (…) dans nos sociétés riches et prétentieuses, ce trop-plein d’antennes est sévèrement puni. Les sans-fard inspirent la honte et le mépris, alors ils fanent ou enragent, et c’est le début de l’enfer. On les met dans des hôpitaux, on les force à manger des médicaments pour les remettre droit, on leur enlève la parole puisqu’ils parlent mal la langue de papa et maman, on leur enlève leurs droits, parfois leurs noms. » nous dit Anouk Grinberg dans son prologue.

 

Écrits compulsifs, écrits rageurs, écrits du désespoir et de la privation de liberté, mais aussi tentatives de communication, de tresser une passerelle entre des réalités qui s’entrechoquent. Des êtres humains « enfermés dans un faisceau de malentendus », comme si leur pensée, leur vision étaient erronées alors que, bien souvent, ils ont été surtout broyés par les conditions de leur existence quand ils n’ont pas été tout simplement et violemment mis à l’écart, parce qu’ils gênaient l’ordre et la raison établis ou bien considérés socialement comme définitivement idiots parce qu’incapables de contacter le monde extérieur comme ce fut le cas pour Babouillec, autiste sans paroles, diagnostiquée comme très déficitaire et qui n’a jamais appris à lire, écrire et parler et qui est auteur de plusieurs livres, grâce à sa mère qui l’a sortie des institutions spécialisées et a fini par trouver le moyen de communiquer avec elle, lui permettant ainsi de révéler et diffuser son génie littéraire et ses pensées dont l’acuité et la pertinence sont absolument jubilatoires.

 

La postface de Sarah Lombardi, directrice de la Collection de l’Art Brut de Lausanne donne un éclairage sur l’origine et l’histoire des écrits issus de cette collection dont certains ont déjà été publiés précédemment et mentionne les personnes, médecins ou autres, qui s’y sont intéressés, non pas d’un point de vue pathologique mais sur le plan du processus créatif.

Pulsion d’écrire, pulsion de vivre : de crier, défier et même rire et aimer dans le silence carcéral, que ce dernier soit imposé de l’intérieur ou de l’extérieur. Un bon nombre des textes publiés ici donnent envie justement de les lire à haute voix, ils ont quelque chose de théâtral, entre comédie et tragédie, le grand théâtre de la vie. Certains sont des pieds de nez au dogme de la normalité, d’autres sont peut-être bien trop en avance sur leur temps, d’autres encore font mal car ils sont paradoxalement des appels au bon sens de celui qui les lira… Beaucoup sont des blessures ouvertes qui débordent sur le papier et des flux de douleur qui frayent un chemin vers la lumière. La poésie est très souvent au rendez-vous.

 

« Veuillez dire à ce langage

Qu’il dise qu’il est là

C’est une prière

La vie ne peut pas vivre »

Constance Schwartzlin-Berberat (1845-1911)

 

Un ouvrage précieux qui, espérons-le, permettra de porter un autre regard sur ce que la société nomme trop facilement des folles et des fous.

« Alors que la vie elle-même est démente, qui de nous peut dire où se trouve la folie ? Trop de bon sens, n’est-ce pas aussi de la folie ? (…) Et la folie suprême n’est-elle pas de voir la vie telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être ? » avait écrit Cervantès.

 

Cathy Garcia Canalès

 

 

dsc-0613.jpgAnouk Grinberg est née à  Uccle (Belgique), le 20 mars 1963. Fille du dramaturge Michel Vinaver, elle fait ses premiers pas sur les planches dès l'âge de 12 ans dans Remagen mis en scène par Jacques Lasalle. Malgré quelques apparitions au cinéma à partir de 1976, la jeune fille se consacre avant tout au théâtre et commence parallèlement des études d'ethnologie. Après quelques rôles secondaires la comédienne rencontre Bertrand Blier qui la révèle au grand public et dont elle devient la muse. Ils tournent trois films ensemble avant de se séparer : Merci la vie (1991), Un, deux, trois, soleil (1993) et Mon homme (1995). Malgré deux beaux rôles dans Un héros très discret de Jacques Audiard (1995) et Disparus de Gilles Bourdos (1997), Anouk Grinberg espace ses apparitions au cinéma. Elle se consacre au théâtre mais également à la peinture et à l'écriture.

 

 

 

 

30/03/2022

Nouveaux Délits n°72

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Il y a des poètes voyants, des poètes pythies, des poètes monstres qui reçoivent en flots continus des données qui — s’ils ne trouvent moyen de les transcrire — peuvent les submerger, les rendre fous. Le flux est tel que la respiration elle-même ne trouve plus sa place, un essoufflement comme une transe dans laquelle tout lecteur sera emporté car il n’aura rien à quoi s’accrocher. Des eaux tumultueuses mais pas glaciales, car le feu ardent de la poésie brûle sans interruption. Possédée, incantatoire, opératoire, comme le chaman qui souffle sa fumée sur le corps du malade. Ici lecteur, c’est toi le malade. C’est nous. C’est l’humanité.

 

Ce genre d’écriture n’est pas à la mode, on l’a dite maudite, elle fait peur, elle inquiète, elle dérange les conforts, agresse les quiétudes organisées, fait sauter les verrous, les défenses, donne le vertige, la nausée, touille nos tripes sans permission. Elle puise à la source même du Verbe tout autant ravageur que créateur. Pauvre poète traversé et sommé de délivrer le message, c’est un écartèlement permanent : s‘il se tait, il devient fou ; s’il parle, on le prend pour un fou. Ce poète est excessif et peu vendeur, on préfère attendre quelques siècles avant de le lire. Pourtant, il voit là où nous sommes aveugles et ce qu’il voit le foudroie, le brutalise : la laideur sans fard, ni masque, la lumière aussi éblouissante que crue, la beauté qui renverse et les ténèbres sans sas de protection. Il ressent vivement là où nous sommes commodément désensibilisés, il se souvient de ce qui est effacé par nos amnésies quotidiennes. Il entend l’effroi, l’écho du gouffre. Il sait ce que nous étions et ce que nous deviendrons si nous ne nous rappelons pas ce que nous sommes.

 

Il sait et il ne sait rien. Il est l’ignorant qui ne peut jouir de son ignorance, il est parcouru, pénétré, transpercé de toute part et chaque mot qui passe par lui est un trou par où nous pourrions apercevoir une fraction de la réalité originelle.

 

Il a appris cependant depuis le temps que ce torrent le traverse, le retourne, le traîne, le broie et le suffoque, à prendre appui dans l’œil des vortex, à trouver des points d’accroche, l’issue en soi incessible. Il est un vivant mort autant de fois qu’il aura fallu pour se dépouiller jusqu'à l’os, voir son âme nue et il nous tend la main, grimpeur aguerri aux chutes, il nous désigne une brèche par où se hisser. Il partage ses visions, se fait conteur, éclaireur, compagnon.

 

 Il y a un sens à trouver à tout ce que nous vivons ou craignons de vivre : il s’agit de guérir. Et le poète-guérisseur trace des chemins de mots comme autant de formules pour briser les maléfices. Du latin malefacio : faire du mal.

 

CGC

 

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AU SOMMAIRE

 

Délits de poésie :

 

    • Anne-Marie Bernad

 

    • Jérémy Semet

 

    • Vincent Calvet : Naître au Mystère (extraits)

 

    • Odile Steffan-Guillaume : Les Yeux du sablier (extraits)

 

    • Stéphane Mongellaz

 

    • Perle Vallens : Journey (extraits)

 

    • Michel Woelffle : Contes et poèmes d’un été perdu et 71ème hiver (extraits)

 

 

Résonance : Et pourquoi moi je dois parler comme toi ? écrits bruts (et non bruts) réunis par Anouk Grinberg, Le Passeur éd. 15 octobre 2020.

 

 

Les délits d’(in)citations continuent à germer au coin des pages. Vous trouverez le bulletin de complicité peut-être un peu sombre et agité à la sortie, le contexte n’est pas à la fête… Merci infiniment pour votre soutien !

 

 

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Illustratrice : Shenandoah Allheilig-Rivet

 

https://www.instagram.com/shenandoah.allheiligrivet/

 

Artiste plasticienne, passionnée depuis son plus jeune âge, bercée par une multitude d'influences culturelles, elle poursuit aujourd'hui son parcours nomade, mêlant rencontres et créativité, échanges et idées nouvelles. Son travail, s'articulant notamment autour du dessin, s'élargit également à d'autres formes d'expressions et formats (peintures, collage, sculptures, photographie, récup'art, customisation d'objets, Land art).

 

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« Je suis ici pour vous parler de singe à singe. Une cinquantaine de bombes thermonucléaires suffisent à détruire l'humanité. Familièrement appelées bombes atomiques. Mais il n'y a pas cinquante bombes atomiques dans le monde. Il y en a quinze mille.

La question est donc la suivante : si cinquante bombes atomiques suffisent à anéantir l'ennemi et même l'ami, pourquoi en avons-nous construit quinze mille ?

Il n'y a pas de réponse rationnelle. Même la logique de guerre la plus cynique ne peut justifier un tel gaspillage inutile.

Si nous étions au bar entre amis, je vous dirais : c'est la preuve que nous, en tant qu'espèce, ne sommes pas seulement mauvais. Nous sommes aussi des couillons.

Mais s'il y avait un psychanalyste dans le bar, on pourrait aller un peu plus loin : il expliquerait que cette accumulation démesurée est une forme de collection. En psychanalyse, le collectionnisme est étudié comme une perversion.

En 1955, Albert Einstein et Bertrand Russel ont rédigé un appel au désarmement signé par une douzaine de lauréats du prix Nobel. Il disait : "Nous vous demandons, si vous le pouvez, de mettre de côté vos opinions et de raisonner simplement comme les membres d'une espèce biologique en danger d'extinction".

Le mot le plus audacieux, le plus utopique de la phrase que je viens de vous lire est l'emploi du verbe "raisonner". Je ne pense pas que ce soit à notre portée. »

 

Michele Serra, journaliste italien

 

 

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Revue Nouveaux Délits – Avril 2022 ISSN : 1761-6530 Dépôt légal : à parution – Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits  Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès Illustratrice : Shenandoah Allheilig-Rivet Correcteur : Élisée Bec

 

 

 

 

 

 

 

07/03/2022

Soliflore 120 - Thierry Delhourme

 

 

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©Gil Goulpié

 

 

 

L’ombre épousant la lumière

 

 

Bienvenue à l’enfant que je n’aurai jamais

il court déjà dans les herbes folles

 

Bienvenue au futur de mes amis

pour eux j’avais le désir de naître

sous leurs sabots aux pointes givrées

c’était un désir sans volonté ni rituel

avec juste la transparence à mon seuil

mes visions fraîches comme pains de l’aurore

 

Bienvenues les femmes de pailles et d’or

dont j’envie la flamme dressée

chaque nuit pour réparer le monde

 

Idem les funambules et jongleurs qui brisent

la roche pour en sucer l’âme

ils sont guetteurs de joies ravaleurs de mensonges

et bien plus nombreux les yeux dans le dos

que dans nos chansons nos aventures humaines

 

Alors comment allons nous dire

l’odeur de la fête qui frappera tantôt

 

Peut-être

 

Bienvenue la chose hantée en sa pure merveille  

 

 

 

 

23/02/2022

Dans la revue Le Pot à Mots n°15, Céline Rochette-Castel parle de Nouveaux Délits

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cliquez sur l'image pour lire

 

Merci Céline !

 

 

 

 

 

 

 

Feux de Perrine Le Querrec

 

éditions Bruno Doucey, mars 2021

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75 pages, 14 €.

 

 

Et le poète de sa voix de feu

D’une aile d’oiseau attise les mots

 

On peut dire que dans ce recueil dont le titre dit clairement de quoi elle parle, Perrine Le Querrec fait ici feu de tout feu. Traversant quelques milliers d’années d’Histoire et explorant toutes les facettes de cet élément, les bénéfiques comme les dramatiques, elle déploie une sorte de fresque mouvante, un théâtre d’ombres de personnages que le feu met ou a mis, et parfois très cruellement, en lumière et peut-être plus particulièrement des femmes. Depuis celle qui dans la caverne a inventé le feu « Seins hanches ventre rond / Disparue à jamais » aux ouvrières sacrifiées, aux femmes indociles et veuves indésirables, aux militantes immolées en passant par les sorcières aux bûchers : femmes trop vives, feu aux femmes !

 

La ville silencieuse cadenasse ses oreilles

Qu’on démonte les cloches, qu’on fonde leur acier

Dans le feu des sorcières et des illuminés.

 

Des feux politiques donc, des feux de religion, des feux symboliques, des feux géologiques mais aussi des feux artistiques et littéraires. Des figures renaissent des cendres, comme Marguerite de Porète, béguine itinérante et première femme à avoir péri sur un bûcher de la place de Grève à Paris pour avoir eu trop d’esprit, une âme trop libre et un cœur trop flamboyant. C’était en 1310. Le feu a fait d’elle, et de tant d’autres, une immortelle.

 

Des feux de joie, des feux de guerre, « des feux autoritaires, des feux de dictatures / mais aussi / Des feux de résistance, des feux brûlants de vie. » L’ordre du recueil est chronologique, une traversée de l’Histoire dans le miroir des flammes, la grande Histoire collective et les histoires individuelles. L’humanité, écrit Perrine Le Querrec, se dessine à travers ses feux

 

Des feux qui ramènent une mémoire enfouie.

 

Feux salvateurs, feux destructeurs, feux de mémoire, feux de langues, c’est à un grand incendie que nous convie Perrine le Querrec en agitant ainsi les tisons de son écriture. Elle y convoque des poètes, écrivains, artistes disparus, très connus comme Gogol, Van Gogh, Nerval, Artaud ou moins connus comme Angus McPhee, un artiste brut écossais ou la poétesse Ingeborg Bachmann.

 

Depuis quand le soleil se couche

J’ai toujours l’impression

Que quelqu’un brûle.

 

Elle évoque Piotr Pavlenski, artiste dissident russe fiévreux et incontrôlable toujours actif, elle rend hommage aux victimes de guerres et de catastrophes plus ou moins naturelles. Elle évoque des corps et des lieux marqués au feu, dévorés par le feu mais, écrit-elle, depuis des millénaires la vie renaît de ses cendres / Il y a des racines que jamais le feu n’atteint.

 

Un questionnement plus discret souffle entre ces pages aussi, celui que soulèvent les flammes du désir, du sentiment amoureux.

 

Il y a un côté compilation dans ce recueil, une énumération qui parfois en étouffe même le souffle poétique, peut-être parce qu’il s’agit surtout de faire œuvre de mémoire. Pour qui connaît l’écriture de Perrine le Querrec, on sent qu’il y a là presque comme un chantier en cours encore, une récolte de braises plus ou moins vives dont chacune pourrait donner naissance à un développement. On sent ce qui chez elle a été attisé et qui est un peu trop énorme, trop violent aussi, pour pouvoir être contenu en 75 pages, mais c’est déjà un beau départ de feu car les livres aussi brûlent.

 

Savez vous

Les livres brûlent les doigts brûlent l’esprit brûlent les à priori

brûlent les ignorances brûlent les yeux brûlent les dictatures

saviez-vous

les livres brûlent

 

Le monde parfois semble n’être plus qu’un grand brasier.

  

Cathy Garcia Canalès

 

 

Fondazione0258-edited.jpgPerrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Elle hante les bibliothèques et les archives pour assouvir son appétit de mots et révéler les secrets oubliés. De cette quête elle a fait son métier : recherchiste. Les heures d’attente dans le silence des bibliothèques sont propices à l’écriture, une écriture qui, lorsqu’elle se déchaîne, l’entraîne vers des continents lointains à la recherche de nouveaux horizons.
Perrine Le Querrec
écrit de la poésie et de la prose. Sa langue est une architecture de mots, de silences, d’archives de trous et de pliures. Lorsqu’elle sort de la page, elle travaille en duo avec le contrebassiste Ronan Courty et forme l’autre moitié de PLY, duo avec le photographe Mathieu Farcy. Ses dernières parutions en 2020 : Vers Valparaiso, Éditions Les Carnets du dessert de lune, Rouge pute, Éditions La contre allée.

http://www.perrine-lequerrec.fr/

 

 

 

 

22/02/2022

Soliflore 119 - Carl Hallak

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photo de l'auteur

 

 

une chance


s'il reste une chance
mince infime ou immense
cela vaut la peine je t'aime
juste une fissure
murmure dans le mur
cela vaut la peine je t'aime
s'il reste un copeau
de nos plus vieux fagots
cela vaut la peine je t'aime
juste un brin de vent
de nos grands ouragans
cela vaut la peine je t’aime

 

 

11/02/2022

Soliflore 118 - Alexandra Norelli

 

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©Erik Johansson - Impact

 

 

 

Garde-robe

 

Il s’était fait un beau costume
Brodé de nuit
"Ça devrait faire fuir le bonheur"
Qu’il a dit


Elle avait cousu des miroirs
sur son corps nu
"Il se verra comme je le vois"
Qu'elle a cru


Et ne sachant pas comment le
Déshabiller
Elle fit tomber toute son armure
En premier.

(et comme il y avait du verre partout

elle a fini par se blesser

et c’est une bien triste fin)

 

 

 

 

FRANCOPOLIS a lu le n°71

Revue Nouveaux délits, n° 71, janvier 2022

Cette revue artisanale, conçue, confectionnée à la main, et éditée par Cathy Garcia Canalès, sous les auspices de l’association éponyme, est une pépite : en peu de pages des textes poétiques de grande qualité – ici, Jean-Charles Paillet, Stéphan Riegel, Martin Zeugma, Stéphane Amiot, Bernard Pikeroen, Clo Hamein, Cartographie Mzssyl. Note de lecture de l’éditrice au recueil Feu de Perrine Le Querrec.

http://www.francopolis.net/annonces_2022.html

 

 

Georges Cathalo a lu le n°70

et en parle dans un bref panorama de 18 revues sur le site de Terre à ciel :

"Pour chaque nouvelle livraison, Cathy Garcia parvient à trouver le courage de poursuivre sa route solitaire sans aide d’aucune sorte. Chapeau l’artiste-factotum, avec ici des écrits d’auteurs et d’autrices peu lus tels que Liliane Birsinger, Chiara Pastorini, Julien Englebert, Christine Bouchut ou Gorguine Valougeorgis."

Voir ici : https://www.terreaciel.net/Bref-panorama-de-18-revues-de-poesie-par-Georges-Cathalo

 

 

03/01/2022

Revue Nouveaux Délits n°71

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Mais quelle année ! Épuisante, irritante, agressive, pénible, flippante, triste, les moments d’éclaircies furent de courte durée et pourtant des graines ont été semées aussi, parce qu’il est hors de question de céder au marasme. Certes le mot « vœu » semble plus creux que jamais, on sait déjà les pathétiques farces qui se profilent pour l’an 22 et la planète n’a pas fini de secouer ses arrogantes puces. il semble de plus que ce qui s’abat sur les idiot-e-s de base, dont je fais partie, c’est surtout une pandémie de dépressions. Mais parmi les idiot-e-s de base, il y a aussi de nombreux pugnaces et plus le sort s’acharne, plus l‘endurance augmente. Chacun-e individuellement et toutes et tous ensemble, sommes comme dans un grand tamis. Sélection, séparation, choix. Et j’ai l’intuition que 2022 sera plus encore une année de choix qu’on ne pourra esquiver, individuellement et collectivement, choix dont il faudra assumer chaque concrète et très réelle conséquence. Alors il va falloir continuer à semer et protéger les jeunes pousses, obstinément, s’ancrer à la terre — poussière ou gadoue, qu’importe — mais s’y tenir debout, le pied ferme. Et ce sont nos illusions qui serviront d’humus aux nouvelles graines, le prix à payer pour concrétiser nos aspirations les plus authentiques, les seules qui ont une chance de nous mener quelque part de viable et ça ne se fera pas sans prendre conscience, chacun-e et collectivement, de cette vieille part d’ombre qui est la nôtre. La poésie est une graine aussi, et la force qui la fait germer, tout à la fois graines, humus, eau, air, soleil, lune et la fleur qui s’ouvre, le fruit qui tombe mûr exactement où et quand il le faut. Un totum qui défie l’espace-temps. Aussi quelle joie pour moi que ce nouveau jardin que vous allez découvrir ! Et pour cette année qui commence, peu importe le vœu, ce qui compte c’est le souffle qui disperse les graines alors soufflons bien, soufflons juste, ne nous laissons pas essouffler, dansons la danse du tamis et laissons partir tout ce qui doit partir. Et pour 2022, ne souhaitons rien, faisons-le !

CGC

 

Le véritable ennemi, c'est l'esprit réduit à l'état de gramophone, et cela reste vrai que l'on soit d'accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment.

Georges Orwell

 

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AU SOMMAIRE

  

 

Délits de poésie protéiforme :

 

Jean-Charles Paillet ; Stéphan Riegel ; Martin Zeugma

 

Stéphane Amiot, avec des extraits de Saison de lagunage

 

Des haïbun de Bernard Pikeroen

 

Clo Hamelin ; Cartographie Messyl

 

 

Résonance : Feux de Perrine Le Querrec, éditions Bruno Doucey

 

Délits d’(in)citations à pleine dose, pour une couverture poétique maximale.

Vous trouverez le bulletin de complicité qui fait du stop au fond en sortant. Il fait un peu la gueule, vu la énième hausse des tarifs postaux, la mort de la grande imprimante, la pénurie covidienne de cet outil incontournable et l’inflation à grandes dents spéculatrices, n’hésitez donc à le prendre ce bulletin et faire un bout de chemin avec lui, merci, car il n’y aura pas de hausse du tarif d’abonnement !

 

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 Illustrateur : Stéphan Riegel

https://www.stephanriegel.com/

 

 

Le système s'effondrera si nous refusons d'acheter ce qu'ils veulent nous vendre, leurs idées, leur version de l'histoire, leurs guerres, leurs armes, leur notion d'inévitabilité. Rappelez-vous de ceci : nous sommes nombreux et ils sont peu nombreux. Ils ont plus besoin de nous que nous n'en avons d'eux. Un autre monde, non seulement possible, mais il arrive. Les journées calmes, je l'entends respirer.

 Arundhati Roy

 

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Petit livre des illuminations simples de Cathy Garcia Canalès

 

 

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sens pratique

 

il n’y a que la pratique

et une infinité de voies

s’étirer comme

racines et chat

 

*

 

énergie

 

penser

c’est vibrer

 

*

 

folie

 

nous ne sommes pas folles

nous sommes peut-être

folles de douleur

mais pas plus

 

 

 

44 pages, agrafées

tirage limité, numéroté et signé

Édité et imprimé par l’auteur

sur papier luxe 100 % recyclé

Dépôt légal : décembre 2021

 

8 € + 2,30 € de port

dispo sur commande auprès de l'auteur

contact : mc point cg arobase point orange

 

 

 

 

09/12/2021

Soliflore 117 - Stéphane Mongellaz

 

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Cathy Garcia Canalès

 

 

 

REPOS DE L’ARME

 

Ainsi m’ont-ils eu

et déjà tu le savais,

et durant le temps qui fut le nôtre   ̶

 

échangeant nos saveurs intimes,

trafiquant nos humidités crues,

reconnaissant tracé et inconnu

 

le passage ancien

d’une source claire

encore sourde de nous   ̶

 

tu ramenais l’ombre à sa brute matière

 

dans tout l’espace scellé maintenant

sur mon front, ruisseau de pluie

portée vivante par le vent

 

que je sais être toi,

ô l’Infiltrée, l’Échappée des lacunes.

 

 

 

28/11/2021

Soliflore 116 - Éric Moutier

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Xiaoming Yang

 

 

TÊTE À L’ENVERS

 

Prisonniers de nos tours syllabiques,

À écrire des mots

Quand d’autres vivent des histoires,

Laboureur de lumière

À la lueur de l’encre noire,

Nous cherchons libération

Dans le jour virevoltant,

Quittant nos maisons de papier

Pour de plus grands espaces.

Ne plus s’interdire de rugir,

Sentir l’existence nous souffler ses poèmes,

Souffleuse de verre brûlant,

Modelant

La finesse de nos êtres.

Attendre la dernière expiration

Pour se bomber de flamme,

Voir nos matières rougissantes

Prendre forme

Sous l’inspirante lave

Et revenir

Parfois à la marge

Parfois à la page

Graver nos lignes muries

Sur nos cahiers

Devenues mémorielles.

 

 

https://m.facebook.com/eric.moutier.3

 

 

 

 

23/11/2021

Nouveaux Délits n°69 - extraits

 

Un petit aperçu de ce numéro 69 paru en avril 2021 avec des textes d'Odile Vecciani, Richard Roos-Weil, Marie Alcance, Anne Barbusse et Archibald Aki, lus par Cathy Garcia Canalès.

 

 

Revue Nouveaux Délits n°68 - Patrick Werstink

Deux poèmes de Patrick Werstink qui avaient disparu au montage de la vidéo des extraits de ce numéro 68 sorti en janvier 2021. Lus par Cathy Garcia Canalès.

 

 

Nouveaux Délits n° 68 - extraits

 

Quelques poèmes extraits de ce numéro paru en janvier 2021. Dorian Masson, Angélique Condominas, Pierre Thiollières, Pierre Vinclair, Jacques Merceron, lus par Cathy Garcia Canalès... Manque Patrick Werstink, à suivre....

 

 

09/11/2021

Soliflore 115 - Michel Woelffle

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Le passage


Le gamin descendait du Chabre
Il avait chaud je l’ai arrêté
Il m’a dit
“j’viens de là-haut”
J’ai regardé la montagne
haute, verte dans cette apparence immobile
qu’ont les arbres regardés de loin
J’ai encore songé que les hommes étaient nés là-haut
de ces arbres étrangement silencieux, attentifs
s’élevant lentement vers le ciel
sans répit
Je songeais à cela en regardant cet enfant échappé de la montagne
que les arbres avaient connu
écorce rompu des siècles et des légendes
La légende d’un monde qui avait relevé les arbres pour en faire des hommes
“T’es passé par le col de l’ange ?”
Il savait pas trop...
“T’as rencontré des anges ?”
“Non il m’a dit... personne...”
“Alors c’est qu’tes pas grimpé assez haut”
Il avait l’air sympa.
Il me regardait sans se foutre de ma gueule
Alors j’ai ajouté
“De toute façon tant que t’en seras pas un
t’en rencontreras pas”

 


Ballons 20/21 Juillet 21

 

 

 

 

26/09/2021

Revue Nouveaux Délits - Numéro 70

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Outre que j’en écris depuis maintenant 18 ans, il devient de plus en plus difficile pour moi d’écrire un édito. Comme la sensation de rajouter juste du bruit au bruit et la cacophonie actuelle qui ferait honte à une cour de récré est devenue juste insupportable. Pour, anti, vérité, complot, contrôle, propagande, QR code, labos, dollars, économie, dépistage, pandémie, puçage, data, reset, hashtag, merde, bite, cul… ! De quoi choper la Tourette ! On devient fou ! C’est effrayant !

 

Aujourd’hui pour moi, l’image de la réussite c’est d’être allée chercher des mûres et d’en avoir fait un clafoutis. Loin de l’écran, loin des batailles nudgiennes et des spectres de guerres, catastrophes, folies en cours et à venir. Il m’a été dit tout récemment que j’étais d’un autre monde… J’espère bien ! Et j’espère bien qu’on sera de plus en plus nombreux à être d’un autre monde. Pas un monde sans ancrage, un monde nébuleux qui deale ses chamallows pastels, non un monde multidimensionnel, relié, branché à la terre et à l’humus, à ce bon sens qui semble avoir foutu le camp avec la biodiversité. Un monde qui se réveillerait de ce cauchemar que je ne saurais plus qualifier tellement il est doté de tentacules ! Et pas un monde qui accélère exponentiellement vers la dystopie totalitaire en se berçant de climat de confiance, refonte, optimisation, économie positive, smart à toutes les sauces, capitalisme cognitif, sécurité globale, objets connectés, futur augmenté, rajeunissement, vie éternelle…

 

Une histoire antique en somme, toujours la même, celle du syndrome d’hubris, thème central des tragédies grecques, considéré comme le plus grand des crimes. Y entendait-on mieux alors la parole des aèdes et des pythies résonner comme autant de mises en garde ? L’humain, même milliardaire et transhumanisé, n’échappera pas à la loi des cycles, la Némésis tôt ou tard viendra frapper pour ramener tout imbécile trop imbu à un peu plus d’humilité. En attendant, allons ramasser des mûres et buvons à même la langue des poètes et des pythonisses, ces rescapés de toutes sortes de tragédies qui continuent à naître, siècle après siècle, apportant avec eux les graines vives d’un monde autre.

 

Ce numéro 70 correspond justement à l’année de ma naissance, cette revue est une des toutes petites graines que je lance au vent de cette époque si agitée, merci à vous de lui permettre de germer encore et encore entre vos mains !

CG

 

 

Un virus dans le monde entier, confine des peuples qui se révoltaient

contre les injustices du Capitalisme mondial.

Philippe K. Dick in La Vérité avant-dernière (1964)

 

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AU SOMMAIRE

 

 

Délits de poésie :

 

Liliane Birsinger

Chiara Pastorini

Christine Bouchut et des extraits d’Avantage

Narki Nal

 

Délit dentaire : extraits de Cheese !!! de Gorguine Valougeorgis

 

Délit d’A. : La bague noire, une nouvelle de Julien Englebert

 

Délit d’autopromotion : Histoire d’amour, histoire d’aimer, de Cathy Garcia Canalès, paru le 1er septembre

 

 

Délits d’(in)citations  en petites touches discrètes, comme un écho. Vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant qui arbore fièrement un délit buissonnier de plus.

 

 

 

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Illustratrice : Cathy Garcia Canalès

 

Femme-orchestre de cette revue,

est-il encore utile de me présenter ?

http://cathygarcia.hautetfort.com/

 

 

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Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir, non pas comme une probabilité mais comme l'histoire du futur. On leur dirait qu'on a découvert des feux, des brasiers, des fusions, que l'homme avait allumés et qu'il était incapable d'arrêter. Que c'était comme ça, qu'il y avait des sortes d'incendie qu'on ne pouvait plus arrêter du tout. Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne.

 

Marguerite Duras

in Le Matin, 4 juin 1986

 

 

 

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Revue Nouveaux Délits – octobre 2021 ISSN : 1761-6530 Dépôt légal : à parution – Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits  Coupable responsable & illustratrice : Cathy Garcia Canalès Correcteur : Élisée Bec

 

 

 

 

 

 

 Le délit buissonnier n° 5 est sorti le 1er juillet 2021 :

 

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illustration de Jimmy Fortier

 

paraît que t'es naïf en amour

paraît que t'as besoin de sentiments pour niquer

paraît que t'es qu'un connard mesquin

paraît que t'as besoin d'être reconnu dans ta vérité

paraît que chez toi ça sent pas vraiment le poète obscur

paraît que t'as une voix à vendre de l'huile d'olive

paraît qu'il faut que tu sois un peu plus humble

paraît que tu chausses comme Michel Platini

paraît que t'es l'heureux papa d'une IVG et d'une grossesse extra-utérine

 

 

 

tirage numéroté, 32 pages agrafées, papier 100 % recyclé

10 € +2 € de port

à commander à l’Association Nouveaux Délits

 

 

Délits buissonniers est une collection de tirés à part de la revue Nouveaux Délits

 http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/delits-buissonniers/

 

*

 

 

25/09/2021

Revue Nouveaux Délits - Numéro 67 (extraits)

Des textes d'Hélène Decoin, Claire Cursoux, Ana Minski, Aline Recoura, Antoine Bertot, Martin Payette et Cathy Garcia Canalès extraits de ce n°67 paru en octobre 2020. Lus par moi-même.

 

 

 

 

15/09/2021

Soliflore 114 - Christophe Salus

 

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tableau de René Mazyn, tous droits réservés

 

 

 

Religieuse prose

 

Les exégèses exagèrent :

 

Dans ces Livres pleins de virgules,

que l’histoire a lentement essuyées,

Tout peut se voir et s’interprète,

et si l’on s’en tient au seul mot,

ce sont bien des pages glauques d’horreurs !

 

Et comme on peut pas faire pire

et que le délit plagiaire est proscrit :

 

« Écrivons nous-même notre livre sacré ! »

 

 

 

 

 

02/09/2021

Printemps captif de Lionel Mazari

 

J'attends que la nuit soit parfaite
et que les étoiles aient filé
et que la pleine lune arrête
de faire sa tête brûlée.

Assis sur un banc dans le noir,
je regarde la vie qui n'est
pas faite pour les grands espoirs
pas plus que pour les destinées

sublimes mais qui se confine
en ombres calmes aux fenêtres,
anciens fantômes des vitrines
d'un bistrot où nul ne pénètre.

Le couvre-feu dès l'heure-du-thé,
m'ayant traversé tel un square,
je me lève enfin et je fais
semblant d'être statue qui part,

immobile en la nuit parfaite,
loin du défilé des étoiles ;
quand la lune ne fait plus la tête,
je mets sur mon masque ses voiles.

 

in Printemps captif, quatrième délit buissonnier paru en 2020 : 

http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/archive/2020/...

 

 

 

 

23/08/2021

Soliflore 113 - Silvère Cordin

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Suivre les mélodies monophoniques
Se laisser prendre par le jeu de la pluie
renoncer au reflet du miroir
le combat des astres, aux rites d'autrefois
lumineux, irradiant râles d'un sous-monde
souffles de liberté, de mains et de cœurs
proches d'un monde tempétueux qui s'ouvre.
Qui est l'inculte ? Qui est le païen de l'autre ?
Qui sera celui qui nous donnera l'avenir d'un millier d'arbres ?
Celui qui fera renaître les cendres d'une terre nébuleuse ?
peut-être,
celui qui purgera la laideur à l'intérieur de nos fibres ?
sûrement.
Qui absoudra la rage muette et indicible dans nos regards ?

 

 

 

09/08/2021

Soliflore 112 - Gorguine Valougeorgis

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photo de l'auteur

 

 

Dans l’obscurité

la mer au loin

fume une île brûle

consume coule une île nous

regardons les étoiles la fin

d’un monde encore

un de moins

c’est si calme ici

mon ami comme chaque 

soir allume 

en regardant la mer sa

cigarette

on ne laisse pas la mer

mourir seule il me dit



 

 

15/07/2021

Soliflore 111 - Yvan Robberechts

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CANCRE

 

Cancre…
Dix ans de mitard à buller au fond d’une classe,
suivre une plume invisible livrée au vent. 
Dix ans de trous d’air et de brumes. 
Dix ans à me téléporter de vagues en vagues, 
ma peau sur une chaise où mes idées divaguent. 
Dix ans de solitude… presque cent.

Cancre. Cancrelat, petit cafard assoupi, 
déguisé en écolier, trahi par ses antennes. 
Bousier indécrottable.

- « Il ne fera jamais Polytechnique » (moue navrée et entendue). 
Litote,  licence poétique.
Continuer à vaquer à mes songes. Envers et contre tous. 
Rester focus sur la téléportation, mon petit domaine d’expertise.

-  « Yvan, au tableau ! »
Calcul du périmètre d’un cercle. 
Pris en flagrant délit de téléportation. 
Le nez dans le pot de miel de la liberté volée, dérobée à l’institution. 
Me pousse un groin entre ma chaise et le tableau. 
Le maître se paie la bête. Bête à manger du foin.
Rien… Presque rien … Rien que moi et le tableau,
 … Moi et ma craie, …  Ma nullité et moi. 
Mon groin dans la fange et ses clapots de honte.

J’aurais pu devenir mauvais, hargneux, 
à boire jusqu’à la lie le jus amer de la défaite. 
Moi et ma nullité on vous emmerde !!
Revendiquer cette médiocrité, étendard de mon identité enclavée. 
Persister et signer. A la lame et dans le sang. Cruel à mon tour. 
J’en ai eu longtemps la tentation.
Allumer les mots par la mèche et les jeter à la face 
des faux-semblants, des évidences et des litotes, 
faire péter le malheur et la honte.

Il a fallu se débarrasser du petit niaiseux,
…Oublier. 
Plier mes antennes et mes ailes, les ranger sous le pupitre, 
me désincarcérer de ce corps d’insecte,
laisser ma mue de blatte accrochée à la chaise devant mon bureau vide. 
Dernier regard sur la scène de crime.
Fermer la porte.