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LA REVUE NOUVEAUX DÉLITS

  • Soliflore 142 - Patrick Gillard

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    © Aurélia Van Gucht

     

     

     

    Cabotage sous haute mère

     

    Aucun grain de libre liberté 
    N’a déchiré ta vague autarcie
    Toi, enfant de courte durée, 
    Patouillant les flaques de l’estran,
    Comme si c’était les jupes de ta mère.

    Garderais-tu de cette prime pataugeoire
    Des regrets amers de la vie hauturière
    Que ta vague dérive quotidienne
    Tient à distance respectable des côtes,
    Comme si c’était les jupes de ta mère ?

     

     

     

  • Nouveaux Délits n°79

     

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    Novembre ! C’est la première fois en 21 ans que Nouveaux Délits paraît avec un mois de retard ! Ce qui est à retenir aujourd’hui, c’est que la revue a changé d’adresse (voir le bulletin de complicité, qui occupe comme à son habitude la dernière page).  

     

    Le monde s’enguerre et s’abêtit désespérément et les vies se compliquent, basculent, explosent parfois très soudainement et j’ai la sensation que c’est un phénomène qui touche ou a touché énormément de personnes en cette déjà finissante année 2024 et pas seulement sous les bombes. Ceci dit, si les dénommées « infos » servent à quelque chose, ce pourrait être de nous apprendre à relativiser justement nos problèmes et apprendre à mieux apprécier ce qui EST ou tout au moins à mieux accepter ce que nous ne pouvons changer tout en continuant à améliorer avec ténacité tout ce qu’il nous est possible d’améliorer en nous et autour de nous. La douleur est plus difficile à relativiser car elle n’a rien à voir avec le mental, qu’elle soit physique, psychologique, émotionnelle ou tout à la fois, chacun fait face comme il peut. Perte, deuil, trauma. Trauma qui vient d’une forme étendue de la racine indo-européenne terə, qui signifie frotter, tourner, avec des dérivés qui font référence à la torsion, la perforation, tout ce qui blesse mais aussi au battage des céréales, au frottement qui leur fait perdre leur enveloppe. L’analogie est très intéressante et d’ailleurs anciennement cela se faisait à l’aide de fléaux…

     

    Alors, oui ! La vie peut nous frotter, nous tordre, nous perforer, nous battre, nous faire mal à devenir foufolle et alors se pose la question du sens. Je ne parlerai pas pour les autres, je vais juste parler pour moi : chaque épreuve dans ma vie — et elles ont commencé très tôt — m’a amenée peu à peu à creuser au-delà de l’apparente et souvent réelle injustice, à fouiller au-delà de la dégueulasse malchance, à chercher un sens bien au-delà des limites de ce que je pouvais supporter ou pensais pouvoir supporter. C’est à ce creusage, fouillage, à cette marche forcée par les événements, par la collision des inconsciences, que je donne le nom de spiritualité. Car c’est là que commence le choix, notre choix : grandir ou pourrir.

     

    Je n’ai pas d’église, pas de religion, c’est avec les mains dans la terre ou en marchant avec elle que je ne fais qu’un avec ma spiritualité. L’essentiel est contenu dans la graine et dans toutes ses transformations. Un cycle qui, à chaque nouvelle germination, rend une plante plus forte, plus féconde, plus résiliente mais, pour cela, la graine doit se défaire de son enveloppe dans l’obscurité sans savoir si elle reverra la lumière. Sans quoi, elle pourrit. Nous, humain-es, sommes aussi des graines.        

                                                                                                                          

     CGC

     

     

    un vieux jardinier m'offre des courges tardives
    qui devinerait que le vieillard oisif
    fait de sa vie une longue ivresse ?

    Lu Yu

     

     

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    AU SOMMAIRE

      

    Délits de poésie pas tout à fait dans l’ordre :

     

     Jean-Luc Aribaud ; Éric Aubel ; Emmanuel Jeuland

     Valentina Casadei : Plainte contre A. (extrait)

     Jean-Christophe Bellevaux : L’imposture (extraits)

     Wald : Gravillons (extrait)

     

    Petites proses cocasses-cauchemardesques : Julien Grandjean

     

    Délit d’écho : Louise Brun : Métal/Fréquence Chair

     

    Délit d’altitude : Mael Maom-Orff : La subtile mouvance d’une montagne

     

     

    Délits d’(in)citations, feuilles qui tombent, immortelles, au coin des pages. Vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant vêtu de sa nouvelle adresse à noter !

     

      

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    Illustrateur : Archibald Aki

     

    Originaire du nord de la France, Archibald Aki est l'auteur de quelques œuvres poétiques aux Éditions Les Venterniers. Il en fait souvent des spectacles musicaux. Comédien et barman par-ci par-là puis gérant d'un maquis ré-créatif à Dakar ( Petit Keur), il vit désormais aux Pays-Bas où il se construit une chapelle en papier décorée de traits et de lettres, de formes et de couleurs dans la recherche désespérée de l'Homme (et de la Femme, pour sûr), de dieux et de diables (à provoquer) et de lui-même.

     

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    Il ne suffit pas toujours d’être pardonné par les autres, parfois tu auras à apprendre à te pardonner à toi-même… Tu apprendras que, avec la même sévérité que tu juges les autres, toi aussi tu seras jugé et parfois condamné… Tu apprendras que, peu importe que tu aies le cœur brisé, le monde ne s’arrête pas de tourner. Tu apprendras que le temps ne peut revenir en arrière. Tu dois cultiver ton propre jardin et décorer ton âme, au lieu d’attendre que les autres te portent des fleurs…Alors, et alors seulement, tu sauras ce que tu peux réellement endurer ; que tu es fort, et que tu pourrais aller bien plus loin que tu le pensais quand tu t’imaginais ne plus pouvoir avancer ! C’est que réellement, la vie n’a de valeur que si tu as la valeur de l’affronter !

      

    Jorge Luis Borges in Apprendiendo

     

     

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    Nouveaux Délits 79 - Novembre 2024 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimé sur papier recyclé et diffusé par l’Association Nouveaux Délits - Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès - Illustrateur : Archibald Aki - Correcteur : Élisée Bec

     

     

     

  • Les Délits buissonniers

     

     Une belle collection hors des sentiers battus

    à découvrir absolument !

     

     

    Feu de tout bois de Murièle Modély, illust. Sophie Vissière 

    Instantanés de Myriam OH, illust. Silvère Oriat 

    Petite histoire essentielle de la futilité de Bruno Toméra, illust. Jean-Louis Millet 

    Printemps captif de Lionel Mazari, illust. Morgane Plumelle

    Paraît que d’Heptanes Fraxion, illust. Jimmy Fortier

    La cloche a sonné d’Aline Recoura, illust. Ludo Godot

    Des ombres et des anges de Josette Soulas Moyes, illust. Philippe Chevillard

     

      

    Plus de détails ici :

     http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/delits-buissonniers/

     

     

     à commander aux éditions NOUVEAUX DÉLITS

     10 € + port 3 €

     

    Règlement par chèque ou virement

     

     

     

  • Délit buissonnier n°7 : Des ombres et des anges de Josette Soulas Moyes

    Des ombres et des anges

    de Josette Soulas Moyes

     

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    J’avais en moi

    L’appui sans faille d’un ami

    Le temps

     

    Il m’a tenu la porte ouverte

    Appris à voir à dire

    À deviner et à comprendre

     

    Il m’a tenu la tête droite

    Lorsque j’ai traversé les corridors du vent

    M’a appris à tisser le sombre avec le clair

    Tisser le doux avec l’amer

     

    Il m’apporte aujourd’hui

    Son chemin de lumière

    Les ombres et les anges

     Enfin réconciliés.

     

     

     

    Josette Soulas Moyes est née le 25 décembre 1942. Vous avez pu la lire pour sa toute première publication dans le n° 76 en octobre dernier et c’est une immense émotion et une immense joie, pour moi comme pour elle, d’avoir pu donner naissance à ce recueil magnifique.

     

    Illustrations originales de Philippe Chevillard

    28 pages agrafées, tirage numéroté sur papier 100 % recyclé

    10 € + 3 € de port à commander à l’Association Nouveau Délits

     

  • Hommage à Daniel Birnbaum (1953-2024)

    Paix à la très très belle âme de Daniel Birnbaum, j'ai été très heureuse de le connaître et de partager nos écritures et nos indignations, je ne m'attendais pas à apprendre soudain sa disparition, nul doute qu'il a trouvé la lumière. Son Soliflore,
     
    Je me permets de partager ce très juste et bel hommage que lui a rendu Pierre Gondran dit Remoux, publié sur le site de la revue Décharge :
     
     

    Là-bas sur la lande
    le nuage noir et mouvant
    d’un vol d’étourneaux
    ce frisson de ciel d’automne
    fait trembler tes lèvres closes

    Daniel Birnbaum [1]

    Daniel Birnbaum nous a quittés ce 21 septembre et ce ciel d’automne fait trembler nos lèvres closes. Daniel vivait plusieurs vies et il les traversait toutes en humaniste : la recherche médicale, la poésie, les souvenirs des lieux et des proches (son père juif polonais, la Creuse rurale de sa mère, où il fut élevé par des grands-parents aimés et aimants, la Provence…). Qu’est-ce que ça veut dire : traverser ses souvenirs en humaniste ? Peut-être ouvrir simplement ses bras, offrir ses paumes, faire un peu de place au lecteur auprès de soi, auprès des amis d’enfance, des proches disparus, des proches encore à grandir. Se placer à ce point aigu, frêle, où l’humanité point et où l’autre est accueilli autant que soi est donné. S’effacer mais être essentiel, être le passeur.

    Passeur, Daniel l’a été ô combien dans son activité professionnelle de chercheur en oncologie moléculaire. Il était médecin et, très tôt, il comprit combien la recherche dite « de transfert » en cancérologie, située à l’interface entre la recherche clinique et la recherche fondamentale, était d’une importance majeure. Il a été de ceux qui ont fondé la recherche en génomique du cancer en France (les microaltérations moléculaires qui rendent les tumeurs plus agressives, notamment dans le cancer du sein).

    Il aura formé auprès de lui nombre de chefs d’unité ou de professeurs d’université en activité actuellement dans ce domaine pointu, en constante évolution et marquée par l’apparition depuis quelques années des traitements dits personnalisés qui ciblent précisément les caractéristiques de telle ou telle tumeur. François Bertucci, ancien élève de Daniel Birnbaum et chef de l’unité d’Oncologie prédictive au Centre de recherche en cancérologie de Marseille, a la gentillesse de m’apporter son témoignage :

    ... intelligence, bienveillance, finesse, humour, simplicité, passion pour la recherche et le sport, travail, disponibilité, discrétion, enthousiasme, écoute...,

    ses amies et amis poètes ne pourront que reconnaître les qualités de Daniel. Il m’avait confié toutefois, un peu doux-amer, combien son enthousiasme et ses illusions de jeune chercheur avait dû en être rabattus par l’immense difficulté de la recherche en oncologie, combien celle-ci était une affaire de petits pas, d’humilité, de travail au long cours.

    Passeur humble, il le fut également en poésie, qu’il aborde sur le tard. Il aura eu un goût pour les formes courtes, avant tout le haïku et le tanka — prétendant qu’il n’avait pas le temps de faire plus du temps de sa carrière de chercheur ! Ce qui est évidemment un trait de modestie tant on sait combien difficile est le chemin à parcourir vers l’effacement de soi et de la langue pour creuser une place dans le poème où pourront se lover l’instant, le réel, le prosaïque. Il a pratiqué aussi les micronouvelles et les aphorismes dans un style plein d’humour. Il ne reculait pas devant le thème de la mort, de la guerre, de la conscience de l’impermanence qui doit nous guider en modestie, bien sûr, mais pas faire de nous des ermites loin de la cité. Humaniste, oui.

    Daniel aurait voulu que le chemin de traverse entre sciences et poésie soit plus simple à parcourir. Mais il constatait combien il était délicat de partager la poésie avec le non-amateur de poésie et la science avec le non-scientifique. Il me disait donc avoir plutôt compartimenté ces deux aspects de sa vie, à regret. Je n’ose dire qu’il était sur la crête entre ces deux versants, car l’image est bien trop éloignée de sa personnalité. Non, il suivait plutôt le ruisseau de fond de vallée, ruisseau creusois aux truites fario de son enfance heureuse.

    La petite
    je lui apprends à chercher des champignons
    puis à les reconnaître
    à distinguer les bons et les mauvais
    mais peut-être est-ce déjà lui en dire trop
    sur notre monde

    Daniel Birnbaum [2]


    Repères  : Daniel Birnbaum : Monde, j’aime ce monde. Collection Polder (n° 165 - 2015.) Préface Cathy Garcia. Couverture : Daniel Birnbaum.
    Pierre Gondran dit Remoux : Même. Coll. Polder (n° 197 - 2023). Préface : Daniel Birnbaum. Couverture : Marie Dekerle.
    On se procure ces ouvrages auprès de la revue Décharge ( 11 rue Général Sarrail - 89000 Auxerre) ou à la Boutique ouverte sur le site : ici, contre 9 € pièce. 14€ (port compris) les deux.

    Autres ouvrages de Daniel Birnbaum (sélection) :
    Le Cercueil à deux places, éditions Gros Textes- 2019.
    Aucun angle mort. Préface de Milène Tournier. Éditions du Cygne, 2022.
    Quand je serai jeune. Ed. P.i.sage intérieur - 2020.


    [1- Revue du tanka francophone, octobre 2021.

    [2-Le temps mauve, Éditions Ballades à la lune, 2022.

     

     

  • Soliflore 140 - Annie Hupé

     

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    Dessin de l'auteur

     

     

    Roue de secours

     

    C'est la machine qui prend l'homme
    Les yeux rivés, le dos plié

    Cardan, manivelle, courroie,
    Plus serré, c'est bête de somme.

    La nuque raide et les épaules
    Figées, les mains sur les leviers

    Les pieds meuvent le palonnier
    L'homme aux commandes ; la machine

    Piston, vilebrequin, rouage
    Bielle, arbre à cames, engrenage

    Gouverne l'oreille et l'échine
    l'homme entre pression et tension.

     

     

  • Pour proposer vos textes

    Nouveaux Délits publie 3 numéros par an (janvier, avril et octobre) de 52 pages. Il y a toujours beaucoup d'auteurs en attente, aussi si vous souhaitez proposer des textes, soyez très patients, merci. Envoyez-les par mail uniquement, nouveauxdelits arobase orange.fr, une dizaine (pas plus). Ne soyez pas déçus si vos textes ne sont pas retenus, il m'est impossible de publier tout le monde, il s'agit de choix subjectifs et non d'un jugement de valeur.

    Les Soliflores sont des publications de texte unique en ligne sur ce blog, ils sont complémentaires à la revue. Ils permettent la visibilité d'auteurs qui ne seront pas publiés ou republiés (ce qui est très rare) dans l'immédiat dans la revue papier (recyclé depuis la naissance de la revue en 2003). Il est préférable de lire au moins un numéro de la revue pour voir à quoi elle ressemble et avoir une idée de l'esprit qui l'anime. Vous pouvez aussi, bien entendu, vous abonner, en demandant par mail un bulletin de complicité ou voir ici : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/s-abonner Il va de soi qu'il n'y a pas de favoritisme pour les auteurs abonné-e-s, les délais de publication restent les mêmes.

    La revue accueille toujours avec plaisir de nouvelles-nouveaux, illustratrices-illustrateurs (un-e par numéro), n'hésitez pas à me contacter (par mail).

     

    Cathy Garcia Canalès, coupable responsable et femme orchestre (éditrice, comité de lecture, maquettiste, secrétaire, service communication, attachée d'imprimante, agrafeuse, colleuse de timbres, plieuse de couverture, posteuse, service après réception...). Depuis quelques années, le correcteur de la revue est Élisée Bec que je remercie infiniment.

     

     

     

  • Soliflore 138 - Isabelle Audiger

     

     

     

     

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    La Tamise à Twickenham (photo de l'auteur)

     

     

     

    FLEUVE

     

    Belle artère

    Lumières somptueuses

    Terres et eaux mélangées

    Poudre d’original

    Gris, verts, jaunes se fondent

    Je te connais

    Comme un connaît

    Un humain

    Un ami

    Un amant peut-être

    Dont on suit les courbes

    Les éclats sur la peau

    Les envies de plonger

    Dans les creux

    À la source

    Je te connais si peu

    Mais j’arpente les ponts

    Qui enjambent ton flot

    À l’abri

    De tes colères et tes passions

    Je cherche

    Le désir de voyage

    Lorsque le soleil

    Rejoint tes eaux

    Là-bas, là-bas j’irai

    Il me rejoindra

    Près du château

    Le même air

    Nous respirerons

    Comme sur ma peau

    Le désir passe

    Le désir s’écoule

    Entre les îles

    Mamelons et refuges

    Rythmes des marées

    Paysages

    Toujours changeants

    Improvisations des éléments

    Jazz, swingue, valse

    Près du fleuve

    Les corps se rencontrent

    Je ne te connais pas

    Pas vraiment

    Mais tu me fais rêver

    Un rêve fou de nature-mère

    Aimante et passionnée.

     

     

     

  • Nouveaux Délits n°78

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    Cet édito ne m’est pas aisé car j’ai perdu les mots. Cela arrive et ce n’est pas grave même si la cause en est un excès de maux qui dépasse la capacité — même pour une poète bien noire comme je peux l’être — d’assimilation et de transmutation, et ce n’est pas la démence épuisante des décideurs du monde qui va me faire retrouver l’art des mots pirouettes.

     

    J’ai perdu les mots mais les silences font des trous dans le temps,  plongent au plus profond de sources insoupçonnées et ramènent dans leurs filets tendus à vif, une poignée de sable : l’essence de soi et des vibrations qui tournent autour des anciens mots, forment un tourbillon et les décapent jusqu’à l’os. Le reste est à brûler, brûler pour renaître, libre des mots radotés, des mots enkystés, des mots qui nous entravent, nous enferment dans les cachots de nos histoires.

     

    Et après le labeur des silences, viendront les mots nouveaux, les mots graines.

     

    CGC

     

     

     

    Toute parole est là pour séduire la mort.

    Anne Jullien

     

     

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    AU SOMMAIRE

     

    Délits de poésie :

     

    Jean-Jacques Camy

    A. Celnetz, poèmes du temps de la Quarantaine

    Alain Lasverne, Rue Révolution

    Yve Bressande

    Ahmed Elalfy

    Marine Giangregorio

    Estelle Cantala, Bain de nuit – 4 au champ (extrait)

     

    Délits d’(in)citations,  l’écho au fond du puits au-dessus duquel tout poème se penche. Et vous trouverez le bulletin de complicité au fond en sortant toujours émerveillé de trouver encore et encore lui aussi un écho parmi vous.

     

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    Illustratrice : Alissa Thor

     

    « Je peins pour que vous vous arrêtiez, pour aller vers vous, pour faire face. Je peins pour que les mots viennent, et la douceur, et la violence, et les corps tout ensemble. Je peins pour que quelque chose se passe. Quelque chose entre nous, d’intime et de sauvage. » 

    Son site : https://alissathor.wixsite.com/alissathor

     

     

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    fleurs de prunier blanches
    et cette nuit qui devient
    la lueur de l'aube

    Buson

     

     

     

     

    Nouveaux Délits 78 - Avril 2024 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits - Femme orchestre : Cathy Garcia Canalès Illustratrice :  Alissa Thor Correcteur : Élisée Bechttp://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

     

     

     

     

     

  • Soliflore 137 - Antoine Bouillanne

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    Johann Oberhauser, " Boussole de mine", 1777- photo©Jean-Claude Bérizzi

     

     

     

    Héritage

     

    Parfois je me lève la nuit
    Compte les deniers, compte les soucis
    Rafistole la carte, et
    Partage mon royaume en parts égales

    Ma boussole, comme d'habitude
    Pointe à l'Est
    Je révise mes verbes d'état
    Vire à l'Ouest

    Ils ne connaissent pas mes airs
    Comment me reconnaîtront-ils ?
    Heureusement, j'ai encore mes drôles de manières
    Deux pots de yaourt, et un fil

    Je laisserai en héritage de quoi porter chance
    Quelques réflexions intéressantes
    Deux grands-mères souffrantes
    Et, bien sûr, mes gris-gris d'un autre âge

                   

     

     

     

  • COLLECTION CARTES-POÈMES "ORACLES" - mise à jour régulière

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    Une collection de poésie hors norme, des pièces uniques, fabriquées avec de l'inspiration spontanée, du papier, de la colle & des ciseaux : à l'époque du tout virtuel, décalage revendiqué !

     

    Un poème unique de Cathy Garcia Canalès, fruit d'une contrainte que l'auteur  s'impose à elle-même.

    Les cartes double sont disponibles à la pièce ou sous forme d'abonnement : une carte par mois pendant 6 mois ou un an et donc là c'est la surprise à chaque fois !

    Ce sont des cartes doubles (qui s'ouvrent donc) au format 10,5 x 15 cm, chacune est signée et numérotée.

     

     10 € à la pièce port compris

    Abonnement soutien 6 mois : 50 €

    Abonnement soutien 12 mois : 80 €

     

    Elles sont vendues en soutien à l'association Nouveaux Délits.

     

    Vous pouvez voir et choisir ci-dessous parmi les cartes disponibles de la collection  :

     

     

     

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    hors série

     

     

     

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    à suivre...............

     

     

     

  • Avis de parution : Des ombres et des anges de Josette Soulas Moyes, délit buissonnier n°7

     

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     *

     

    L’auteur :

     

    Josette Soulas Moyes est née le 25 décembre 1942, dans une banlieue proche de Paris, Issy-les-Moulineaux, mais le changement de vie de sa mère l’amena en Normandie, à l’âge de quatre ans. Elle n’a jamais été publiée, mais a toujours gardé un contact avec l’écriture, « petits papiers », porteurs de poèmes et d’histoires courtes, perdus, déchirés, retrouvés… Elle a suivi plusieurs ateliers d’écriture et depuis sa retraite, elle a consacré plus de temps et de travail à l’écriture. Elle a formulé, d’une façon qui l’a surprise elle-même, l’enjeu que représente ce chemin :  «  se réconcilier avec sa vie ». Sa vie, elle la partage entre l’Alsace (Strasbourg) et la Provence (Vaucluse-Ventoux).

     

      

    L’illustrateur, Philippe Chevillard

    « Auteur de BD amateur et illustrateur amateur, je consacre une partie de mon temps à la création de courtes bandes dessinées et l'illustration de textes d'auteurs pour des revues, recueils de poésie, ou affiches. Mes dessins ont été publiés aux éditions Jacques Flament, éditions des embruns, éditions Lamiroy, dans les distributeurs BDs de Short édition, ainsi que dans divers fanzines, recueils, et revues littéraires tels que : Traction Brabant, Le Soc, Le coquelicot, Poétisthme, Soleil Hirsute, La piscine, L’imagineur, L’utopie, Présences d’esprits, Lichen, Hélas, Opuscule, L’Ampoule, Caractère …  »

    https://philippechevillard.fr/

     

    *

     

    28 pages agrafées

    tirage numéroté 

    imprimé sur papier 90 g & 250 g calcaire

    100 % recyclé

     

     

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    *

    Délits buissonniers

    est une collection de tirés à part

    de la revue Nouveaux Délits

     

    Vous pouvez lire Josette Soulas Moyes

    dans le numéro 46 (octobre 2023)

     

     

     

     

  • Soliflore 135 - Isabelle Grosse

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    mon père est mort

    samedi

    pas hier ni ce matin

    samedi dernier

     

    mon père est mort

    contre sa volonté

     

    mon père est mort

    fin des disputaisons

     

    mon père est mort

    Basta

     

    mon père est mort

    exit   la peur

          la trouille

          l'esquive

     

    mon père est mort

    fini terminé

    stop pas de replay s'il me plait

    out dehors circulez

     

    mon père est mort

    il y a un longtemps un temps infini

    pas hier ni samedi

     

    mon père est mort

    pour l'éternité

     

    mon père est mort

    mort mort mort mort

    en boucle

     

    mon père est mort

    et pas enterré

    je n'irai pas vérifier

     

    mon père est mort

    pas saint

    ni de corps ni d'esprit

     

    mon père était déjà mort

    pour toujours

     

    mon père est mort

    avec ses dossiers ses combines

    ses coups montés ses magouilles ses complots

    ses menteries ses manigances ses coups bas ses fantômes

    sa réalité

     

    mon père est mort

    faussaire         à temps plein

     

    mon père est mort

    à l'hôpital comme les autres

    pas de favoritisme

     

    mon père est mort

    avec ses sacs de noeuds

     

    mon père est mort

    mon géniteur est décédé

    mon paternel a passé l'arme à gauche

    son petit papounet est parti au ciel

     

    mon père est mort

    pas de quartier

     

    mon père est mort

    paix à mon âme

     

     

     

  • Soliflore 134 - Louise Brun

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    photo de l'auteur

     

     

    Je dis « je », mais cette douleur n’est pas que la mienne. / Je dis « je » et le fil de la douleur circule dans nos corps et dans nos âmes. /Lien électrique, positif ou négatif qui relie ou délie ou délie/relie les êtres humains, les êtres tout court, ou qui nous sommes. Nous (dés)humains. Nous qui cherchons à le rester/humain.es./
    Je dis « je » mais je est celle ou celui qui le dit.//Transmission des douleurs, guerres et traumas, de ce qui ne semble s’arrêter jamais./Et guerres encore.//Transmission de la cruauté du monde, des mots dits et non-dits (et je voudrais parfois effacer tous les mots, pour les recréer autrement, le langage qui se tord, mais ça ne marche pas, alors encore dire)//Le sensations qui épuisent et vident le corps lorsque la violence ailleurs s’accroit, encore et encore//
    Je dis « je » à qui un tant soit peu se reconnaîtra/ ou qui voudra ou qui pourra//se saisir de quelque chose de notre histoire, de nos histoires, quelque chose capable pourtant de circuler et d’éclairer magmas et chaos, dans l’ombre des inhumaines douleurs, non dites, brutales et agressives, et mortifères ou meurtrières//Je dis « je » pour que quelque chose résonne encore, toucher nos corps, nos cœurs. Je dis « je » comme un je qui s’éloigne, sans disparaître pourtant. Pour dire non, à ce qui encore nous détruit, nous (humain.e.s) 


    2024

     

     

  • Nouveaux Délits n°77

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    Aucune vie ne ressemble à une autre et la douleur n’est pas toujours visible, quantifiable, sauf quand elle est si collective qu’on ne peut plus l’ignorer. Aucune vie ne ressemble à une autre, certaines sont tellement pleines de ces épreuves qui jettent à terre, rouent de tant de coups que cela semble n’avoir plus aucun sens. Les épreuves cependant qui nous tordent, nous forgent de l’intérieur jusqu’à parfois toucher la grâce. Toujours au bord pourtant de basculer, grâce ou folie, la frontière est si fine. En ce début d’année où il est de coutume de souhaiter et s’entre souhaiter, mes pensées vont vers toutes celles et ceux qui souffrent dans leurs corps, dans leurs têtes, dans leur vies, dans le corps des êtres qui leur sont chers. Mes pensées se ruent vers celles et ceux qui vivent dans la peur, la terreur, l’horreur, celles et ceux qui sont accablé-e-s par les injustices, celles et ceux qui éprouvent une solitude inhumaine, celles et ceux qui ont le cœur en miettes, l’âme mutilée, celles et ceux qui sont oubli-é-e-s, piétiné-e-s, humili-é-e-s, écrasé-e-s, broyé-e-s, perdu-e-s, poussières… Et je me souhaite — car qui suis-je pour dire à d’autres ce qui leur est nécessaire ? — je me souhaite, donc, le courage de garder dignité quoiqu’il arrive et le sens du respect, la volonté d’être juste, d’accepter ce qui en moi est fragile et blessé, ce qui chemine dans les ténèbres et la force d’endurer ce qui me tord, me forge, me polit et qui, peut-être à la longue, finira par me sublimer. Aucune vie ne ressemble à une autre mais la vie est une seule et même énergie qui nous traverse, nous anime, qui que nous soyons, où que nous soyons : humains, animaux, végétaux et même, à leur façon, les pierres de cette Terre qui n’en peut plus de nous. C’est ce que je ressens au plus profond de moi. Tout est vibration, tout porte un message alors je voudrais veiller toujours mieux à celui que moi-même je porte et transmets à travers mes pensées, mes choix, mes actions, mes mots, mes cellules… Veiller sur les causes car il est toujours trop tard quand il s’agit de réparer de néfastes conséquences… J’essaie de ne pas me décourager trop vite ou trop longtemps. Aucune vie ne ressemble à une autre, que chacune soit belle et sereine comme un lever de soleil, un chant d’oiseau à la nuit tombée, un vin d’amour à partager.

    CGC

     

       

    Étant donné que nous avons des cellules qui sont les filles des premières cellules de la vie, nous avons en nous de façon singulière toute l'histoire de la vie... nous avons l'univers en nous.

    Edgar Morin

     

     

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    AU SOMMAIRE

     

     

    Délits de poésie :

     

    ᕱ Michel Abécassis

    ᕱ Alain Flayac

    ᕱ Judith

    ᕱ Alexandre Poncin

    ᕱ Erwan Gourmelen

    ᕱ Marianne Duriez

    ᕱ Oriane Barbey

     

    Résonance (profonde) : Kogis, le chemin des pierres qui parlent, Éric Julien (Actes sud, coll. Voix de la Terre, 2022).

     

     

    Délits d’(in)citations au coin des pages en réflexion. Vous trouverez le bulletin de complicité toujours au fond en sortant avec des étoiles plein les poches !

    Grâce à vous, abonné-es et lectrices, lecteurs d’un numéro ou deux, il résiste aux tempêtes inflationnistes et vous en remercie chaleureusement !

     

     

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    Illustratrice : Corinne Pluchart

     cheminant toujours en poésie, en bleu, en indicible. Pas de langue autre qu'en poésie. Et la peinture pour la chair, la vibration et la légèreté. Et toujours en terre bretonne.

     

     

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    Bon à savoir : la revue Nouveaux Délits utilise l’écriture inclusive (qui ne portait pas encore de nom mais existait déjà) depuis au moins le n°42, c’est-à-dire avril 2012… 

     

     

    Même dans les périodes les plus sombres, nous sommes en droit d’attendre une certaine lumière. Et il est très probable qu’elle ne viendra pas tant de théories ou de concepts, mais de la lumière incertaine, vacillante, souvent faible, que certains hommes et femmes, au cours de leur vie et de leur travail, auront allumée dans toutes sortes de circonstances, la répandant sur le temps qu’il leur a été donné de passer sur terre.

     Hannah Arendt

     

     

     

     

    Nouveaux Délits 77 - Janvier 2024 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès  Illustrateur : Corinne Pluchart Correcteur : Élisée Bec

     

     

  • Refaat Al Areer, dernier poème

     

    Si je dois mourir
    tu dois vivre
    pour raconter mon histoire
    pour vendre mes effets
    et acheter une étoffe
    et quelques ficelles
    (une étoffe blanche avec une longue traîne)
    pour qu'un enfant quelque part à Gaza
    en regardant le paradis dans les yeux
    guettant son père parti dans un brasier
    sans dire adieu à personne
    pas même à sa chair
    pas même à lui-même
    voie le cerf-volant, mon cerf-volant tout là-haut
    que tu auras fabriqué, volant tout là-haut
    et pense un instant qu'un ange est là
    ramenant l'amour
    Si je dois mourir
    fais que cela apporte de l'espoir
    que ce soit un conte


     

    Refaat Al Areer, poète palestinien, professeur de littérature anglaise, mort à Gaza sous les bombes dans la nuit du 7 au 8 décembre.

     

     

    NON À LA GUERRE, À TOUTES LES GUERRES ! STOP !

     

     

      

  • Soliflore 132 - Éric Aubel

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    Photo de l'auteur

     

     

    Cessez – je ne vous entends plus
    vos mots n’atteignent plus mes oreilles
    cessez – je ne vous vois plus
    vos images ne brûlent plus mes yeux

    Sur les grèves du jour le chant du merle
    fait l’inventaire de ce qui déjà n’est plus

    Cessez – que le vent emporte votre vide
    l’homme qui vous parle est d’un autre pays
    l’impure a coulé dans ses veines
    il se soigne au silence de l’exil

    Jusque sous mes fenêtres à mes pieds
    un ressac dépose le monde perdu

    Cessez – il n’est plus temps de vos jérémiades
    plus temps de vos courtisanes courbettes
    le monstre au dos rond que vous entretenez
    nous cherche des poux sur la tête jusqu’au sang

    J’aménage une maison sur l’écume de l’aube
    et à l’éveil de ma peau le monde de demain

    Cessez – je n’ai plus d’oreille pour vous
    bien trop souvent mes yeux m’ont menti
    à tâtons pas à pas par les sens j’éprouve
    et des êtres et des choses la vulnérabilité

    Le futur est le temps de tous les rendez-vous
    alors cessez je vous y attendrai au tournant

     

     

     

     

  • Numéro 76

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    Nous venons de passer le mois dit de la rentrée : bonne rentrée ! souhaite-t-on… Et la sortie, bonne sortie ? Nous usons au sens littéral de formules, elles finissent par être très polies mais que signifient-elles vraiment ? Formule, c’est joli ce mot si on n’y colle pas de chiffre après, genre formule 1 ou l’air renfermé d’un formulaire…

    Et si nous profitions de la rentrée donc pour rentrer oui, véritablement, en nous-mêmes ? C’est ce que nous enseignent les cycles des végétaux qui en cette saison — de notre côté du monde en tout cas —, après avoir tout donné pour se perpétuer, laissent tomber leurs derniers fruits, dernières graines sur le sol où chacun sait ce qu’il à faire puis ralentissent le rythme, laissent redescendre la sève aux racines… Les animaux se préparent aussi pour la saison froide donc ce serait bien le moment de rentrer en soi, voir la rentrée comme un ralentissement, un approfondissement plus qu’une agitation, une accélération…

     

    On l’oublie trop souvent : la majeure partie de ce qui se passe dans le monde, se passe d’abord en chacun de nous et on revient à la formule — abracadabra, que le feu de Dieu tombe sur toi ! — et quelle autre déité ici-bas que nous-même, qui décidons et créons, éludons ou provoquons, prévenons ou aggravons ? Sommes-nous déité de la discorde ou des récoltes ? De l’argent ou du soin ? De l’avidité ou du partage ? Ladite nature est imprévisible, oui, mais nous sommes une espèce dite intelligente et nous pouvons concevoir l’imprévisible et protéger l’essentiel. Encore faut-il se mettre d’accord sur ce qui est essentiel... Nous parlons de cultiver notre jardin intérieur : est-il jardin ou terrain vague plein d’ordures ? Jardin ou terre exsangue et saturée de pollution ? Jardin ou zone commerciale ? Jardin ou bunker ?

     

    Que formulons-nous dans nos intériorités ? Quelles pensées, quelles intentions laissons-nous se densifier en nous jusqu’à ce qu’elles se matérialisent et agissent à l’extérieur ? Abracadabra ! La magie est un art du quotidien ordinaire, c’est faire bien attention à ce à quoi nous donnons formula, c’est-à-dire « forme », en latin.

     

    La poésie est une façon de formuler le monde, qui nous imprègne, nous traverse, nous façonne et nous ensemence de l’intérieur. Un art du quotidien ordinaire.   

    CGC

     

     

     

    (…) le chaos du monde n’est que la projection du chaos régnant dans chaque individu.

    Jiddu Krishnamurti in L’origine de la pensée

     

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    AU SOMMAIRE

     

     

    Délits de poésie :

     

    Sandrine Davin

    Jean-Louis Clarac : Poussières aimantes

    Amandine Gouttefarde-Rousseau : Nagas (extraits)

    Alain Nouvel : Presque riens

    Josette Soulas Moyes : Des ombres et des anges (extraits)

    Bruno Giffard : Écume au plus sec des tiroirs (extraits)

     

     Où la revuiste se lâche et parle de ses trois derniers livres avec des extraits de Je l’aime nature, sorti en juillet 2023.

     

    Comme dans chaque numéro, les Délits d’(in)citations scintillent au coin des pages et vous trouverez à la fin le bulletin de complicité avec ses beaux délits buissonniers mais pas de nouveau en cette année qui exige de se concentrer sur ce qui est déjà là.

     

     

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    Illustrateur : Philippe Chevillard

    Auteur de BD amateur et illustrateur amateur, je consacre une partie de mon temps à la création de courtes bandes dessinées et l'illustration de textes d'auteurs pour des revues, recueils de poésie, ou affiches. Mes dessins ont été publiés aux éditions Jacques Flament, éditions des embruns, éditions Lamiroy, dans les distributeurs BDs de Short édition, ainsi que dans divers fanzines, recueils, et revues littéraires tels que : Traction Brabant, Le Soc, Le coquelicot, Poétisthme, Soleil Hirsute, La piscine, L’imagineur, L’utopie, Présences d’esprits, Lichen, Hélas, Opuscule, L’Ampoule, Caractère …  https://philippechevillard.fr/

     

     

     

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    D'où vient la haine ?

    D'où vient la haine

    cette haine-ci

    qui fuit la conscience

    comme la peste

    qui proscrit de la langue

    la raison

    qui réduit le cerveau

    à un pois chiche

    qui efface des yeux

    la lumière

    qui déracine du cœur

    ce qui pourrait s'apparenter

    à un sentiment

    D'où vient la haine ?

    qui a fermé à double tour

    la porte

    derrière laquelle se tiennent terrorisés

    le doute

    le regret

    la compassion

    le pardon

    qui frappent et frappent

    à cette porte

    jusqu'à ne plus comprendre pourquoi

    et s'arrêtent

    convertis au désespoir

     

    Abdellatif Laâbi

    in La Terre est une orange amère

     

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    Nouveaux Délits 76 - octobre 2023 - ISSN : 1761-6530 - Dépôt légal : à parution - Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits Coupable responsable : Cathy Garcia Canalès  Illustrateur : Philippe Chevillard Correcteur : Élisée Bec   

     

     

     

  • Cathy Garcia Canalès - Calepins voyageurs et après ? tomes 2 & 3

     

     

     

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    à tire d’aile, septembre 2023

     

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    Chaque tome fait 52 pages agrafées comme le premier

    imprimé sur papier recyclé 80 g et 250 g calcaire pour la couverture

    chaque exemplaire est numéroté et signé

    avec dans le tome 2, deux illustrations originales de François Pouch

     

    12 € chaque nouveau tome

    + port pour un tome : 2,50 €

    pour deux : 4 €  

    Offre spéciale pour les trois tomes : 40 € port compris

    Pour commander voir en fin de revue

     

     

     

  • La revue a 20 ans !!

     

    Je n'aurais jamais pu le prévoir, mais voilà  :

    la revue Nouveaux Délits a eu 20 ans le 1er juillet ! Dingue !

    Merci à toutes celles et ceux qui la soutiennent et y ont contribué d'une façon ou d'une autre !

     

     

    *

    NOUVEAUX DÉLITS

    Revue de poésie vive et dérivés

    – Numéro zéro -

    juillet 2023

     

      

    Pourquoi Nouveaux Délits ? Et pourquoi pas ?

    Voilà le point de départ de cette revue qui se lance, à l’eau ou par la fenêtre comme on voudra, l’essentiel étant l’élan, l’impulsion, l’envie de faire. Faire réfléchir plus que plaisir, faire connaissance, faire le lien entre tous et chacun, pourvu qu’il soit avide de paroles, fraîches ou chaleureuses c’est selon, mais dans tous les cas vivantes.

    Les auteurs sont lecteurs, les lecteurs auteurs et chacun contribue ainsi à poétiser le monde.

    Poétiser : nettoyer les regards de la poussière du conformisme ambiant, goûter des saveurs nouvelles. Nouveaux Délits aime les mélanges, les différences, les mots qui dérangent, qui grattent, qui démangent, pour ne pas céder au sommeil qui dissout les consciences.

    Nouveaux Délits à inventer, à commettre ensemble. Poétiser est un acte, pas un luxe.

    Soyez à l’écoute du vent qui passe, ignorant les frontières, colporteur de bonnes et mauvaises nouvelles. Confiez-lui vos textes, vos poèmes, vos délires, il en fera peut-être de la matière à Nouveaux Délits.

     

     

     

    "Un poète doit laisser des traces de son passage, non
    des preuves. Seules les traces font rêver"

    René Char

     

    *

     

     

     

  • J'irai Cracher Sur Vos Ondes - Émission du mercredi 31 mai 2023

     
    Où il est question entre autre de la REVUE Nouveaux Délits et avec une très belle lecture d'un ensemble de Danielle Quérol publié dans le dernier numéro, par Rafaëlle Gandini Miletto, elle-même publiée dans le n°74, c'est beau ces résonances !!
     
    à écouter ici :